1 Performances à l’exportation de l’huile d’olive en Tunisie: évolution récente

1 Performances à l’exportation de l’huile d’olive en Tunisie: évolution récente et perspectives Boubaker KARRAY avec la collaboration de Fatma KANOUN Institut de l'olivier BP: 1087, 3018 Sfax-Tunisie Tél : 216 74 241033 bkarray@yahoo.fr Résumé En Tunisie, l’huile d’olive est un produit stratégique d’exportation. Il contribue à la réalisation des objectifs de développement économique et social et procure à la Tunisie le rang du troisième exportateur mondial et des parts de marché non négligeables en Italie, en Espagne et aux USA. Les performances à l’exportation de l’huile d’olive tunisienne sont tributaires de facteurs externes liés à la dynamique du marché mondial (offre, demande et échanges) et aux nouvelles dispositions en matière de libéralisation des marchés (Organisation Commune du Marché de l’huile d’olive et des olives de table, négociations OMC et accords bilatéraux et régionaux) et de facteurs internes liés au système de production et d’exportation en Tunisie. Basé sur cette hypothèse, le but de cet article est d’analyser l’évolution de ces performances durant la période (1995-2009), d’identifier les principales opportunités, menaces, forces et faiblesses (FFOM) qui ont régie cette évolution et de tracer les perspectives d’accroissement des exportations à l’horizon 2015. Les informations utilisées proviennent des statistiques collectées auprès des institutions nationales et internationales et des résultats d’une enquête effectuée en deux tours auprès de 24 experts qui assurent des fonctions différentes au niveau de la filière huile d’olive en Tunisie. Mots clefs: Marché, exportation, Huile d’olive, politique, performances, Tunisie, analyse FFOM. 2 Introduction En Tunisie l’huile d’olive joue un rôle économique, social et environnemental important. L’olivier à huile couvre 1666,5 mille hectares, ce qui correspond à plus du tiers des terres agricoles cultivées. Cette culture constitue l’activité principale d’une gamme assez diversifiée de structures de production représentant 28.5% de l’effectif total des exploitations agricoles (1). Elles sont en majorité privées, de petite taille et de type familial (2). La culture de l’olivier à huile offre 20% de l’emploi agricole, permet la conservation et la valorisation des sols accidentés qui ne se prêtent généralement pas à d'autres cultures et limite l’exode rural. Elle fait également fonctionner un tissu industriel renfermant 1702 huileries dotées d’une capacité théorique de trituration d’olives de 38 463 tonnes par jour, 7 usines d’extraction d’huile de grignon, deux unités de raffinage des huiles alimentaires, 40 unités de conditionnement dont 20 sont spécialisées en huile d’olive, plusieurs savonneries, charbonneries et quelques usines de construction navale et des artisans (3). L’huile d’olive produite est destinée principalement à l’exportation. Cette orientation stratégique a été concrétisée à travers les politiques commerciales mises en œuvre depuis 1962. Ces politiques ont donné une priorité à l’exportation de l'huile d'olive tout en favorisant l’importation des huiles de graines et la subvention de leur prix à la consommation. Deux buts principaux sont recherchés à travers ces politiques: d’une part, accroître les recettes en devises et, d’autre part, préserver le pouvoir d’achat des couches sociales les plus démunies (4). Depuis 1994, les exportations d’huile d’olive ont été assurées par l’Office National de l’Huile (ONH) et près de 170 exportateurs privés impliqués dans la collecte et la commercialisation de ce produit. Au cours du dixième plan de développement économique et social (2002-06), la Tunisie a produit 172 mille tonnes d’huile d’olive en moyenne. Elle a exporté 110 mille tonnes dont 62.7 mille tonnes d’huile vierge extra. Ces exportations ont été assurées à 98.5% en vrac (5). Le reste de la production a servi à la satisfaction d’une partie des besoins des ménages tunisiens en huiles alimentaires qui ont été estimés à 241 mille tonnes (82 mille tonnes d’huile d’olive et 159 mille tonnes d’huile de graines) (6). Notons que la Tunisie a importé 285 mille tonnes d’huiles de graines pour satisfaire les besoins des ménages en huiles alimentaires. L’Union européenne a été la principale destination avec 98 mille tonnes, ce qui correspond à 88.5% des exportations totales. Pour les autres destinations dont notamment les USA, le Canada, le Japon, l’Australie, la Malaisie et quelques pays arabes, les exportations ont été nettement plus faibles (5). Sur le plan national, les recettes d’exportation ont atteint 436.751 millions de dinars tunisiens en moyenne. Elles ont contribué pour 42.7% à la valeur des exportations agricoles et alimentaires et pour 3,6% à la valeur des exportations des biens et services. Ces recettes ont couvert les dépenses d’importation des huiles de graines qui ont été de 218.141 millions de dinars et ont dégagé un excédent de 218.609 millions de dinars (7). Sur le plan international, la Tunisie a contribué pour 9% aux exportations mondiales et s’est placée au 3ème rang après l’Italie et l’Espagne. La part de la Tunisie sur le marché mondial a été de 10%. Sa part a atteint 10.9% sur le marché européen (15.2% sur l’Italie et de 39% sur l’Espagne) et 3,5% sur le marché américain (8, 9,10 et 11). 3 Ces performances à l’exportation ont été améliorées au cours des années 2007 et 2008. En effet, les quantités exportées ont atteint 170.8 mille tonnes dont 98.4 mille tonnes d’huile vierge extra. La contribution de la Tunisie aux exportations mondiales a été de 12,8%. Les recettes d’exportation ont atteint 727,531 millions de dinars et ont couvert les dépenses d’importation des huiles de graines qui ont été de 4242,559 millions de dinars et ont dégagé un excédent de 302,972 millions de dinars. Les destinations des exportations ont été légèrement diversifiées grâce à l’accroissement des expéditions sur le marché américain qui ont dépassé 22 mille tonnes en 2008, alors qu’elles n’ont été que de 1.4 mille tonnes en 2003 (6 et 7). La part de marché a atteint 13.2% au niveau mondial, 14% sur l’Europe (19.7% sur l’Italie et 63.5% sur l’Espagne) et de 8.3% sur les USA (10 et 11). Malgré ces améliorations, les exportations d’huile d’olive restent tributaires des fluctuations de la production, concentrées sur l’Europe, fortement concurrencées et effectuées en grande proportion en vrac. Les exportations d’huile d’olive conditionnée ont légèrement augmenté, mais leur proportion dans les exportations totales n’a pas changé. Elles sont réalisées sous des marques commerciales, mais ne portent pas de signes de qualité et d’origines (3). La balance des échanges oléicoles de la Tunisie est excédentaire et continue à jouer un rôle crucial dans la réduction du déficit de la balance commerciale, cependant l’importation des huiles de graines absorbe une part importante des recettes d’exportation d’huile d’olive. Cette situation amène à s’interroger sur le devenir des exportations et de la balance commerciales des huiles alimentaires en rapport avec la dynamique du marché mondial, les nouvelles dispositions en matière de libéralisation des marchés et la capacité des opérateurs tunisiens à adapter continuellement leurs stratégies aux exigences de la nouvelle logique de l'économie mondiale afin qu’ils puissent tirer profit des opportunités qui leur seront offertes et contourner les menaces auxquelles ils seront confrontés ? Cette étude a pour objectif d’avancer des éléments de réponse à cette interrogation. Elle est organisée en trois parties. La première analysera l’évolution des performances à l’exportation de l’huile d’olive depuis 1995. La deuxième synthétisera les facteurs internes (forces et faiblesses) et externes (opportunités et menaces) qui régissent ces performances. La troisième donnera une estimation des exportations en 2015 et proposera une série de mesures pour renforcer le rôle de ce produit stratégique dans l’économie nationale et sa compétitivité sur les marchés d’exportation. 1. Performances à l’exportation de l’huile d’olive tunisienne 1.1. Production et exportation En Tunisie, l’huile d’olive produite est destinée principalement à l’exportation. Entre 1995 et 2004, la production nationale a varié entre un minimum de 30 mille tonnes en 2001-02 et un maximum de 310 mille tonnes en 1996/97. Depuis 2005, les écarts de production d’une année à l’autre ont été réduits (fig.1). Conformément à ces variations, les quantités exportées ont oscillé entre un minimum de 23 mille tonnes en 2002 et un maximum de 211 mille tonnes en 2004 et ont été stabilisées depuis 2006 (fig.1). La contribution de la Tunisie à la production mondiale d’huile d’olive a varié entre 1,1% en 2001-02 et 12% en 1996-97. Sa contribution aux exportations mondiales a oscillé entre 2,2% en 2002 et 17% en 1999. Malgré les fluctuations de la production d’une année à l’autre, la Tunisie a conservé sa position de quatrième producteur mondial après l’Espagne, l’Italie et la Grèce avec 172 mille 4 tonnes au cours du 10ème plan (2002-06), en moyenne. Elle a devancé la Grèce pour devenir le troisième exportateur mondial après l’Espagne et l’Italie avec 110 mille tonnes (fig.2). 0 50 100 150 200 250 300 350 1 9 9 5 1 9 9 6 1 9 9 7 1 9 9 8 1 9 9 9 2 0 0 0 2 0 0 1 2 0 0 2 2 0 0 3 2 0 0 4 2 0 0 5 2 0 0 6 2 0 0 7 2 0 0 8 2 0 0 9 Années M i l l e t o n n e s Production HO Export HO 0,0 2,0 4,0 6,0 8,0 10,0 12,0 14,0 16,0 18,0 1 9 uploads/Finance/ huile-olive-tunisie 1 .pdf

  • 19
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Fev 04, 2021
  • Catégorie Business / Finance
  • Langue French
  • Taille du fichier 0.1605MB