Troisième partie : Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire (10 poin
Troisième partie : Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire (10 points) En quoi la croissance économique est-elle le résultat d’un processus de destruction créatrice ? Document 1 : Pour Joseph Aloïs Schumpeter, l’évolution économique se déclenche dans le capitalisme grâce aux innovations des entrepreneurs, qui, en rompant avec le comportement habituel de routine, révèlent une disposition à créer et donc à prendre des risques, le profit apparaissant alors comme une récompense de l’innovation. (…) Dès lors l’innovation engendre des effets dynamiques dans la mesure où elle induit, souvent, la construction de nouveaux équipements ou, pour le moins, un renouvellement de l’ancien, et qu’elle est mise en œuvre par de nouvelles firmes spécialement conçues. Ces nouvelles activités remettent en cause les dispositions acquises et stimulent la concurrence qui agit en tant que destruction créatrice, en détruisant les éléments vieillis et en créant des éléments neufs. Partant, si cette dynamique des marchés concurrentiels, impulsée par l’innovation et le processus de destruction créatrice, conduit à long terme à une amélioration du bien-être collectif, elle provoque à court terme des faillites d’entreprises et du chômage momentané , d’où une montée de l’incertitude alimentée également par les risques encourus par les nouvelles formes innovantes. Source : P.Gilles, histoire des crises et des cycles économiques, Armand Colin, 2009 Document 2 : Au XIX° siècle en Grande-Bretagne apparaît le luddisme qui vient du nom de Ned Ludd, ouvrier légendaire qui aurait détruit deux métiers à tisser en 1780. En 1811, des ouvriers de la bonneterie brisent les machines accusées de leur voler travail et salaire. Ce mouvement, en pleine révolution industrielle, est basé sur la crainte que la mécanisation ne génère du chômage. En effet, le progrès technique bouleverse les conditions de production : d’un côté il permet d’avoir de la croissance en créant de nouveaux biens et de nouveaux procédés. Mais il détruit aussi les anciennes activités. La croissance n’’est donc pas régulière : elle est basée sur le progrès technique qui ne peut apparaître qu’à certaines conditions économiques. Selon F.Perroux, la croissance est « l’augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues (chacune de ces périodes comprenant plusieurs cycles quasi décennaux) d’un indicateur de dimension : pour une nation le produit global net en termes réels. Ce n’est pas l’augmentation du produit réel par habitant. » . Il ajoute « qu’elle s’accompagne de progrès économiques variables et réalisés dans des changements de structure. » Cette définition comprend 4 éléments essentiels : la croissance se déroule dans le long terme : plusieurs années voire dizaine d’années (ex. les 30 glorieuses) ; elle est auto-entretenue,a croissance se réfère à un indicateur quantitatif (principalement le PIB), la croissance n’est pas homothétique, c’est-à-dire qu’elle engendre des transformations structurelles ( l’évolution des structures de consommation , des secteurs de production, etc.). La croissance n’est donc un pas un phénomène régulier, mais suit les fluctuations mises en évidence par Kondratiev, économiste russe dans les années 20. C’est en étudiant les quatre économies les plus développés de son temps (Etats- Unis, Angleterre, France, Allemagne) qu’il a mis en évidence l’alternance de longues phases d’expansion (dites phases A) et de ralentissement, voire de déclin (dites phases B) de l’activité économique d’une durée moyenne de 25 ans chacune. Ainsi depuis le milieu du XIX° siècle, 3 cycles ont pu être mis en évidence : 1848-1896, 1896-1950, depuis 1950 avec 1973 qui serait le début de la phase B (doc 1). Schumpeter va expliquer ces cycles par le rôle du progrès technique, qui peut être défini comme l’ensemble des modifications qui affectent les procédés de production et la nature des biens réalisés. Le progrès technique permet alors de desserrer des goulets d’étranglement limitant la production, de produire des marchandises nouvelles ou de meilleure qualité et d’augmenter les gains de productivité des facteurs de production grâce à l’introduction de nouveaux procédés, des machines plus performantes. En effet, chaque cycle est basé sur une innovation majeure qui provoquent une rupture, un saut qualitatif dans les techniques en permettant de lancer de nouveaux produits ou techniques, donc de nouveaux marchés . Le cycle de 1848-1896 serait basé sur les chemins de fer, l’industrie textile et la métallurgie, celui de 1896-1950 sur la chimie et l’électricité et le cycle commencé en 1950 sur l’automobile et le nucléaire (doc 1). Les innovations permettre la croissance tout en modifiant les structures de l’économie (doc 1). C’est le mécanisme de la destruction créatrice : l’innovation va conduire à l’obsolescence des anciens procédés ou des anciennes productions , ce qui va entraîner la disparition d’entreprises ou de pans entiers de l’économie , donc une augmentation du chômage ( aspect destruction ) . Mais, dans le même temps, de nouvelles entreprises, de nouveaux marchés apparaissent qui vont faire preuve de dynamisme, créer des emplois ( aspect créateur ) . On note ainsi une corrélation forte entre évolution des dépenses de RD et évolution du PIB pour les pays de l’OCDE (doc 2) : entre 82 et 84, les dépenses de RD augmentent de plus en plus rapidement, le taux de croissance passe de 6 à 11%, parallèlement, la croissance du PIB s’accélère : alors que la croissance était nulle en 82, le PIB augmente de 5% en 84. Les conditions de la phase A ou phase d’expansion sont à trouver dans la fin de la phase B ou récession. Comme l’économie va mal, les taux d’intérêt sont bas, ce qui favorise l’investissement et permet de transformer une invention, qui est la découverte d’un principe nouveau ou d’un produit nouveau qui ne sont pas toujours susceptibles d’applications pratiques en innovations, qui est la mise en application d’un principe théorique ou d’une idée nouvelle). L’innovation va donc permettre de rendre économiquement viable l’invention, ce qui nécessite de développer c’est-à- dire de perfectionner les prototypes initiaux, puis de les commercialiser dans le modèle définitif. Cela sera donc d’autant plus facile que les taux d’intérêt sont bas, ce qui rend l’innovation moins risquée et plus facilement rentable. Deux grands types d’innovations assurent la croissance. Les première sont les innovations de produits qui correspondent à l’introduction de nouveaux biens ou services sur le marché ,et ont pour objectif de trouver de nouveaux débouchés pour l’entreprise , en créant un nouveau marché , sur lequel elle dispose d’une position de monopole ( par la détention d’un brevet ) , ce qui lui permet d’augmenter ses marges et donc sa rentabilité . Cette innovation assure de la croissance grâce à l’augmentation de la demande. Les secondes sont les innovations de procédés qui visent à introduire de nouvelles méthodes de production et recherchent la réduction des coûts de production par un accroissement des gains de productivité que l’on peut définir comme l’augmentation de l’efficacité des facteurs de production. L’augmentation de la productivité peut se répercuter de plusieurs manières. L’entreprise peut diminuer les prix de vente, ce qui accroît sa compétitivité-prix et augmenter ses parts de marché. Elle peut augmenter les salaires, ce qui génère une hausse de la demande. Elle peut aussi accroître ses profits et donc financer ses investissements. Cette hausse des profits incite alors les autres entreprises à innover. Des grappes d’innovation apparaissent : Schumpeter a constaté que les innovations ne se produisent pas de manière continue dans le processus économique, mais de manière cyclique . Quand une entreprise introduit une innovation radicale ou majeure, celle-ci va être à l’origine de nouvelles innovations qui viennent en complément Ce sont des innovations incrémentales, mineures ou progressives visant à apporter des améliorations techniques ou économiques dans la production de biens ou de techniques déjà existantes Ce phénomène autoentretenu dure alors à peu près 25 ans. Peu à peu les éléments de retournement apparaissent : il y a une saturation de la demande, la population dispose déjà des biens et n’opère que des achats de renouvellement. La demande augmente de moins en moins vite. Mais comme la croissance est forte, les taux d’intérêt sont élevés, ce qui rend difficile l’investissement et le financement de l’innovation. Les dépenses de RD augmentent donc de plus en plus lentement. Or, quand le taux de croissance des dépenses de RD diminue, celui du PIB diminue également : en 90, les dépenses de RD augmentent de 5%, le PIB de 2%, en 92, les dépenses de RD augmentent de 3%, le PIB de 0.5% .Les dépenses peuvent même baisser : en 93, quand les dépenses de RD diminuent de 2% le PIB diminue de 0.5%. On entre alors dans la phase B : durant cette phase, il ne se produit plus que des innovations mineures ou incrémentales, le progrès technique se généralisant peu à peu, le dynamisme économique diminue , la croissance économique chute ,on rentre alors dans une phase de récession . Ce sont alors les conditions même de la récession qui vont permettre la reprise. La croissance n’est donc pas un phénomène régulier, car elle est basée sur le progrès technique : l’invention est certes indépendante du contexte économique, mais pas l’innovation : il faut que les taux d’intérêt soient assez bas pour financer les recherches uploads/Finance/ ec3-en-quoi-la-croissance-economique-est-elle-le-resultat-d-x27-un-processus-de-destruction-creatrice.pdf
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- Publié le Apv 11, 2022
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