A. Pourquoi s'inquiéter des crises financières? Les problèmes du secteur financ
A. Pourquoi s'inquiéter des crises financières? Les problèmes du secteur financier naissent généralement d'une multiplication des prêts improductifs plus haut que les acteurs dominants des marchés financiers en matière de financement des investissements et du commerce sont les banques, qui octroient des prêts commerciaux, des lettres de crédit, etc. Parallèlement, les banques sont aussi les acteurs des marchés financiers les plus vulnérables face aux crises, vulnérabilité dont nous allons parler brièvement pour commencer. Prenons l'exemple très simplifié d'une «banque type» dont le bilan est présenté ci-après (figure III.1). Supposons que cette banque a accepté des dépôts d'une valeur de 90 unités. Ceux-ci sont enregistrés au passif puisqu'ils correspondent à de l'argent que la banque doit aux déposants. La banque détient aussi un capital de dix unités, qui constitue une dette envers ses actionnaires. Enfin, elle a prêté 100 unités à ses clients. Ces prêts sont inscrits à l'actif puisqu'ils représentent de l'argent dû à la banque et que, en principe, la banque peut les céder si elle a besoin de liquidités. Le ratio de fonds propres de cette banque est égal à 10 pour cent. Si tous les emprunteurs remboursent les intérêts et le principal régulièrement (et si l'on fait abstraction de la pondération en fonction du risque et d'autres complications), on peut dire que cette banque est en bonne santé parce que son ratio de fonds propres, 10 pour cent, est supérieur au seuil généralement accepté de nos jours, soit 8 pour cent (voir BRI, 1997).10 Supposons maintenant qu'un client ne peut rembourser son emprunt, et que la banque perd cinq unités. Si la banque passe cette somme par profits et pertes, la valeur des prêts tombera à 95 et celle du capital à 5. Le bilan en ressort beaucoup moins solide: le ratio de fonds propres tombe à 5,3 pour cent. Pour parvenir au seuil de 8 pour cent, la banque devra lever de nouveaux capitaux ou réduire la valeur des sommes prêtées de manière que le capital restant soit suffisant par rapport aux prêts accordés. Si elle est incapable de lever des capitaux, elle devra ramener l'encours des prêts de 95 à 62,5 (5/62,5 = 8 pour cent). Pour cela, elle pourra affecter les sommes remboursées par les emprunteurs au remboursement des déposants, ou exiger le paiement des emprunts échus. Si les pertes sont trop grandes (et compte tenu des lois et règlements du pays), la banque pourra être contrainte de fermer. Cet exemple nous montre déjà qu'il importe d'avoir assez de fonds propres pour parer aux imprévus. Mais, même avec un ratio de fonds propres de 15 ou 20 pour cent, les banques sont des entreprises à fort levier financier. Leur capital n'équivaut qu'à une petite partie des prêts qu'elles consentent. L'exemple qui précède est aussi très près de la réalité: il suffit souvent d'une perte de 10 pour cent de l'ensemble des prêts octroyés pour réduire le capital d'une banque à zéro. On voit donc que les banques ont un effet de levier beaucoup plus grand que les autres entreprises. Il importe de se demander pourquoi les banques prêtent de l'argent à de «mauvais» clients. La principale raison en est l'asymétrie des informations détenues par la banque et l'emprunteur Une faiblesse généralisée du secteur bancaire peut déclencher une crise et un mouvement de retraits excessifs Quand des prêts improductifs et d'autres pertes provoquent la faillite d'une banque, les pertes subies par les déposants sont souvent amorties grâce à l'acquisition de la banque insolvable par une banque en bonne santé, à l'existence d'un système d'assurance implicite entre les banques, ou à des mécanismes officiels d'assurance des dépôts. Mais si plusieurs banques sont en difficulté, le système financier au complet peut en pâtir. Les banques peuvent refuser ou être incapables de reprendre leurs concurrents affaiblis. Il arrive que les mécanismes d'assurance cèdent sous le poids des pertes. Par ailleurs, la faiblesse ou la défaillance d'un nombre croissant de banques nuit à la confiance envers le système financier en général. Dans l'impossibilité de distinguer les banques solides des banques fragiles (toujours l'asymétrie de l'information), les clients peuvent craindre que les quelques problèmes d'une banque représentent simplement le sommet de l'iceberg et que leurs dépôts ne soient en sécurité nulle part. Il peut en résulter une panique si les déposants sont tentés de retirer leur argent quel que soit l'état de santé de la banque. C'est le genre de comportement «moutonnier» observable au niveau national. Pour un déposant qui ignore quelle banque est fragile et quelle banque est solide, il est parfaitement logique de retirer son argent où qu'il se trouve. C'est probablement ce qui s'est passé en Russie après l'abandon, en août 1998, de la parité entre le rouble et le dollar. En situation de panique, certaines banques, même saines, ne peuvent rembourser les déposants faute d'une trésorerie suffisante et elles ne peuvent récupérer assez vite l'argent prêté (les dépôts étant souvent effectués à plus court terme que les prêts). En conséquence, la crise, qui ne touche à l'origine que quelques établissements fragiles, peut s'étendre à tout le système financier. Le seuil à partir duquel le fonctionnement du système financier et la confiance sont mis en péril par le nombre de banques en difficulté et l'ampleur de leurs pertes n'est pas le même dans tous les pays. Caprio et Klingebiel (1996a et b) estiment que ce stade de «crise financière» est atteint en gros quand la valeur nette du système bancaire tombe à zéro. Une crise financière peut avoir des répercussions internationales à cause des échanges commerciaux et, surtout, de l'interdépendance financière Les crises financières sont souvent associées à des crises de la balance des paiements, mais pas automatiquement. Un pays dont l'économie et le système financier sont complètement fermés peut être en proie à une crise financière, mais l'absence de transactions en devises lui évitera une crise de la balance des paiements. De nos jours, les deux types de crises surviennent souvent d'une façon concomitante. C'est en partie parce qu'une crise financière pousse les investisseurs nationaux et étrangers à sortir leur argent du pays. Si le pays ne possède pas suffisamment de réserves pour couvrir ces sorties de fonds et d'autres obligations comme le service de la dette, une crise de la balance des paiements peut se produire. Le retrait de capitaux internationaux peut aggraver les difficultés des entreprises et des banques, incapables de reconduire les anciens prêts ou d'obtenir de nouveaux financements. Ces facteurs peuvent avoir pour effet d'exacerber une crise préexistante ou de plonger un système financier affaibli dans un état de crise. Cependant, la plupart des observateurs s'accordent pour dire que les mouvements de capitaux ne peuvent causer à eux seuls une crise financière (Goldstein et Turner, 1996; FMI, Perspectives de l'économie mondiale, 1998; Banque mondiale, 1998). D'autre part, les crises financières peuvent se propager dans plusieurs pays à cause d'une interdépendance financière croissante. Quand des investisseurs détenant un portefeuille international diversifié déduisent des problèmes financiers d'un pays que des problèmes doivent aussi exister dans des pays semblables en apparence, il y a contagion. La cause sous-jacente en est souvent la même que pour les mouvements de retrait massif des dépôts bancaires et de fuite de capitaux: l'asymétrie de l'information. Des investisseurs, qui ignorent quels systèmes financiers sont robustes, retirent sans distinction leur confiance à des pays qu'ils jugent comparables et sortent leurs fonds de tous ces pays. C'est ce qui s'est produit dans beaucoup de pays émergents après le déclenchement de la crise asiatique. L'interdépendance financière peut aussi contribuer à la contagion par un autre canal. Les pertes enregistrées sur un marché, par exemple, peuvent forcer les investisseurs à retirer leurs fonds d'un autre marché par prudence. Supposons qu'un investisseur a perdu de l'argent en Russie et que le risque qu'il court est devenu trop important par rapport à son capital: la meilleure façon de se conformer aux règles prudentielles en vigueur dans son pays serait probablement de retirer son argent d'un autre marché risqué (comme le Brésil, à l'époque). Mais, paradoxalement, ce genre de prudence a eu pour effet de renforcer la contagion entre les marchés émergents. En conséquence, les taux d'intérêt pratiqués pour attirer des capitaux dans ces pays étaient parfois supérieurs de 10 points à ceux en vigueur dans les pays industrialisés pour des instruments financiers comparables. Les difficultés financières des entreprises peuvent aussi avoir des répercussions internationales par le biais du système commercial. Des entreprises défaillantes peuvent «exporter» une partie de leurs pertes, par exemple, quand leur incapacité de payer leurs importations ou de rembourser leurs prêts fait perdre de l'argent à des étrangers. Cela affaiblit le bilan des entreprises et des banques très exposées à de tels marchés. Le coût économique et social d'une crise financière peut être très élevé L'expérience montre que le coût économique et social d'une crise profonde et prolongée peut être énorme, mais qu'il peut être limité par l'adoption rapide de mesures correctives. C'est pourquoi l'État doit souvent intervenir pour éviter une instabilité durable, comme celle que le Japon a connue dans les années uploads/Finance/ dff 1 .pdf
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- Publié le Sep 22, 2021
- Catégorie Business / Finance
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