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Table des Matières Page de Titre Table des Matières Page de Copyright Epigraphe Dédicace Introduction PREMIÈRE PARTIE - POURQUOI L’OCCIDENT ? I. - Genèse Naissance de l’économie Le destin brisé de l’Occident II. - Naissance du monde moderne Le miracle européen L’équilibre des puissances III. - La loi de Malthus Le verrou agricole La science sinistre IV. - Prométhée libéré La révolution industrielle Le charbon, le blé et les esclaves V. - La croissance perpétuelle Smith, Marx et les humanoïdes Mozart et Schumpeter DEUXIÈME PARTIE - PROSPÉRITÉ ET DÉPRESSION VI. - Les conséquences économiques de la guerre Les conséquences économiques de la paix La République se meurt VII. - La grande crise et ses leçons 1929 La théorie générale de Keynes VIII. - L’âge d’or et sa crise Les Trente Glorieuses Trente ans après IX. - La fin des solidarités Le siècle de l’État providence Le dilemme des générations La quête impossible du bonheur X. - La guerre et la paix Les cycles de Kondratiev Économie et politique TROISIÈME PARTIE - À L’HEURE DE LA MONDIALISATION XI. - Le retour de l’Inde et de la Chine La grande divergence Le retour de la Chine Le réveil indien XII. - La fin de l’histoire et l’Occident La tragédie des nations faibles La critique de l’Occident XIII. - Le krach écologique La planète encombrée Que faire ? XIV. - Le krach financier Le nouveau capitalisme financier Greed L’effondrement XV. - Le capitalisme immatériel La nouvelle économie Dans le cybermonde Conclusion Remerciements DU MÊME AUTEUR © Éditions Albin Michel, 2009 978-2-226-20050-1 Give me back the Berlin Wall. Give me Stalin and Saint Paul I’ve seen the future, brother : It is murder. Leonard Cohen Pour ma gypsy wife Introduction Ce qui s’est passé hier en Europe se répète aujourd’hui à l’échelle du monde. Des millions de paysans chinois, indiens ou d’ailleurs quittent les campagnes et gagnent les villes : la société industrielle remplace la société rurale. De nouvelles puissances émergent, hier c’était l’Allemagne et le Japon, aujourd’hui c’est l’Inde et la Chine. Les rivalités s’exacerbent, pour le contrôle des matières premières notamment. Les crises financières se répètent, comme aux mauvais jours d’un capitalisme qu’on croyait révolu. Ce n’est pas très rassurant. Contrairement à ce qu’en disent les tenants du « choc des civilisations », le principal risque du XXI e siècle tient moins à la confrontation des cultures ou des religions qu’à celui d’une répétition, au niveau planétaire, de l’histoire de l’Occident lui-même. Car l’Europe n’est pas sortie indemne de la révolution industrielle. Si elle se pense aujourd’hui, en dépit de la crise actuelle, comme le continent de la paix et de la prospérité, c’est au prix d’une formidable amnésie de son passé récent. L’Europe a fini dans la barbarie de la Seconde Guerre mondiale le bref espace de temps au cours duquel, à compter du XVI e siècle, elle fut l’épicentre de l’histoire humaine. Qui peut jurer que l’Asie échappera aujourd’hui à ce destin tragique ? On se rassure parfois en pensant que la prospérité sera un facteur de paix, que les échanges commerciaux pacifieront les relations internationales. C’est pourtant dans un climat de prospérité partagée qu’a éclaté la Première Guerre mondiale. C’est la réussite de l’Allemagne qui a inquiété les autres puissances européennes et lui a donné confiance en elle-même. Une illusion rétrospective fait penser que paix et prospérité riment ensemble. Rien ne permet hélas d’en être sûr. Nombre d’études récentes concluent le contraire. Une analyse de Philippe Martin et de ses coauteurs montre ainsi que le commerce mondial ne réduit nullement les risques de guerres. Selon cette étude, le commerce international permet en fait plus facilement à une nation belliqueuse d’attaquer une puissance rivale. Les échanges internationaux en effet contribuent à diversifier ses sources d’approvisionnement pendant le conflit… Ni la richesse ni même l’éducation ne rendent meilleur un homme qui est mauvais. Comme le dit Christian Baudelot, elles lui offrent plutôt de nouvelles façons de le rester. Une étude très documentée a analysé l’origine sociale des auteurs d’attentats terroristes (définis comme des attentats visant des populations civiles à des fins politiques). Ils ne sont ni pauvres ni analphabètes. La plupart sont diplômés de l’enseignement supérieur, plusieurs d’entre eux sont milliardaires, tel le célèbre éditeur italien Feltrinelli, mort en 1972 en voulant dynamiter des pylônes électriques, près de Milan. Ces observations vont à rebours des intuitions qui fondent le regard de l’Occident sur lui-même, celles de Condorcet ou Montesquieu notamment, pour qui l’éducation et le commerce adoucissent les mœurs et les cœurs. Comment l’Europe, qui a été le siège d’une civilisation du « bien-être », a-t-elle pu finir sa course dans le suicide collectif de deux guerres mondiales ? Quels sont les risques qui pèsent aujourd’hui sur le monde, à l’heure où il s’occidentalise ? Questions (inquiètes) dont dépend le siècle qui s’ouvre. Des lois cachées dès l’origine du monde Commençons au commencement. La règle à laquelle les sociétés ont longtemps été soumises, avant l’âge industriel, est simple et désespérante. De la nuit des temps jusqu’au XVIII e siècle, le revenu moyen des habitants de la planète est resté stagnant. Chaque fois qu’une société commence à prospérer, parce qu’elle découvre par exemple une technologie nouvelle, un mécanisme immuable se met en effet en place qui en annule la portée. La croissance économique entraîne la croissance démographique : la richesse augmente la natalité et réduit la mortalité, celle des enfants et des adultes. Mais la hausse de la population fait baisser progressivement le revenu par tête. Vient fatalement le moment où la population bute sur l’insuffisance des terres disponibles pour se nourrir. Trop nombreux, les hommes doivent mourir, par la faim ou la maladie. Famines et épidémies viennent invariablement briser l’essor des sociétés en croissance. Cette loi dite de Malthus a fait couler beaucoup d’encre, mais a finalement résisté à l’examen de ses critiques. Grâce aux travaux des historiens de l’économie, on peut évaluer en dollars ou en euros d’aujourd’hui le revenu qui a prévalu au cours des siècles. Le niveau de vie d’un esclave romain n’est pas significativement différent de celui d’un paysan du Languedoc au XVII e siècle ou d’un ouvrier de la grande industrie du début du XIX e. Il est proche de celui des pauvres du monde moderne : autour de un dollar par jour. L’espérance de vie donne une indication convergente. En moyenne, elle reste proche de trente-cinq ans tout au long de l’histoire humaine, aussi bien pour les chasseurs- cueilleurs, tels qu’on les observe aujourd’hui dans les sociétés aborigènes, que pour les premiers ouvriers de l’industrie moderne, à l’aube du XIX e siècle. L’examen des squelettes montre aussi que les conditions matérielles (telles que mesurées par la taille) ne devaient guère être très différentes à l’époque des chasseurs-cueilleurs et à l’aube du XIX e siècle. La loi de Malthus invalide les catégories habituelles du bien et du mal. La vie à Tahiti, par exemple, est paradisiaque, mais grâce à un infanticide à haute dose. Plus des deux tiers des nouveau-nés étaient instantanément tués, en les étouffant, en les étranglant ou en leur brisant le cou. Tout ce qui contribue à accroître la mortalité se révèle en effet une bonne chose, car elle réduit la compétition pour les terres disponibles. L’hygiène publique, à l’inverse, se retourne contre les sociétés qui la respectent. Si l’Européen est en moyenne plus riche que le Chinois au début du XVIII e siècle, c’est parce qu’il est sale. À son plus grand profit, l’Européen ne se lave pas, alors que le Chinois ou le Japonais se baigne chaque fois que possible. Les Européens, quelles que soient les classes sociales, ne trouvaient rien à redire à des toilettes adjacentes à leurs habitations, en dépit des problèmes d’odeur. Les Japonais sont en comparaison des modèles absolus de propreté. Les rues sont régulièrement lavées, on enlève ses chaussures avant d’entrer chez soi… Ce qui explique qu’ils soient plus nombreux, et plus pauvres. C’est le règne de la prospérité du vice. Aux origines de la suprématie européenne L’humanité doit pourtant à l’Europe d’avoir découvert la pierre philosophale : la possibilité d’une croissance perpétuelle, non pas seulement de la population mais du revenu moyen de ses habitants. Cette découverte n’est pas venue d’un coup. Elle est le fruit d’une lente évolution qui se dessine entre le XII e et le XVIII e siècle, celle que le médiéviste Jacques Le Goff a caractérisée comme le « long Moyen Âge ». La croissance économique moderne va s’appuyer sur un renouvellement technologique permanent, et déborder la croissance démographique. À partir du XIX e siècle, dans les pays industrialisés, c’est la croissance du revenu par tête qui devient la marque d’une société prospère. La croissance améliore (enfin) les conditions de vie, et allonge celle-ci au lieu de la réduire. Le recul de la mort est la grande nouvelle de l’ère moderne. Des milliers de pages ont été écrites pour comprendre ce qui s’est passé et restent l’objet de controverses furieuses. Pourquoi est-ce en Europe que la possibilité d’une croissance perpétuelle a uploads/Finance/ la-prosperite-du-vice.pdf
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- Publié le Mar 13, 2022
- Catégorie Business / Finance
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