Économie de la mondialisation Vers une rupture durable ? Jean-Pierre Allegret •
Économie de la mondialisation Vers une rupture durable ? Jean-Pierre Allegret • Pascal Le Merrer Préface de François Bourguignon 2e édition Nouveaux thèmes traités : • L’avenir des classes moyennes dans les pays développés • Les migrations internationales au XXIe siècle • La recomposition des chaînes de valeur • La crise financière mondiale • Les nouvelles voies de régulation de l’économie mondiale Économie de la mondialisation OUVERTURES ÉCONOMIQUES Économie de la mondialisation Vers une rupture durable ? Jean-Pierre Allegret • Pascal Le Merrer Avec la collaboration de Deniz Ünal – CEPII Préface de François Bourguignon 2e édition ÉCONOMIQUES OUVERTURES s u p é r i e u r Pour toute information sur notre fonds et les nouveautés dans votre domaine de spécialisation, consultez notre site web : www.deboecksuperieur.com © De Boeck Supérieur s.a., 2015 2 e édition Fond Jean Pâques 4, B-1348 Louvain-La-Neuve Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent ouvrage, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit. Imprimé en Belgique Dépôt légal : Bibliothèque nationale, Paris : octobre 2015 ISSN 2030-501X Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles : 2015/0074/214 ISBN 978-2-8041-9374-4 SOMMAIRE Préface. ............................................................................................................ 9 Introduction.................................................................................................... 13 Chapitre 1 La mondialisation : une tendance historique ancienne. .................................................................................................... 25 Chapitre 2 L’intégration financière internationale : une mise en perspective historique. ................................................... 83 Chapitre 3 Une nouvelle division internationale du travail source de tensions. .................................................................................. 123 Chapitre 4 La difficile maîtrise de l’intégration financière internationale.... 189 Chapitre 5 Les enjeux de la gouvernance internationale................................. 283 Chapitre 6 Les effets potentiellement positifs de la mondialisation sont- ils en danger ?. ....................................... 347 Index................................................................................................................ 391 Bibliographie. ................................................................................................. 397 Table des matières........................................................................................ 419 « A thin layer of international rules that leaves substantial room for maneuver by national governments is a better globalization. It can address globalization’s ills while preserving its substantial economic benefits. We need smart globalization, not maximum globalization » 1 1 Rodrik D. (2011), The Globalization Paradox, W. W. Norton Company Ltd, p. XIX. PRÉFACE La mondialisation des économies est sans nul doute l’une des évolutions majeures de la fin du 20e siècle, de la même façon que la révolution industrielle a marqué le début du 19e ou l’électricité, l’automobile et le téléphone l’entrée dans le 20e. Tout pays, à de rares excep- tions près, a abordé le 21e siècle avec un système économique assez fondamentalement différent quant à ses potentialités de ce qu’il était 20 ou 30 ans plus tôt. Les économies nationales se sont « mondialisées » dans un processus qui paraît largement irréversible. Ce nouvel état des économies nationales est-il une bonne chose ? Si les gains dus à la mondialisation sont évidents, les inconvénients ne le sont pas moins. Le déclic de la vague contemporaine de mondialisation a été l’ouverture au com- merce mondial de ces géants que sont la Chine, l’Inde ou le bloc ex-soviétique au début des années 1990. Auparavant isolés, leur entrée dans les échanges mondiaux a permis une nouvelle division internationale du travail. En particulier, une part substantielle de l’industrie manufacturière intensive en main-d’œuvre faiblement qualifiée dans les pays développés s’est progressivement relocalisée en Asie. Étant donnés l’abondance relative de main d’œuvre et son faible coût dans cette région, cette restructuration géographique ne pouvait que contribuer à une plus grande efficience de l’économie mondiale. Par ail- leurs, une libéralisation financière a eu lieu concomitamment avec pour objectif celui de soutenir cette transformation des échanges en amenant les capitaux mondiaux là où ils étaient le plus nécessaire, et rentable. Le processus de mondialisation a donc été dès le départ double : intégration commerciale d’un côté, intégration financière de l’autre. Les effets de cette restructuration de l’appareil productif mondial sur les économies où la relocalisation a eu lieu ont été énormes. On connaît les performances extraordinaires de croissance de la Chine au cours des 25 ou 30 dernières années, mais la croissance a aussi été très rapide dans d’autres pays asiatiques comme le Vietnam, le Bangladesh ou l’Inde – quoique, dans ce dernier cas, selon des mécanismes distincts basés sur les services numériques plutôt que les exportations manufacturières. On sait aussi que la pauvreté mondiale s’en est trouvée fortement diminuée et aussi que la croissance asiatique a eu un vigoureux effet d’entraînement sur les autres pays en développement à partir de la fin des années 90, principalement à travers une hausse du prix des matières premières. De l’autre côté de l’échange, cette redistribution de la production n’a pas eu d’effet négatif majeur sur la croissance des pays développés malgré la délocalisation d’une partie de leur industrie. Si ces résultats sont positifs en agrégé, il n’en reste pas moins que tous les sec- teurs sociaux n’en ont pas profité de la même façon, certains se trouvant même perdants. Le personnel moins qualifié des pays développés a souffert d’une plus faible demande pour leur travail. Le chômage s’en est trouvé aggravé et/ou les salaires relatifs diminués 10 Économie de la mondialisation pour cette catégorie de main d’œuvre. De ce point de vue, la mondialisation est venue renforcer les effets du progrès technique lié au développement du numérique. L’effet a aussi été négatif, dans un premier temps, dans les régions en développement hors Asie. En Amérique latine et en Afrique, le secteur industriel a lui aussi souffert de la concurrence asiatique. Ce n’est que dans un second temps, quand la croissance asiatique a débouché sur une hausse des prix des matières premières sur les marchés mondiaux, que ces régions ont elles aussi pu profiter de la mondialisation. La conjoncture actuelle laisse cependant penser que ce gain pourrait n’être que temporaire. La vague actuelle de mondialisation des échanges est souvent vue comme une cause majeure de la montée des inégalités que l’on observe aujourd’hui dans la plupart des pays développés, mais plus particulièrement aux États-Unis et dans plusieurs pays en développement, notamment en Asie (Chine, Inde, Indonésie). Il y a du vrai dans cette vision des choses, mais deux remarques importantes s’imposent. En premier lieu, il faut souligner que cette hausse des inégalités nationales est tout à fait compatible avec la baisse de l’inégalité mondiale qui découle naturellement de l’accélération du développement des géants asiatiques. En second lieu, il faut insister sur le fait que c’est plus à travers les revenus du capital que ceux du travail que les inégalités nationales ont augmenté. En témoigne le fait que les inégalités se sont accrues par le haut, et même le très haut, de la distribution plutôt que par une perte relative du bas. En témoigne également la hausse presque universelle de la part du capital dans le revenu national. Que la mondialisation se soi accompagnée d’une hausse des revenus du capital n’a rien de vraiment étonnant. C’est avant tout l’attrait de profits plus élevés qui a conduit les firmes multinationales basées dans les pays développés à investir massivement dans la délocalisation et l’implantation de nouvelles capacités de production dans les économies en développement nouvellement ouvertes au commerce. D’autres facteurs que la mondialisation ont cependant pu aussi jouer un rôle dans cette évolution, et notamment le progrès technique. Sur le plan financier, le bilan de la libéralisation des mouvements de capitaux entamée au début des années 1990 est plus mitigé. Certes, les investissements directs étrangers ont joué un rôle majeur dans le développement de plusieurs pays, notamment en Asie. En revanche, la libéralisation des mouvements de capitaux financiers a souvent eu des conséquences dramatiques. Les crises financières se sont faites plus fréquentes tout en prenant de plus en plus d’ampleur au point de représenter des risques véritablement systémiques : le Mexique en 1994, les pays asiatiques en 1997 et leurs effets de conta- gion sur la Russie et le Brésil, l’Argentine en 2001 et, pour finir la crise des subprimes aux États unis en 2008 et ses conséquences dévastatrices, y compris la crise de la dette en Europe. Dans tous les cas, sauf peut-être dans le cas des subprimes aux États-Unis, la faculté donnée aux capitaux financiers d’affluer vers un pays ou des secteurs plus profi- tables que d’autres puis de refluer brutalement sous la pression d’un choc temporaire ou d’anticipations négatives a provoqué des désastres. À tel point que le Fonds Monétaire International, l’un des chantres de la libéralisation financière dans les années 1990, adopte aujourd’hui une position plus modérée et en arrive même à s’interroger sur la meilleure façon de contrôler l’entrée ou la sortie de capitaux. De façon presque tautologique, la mondialisation est aussi synonyme de perte de souveraineté dans la conduite de la politique économique. L’ouverture de plus en plus grande aux échanges destinée à tirer avantage des marchés mondiaux et de leur dynamisme Préface 11 s’accompagne d’une exposition plus directe à la concurrence étrangère à travers les exporta- tions et les importations. La hausse de la part du commerce extérieur dans uploads/Finance/ economie-de-la.pdf
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- Publié le Jui 12, 2021
- Catégorie Business / Finance
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