1 Colloque international « Développement durable, projets et engagements » Univ
1 Colloque international « Développement durable, projets et engagements » Université de Béjaïa, les 8 et 9 novembre 2010 La micro-finance, pauvreté et développement durable en Algérie BEZTOUH Djabar : Maître assistant, Doctorant en sciences économiques, Université de Béjaïa. djaberbeztouh@yahoo.fr TOUATI Karima : Maître assistante, Laboratoire économie de développement. Université de Béjaïa, karitouati@yahoo.fr Résumé : L’un des enjeux du développement durable est de favoriser le transfert équitable de moyens qui permettent d’accéder au développement, de préserver les ressources naturelles et de lutter contre la pauvreté. Depuis quelques années, la Micro-finance fait parler d’elle comme d’un nouvel outil efficace de lutte contre la pauvreté et comme un important facteur de lutte contre l’exclusion sociale et le développement durable. Les institutions de micro-finance visent à fournir aux exclus du système bancaire commercial des services financiers adaptés et l’instauration de l’économie solidaire. Aujourd’hui ces institutions se structurent pour s’inscrire durablement dans le paysage financier et bancaire des différents pays. En Algérie l’expérience dans la micro-finance est relativement récente, elle s’est introduite en 1999 en réponse aux conséquences sociales difficiles du plan d’ajustement structurel. Le présent travail tente d’évaluer l’efficacité de la micro-finance dans sa contribution au développement économique en Algérie. Il est montré que ce secteur est peu développé, réprimé et accuse des retards par rapport aux autres pays du Maghreb. La prédominance de l’Etat, l’absence du cadre réglementaire adapté à l’activité de ce métier et l’inexistence d’institutions de micro-finance privées en Algérie sont autant de facteurs explicatifs de ce retard. Mots clés : développement durable, économie solidaire, exclusion sociale, microcrédit, redistribution des revenus. 2 Introduction L'atténuation de la pauvreté continue d'être une préoccupation à l'échelle planétaire. Cette préoccupation mondiale est étroitement liée à une inquiétude croissante devant l'accroissement des inégalités et l'exclusion. Les stratégies de lutte contre la pauvreté fondent un grand espoir sur la micro-finance comme facteur de réduction de la pauvreté. L’hypothèse sous jacente est qu’en permettant l’accès des pauvres au financement, on leur donne la possibilité d’entreprendre des activités génératrices de revenus et d’accéder aux services sociaux de base, toutes choses concourant à réduire leur niveau de pauvreté. Par le développement des activités génératrices de revenus et d’épargne, la stratégie de lutte contre la pauvreté à travers la micro-finance, cherche à diminuer les risques et les incertitudes auxquels les populations les plus pauvres sont confrontées. Dans un contexte de libéralisation du marché, la lutte contre la pauvreté revêt une importance capitale en Algérie, les conséquences de la crise politico-économique et du plan d’ajustement structurel ont été trop dures pour certaines franges de la société. C’est surtout le cas des populations rurales dont la majorité a vu ses conditions de vie se dégrader peu à peu et son système basé sur l’entraide et la solidarité se disloquer. Il n’existe pas de solution unique permettant de satisfaire tous ces besoins financiers des personnes les plus pauvres et les plus vulnérables. Il semble cependant essentiel de leur offrir des produits financiers spécifiques, selon leur demande. Les institutions de micro-finance doivent relever le défi de répondre à cette demande sans toutefois gager leur pérennité financière. Après dix ans d’expérimentation et de développement de la micro-finance en Algérie, l’espoir qu’elle suscite comme outil de lutte contre la pauvreté, mais aussi l’ampleur des ressources investies, on est conduit à s’interroger sur son impact : La micro-finance est-elle une solution qui sort les populations de la pauvreté ? Est-elle efficace en Algérie ? L'objet de cet article consiste à souligner la portée de la micro-finance, en particulier le microcrédit, en tant qu'une démarche cohérente et socialement bénéfique du développement durable. Ainsi, le travail est structuré en deux sections. La première synthétise les éléments théoriques qui sont à la base de la micro-finance et présente les champs d'actions des intermédiaires. Cette politique repose sur trois notions théoriques: la prépondérance des pratiques financières informelles dans les pays en développement, l'exclusion financière et sociale des personnes démunies et l'émergence de nouveaux concepts du développement ayant trait aux conditions de vie décente. La deuxième section expose l'expérience algérienne en matière de micro-finance. Nous décrirons les institutions qui pratiquent la micro-finance, ainsi que leurs produits au profit des personnes à faible revenu. Ce travail se termine par des conclusions et recommandations. La rédaction des recommandations qui doivent conduire à une amélioration du système algérien de micro-finance. 1. Définition de la micro-finance Les définitions attribuées à la micro-finance se différencient selon que l'on désire mettre l'accent sur son aspect économique, financier ou social. D'une manière plus générale, la micro-finance se rapporte à toute activité liée aux services financiers et sociaux « de petite taille » dans le domaine de l’épargne, du crédit, des transferts et des assurances aux micro-entrepreneurs et aux personnes exclues financièrement (ou bénéficiant de faibles revenus). Ces services permettent à leurs bénéficiaires de protéger leur famille contre les risques financiers et d’investir dans des initiatives économiques nouvelles ou déjà existantes. Ils sont proposés par des institutions spécialisées pouvant être classées en institutions bancaires (banques coopératives, commerciales, de micro-finance ou d’épargne) et en établissements non bancaires (coopératives financières, organisations sans but lucratif et ONG). Il s’agit donc d’un moyen de développement économique permettant aux personnes à faibles revenus exclues du système bancaire formel, d'améliorer leur mode de vie, d'augmenter leurs revenus, en leur offrant un ensemble de services financiers tels que : l'épargne, le crédit, l'assurance, le transfert d'argent, etc. Pour beaucoup de personnes et pour le grand public en particulier, la micro-finance se confond avec le microcrédit. Elle désigne les dispositifs permettant d'offrir de très petits crédits «microcrédit » à des familles pauvres pour les aider à mener des activités productives ou génératrices de revenus leur permettant ainsi de développer leurs très petites entreprises. Avec le temps et le développement de ce secteur particulier partout dans le monde, la micro-finance s'est élargie pour inclure désormais une gamme de services plus large 3 (crédit, épargne, assurance, transfert d'argent etc.) et aussi une clientèle plus étendue. La micro-finance ne se limite donc plus aujourd'hui à l'octroi de microcrédit aux pauvres mais bien à la fourniture d'un ensemble de produits financiers à tous ceux qui sont exclus du système financier classique ou formel. En plus des services financiers, la micro-finance offre des services non financiers tels que : les séances de formation et de sensibilisation, le montage des dossiers des clients incluant par exemple un mode de remboursement tenant compte des aléas de l’activité financée, des garanties demandées en fonction des ressources du client et finalement le suivi, étape essentielle de l’échange de la négociation avec le client. 2. Les fondements théoriques de la micro-finance La généralisation de l'expérience de micro-finance s'inspire principalement de trois axes théoriques: la prédominance des pratiques financières informelles dans les pays en développement, l'exclusion financière et le nouveau cadre pour la notion de pauvreté. A. la finance informelle Le concept de finance informelle met l’accent sur l’absence de forme : ce sont de pratiques d’épargne et de crédit qui ne sont pas obligés de respecter un cadre ou un schéma fixé. Les relations entre le débiteur et le créancier reposent sur la confiance, elles sont personnelles, non seulement parce que les partenaires se connaissent, mais parce qu’ils font affaire comme ils s’entendent1. La finance informelle repose sur des rapports de proximité favorable à une offre financière différenciée et individualisée. De plus, elle est commode et à la portée de personnes souvent sans instruction. Par ailleurs, les bailleurs de fonds informels exigent moins de garantie; la parole et l'appartenance à un groupe suffisent. Les coûts de transaction faibles représentent aussi un avantage comparatif en faveur de la finance informelle. Les besoins accrus en matière de « financiarisation des rapports sociaux » ont permis aux pratiques informelles de se développer en marge des institutions bancaires, celles-ci se sont focalisées sur le financement des entreprises au détriment d'une forte demande des ménages à faible revenu. Ces derniers s'orientent alors vers le secteur informel à défaut de concours de la part des systèmes institutionnels, souvent exigeants en matière de garantie et de profil socio-économique des demandeurs. B. L'exclusion financière Une personne se trouve dans une situation d'exclusion financière lorsqu'elle subit un degré d’handicap tel qu'elle ne peut plus vivre normalement dans la société qui est la sienne en raison des difficultés qu'elle rencontre à accéder à l'usage de certains moyens de paiement ou règlements, à certaines formes de prêts ou financement, à préserver son épargne ou à s'assurer contre le risque de l'existence2. L'exclusion financière se traduit alors par des difficultés d'accès aux services financiers pour des raisons socio-économiques. Elle est alors une entrave à l'intégration sociale au point d'être considérée comme un indicateur de précarité. Bien que, pour des raisons méthodologiques, les termes « exclusion financière » et « exclusion bancaire » soient souvent utilisés indifféremment, il convient toutefois de préciser que l'exclusion bancaire, au sens notamment d’handicaps et d’accès limité aux produits et services bancaires permettant de disposer de ressources immédiates tels que l'ouverture d'un compte ou l'utilisation de moyens et dans l’emploi de certains types de moyens modernes uploads/Finance/ la-micro-finance-pauvrete-et-developpement-durable-en-algerie.pdf
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- Publié le Jul 27, 2021
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