CHAPITRE 2 – QUELS SONT LES FONDEMENTS DU COMMERCE INTERNATIONAL ET DE L’INTERN
CHAPITRE 2 – QUELS SONT LES FONDEMENTS DU COMMERCE INTERNATIONAL ET DE L’INTERNATIONALISATION DE LA PRODUCTION ? I/ Quels sont les fondements du commerce international ? A/ Un commerce international traditionnellement fondé sur la spécialisation La théorie des avantages comparatifs de D. Ricardo a eu une influence considérable sur le développement du commerce international et son organisation conçue autour de l’idée de spécialisation internationale. Avec sa théorie des avantages comparatifs, Ricardo démontre (contrairement à A. Smith et sa théorie des avantages absolus) que l'échange est préférable même dans le cas où un pays détient un avantage absolu dans tous les domaines. Il aura intérêt à se spécialiser dans les produits pour lesquels il dispose du plus grand avantage comparatif (les biens pour lesquels il est relativement le plus efficace, c’est-à-dire pour lesquels il obtient une plus grande productivité du travail), et à importer les autres. Cette théorie permet d'expliquer comment est déterminée la division internationale du travail (DIT), c'est-à-dire de rendre compte des spécialisations internationales. Elle est l'application des thèses libérales aux échanges internationaux: elle préconise la spécialisation internationale et la suppression de toute entrave aux échanges (c’est-à-dire le libre-échange). Le théorème HOS (Heckscher, Ohlin, Samuelson) cherche à expliquer l'origine des avantages comparatifs par les différences entre les dotations en facteurs de production de chaque pays. Autrement dit, la répartition des différents facteurs de production (main d'œuvre, capital technique et ressources naturelles) explique les avantages comparatifs. Selon ce modèle théorique un pays aura un avantage comparatif dans l'activité qui utilise intensément le facteur dont il est le plus abondamment doté (donc qui lui coûte le moins cher). Par exemple, la dotation d’un pays en ressources naturelles abondantes doit l’inciter à se spécialiser dans leurs exploitations (comme le pétrole pour certains pays du Moyen-Orient). Par conséquent, l'échange international conduit à la meilleure répartition possible des facteurs de production (le travail et le capital sont utilisés dans les pays où ils coûtent le moins cher) et à la maximisation des richesses. Ainsi, il favorise la croissance économique. La dotation technologique peut également expliquer le commerce international. Ainsi, un pays possédant une certaine avance technologique développe un avantage comparatif qui lui permet de s’insérer dans les échanges internationaux. Selon l’économiste américain R. Vernon, les produits ont ainsi un cycle de vie lié aux écarts de diffusion des innovations entre les pays. B/ La multiplication des échanges entre pays comparables Les théories préconisant une division internationale du travail fondée sur une spécialisation liée à la possession d’avantages comparatifs ont longtemps dominé la vision que les économistes se faisait du commerce international. Cependant, dès le milieu du XXe siècle, la montée de la part du commerce intra-branche dans le commerce mondial (contraire à la spécialisation internationale) demande de nouvelles approches théoriques. Ces nouvelles théories remettent en cause l'idée d'une spécialisation au niveau international. Par exemple, pour l’économiste américain P. Krugman, ce ne sont pas les écarts de dotation de facteurs de production qui expliquent le commerce international mais la volonté des firmes de se différencier de leurs concurrents en s'adaptant aux goûts très variés des consommateurs. Krugman n'est pas le seul à avoir évoqué ce type d'explication. Par exemple, S. Linder explique que les pays s'échangent le même type de produit en affirmant que le marché extérieur prolonge le marché intérieur. Les caractéristiques du produit reflètent les goûts et le niveau de vie du pays qui le fabrique. Ainsi, un produit sera d'autant plus facilement écoulé à l'extérieur qu'il sera vendu dans des pays dont la demande ressemble à celle du pays d'origine (d'où le développement du commerce entre pays développés à économie de marché). B. Lassudrie-Duchêne explique au contraire ce phénomène par une « demande de différence ». Chaque pays offre des modèles différents correspondant à des "segments" de clientèle car les consommateurs recherchent de plus en plus à se différencier les uns des autres. Ainsi, les différences dans la qualité des produits fabriqués peuvent expliquer ces échanges intra-branches dans des pays aux caractéristiques très similaires. La fragmentation de la chaîne de valeur est aussi une très bonne explication des évolutions du commerce international (à voir dans le II/ - B/ à suivre). II/ Quels sont les facteurs à l’origine de l’internationalisation de la production ? A/ Les liens entre productivité des firmes et compétitivité des pays Traditionnellement le terme de « compétitivité » s’applique d’abord aux entreprises. On distingue la compétitivité-prix et la compétitivité-hors prix (cf. PowerPoint « 1. Les facteurs de la compétitivité »). Par extension, on envisage la compétitivité de plus en plus au niveau d’un pays. Comme une entreprise, c’est la capacité d’un pays à faire face à la concurrence internationale qui est le fondement de sa compétitivité. Cependant, pour un pays, cette notion est plus vaste. Par exemple, l’OCDE ajoute un critère qui est de garantir la « croissance des revenus réels de ses habitants soutenable dans le long terme ». D’autres organismes préfèrent comme deuxième critère, « la capacité à attirer des activités nouvelles et des facteurs de production mobiles ». La compétitivité d’un pays passe par la capacité de ses entreprises à surpasser la concurrence internationale qui dépend avant tout de leur productivité (soit l’utilisation efficace de leurs facteurs de production) qui permet notamment un abaissement du coût du travail permettant d’améliorer la compétitivité-prix. Pour améliorer cette compétitivité, les pouvoirs publics peuvent mettre en place des politiques destinées à réduire les coûts de production (cf. chapitre suivant) mais également à faciliter l’innovation (politique en matière de recherche-développement par exemple). Celle-ci étant indispensable à l’amélioration de la compétitivité hors- prix. B/ L’internationalisation de la chaîne de valeur Aujourd’hui, les firmes multinationales (FMN) adoptent des stratégies internationales y compris dans l’organisation de leur production. En effet, ces FMN vont localiser les différentes étapes de production de leurs produits dans différents pays. On assiste ainsi à une multiplication des investissements directs à l’étrangers (IDE), c’est-à-dire la création ou l’acquisition par ces FMN d’unités de production situées à l’étranger. On nomme ce processus « internalisation de la chaîne de valeur », il peut être illustré par « la courbe du sourire » qui montre que lors de la production d’un produit à l’échelle internationale, la valeur ajoutée créée est surtout élevée lors de la pré-production et de la post-production (qui se déroulent le plus souvent dans les pays développés à économie de marché). L’internationalisation de la chaîne de valeur consiste donc pour une entreprise à fragmenter sa chaîne de production en utilisant les avantages comparatifs des différents pays. Pour cela elle va soit faire appel à des sous- traitants, soit racheter ou créer elle-même des sites de production via des filiales. Dans ce dernier cas, cela l’amène à effectuer des IDE. C’est ce qui explique une grande part de leur accélération constatée à partir du milieu des années 1980. Jusqu'aux années 1990, l'écrasante majorité des IDE provenait des pays développés à économie de marché (PDEM) et était destinée à ces mêmes pays. À partir des années 1990, de plus en plus de filiales de firmes multinationales ont été implantées dans les pays d'Europe centrale et orientale, dans les pays du Sud-Est asiatique et en Chine et plus généralement dans la plupart des pays en développement (PED), ceux-ci cherchant à attirer des firmes multinationales pour accélérer leur croissance. L’internationalisation croissante de la chaîne de valeur explique également l’explosion du commerce intra-firme (échanges entre filiales d’un même groupe). Attention ! Cette internationalisation / fragmentation de la chaîne de valeur explique une part de plus en plus importante du commerce international, notamment entre pays comparables et doit, à ce titre, être aussi intégrée au I/ - B/ de ce chapitre). III/ Quels sont les effets du commerce international ? A/ Les effets du commerce international sur les prix Selon l’analyse libérale, le commerce international doit aboutir à court terme à une baisse des prix des biens et des services concernés. Sur le long terme, baisse des prix, hausse du pouvoir d’achat et diversification de la production sont les principaux effets attendus (cf. PowerPoint « 2. Les effets du commerce international sur les prix et les caractéristiques des produits »). B/ Les effets du commerce international sur les inégalités De nombreuses études font apparaître un lien entre développement des échanges internationaux et réduction des inégalités entre les pays. Ainsi, les pays en développement semblent profiter de l’ouverture au commerce international et voient leur niveau de vie progresser. Cependant, ils n’en bénéficient pas tous dans les mêmes proportions. Ainsi, parmi les différentes stratégies adoptées, il semble que la « remontée de filière » soit la plus efficace. Les pays en développement qui ont le mieux profité de la mondialisation sont ceux qui ont su bien utiliser les gains issus des productions nécessitant l’utilisation de leur main d’œuvre abondante (et donc bon marché). Ils ont ainsi pratiqué une stratégie de remontée de filière en faisant évoluer leur économie vers une production générant de plus en plus de valeur ajoutée. Ils ont alors généré des revenus bien plus importants leurs permettant d’investir dans l’éducation, la recherche- développement les uploads/Finance/ economie-resume-du-chapitre-2.pdf
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- Publié le Aoû 06, 2022
- Catégorie Business / Finance
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