INTRODUCTION Littéralement, "physiocratie" signifie "gouvernement" (du grec Kra
INTRODUCTION Littéralement, "physiocratie" signifie "gouvernement" (du grec Kratos) par la nature ("physio"). C'est une doctrine économique qui peut être résumée à deux propositions. La première proposition est qu'il existe un ordre naturel gouverné par des lois. Le rôle des économistes est de comprendre et de révéler les lois de la nature telles qu'elles opèrent dans la société et dans l'économie. C'est de montrer comment ces lois opèrent dans la formation et dans la distribution des richesses. Pour les physiocrates il y a des lois économiques, de même qu'il y a des lois physiques ou physiologiques. La seconde proposition est que le devoir des hommes, et en particulier le devoir des gouvernants, est de se soumettre à ces lois en interférant aussi peu que Possible avec leur jeu par des interventions intempestives. Les physiocrates sont donc à l'origine duo libéralisme. La physiocratie est l'un des plus importants courants d'idées du XVIIIème siècle. Et cela en dépit d'une période d'existence assez brève (moins de 20 ans) et du fait que, contrairement au mercantilisme, il s’agit d’une école purement française, qui plus est centrée autour d’un seul maître à penser, François QUESNAY (1694-1774). Il s’agira dans cet expos2 de parler non seulement de la physiocratie mais également du mercantilisme et du colbertisme. I- La physiocratie A- définition La physiocratie est une école de pensée économique et politique, née en France vers 1750, qui contribue de manière décisive à forger la conception moderne de l'économie et à placer la réflexion et la pratique de la « chose économique » dans un cadre de référence autonome, comme une science à part entière. Elle connaît son apogée au cours de la seconde moitié du xviiie siècle, pour devenir caduque face à la montée des échanges commerciaux internationaux et l'apparition du secteur secondaire. B- Historique La physiocratie naît dans une époque où plus des trois quarts du revenu national proviennent de l'agriculture mais où celle-ci connaît cependant les prémices d'un déclin. C'est donc d'abord une réaction contre ce déclin. La physiocratie arrive aussi après deux siècles de mercantilisme, qui ont vu la multiplication et les abus de la réglementation. 1 – La réaction contre le déclin de l'agriculture Au milieu du 18e siècle, le déclin de l'agriculture est ressenti comme un malaise durable qui se manifeste par l'accroissement des superficies de terres incultes : dans L’Ouest et le Centre, friches et landes occupent la moitié du territoire. La misère des populations rurales est particulièrement grande. La terre est chargée d'impôts et les cultivateurs sont taillables et corvéables à merci. Ils supportent de nombreuses redevances réelles et personnelles héritées de la féodalité. De plus, la politique de Louis XIV, qui a consisté à attirer à la Cour les nobles disposant de grands domaines et à les pousser à la dépense vestimentaire, pour les amener par l'endettement à dépendre de lui, a détourné l'épargne des investissements dans l'agriculture. 2 - La réaction contre les abus de la réglementation Sous l’influence mercantiliste l’Etat a multiplié les réglementations. Il intervient dans l’agriculture en interdisant ou en limitant certaines cultures, la vigne par exemple. Il réglemente de façon très étroite le commerce des grains par le jeu de droits de péages aux octrois et des droits prélevés sur les marchés et les foires. Une « police des grains » veille à ce que les agriculteurs ne vendent pas leurs grains avant la récolte et à ce qu’ils ne stockent pas non plus la récolte pour spéculer en cas de hausse des prix. D'autres dispositions concernent les marchands de grains qui, pour exercer, doivent obtenir une autorisation, se faire inscrire sur les registres de police, s'abstenir de toute association tendant à l'accaparement, etc. Ces entraves ont préparé l'opinion à recevoir favorablement la doctrine des physiocrates qui défend la liberté au nom de l'efficacité et qui donne à l'agriculture le premier rôle dans la création des richesses. Sous l’influence physiocrate, les sociétés d'agriculture comme celles d'Orléans et de Limoges, et cinq parlements régionaux demandent la réouverture de l'exportation des grains et réclament la liberté du commerce agricole. C- Les acteurs de la physiocratie - François QUESNAY QUESNAY (1694-1174) fut médecin personnel de la Marquise de POMPADOUR (1721-1764), mais avant tout économiste fondateur de la première école en économie, l'école des Physiocrates. Il a pensé l’économique comme un circuit dans son célèbre Tableau économique (1758), première représentation globale et Schématique de l'économie. Ce tableau est inspiré de la circulation du sang chez l'homme, sur un modèle de flux, contre flux et d'échange. Il considère qu’il existe un ordre naturel en économie et que le rôle des économistes se borne à révéler les lois qui gouvernent cet ordre. Il est le premier à penser l’économie comme un tout (« holisme méthodologique ») plutôt qu’une somme d’entités économiques individuelles (« individualisme méthodologique ») . C’est pourquoi il est considéré comme le précurseur de la pensée de KEYNES. - Vincent de GOURNAY Jacques Claude Marie Vincent, marquis de GOURNAY (1712-1759) est parfois considéré comme le premier des physiocrates. En fait, plus qu’un physiocrate ruraliste, GOURNAY est un libéral qui influença les physiocrates à qui il transmet : Un attachement aux libertés économiques (liberté de commercer, de Produire, de travailler), Une opposition à l’intervention directe de l’Etat dans l’ordre économique, Et enfin une méfiance vis-à-vis les corporations, les guildes, les privilèges exclusifs, comme celui de la Compagnie des Indes. C’est à lui que l’on doit la célèbre formule « Laissez faire, laissez passer, le monde va de lui-même ». - Paul-Pierre Le MERCIER de la RIVIERE Paul Pierre le MERCIER DE LA RIVIERE, (1720-1794) est un physiocrate de l’entourage de QUESNAY avec qui il a sympathisé. Ensemble, ils défendent la liberté du commerce du blé. Il s’attache plus particulièrement à défendre l’idée de GOURNAY selon laquelle, libéré des diverses réglementations que l'Etat impose aux échanges, "le monde va de lui-même". Il est l’auteur d’un ouvrage intitulé « L'ordre naturel et essentiel des sociétés politiques » (1767) - Anne Robert Jacques TURGOT TURGOT (1727–1781) est l’homme politique et économiste français, profondément physiocrate, qui tenta de mettre la monarchie au service du libéralisme économique quand il était ministre des finances de Louis XVI de 1774 à 1776. Ami de François QUESNAY mais aussi d’Adam SMITH, il constitue un trait d’union entre la physiocratie et l’économie politique classique. Il a écrit de nombreux ouvrages économiques dont plusieurs mémoires dans lesquels il proteste contre les normes étatiques et l'intervention de l'État, et défend la compétition libre. D- Apport de la physiocratie dans l’économie Dans les écrits de François Quesnay et des Physiocrates, un certain nombre de thèmes-clés reviennent constamment. Tout d'abord, il faut mentionner la notion d' « Ordre naturel » qui sous-tend le système de pensée, puis la représentation du « Tableau Economique », Le calcul économique rationnel, La valeur travail, Le produit net. - La notion de loi en économie (ordre naturel) Pour les physiocrates, les lois de l’économie existent et sont immuables. Mais ce ne sont pas les lois du marché telles que nous les connaissons aujourd’hui. Ce sont des lois naturelles, irrévocables et voulues par Dieu pour le bonheur des hommes. Un ordre qui doit s'imposer à la sagesse des gouvernements. Cet «ordre naturel », connu des hommes par l'"évidence", contient les lois fondamentales et immuables de toute société. Ces lois, qui doivent être enseignées aux hommes, légitiment tout d'abord la propriété privée, en particulier celle de la terre. La liberté du commerce et de l'industrie est nécessaire et comme l'indique Mirabeau, « l'intérêt particulier est le premier bien de la société ; d'où il suit que la société est d'autant plus assurée que l'intérêt particulier est le plus à l'abri ». De plus, l'autorité incarnée par le monarque de droit divin doit être respectée, mais il s'agit d'un « despote éclairé » par la connaissance de l' « ordre naturel ». Le « despotisme légal » éloigne donc les Physiocrates des conceptions politiques de Montesquieu et de Jean-Jacques Rousseau. - Le calcul économique rationnel L'ordre naturel des physiocrates est providentiel. Il se fonde sur l'harmonie des intérêts privés et publics. La science économique peut en appréhender quantitativement les éléments : (étant donné que) « La science économique s'exerçant sur des objets mesurables est susceptible d'être une science exacte et d'être soumise au calcul » (Le TROSNE, De l'ordre social). QUESNAY peut être considéré comme l'un des précurseurs du calcul économique rationnel qui déboucha par la suite sur la notion de maximisation sous contrainte. En effet, il écrit : « Obtenir la plus grande augmentation possible de jouissance par la plus grande diminution possible de dépense : c'est la perfection de la conduite économique ». - La valeur travail Dans l'article "Grains" qu'il rédige pour l'Encyclopédie, QUESNAY mesure la valeur des productions à partir de la quantité de travail nécessaire pour les produire : «Comparez le gain des ouvriers qui fabriquent les ouvrages d'industrie à celui des ouvriers que le laboureur emploie à la culture de la terre, vous trouverez que le gain de uploads/Finance/ expose-economie.pdf
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- Publié le Mai 07, 2021
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