Le 14 décembre 2009, le président de la République a fixé les modalités du gran

Le 14 décembre 2009, le président de la République a fixé les modalités du grand emprunt national pour financer les priorités stratégiques pour la France à l’horizon 2030. Conformément aux recommandations de la Commission sur les priorités stratégiques d'investissement et l’emprunt national, Nicolas Sarkozy a fixé son montant à 35 milliards d’euros. Grâce à l’effet de levier induits par les cofinancements publics et privés, ce sont ainsi 60 milliards d’euros d’investissement qui seront mobilisés dans cinq domaines prioritaires : l’enseignement supérieur et la formation, la recherche, l’industrie et les PME, l’économie numérique et le développement durable. Cet emprunt vise également à permettre à la France de combler son retard en matière d'investissements et à prendre une longueur d'avance dans des secteurs porteurs en termes de création de richesses et d'emplois. Pour Nicolas Sarkozy, « la finalité ultime de ces investissements est de répondre aux besoins de la France : le besoin d’avoir une activité économique suffisante, bien positionnée dans la mondialisation, qui assure aux Français un emploi, du pouvoir d’achat et le financement de la protection sociale ». L’Etat va donc intervenir pour favoriser le progrès technique que l’on peut définir comme l’ensemble des modifications qui affectent les procédés de production et la nature des biens réalisés. Le progrès technique permet ainsi de desserrer des goulets d’étranglement limitant la production ,de produire des marchandises nouvelles ou de meilleure qualité et d’augmenter les gains de productivité des facteurs de production grâce à l’introduction de nouveaux procédés, des machines plus performantes . Ces mesures ne sont donc pas dans la logique libérale qui prévaut habituellement dans la politique de N.Sarkozy. En effet, selon les libéraux, l’intervention de l’Etat est inutile et inefficace sur la production d’innovation car le profit, c’est-à-dire la rémunération du capital investi de l'entrepreneur, est le seul facteur qui détermine le progrès technique. Certes, le profit est une condition nécessaire pour inciter les entreprises à innover, mais ce n’est pas une condition suffisante : d’autres variables comme le rôle de l’Etat ou de la demande ne sont pas à négliger. I. Le profit est une condition nécessaire et suffisante pour assurer de l’innovation… Le rôle du profit sur l’innovation a été mis en évidence par Schumpeter qui attribue le rôle le plus important à l’entrepreneur qui est pour lui le véritable héros de l’évolution économique. Il est animé par des motivations individuelles de réussite : le profit est à la fois le but et l’instrument de mesure de sa réussite. Le but, car c’est lui qui motive l’entrepreneur à lancer ses innovations, alors qu’il court un risque non négligeable d’échouer ; l’instrument de mesure, car le profit étant issu de l’innovation qui a réussi sur le marché, l’entrepreneur fait donc d’autant plus de profit qu’il est supérieur à la moyenne dans l’art d’effectuer des combinaisons économiques par des innovations de processus de production ou par la découverte de produits nouveaux, faciles à vendre chers. A. Le profit est une condition nécessaire… 1. Constat On note une corrélation forte entre le profit mesuré par la part du RD du secteur privé dans le PIB et l’importance de l’innovation mesurée par le nombre de brevets triadiques par 100 000 habitants (doc 4 ).On appelle brevet triadique un brevet qui est déposé simultanément dans la Triade, c’est-à-dire dans l’Union Européenne, les Etats-Unis et le Japon ; une innovation triadique est la plupart du temps une innovation radicale qui provoque une rupture , un saut qualitatif dans les techniques permettant de lancer de nouveaux produits ou techniques. En effet, déposer un brevet dans ces 3 régions entraîne des dépenses importantes qui ne pourront être compensées qu’en cas de vente massive. Le profit est-il le déterminant essentiel de l’innovation ? Les pays qui ont vu leur part de la RD du secteur privé dans le PIB augmenter le plus lentement entre 1990 et 2007 et qui ont en 2007 la part de la RD du secteur privé dans le PIB la plus faible sont aussi ceux qui ont déposé le moins de brevets triadiques pour 100 000 habitants. L’Espagne, le Portugal et l’Italie sont ainsi en queue de classement pour les deux typologies : par exemple, le Portugal a déposé 1 famille de brevets triadiques par 100 000 habitants dans la période 2004-2006 et la part de la RD de secteur privé ne représentait que 0,5% du PIB. En revanche, on note aussi une corrélation entre les deux typologies en haut du tableau : la Finlande, l’Allemagne, la Suède sont bien placés dans le haut du classement. La Suède a déposé 10 familles de brevets triadiques en 2004-2006 et la part de la RD du secteur privé dans le PIB a augmenté de 350% entre 1990 et 2007 (document 4). 2. Explications Cette corrélation entre profit et capacité d’innovation s’explique par le rôle de l’entrepreneur qui d’autant plus que son profit découlant du progrès technique est élevé pour compenser les risques inhérents au progrès technique. a. Les risques de l’innovation… En effet, l’innovation est une opération risquée, car par définition elle correspond à des nouveautés dont le succès n’est absolument pas certain. On peut le voir avec deux grands types d’innovations. Les innovations de produits qui visent à l’introduction de nouveaux biens ou services sur le marché, ont pour objectif de trouver de nouveaux débouchés pour l’entreprise, en créant un nouveau marché. Or, rien ne dit que les caractéristiques de ces produits correspondent aux attentes des consommateurs à un moment donné. On peut ainsi citer de nombreux exemples arrivés trop tôt ou trop tard. Par exemple le standard de magnétoscope VHS s’est imposé au détriment du Bétacam, empêchant les entreprises de vendre leurs produits. La deuxième grande forme d’innovations est l’innovation de procédés ou process qui a pour but d’introduire de nouvelles méthodes de production. Là aussi rien ne garantit que les nouvelles technologies seront performantes et arriveront à mettre sur le marché des produits de qualité. Toutes les innovations n’ont pourtant pas le même niveau de risque: les innovations de produits impliquent une incertitude technique et commerciale, car produire de nouveaux biens entraîne de nouvelles méthodes de production alors que les innovations de procédés n'impliquent qu'une incertitude technique lorsqu'elle est utilisée exclusivement dans l'entreprise. b. …Demandent des profits élevés pour les compenser Si les entreprises décident d’innover alors que le risque est non négligeable, c’est parce qu’elles en attendent du profit. Les innovations de produits permettent ainsi à l’entreprise de se trouver dans un premier temps en situation de monopole puisqu’elle est la seul à produire ce bien et service .L’innovation permet donc à l’entreprise de s’éloigner de la concurrence pure et parfaite où elle est un price taker : le prix est une donnée qui lui est imposé par le marché. Grâce aux innovations de produits, elle devient un price maker : elle fixe le prix de ses produits, ce qui lui permet donc d’accroître ses recettes et donc ses profits. A plus long terme, quand elle ne sera plus seule sur ce marché, puisque des entreprises suiveuses ou imitatrices seront apparues, l’entreprise conservera l’image de marque d’innovateur et gardera une réputation qui lui permettra de continuer à vendre. De manière schématique, on peut donc dire que les innovations de produits jouent sur les recettes et la compétitivité-qualité : l’entreprise cherche à augmenter ses parts de marché grâce à des produits innovants .En revanche, les innovations de produits jouent sur les coûts de production et sur la compétitivité-prix : l’entreprise souhaite augmenter ses ventes grâce à une baisses des prix. En effet, les innovations de procédé permettent de mettre en place des techniques qui élèvent la productivité. L’entreprise peut donc produire plus avec autant de facteurs de production ou autant avec moins de facteurs de production. Dans les deux cas, le coût de production augmente moins vite que la quantité de facteurs de production, le coût moyen diminue donc. L’entreprise a lors deux solutions : soit elle laisse le prix de vente inchangé et elle accroît son profit unitaire puis son profit total si ses ventes restent inchangées, soit elle répercute la baisse du coût unitaire sur le prix de vente, son profit unitaire, mais il est plus que compensé par la hausse des ventes qui augmentent alors le profit total. Certes la séparation entre ces deux types d’innovation est un peu factice puisque des innovations de produits nécessitent aussi des innovations de procédés et que les innovations de process visent aussi à améliorer la qualité des produits afin d’accroître la compétitivité qualité de l’entreprise. Ce comportement correspond donc au modèle de l’homo oeconomicus : les individus sont des êtres égoïstes et rationnels qui recherchent par tous les moyens possibles d’atteindre le maximum de profit. c. Un cercle vertueux se crée alors Grâce aux ressources accumulées par l’innovation, l’entreprise pourra financer de nouvelles R-D qui lui permettront de lancer de nouvelles innovations. On retrouve ici la logique développée par Schmidt sur le rôle du profit sur l’investissement. Le profit permet à la fois de financer les innovations, car l’autofinancement est le moyen uploads/Finance/ correction-dissertation-progres-technique-investissement.pdf

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  • Publié le Aoû 14, 2022
  • Catégorie Business / Finance
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