Paul Jorion Le dernier qui s’en va éteint la lumière Essai sur l’extinction de
Paul Jorion Le dernier qui s’en va éteint la lumière Essai sur l’extinction de l’humanité Fayard © Librairie Arthème Fayard, 2016. Couverture : atelier Didier Thimonier ISBN : 978-2-213-68962-3 Table des matières Avertissement La manière dont il en sera parlé 1 L’extinction menace « Ce n’est pas une crise, ma p’tite dame, c’est une extinction ! » Nous aurons vécu deux époques Le soliton La « main invisible » et l’extinction Envisager les choses du seul point de vue commercial 2 Pourquoi nous ne réagissons pas Nos voix ont cessé d’être entendues Le Prince n’a jamais été philosophe, ni n’a même écouté le Philosophe La guerre, encore et toujours seule solution envisagée pour les questions compliquées Une intelligence artificielle adviendra, et c’est l’armée qui s’en charge Les trois composantes du soliton La situation est d’une urgence absolue Le robot a gagné ! L’ultralibéralisme précipite l’avènement d’un monde fait seulement de robots « Gloire aux générations futures ! » Le court-termisme est inscrit dans les règles comptables La propriété inusable et celle qui s’use si l’on s’en sert La croissance est nécessaire pour payer les intérêts La décroissance est impossible dans un cadre capitaliste La « machine à concentrer la richesse » La part du secteur financier dans l’économie d’un pays L’État-providence est subordonné à la croissance L’économie politique était une véritable science économique La « science » économique est prétendument neutre et apolitique « Chez ces gens-là, monsieur, on ne cause pas : on compte » La « science » économique a érigé sa naïveté épistémologique en principe La finance est réglée par des principes qu’on ne peut qu’enfreindre Les havres fiscaux comme cœur authentique du système financier Le contrôle économique est extraordinairement concentré Notre démocratie est de facto « censitaire » Les reculs sociaux sont rendus irréversibles par des cliquets La démocratie est désormais enchaînée 3 C’est quoi, notre espèce ? La donne est médiocre, biaisée en notre défaveur La reproduction : une source permanente de distraction La « prématuration » de l’espèce complique singulièrement les choses La volonté et l’intention sont illusoires La conscience nous permet de bâtir une mémoire adaptative L’invention du Moi imaginaire « Le Moi est paranoïaque » Le pouvoir des objets sur nous Le pouvoir des règles sur nous Les exigences potentiellement conflictuelles de la survie individuelle et de celle de l’espèce L’emprise sur nous de ce qui se passe à l’intérieur de notre corps Faut-il s’accommoder de l’emprise ? La coïncidence entre ce que l’on fait et la personne que l’on croit être C’est quoi, l’éthique ? C’est quoi, la responsabilité ? Nous sommes toujours en retard d’une guerre 4 Notre espèce est-elle outillée pour empêcher son extinction ? Nous ne sommes toujours pas revenus du fait que nous devions mourir Le royaume des cieux est démobilisateur Nous appartenons à une espèce malheureuse « Après nous le déluge ! » En attendant l’immortalité, nous préférons tuer le temps Sagesse, sainteté, héroïsme : que choisir ? La beauté, c’est le temps qui s’arrête La beauté de nos fadaises L’importance de la tragédie « L’amour socratique de la connaissance » L’homme est-il social par choix, du fait de sa nature ou par intervention divine ? L’ennemi véritable : l’utilitarisme benthamien La solution est-elle une religion… mais alors athée ? Serions-nous déterminés à sauver l’espèce, le pourrions-nous ? 5 Faire le deuil du genre humain ? Et si les mondes étaient multiples ? La nature ne résout pas ses problèmes : elle réessaiera plus tard, c’est tout Dieu n’est pas derrière nous, mais peut-être devant Les options qui s’offrent à nous Faire le deuil du genre humain « Ne méprisez rien, mais n’imitez rien de ce qui est passé avant nous » L’extinction pourrait-elle constituer en réalité un progrès ? La mission de l’homme était-elle de faire advenir la machine intelligente ? « Si l’intelligence extraterrestre est très répandue, sa tendance à l’autodestruction l’est sûrement aussi » Les secours sont-ils en route ? « Comment tout peut s’effondrer » Conclusion Références DU MÊME AUTEUR Les Pêcheurs d’Houat, Paris, Hermann, coll. « Savoir », 1983 (2e éd., Broissieux, Éditions du Croquant, 2012). La Transmission des savoirs, avec Geneviève Delbos, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, coll. « Ethnologie de la France », 1984 ; 1991, 2009. Principes des systèmes intelligents, Paris, Masson, coll. « Sciences cognitives », 1990 (2e éd., Broissieux, Éditions du Croquant, 2012). Investing in a Post-Enron World, New York, McGraw-Hill, 2003. Vers la crise du capitalisme américain ?, Paris, La Découverte, 2007 ; rééd. La Crise du capitalisme américain, Broissieux, Éditions du Croquant, 2009. L’Implosion. La finance contre l’économie : ce que révèle et annonce la « crise des subprimes », Paris, Fayard, 2008. La Crise. Des subprimes au séisme financier planétaire, Paris, Fayard, 2008. L’Argent, mode d’emploi, Paris, Fayard, 2009. Comment la vérité et la réalité furent inventées, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des sciences humaines », 2009. Le Prix, Broissieux, Éditions du Croquant, 2010. Le Capitalisme à l’agonie, Paris, Fayard, 2011. La Guerre civile numérique, Paris, Textuel, 2011. Misère de la pensée économique, Paris, Fayard, 2012. La Survie de l’espèce, avec Grégory Maklès, Paris, Futuropolis/Arte, 2012. Comprendre les temps qui sont les nôtres. 2007-2013, Paris, Odile Jacob, 2014. Penser l’économie autrement, avec Bruno Colmant, Paris, Fayard, 2014. Penser tout haut l’économie avec Keynes, Paris, Odile Jacob, 2015. « L’espoir, c’est une blague : ou bien on arrive à réparer, ou bien on devient fou. » Mad Max : Fury Road (film de George Miller, 2015) « On nous a traités de “semeurs de panique”. C’est bien ce que nous cherchons à être. C’est un honneur de porter ce titre. La tâche morale la plus importante aujourd’hui consiste à faire comprendre aux hommes qu’ils doivent s’inquiéter et qu’ils doivent ouvertement proclamer leur peur légitime. » Günther Anders, Et si je suis désespéré, que voulez-vous que j’y fasse ?, 1977 Avertissement Une espèce au bord de l’extinction, à sa très grande surprise Il y a cinquante ans à peine, l’espèce humaine s’imaginait triomphante ; elle se découvre aujourd’hui au bord de l’extinction. À cette menace, elle ne répond que mollement, à la limite de l’indifférence ou – ce qui revient au même d’un point de vue pratique – en tentant de dégager un bénéfice commercial de toute tentative de réponse. C’est-à-dire en ignorant de facto l’urgence et l’ampleur du péril. Comment cela s’explique-t-il ? Un bilan initial s’impose, qui tente de définir ce qui caractérise le genre humain. Cette première question ayant été clarifiée, une seconde se pose aussitôt : notre espèce est-elle outillée pour empêcher sa propre extinction ? La réponse à cette question ne souffre malheureusement pas d’équivoque : sa constitution psychique et son histoire jusqu’ici suggèrent qu’elle n’est pas à la hauteur de la tâche. Alors, que faire ? Espérer un sursaut : faire que l’espèce s’intéresse à son sort – ce qui n’a pas été le cas jusqu’ici, tant la découverte que chacun d’entre nous est mortel l’a plongée dans une stupeur profonde dont plusieurs milliers d’années de rumination ne sont pas parvenues à la faire émerger. Avant de pouvoir prendre conscience de l’extinction probable, puis d’y faire face, il faudra d’abord que le genre humain sorte de sa dépression chronique. Il ne pourra prendre son sort en main qu’après avoir acquis une certaine fierté, ayant compris quel est le sens véritable d’une vie close sur elle- même, faisant sens en soi, unité pleine et autosuffisante, sans avant ni après. La manière dont il en sera parlé On parle d’une « conversation à bâtons rompus », mais peut-on imaginer un « monologue à bâtons rompus » ? Si la chose avait un sens, on ne serait guère éloigné alors de ce que le psychanalyste qualifie d’« association libre ». Mais l’association libre se caractérise par le coq-à-l’âne, du moins pour l’interlocuteur, puisque c’est le mérite de Freud d’avoir souligné qu’il n’y a rien qui fasse davantage sens précisément pour le locuteur – celui qui énonce – que ce qu’il dit ainsi sans lien apparent, car, sous-jacent à ce qui semble être des sauts dans la continuité, se trouve le lien implicite : le sens de toute sa vie jusque-là pour un être humain qui n’a pas d’autre choix que de dire ce qu’il s’entend effectivement dire. Dans un « monologue à bâtons rompus », les règles sont différentes : l’auteur des propos sait qu’il est entendu, et non pas par un psychanalyste qui lui a précisément enjoint de dire « tout ce qui lui passe par la tête, en ignorant les incohérences éventuelles », mais par quelqu’un qui pourrait être d’un autre avis. Il lui faut donc tenir compte des objections possibles et se les faire à l’avance, coupant l’herbe sous le pied d’un contradicteur éventuel. Je ferai de mon mieux. 1 L’extinction menace « Ce n’est pas une crise, ma p’tite dame, c’est une extinction ! » L’histoire que je m’en vais vous conter est celle, tragique, d’une espèce qui s’est retrouvée confrontée à son extinction. uploads/Finance/ le-dernier-qui-s-x27-en-va-e-teint-la-lumie-re-paul-jorion.pdf
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- Publié le Jui 02, 2021
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