Stratégies & veille technologiques en environnement Édito 300 e 1 24 septembre
Stratégies & veille technologiques en environnement Édito 300 e 1 24 septembre 2019 L’occasion est trop belle pour la rater. Green News Techno sort au- jourd’hui son 300e numéro, soit dix ans d’existence pour le titre et personnellement 30 ans de carrière sur cette spécialité de la veille éco-technologique à travers divers supports. De quoi jouer l’ancienne combattante et jeter un œil bienveillant sur trois décennies d’évolutions de cette spécialité. Il y a 30 ans, bien qu’il existât un ministère de l’environnement depuis déjà dix-huit ans, la problématique de la préservation de la planète et du climat était bien évidemment loin de susciter autant d’attention qu’au- jourd’hui dans la société (les marches pour le climat en sont le témoin) et dans les médias. Très peu de publications professionnelles étaient d’ailleurs consacrées à ces filières et les médias plus grand public ne couvraient que très rarement ces sujets (sauf catastrophes) à l’exception de quelques pionniers dont faisait partie Roger Cans au Monde. L’envi- ronnement y était traité le plus souvent à travers les contraintes régle- mentaires et les enjeux de pollution (de l’air, de l’eau) et de déchets, mais encore rarement par le prisme des solutions. D’où le choix pris à cette époque avec une collègue, Juliette Fauchet, d’orienter La Lettre de l’environnement, récemment créée, sur le suivi des solutions concrètes et technologiques avec très vite un regard parallèle sur les brevets dé- posés. Le début d’une quête sans fin, et passionnante, d’informations concrètes et utiles permettant à chacun d’avancer vers des activités de plus en plus durables. Le défi de la veille éco-technologique est cependant très difficilement relevable car c’est un puits sans fond, plus encore aujourd’hui qu’il y a trente ans, du fait des évolutions de perception des enjeux écologiques et énergétiques. Les éco-activités sont en effet passées progressivement d’une vision segmentée, en silo, et limitée globalement à trois domaines (air, eau, déchets), à une approche globale, totalement décloisonnée et élargie à de nombreuses nouvelles thématiques. On a ainsi constaté la montée en puissance des questions d’énergie « propre » puis « décar- bonée », l’arrivée de la notion de technologies propres et économes, de gestion des sols, de chimie « verte » et/ou biosourcée, de biotechno- logies vertes, blanches ou bleues, puis encore d’efficacité énergétique ou hydrique, d’éco-toxicité, de santé-environnement, d’agro-écologie, de GreenIT etc. Tout cela s’entremêlant et interagissant de plus en plus. Au final aujourd’hui, c’est bien la notion globale de « Ressources » qui est au cœur de tout : des ressources qu’il faut utiliser avec efficience pour les économiser, des ressources qu’il faut diversifier (en recyclant les matières, l’eau et les énergies, en utilisant le végétal ou de nou- velles ressources minérales, en utilisant l’énergie de l’eau, du soleil, de vent...) et des ressources existantes qu’il faut enfin protéger. Sans oublier en transversal l’apport du numérique pour relever tous ces challenges. Ces évolutions du champ d’investigation sont la source d’une grande satisfaction car elles reflètent tout le chemin parcouru pour faire passer la question environnementale d’une notion de contrainte et de coûts à une opportunité économique : pour l’emploi, mais aussi en compétitivité, avec des économies à la clé (énergie, matières premières) et de la pé- rennité pour les entreprises et les filières industrielles et commerciales. Et dans ce schéma, l’innovation technologique permanente a joué un rôle crucial, sachant souvent activer des trésors de créativité. Elle a aussi trouvé progressivement les moyens de s’appuyer sur un éco-système de l’innovation de plus en plus adapté pour soutenir un foisonnement de nouvelles solutions et ruptures technologiques. S’il y a deux ou trois décennies, l’innovation était principalement le fait de sociétés solides et de grands groupes, elle trouve aujourd’hui massivement appui sur des projets de startups et de valorisation de la recherche qui disposent de moyens d’accompagnement financiers et d’encadrement stratégiques sans commune mesure avec la fin des années 80’. Un rapide calcul réalisé sur les deux dernières années de Green News Techno montre que plus de 500 entreprises ont été citées par an dans nos colonnes, principalement des PME et TPE, auxquelles il faudrait ajouter des travaux de recherche avancés et des centaines de brevets (en croissance conti- nue). Certes toutes les initiatives ne survivent pas, parfois parce que les choix technologiques ne sont finalement pas pertinents, mais aussi parce que des erreurs plus humaines ont été faites sur l’appréhension du marché, l’organisation industrielle, l’optimisation économique, ou que les innovations sont arrivées trop tôt… Mais cette dynamique de création et d’innovation nourrit toujours la réflexion en profondeur. Alors que les mobilisations et les attentes se font à raison de plus en plus fortes sur toutes les questions climatiques et environnementales, il faut donc sans doute avoir conscience de la solidité et de la richesse de l’écosystème actuel qui constitue un socle bien plus solide pour continuer à progresser en matière d’environnement que celui qui a déjà permis de si grandes évolutions au cours des 30 dernières années. Donc même si tout ne va jamais assez vite, il est évident que la transition vers une économie basée sur une croissance durable ne sera pas une option car c’est déjà une réalité. N’en déplaise aux colporteurs de théories de l’effondrement de la société, le fourmillement de la R&D et de l’innovation permettent d’avoir un regard optimiste sur ce qu’il est possible de faire. Green News Techno va donc continuer à apporter sa pierre à l’édifice et assurer cette dissémination de l’information éco-technologique en conservant la plus grande ouverture d’esprit vis-à-vis de toutes les pistes d’innovation qui peuvent émerger, même si l’exhaustivité reste inaccessible, avec la volonté aussi de vous offrir toujours plus de services et de sources de réflexion. Ce 300e numéro me permet enfin bien sûr de vous remer- cier de votre fidélité à la newsletter. Cécile Clicquot de Mentque Rédactrice en chef 30 ans d’éco-innovations qui confortent l’élan de la transition écologique 2 300 e © Green News Techno 24 septembre 2019 Acteurs Parce qu’il n’est pas souvent facile de convaincre du bienfondé d’une nouvelle approche technologique ou de la solidité des allégations techniques d’une innovation, faire valider un procédé inédit par un tiers indépendant est une chose essentielle. C’est tout l’intérêt et l’essence même du dispositif européen ETV auquel la startup RecyOuest s’est soumis avec succès pour son procédé de recyclage des filets (en PEHD) et ficelles (en PP) utilisés en agriculture pour réaliser les balles de paille ou de foin. Créée en mai 2014, cette jeune entreprise normande a, rappelons-le, imaginé toute une chaîne de traitement -de tri et séparation, pré-séchage, effilochage (selon des principes issus du monde textile), agglomération des fibres et extrusion-granulation- permettant de s’atta- quer à ce gisement spécifique de déchets plastiques, certes assez complexes du fait de la contamination par les pailles et la terre, mais à fort potentiel du fait de la haute- qualité intrinsèque des grades de polymères employés. Intérêts du procédé ainsi pensé : il s’opère totalement en voie sèche et est optimisé en termes de consommation éner- gétique, mais surtout il préserve pleinement les propriétés élevées du plastique initial, ce qui est justement le défi difficilement relevé en général par les filières de recyclage sans recourir à des additifs. Grâce à l’ETV réalisée par Rescoll, Marcela Moisson, la fondatrice de RecyOuest peut enfin faire valoir réellement ces atouts qu’elle revendique depuis plusieurs années pour convaincre des investisseurs de se lan- cer dans l’aventure industrielle. Les résultats de l’évaluation réalisée sur les filets en PEHD sont même bluffants : sur les neuf paramètres testés selon les normes NF et ISO (module de Young, contrainte à la rupture, fluidité, den- sité etc.), les agglomérés recyclés affichent des performances très proches de celles des matériaux vierges, à quelques % d’écart en général. Ces essais ont été réalisés sur des machines industrielles, en place chez diffé- rents partenaires, pour reproduire ce que serait une ligne complète de traitement des filets et ficelles agricoles. Pour passer désormais au stade de l’unité industrielle, la preuve est donc faite que les équipements du marché sont tous disponibles et pertinents pour créer la chaîne de traitement et garan- tir un matériau recyclé de haute-qualité, donc sans risque industriel de changement d’échelle. D’ailleurs Marcela Moisson est allée plus loin avec les quelques tonnes pro- duites pour cette validation, en allant jusqu’à utiliser les granulats extrudés pour produire à nouveau des filets (tests réalisés dans un premier temps sur l’introduction de 40 % de matière recyclée). Tout est donc calé pour aller au marché, d’autant plus que des contacts commerciaux sont très avancés avec des filières souhaitant acheter cette matière recyclée haute-perfor- mance (avec des engagements d’achat), par exemple pour réaliser du film industriel recy- clé mais exigeant qualitativement. En amont, la filière de collecte est aussi déjà en place. Adivalor dans son activité de collecte des déchets du monde agricole a mis en place une procédure de tri à la source qui permet de disposer de ces gisements de filets et ficelles séparément des autres plastiques. Quant au marché, il est clairement chiffré : en 2017 uploads/Finance/ gnt-1216.pdf
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- Publié le Jui 21, 2021
- Catégorie Business / Finance
- Langue French
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