UNIVERSITÉ DE LA MANOUBA ÉCOLE SUPÉRIEURE DE COMMERCE DE TUNIS 2018-2019 Cours

UNIVERSITÉ DE LA MANOUBA ÉCOLE SUPÉRIEURE DE COMMERCE DE TUNIS 2018-2019 Cours d’Histoire de la Pensée Économique Chargée du cours : Mme NASRAOUI BEN MRAD. H. 3ème année LMD : Licence Fondamentale en Économie Semestre 2, volume horaire 42h Unité d’enseignement : Fondamentale Crédits : 3 Coefficient : 2 Modalité d’évaluation : mixte (contrôle Continu + Examen) 1 OBJECTIFS DU COURS Le principal objectif du cours d’Histoire de la Pensée Économique, est de : Permettre à l’étudiant la connaissance, et la compréhension des théories économiques en rapport avec le contexte historique de leur apparition Faciliter l’acquisition d’une culture économique et rendre l’étudiant capable de voir les principales distinctions entre les différentes théories en les mettant dans leur contexte, Eclairer l’étudiant sur les ressorts de la pensée économique en vue d’améliorer ses capacités de réflexion et d’évaluation de ses idées. PLAN DU COURS CHAPITRE I : Les Mercantilistes CHAPITRE II : Les Physiocrates CHAPITRE III : L’École Classique CHAPITRE IV : Les Néo-Classiques CHAPITRE V : Les Marxistes CHAPITRE VI : Le Keynésianisme CHAPITRE VII : Les courants institutionnalistes 2 INTRODUCTION L’histoire de la pensée économique est plus vaste que l’histoire des théories qui étudie uniquement le contenu scientifique des idées, alors que l’histoire de la pensée doit mettre en relation les théories et les fondements idéologiques des économistes qui fondent ces théories L’histoire économique n’existe que depuis la fin du 17ème Siècle, c’est-à-dire depuis que le développement a intégré l’économie dans les préoccupations publiques. L’histoire de la pensée économique nous renvoie à une question essentielle celle de la définition de la science économique. C’est dans une telle tentative que l’on voit l’importance de cette vision historique, puisque la définition a varié en fonction des préoccupations des économistes et par voie de conséquence du contexte historique. Nous pouvons retenir néanmoins trois définitions L’économie comme science des richesses : définition donnée par les classiques du XIXème siècle Adam Smith, Jean-Baptiste Say qui cherchent à analyser la manière dont se forment se distribuent, et se consomment les richesses L’économie comme science de l’échange marchand : proposée par néo-classiques. L’économie comme science de la rareté et des choix efficaces : « L’économie est une science qui étudie le comportement humain en tant que relation entre les fins et les moyens rares et à usage alternatif. » C’est la définition donnée en 1962 par L. Robbins. 3 Chapitre 1 Les Mercantilistes Le « Mercantilisme » désigne le courant de pensée qui s’est développé aux XVIe et XVIIe siècles, en rapport avec le développement du commerce international. Le terme « Mercantilisme » est attribué par les économistes libéraux de la fin du XVIIIe siècle et c'est Adam Smith qui dans la richesse des nations va regrouper les économistes sous cette étiquette en s’opposant au « système mercantile » qui glorifie la puissance de l'État, et préconise son intervention dans l'économie, par la détention du monopole dans certains secteurs ainsi que par les différentes mesures protectionnistes. SECTION I Les économistes mercantilistes Les mercantilistes sont pour la plupart des commerçants, des banquiers et financiers le plus souvent des « fonctionnaires ». Les plus célèbres d’entre eux sont : Jean-Baptiste Colbert ; Gresham Thomas Jean Bodin ; Antoine de Montchrestien ; William Petty. 1. Jean-Baptiste Colbert (1619 – 1683) Né à Paris, Jean-Baptiste Colbert est un des principaux ministres de Louis XIV. Contrôleur général des finances de 1665 à 1683, secrétaire d'État de la Maison du roi et secrétaire d'État de la Marine de 1669 à 1683. Plaidant en faveur d'une politique économique interventionniste et mercantiliste (le colbertisme), Colbert favorise le développement du commerce et de l'industrie en France par la création de fabriques et monopoles royaux, étatiques. Sous l’effet de ses conseils se sont développés le commerce colonial, l'industrie textile, ainsi que les techniques de gestion des finances publiques. 2. Gresham Thomas (1519-1579) Né en Angleterre, financier anglais. Marchand prospère, il conseilla pendant trois règnes (dont celui d’Elizabeth I) la couronne britannique, ce qui lui permit de restaurer les richesses par des emprunts et des changes judicieux et contribua à l’affirmation de la couronne en tant que première puissance économique mondiale. On lui attribua au XIXe siècle la loi de Gresham, résumée par le dicton : « la mauvaise monnaie chasse la bonne » ; selon laquelle, quand deux monnaies ont le même cours légal de circulation, les agents thésaurisent ou exportent celle dont la valeur est la plus élevée et seule circule effectivement la monnaie dépréciée, qui remplit alors mal son rôle de moyen d’échange. 3. Jean Bodin (1530-1596) Né à Angers, légiste et économiste français. Son ouvrage Les six livres de la République (1576) est une étape importante entre Machiavel et Montesquieu dans la formation de la science politique. 4 Bodin y défend un « gouvernement tempéré sans être démocratique » dans lequel le pouvoir nécessaire de la monarchie est équilibré par la présence d’assemblées. 4. Antoine de Montchrestien (1575-1621) Économiste et dramaturge français. Il fut le premier (en 1616) à utiliser le terme économie politique dans le titre du Traité d’économie politique, marquant ainsi la place de l’économie dans l’organisation de la société. 5. William Petty (1623-1687) Né à Romsey, économiste anglais. Il est à l’origine de plusieurs concepts modernes, tels que le plein emploi, les dépenses publiques, la vitesse de circulation de la monnaie. SECTION II Les principales idées mercantilistes Pour les mercantilistes, la richesse est monétaire : Ce sont les métaux précieux qui expriment la richesse et la puissance des nations (Colbert) ; pour accroître la richesse, il faut collecter le maximum de métaux précieux. Les auteurs mercantilistes considèrent l’accumulation de richesse or et argent, et donc l’enrichissement comme une fin louable, aboutissant au bullionisme (issu du mot anglais bullion qui désigne l’or en lingot, ce terme traduit l’intérêt presque exclusif des mercantilistes pour les métaux précieux) ou au chrysohédonisme (attitude visant à atteindre le bonheur par la possession d’or). L'accumulation et le placement de l'or et de l'argent sont au cœur des préoccupations des mercantilistes. Pour les auteurs mercantilistes, le commerce est source d’enrichissement, l’agent économique le plus important est le commerçant et l’activité la plus enrichissante pour la nation est le commerce. Ainsi le Roi (le pouvoir public) doit encourager le commerce en leur offrant la protection militaire. Puisque l’idée de Nation et de son intérêt apparaît à la même époque, très rapidement l’idée se fait qu’une voie privilégiée pour enrichir le pays (et ses marchands) et donc pour renforcer la puissance de son monarque, est un commerce extérieur florissant. C’est Thomas Gresham, qui a défini le premier La notion de « balance du commerce » en 1549 dans le Bref Examen (publié à titre posthume en 1581) : du temps où les transactions internationales se réglaient au moyen de l’or et de métaux précieux, une balance du commerce excédentaire signifie une entrée nette de métaux précieux et donc l’enrichissement de la nation, c’est-à-dire que la valeur de ses exportations soit supérieure à celle de ses importations. C’est en effet cette idée qui impliqua pour toutes les nations de devoir équilibrer leur balance commerciale par la variation des prix sous l’effet de l’augmentation ou de la baisse de la quantité de métaux précieux disponibles dans le pays. L’État est au centre des préoccupations des mercantilistes, il doit intervenir par toutes sortes de mesures visant à préserver les intérêts de l’Etat nation. Se développa alors la notion de nation et de l’autre monde. L 'Etat dans sa nouvelle conception va s’opposer à toutes sortes de pratiques féodales archaïques qui représentaient des entraves au développement des activités commerciales telles les taxes intérieures payées à l’entrée des villes ou les privilèges de l'Eglise, qui n’ont plus lieu d’être dans le sens où la puissance des princes ne tient plus à la bénédiction de l’église mais à son rôle dans l’économie. Pour cette 5 raison, les mercantilistes favorisent les monopoles afin de doter l'Etat de moyens financiers, et fiscaux afin qu'il puisse mener une politique autonome. Les mercantilistes sont considérés comme pionniers dans l’analyse du rôle de l'Etat moderne. La puissance militaire d'un Etat est mesurée par sa capacité à se procurer des armes et des mercenaires. L’État doit donc intervenir par la mise en œuvre de politiques économiques protectionnistes visant à favoriser les importations de produits de base et de matières premières et l’exportation de produits finis et manufacturés L’État doit jouer son rôle économique pleinement en intervenant dans tous les domaines de la vie économique visant à, protéger et développer l’activité des commerçants : car leur enrichissement c’est celui de la Nation qui renforce et garantit la pérennité de la puissance publique. Le souverain doit donc établir des règlements qui protègent les métiers nationaux de la concurrence extérieure, dicter des normes de fabrication très stricte afin d’évincer la concurrence extérieure (protectionnisme de norme) et intérieure (par l’interdiction de l’innovation, le gel des techniques). Il doit donc aussi adopter une politique fiscale qui favorise les artisans, et les commerçants les banquiers au mépris des seigneurs et du clergé. Il doit favoriser le développement des uploads/Finance/ cours-hpe-version-ii 1 .pdf

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  • Publié le Dec 02, 2022
  • Catégorie Business / Finance
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