La théorie de Williamson se situe directement dans le prolongement de Coase . E
La théorie de Williamson se situe directement dans le prolongement de Coase . Elle approfondit l’analyse des coûts de transaction, et des formes contractuelles, pour tenter de répondre aux deux questions majeures que pose Coase : pourquoi certaines activités sont réunies dans la firme, plutôt que d’être coordonnées par le marché ; qu’est-ce qui explique le choix, et les limites de l’internalisation ? Et qu’est-ce qui caractérise fondamentalement la firme (quelle est « la nature de la firme »), autrement dit, qu’est-ce qui différencie la coordination dans la firme, et la coordination par le marché ? Williamson se distingue des approches néoclassiques que nous allons voir, en tout premier lieu par ses hypothèses sur le comportement des agents économiques. Williamson reprend en effet à son compte la théorie de la rationalité limitée de Herbert Simon : les agents ont des capacités cognitives limitées, ils ne peuvent pas, dans des environnements complexes, envisager tous les événements possibles et calculer parfaitement les conséquences de leurs actes. De cette conception Williamson tire essentiellement une implication : les contrats seront, le plus souvent, des contrats incomplets, qui n’envisagent pas tous les événements possibles. Cela a des conséquences majeures sur le déroulement de la relation contractuelle : le problème est alors de savoir, dans toute relation contractuelle, ce qui va se passer en cas d’événement imprévu. On notera que la théorie des coûts de transaction met ainsi l’accent sur les problèmes « post-contractuels », c’est-à-dire sur les problèmes qui apparaissent après signature du contrat, alors que la théorie de l’agence que nous verrons plus loin, se focalise plus sur les questions « précontractuelles », sur la définition du contenu du contrat, qui est supposé se dérouler ensuite sans problème. L’incomplétude des contrats peut entraîner la nécessité de renégociations, elle laisse une marge de manœuvre aux parties ; elle va ainsi permettre les comportements dits opportunistes, la manipulation de l’information par les agents. C’est là que situe, pour Williamson, le problème essentiel: c’est l’opportunisme, et la manière de s’en protéger, qui est au centre des choix organisationnels. Ce problème se pose tout particulièrement quand, pour une transaction, les agents doivent réaliser des investissements spécifiques, non réutilisables en dehors de la transaction, qui les rendent dépendants l’un de l’autre. Il y a ainsi un conflit potentiel autour de l’appropriation de la quasi- rente permise par la transaction, dans le cas où cette transaction implique d’importants actifs spécifiques. Chaque partie peut craindre que l’autre s’approprie le bénéfice de la transaction, qu’il y ait « hold- up ». C’est donc essentiellement dans ce cas où une transaction implique des investissements fortement spécifiques que, selon la théorie des coûts de transaction, l’internalisation, c’est-à-dire la coordination dans la firme sera préférée à la coordination par le marché. Tel est, ramené à l’essentiel, le coeur de l’explication de la substitution de la firme au marché, dans la théorie dite du « hold-up » (Williamson, 1979, 1985 ; Klein, Crawford, and Alchian, 1978). La grande importance donnée, dans cette vision de la firme, à la spécificité des actifs est très discutée, d’un point de vue empirique aussi bien que théorique (Coase notamment s’est opposé sur ce point à Williamson). Il est également permis de se demander en quoi l’internalisation limiterait les comportements opportunistes, et si, comme l’ont remarqué de nombreux économistes, la firme (comme le marché) peut fonctionner sans un minimum de confiance, incompatible avec des comportements purement opportunistes. Il reste à préciser ce qui caractérise fondamentalement la coordination dans la firme. La firme, pour Williamson est un système contractuel particulier, un « arrangement institutionnel » caractérisé par un principe hiérarchique selon lequel c’est la direction de l’entreprise qui a le pouvoir de prendre les décisions en cas d’événements non prévus par les contrats, ce qui permet de limiter les risques liés à l’opportunisme. Il est utile ici, pour mieux apprécier la vision de la firme implicitement présente, de voir ses liens avec la représentation de la relation d’emploi proposée par l’article séminal de Simon (1951) (6). Ce texte vise à préciser le contenu de la « relation d’autorité » qui serait propre au contrat de travail, en opposition à un contrat ordinaire, ou contrat de vente. En désignant l’employeur par B, l’employé par W, et par x l’ensemble des tâches que W peut réaliser: « B a une autorité sur W si W permet à B de choisir x. C’est-à-dire que W accepte l’autorité quand son comportement est déterminé par la décision de B. En général, W acceptera l’autorité si x0, la valeur de x choisie par B, est limitée à un certain sous-ensemble (la « zone d’acceptation » de W) de valeurs possibles » (7). L’analyse de Simon est importante en ce qu’elle affirme la spécificité du contrat de travail, une dimension essentielle pour saisir les caractéristiques de l’entreprise moderne, tout en donnant une caractérisation très générale de cette spécificité, et en en restant, notons-le, au niveau des rapports interindividuels. Comme le soutient Gibbons (2005), on peut estimer que la théorie des coûts de transaction propose en fait deux théories de la firme : la théorie du « holdup », qui est la plus connue, et une autre théorie sensiblement différente que Gibbons qualifie de théorie de l’adaptation (« adaptation theory »), qui représente à notre sens une rupture plus radicale avec les postulats néoclassiques. Il y a, en effet, chez Williamson une autre manière d’envisager les avantages de l’intégration des activités dans la firme, qui met fortement l’accent sur le déroulement dans le temps des relations contractuelles. Williamson insiste sur ce point: « process matters » (Williamson, 1991 : 98). Cet aspect dérive directement de l’hypothèse de rationalité limitée, et de sa conséquence, l’incomplétude des contrats: le problème majeur que pose une relation durable entre deux parties interdépendantes est celui de la gestion des événements imprévus, qui ne peuvent être anticipés et donc pris en compte dans le contrat formel. Les modes de gouvernance vont précisément se différencier par la manière de gérer ces événements imprévus, le propre de l’intégration, fondée sur un rapport d’autorité, étant de donner à l’une des parties le pouvoir de prendre de manière discrétionnaire les décisions adaptées aux événements, et donc de permettre une adaptation de l’organisation, sans renégociation. L’avantage de l’intégration est d’accroître la capacité d’adaptation de l’organisation à son environnement, et donc de favoriser, en quelque sorte, une efficience dynamique. Le point de départ de cette analyse se situe bien dans l’hypothèse de rationalité limitée. Celle-ci implique que : « Exchange will be facilitated by modes that support adaptative, sequential decisionmaking » (Williamson, 1991 : 93). Arrivée à ce point, la théorie des coûts de transaction n’est pas loin d’approcher les analyses des compétences et des routines. Mais elle ne peut pas, en fait, sauter le pas, dans la mesure où elle reste prisonnière d’une perspective contractuelle qui ne lui permet pas de traiter de la dimension productive de la firme. C’est là assurément, une de ses limites majeures qu’elle partage avec les autres approches contractuelles. Théorie des coûts de transaction La théorie de Williamson se situe directement dans le prolongement de Coase (1937), en opposant firme et marché, et en faisant de la relation d’autorité le trait distinctif de la firme [6]. La question fondamentale de la théorie de la firme, dans la perspective de l’opposition entre coordination par le prix et par la hiérarchie, est de savoir pour quelles raisons l’intégration d’une activité dans la firme peut être préférée (ou non) à l’extériorisation, c’est-à-dire au recours au marché. La réponse sera donnée par l’analyse des coûts de transaction et de leurs déterminants. Williamson se distingue des deux autres approches par ses hypothèses sur le comportement des agents économiques et sur les caractères des contrats. Il aban- contracdonne en e.et la théorie de la rationalité parfaite de la microéconomie standard pour reprendre la théorie de la rationalité limitée d’Herbert Simon. Il en déduit que les contrats seront, le plus souvent, des contrats incomplets, qui n’envisagent pas tous les événements possibles. Le problème est alors de savoir ce qui va se passer, après signature d’un contrat, en cas d’événement imprévu. Le propre de la rme est de donner le pouvoir de décision à la direction de l’entreprise, et cela du fait de la spécicité du contrat de travail (relativement à un contrat commercial). La rme acquiert par contrat le droit d’utiliser à son gré les compétences du salarié et de le diriger. Il y a bien ainsi entre l’employeur et l’employé une relation d’autorité. Pour Williamson, la recherche d’une protection contre les comportements opportunistes – favorisés par l’incomplétude des contrats – est au centre des choix organisationnels. Ce problème se pose tout particulièrement quand les agents doivent réaliser des investissements spécifiques, c’est-à-dire des investissements non réutilisables en dehors de la transaction, qui les rendent dépendants l’un de l’autre. Chaque partie peut alors craindre que l’autre – profitant du coût qu’entraînerait une rupture de la relation – tente de s’approprier le bénéfice de la transaction, qu’il y ait «.hold-up.». Une manière d’éviter ce risque uploads/Finance/ la-theorie-de-williamson.pdf
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- Publié le Jui 08, 2022
- Catégorie Business / Finance
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