Dossier 1 : Constats Relecture et mise en page : Aurélie CAUBLOT‐GUERAULT et Sé
Dossier 1 : Constats Relecture et mise en page : Aurélie CAUBLOT‐GUERAULT et Sébastien VASSEUR A l’occasion du Salon de l’Entrepreneuriat qui se déroule dans la Capitale les 6 et 7 février, nous avons voulu faire un point sur l’entreprenariat Français. Publié en 2 parties, ce dossier tente de nous éclairer sur l’entrepreneuriat : pourquoi entreprendre est si compliqué en France pour les jeunes de notre génération ? et quelles sont les solutions pour l’inciter ? Edito par Mahmoud TALL : Pourquoi entreprendre aujourd’hui ? Qui n’a pas rêvé d’être son propre patron, de créer un concept nouveau ou de tenter l’aventure de l’entrepreneuriat ? Oui, créer son entreprise par ses propres moyens (que ce soit le fruit d’une aventure individuelle ou collective) est une valeur que nous reconnaissons et que nous nous évertuons à développer à droite. Au-delà de la simple valeur du travail pour subvenir à ses besoins, c’est un besoin d’émancipation qui pousse des milliers de jeunes Français à l’envisager dans un futur proche, ou en tout cas à avoir l’envie et l’ambition de mettre en place un projet entrepreneurial. Quelques initiatives pour le développement de projets entrepreneuriaux se sont montées dans certaines universités et grandes écoles (pépinières d’entreprises, projet d’études de fin d’année…) mais ces celles-ci restent restreintes et peu diffusées. En cela, nous n’avons pas, en France, une culture à proprement parler de l’esprit d’entreprise, en tout cas d’entreprendre. De mon expérience personnelle, j’ai pris l’initiative de monter un projet d’entreprise lorsque j’étais lycéen (structure d’association d’abord à but non lucratif puis à but lucratif en statut de société indépendante par la suite avec 2 amis d’enfance), dans le but de monter une activité qui me plaisait et qui me permettait d’avoir mon indépendance, ma liberté. Aujourd’hui, après six années passées dans le monde du travail (secteur privé), je me suis enrichi de mes expériences pour monter mon entreprise individuelle. Déjà presque 2 ans que je suis auto-entrepreneur. Je fais partie de cette catégorie de jeunes qui ont choisi de prendre des risques pour réaliser leurs rêves et leurs passions. Et cette catégorie augmente ! Dans la dernière décennie, il y a eu une hausse significative des créations d’entreprises. Pourquoi ce phénomène passionne-t-il de plus en plus notre génération, qui ose maintenant sauter le pas ? Si une réponse peut être donnée, celle qui me vient à l’esprit est la suivante : c'est le résultat du niveau de développement que nous avons atteint, d’un plus grand accès à la technologie. Aujourd’hui, pour notre génération, née à la fin des années 1980 ou au début des années 1990, il est plus facile, par les différents canaux de communication, d’avoir accès à l’information et de se mouvoir partout en France et dans le monde. Egalement, nous sommes différents des générations qui nous précèdent et qui ont eu la sûreté de l’emploi garanti à tous et pour tous. Nous sommes une génération qui au-delà des différents cursus scolaires existant, se doit d’avoir plusieurs cordes à son arc, plusieurs compétences et se doit d’entreprendre pour s’en sortir. L’importance des politiques économiques En France, les dispositions de la loi sur l’auto- entrepreneuriat, voulue par Nicolas Sarkozy, aboutissement du rapport de Hervé Novelli, ont été d’une grande avancée pour permettre l’émergence de nouveaux projets, accessibles à tous, peu importe le statut social. Cette initiative a facilité la création en supprimant des charges (charges trop nombreuses qui découragent, freinent et stoppent toutes initiatives pour cause de lourdeurs administratives) (http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rap ports-publics/104000616/0000.pdf). Il ne faut pas taxer, mais protéger les personnes qui prennent des risques et le gouvernement Ayrault ne l’a pas compris. Il ne faut pas opposer les patrons aux autres strates socioprofessionnelles mais valoriser la réussite. D’abord la réussite personnelle et individuelle mais aussi la réussite de groupes de Français (les entreprises individuelles, les PME-TPE…) qui rendent attractif notre pays, au lieu de les faire fuir ou de taire et condamner cette réussite. Je terminerai par une citation du rapport Novelli : « Une société plus entrepreneuriale, c’est une société qui s’appuie davantage sur le talent et le travail que sur l’origine sociale et les diplômes. C’est une société qui valorise l’investissement individuel et collectif. La croissance qui en découle permet de tisser de nouveaux liens de solidarité. Une nation qui entreprend à confiance en son avenir. » Dossier 1 : Constats Relecture et mise en page : Aurélie CAUBLOT‐GUERAULT et Sébastien VASSEUR Entreprendre : un tabou français ? C’est dans les pays marqués par le protestantisme qu’une économie capitaliste, typique des sociétés modernes, serait apparue et se serait développée plus précocement qu’ailleurs : la thèse de Max Weber est connue. Dans l’Ethique protestante et l’esprit du capitalisme (1905), le sociologue allemand s’efforça de montrer l’influence des croyances sur le comportement économique. A l’en croire, l’attitude des calvinistes se marquerait d’un ascétisme orienté vers la réussite matérielle, dans le but d’honorer Dieu. En d’autres termes, il s’agirait pour le croyant, tout au long de son séjour sur terre, de faire fructifier les fruits de la création divine. Cette conception nouvelle aurait engendré une véritable révolution dans les esprits, en débarrassant des inhibitions de l’éthique traditionaliste le désir d’acquérir. Ces dernières étaient pourtant fortes : Jacques Le Goff est suffisamment convaincant pour nous permettre de penser, raisonnablement, que le Moyen Age n’a pas connu de capitalisme, la recherche du profit y étant proscrite (Le Moyen Age et l’argent, Perrin, 2010). La France, fille aînée de l’Eglise, en reste profondément irriguée. Cependant, si l’argent et la réussite des entrepreneurs devenus grands patrons est un tabou français, d’autres maux affectent l’innovation dans notre pays. Fondée sur les Lumières et l’influence saint-simonienne, notre culture économique valorise davantage le savoir au détriment de la compétitivité, de la créativité. La tradition jacobine d’un Etat centralisateur, bureaucratique et tout- puissant renforce un peu plus ces freins culturels. C’est pour cela que triompha au XXe siècle la France des grandes inventions, des grands projets, des grandes administrations. L’interventionnisme public était un idéal, les brevets, la seule reconnaissance. Une structure hiérarchique et cloisonnée, peu propice à l’émergence d’idées nouvelles, n’en fut que la conséquence logique. Aujourd’hui encore, les différentes institutions n’envisagent le développement des PME en France qu’à travers le spectre de la technique, de la technologie. L’invention supplante l’innovation, en quelque sorte. Or, la véritable problématique réside dans le projet, dans la capacité qu’ont les acteurs à penser de nouveaux modèles d’expansion et de développement. L’exemple d’Apple est éloquent : Steve Jobs a su saisir et adapter les idées des autres pour en faire une synthèse créative avec l'iPod. Hervé Azoulay le rappelait récemment dans une brillante tribune : c’est d’abord la créativité dans les usages qui permet de différencier les entreprises performantes1. C’est pourquoi les entrepreneurs doivent retrouver de la liberté et voir leur rôle valorisé. On ne compte plus, aujourd’hui, ceux qui ont fui le territoire national. Les structures publiques, devenues sourdes, doivent repenser leur rôle ; les projets innovants, qui osent braver les conformismes, doivent être promus. La mondialisation, les exemples étrangers, les ravages de la crise, l’envie de s’en sortir, surtout, tendent pourtant à faire sauter l’ensemble de ces verrous culturels, et ce dans toutes les catégories sociales. « Non, les Français ne sont pas fâchés avec l’entreprise » : tel était le titre de l’article que Le Monde consacra en octobre dernier2 à une étude du Centre d’analyse stratégique sur l’attitude des Français vis-à-vis de l’entrepreneuriat3. « Il apparaît que l'attitude des Français vis-à-vis de l'entrepreneuriat n'est guère différente, voire plus favorable que celles des Britanniques ou des Allemands, mais moins que celle des Américains. En revanche, les Français éprouvent plus de difficultés que d'autres à assurer la pérennité des entreprises qu'ils créent » résumait ainsi le quotidien. Les mentalités se modifient donc, les clichés aussi. Le rapport à la réussite et à l’argent évolue lentement. La soif d’entreprendre n’a peut-être jamais été aussi forte que dans la France d’aujourd’hui : encourageons la ! Sébastien VASSEUR 1 http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20130124trib000744539/l-innovation-en-france-un- probleme-culturel-et-structurel.html 2 http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/10/27/non-les-francais-ne-sont-pas-faches-avec-l- entreprise_1781858_3234.html 3 http://www.strategie.gouv.fr/content/entrepreneuriat-en-france-na-296-297 Dossier 1 : Constats Relecture et mise en page : Aurélie CAUBLOT‐GUERAULT et Sébastien VASSEUR En effet cet enseignement général n’est pas professionnalisant. Lors des premières années passées dans l’enseignement supérieur, le même scénario se perpétue. Alors que les Allemands disposent d’un collège professionnel dès 11 ans, la plupart des étudiants français en Bac plus un et plus deux sont encore en train d’étudier uniquement des matières généralistes en tout genre. Comment dès lors pouvoir créer son entreprise sans les connaissances nécessaires ? Sans savoir établir une étude de marché ou un business modèle? La réponse est bien simple... Dans une société où l’importance du diplôme est primordiale, les jeunes préfèrent également se consacrer davantage à leurs études plutôt qu’à monter une entreprise (laquelle à trois chances sur cinq de faire faillite durant les cinq premières années en France). Comment faire le grand saut si on vit avec la peur de se retrouver au chômage quelques années plus tard sans qualifications ? Voici un autre problème non résolu par le système uploads/Finance/ entrepreneur-i-at 1 .pdf
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- Publié le Jan 17, 2021
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