1 Actes de la Journée nationale de l’OZP, 5 mai 2001 LE PARTENARIAT : HISTOIRE
1 Actes de la Journée nationale de l’OZP, 5 mai 2001 LE PARTENARIAT : HISTOIRE ET ESSAI DE DEFINITION Intervention de Corinne MERINI (*) (*) Maître de conférences à l’IUFM de Versailles Préambule La distinction entre les apprentissages savants, orientés par l'acquisition d’un corps constitué de savoirs, et les apprentissages sociaux, plus orientés par les pratiques sociales de référence, s'impose dès lors qu’il s'agit de répondre à la question : les scénarios d’ouverture de l’école ont-ils un effet réel sur les apprentissages ? Dans le cadre des apprentissages savants, la réponse est négative. La mise en place de partenariat n’a pas d'effet sur l’évolution du corps constitué de connaissances. Dans le cadre des apprentissages sociaux - citoyenneté, santé, environnement, art, international -, la réponse est positive. La mise en place d'un partenariat a un effet évident sur le rapport que les élèves entretiennent avec les savoirs et peut permettre en cela de nouvelles attitudes dans leur manière d’aborder les apprentissages. Cependant, le fait de partager avec d’autres (les partenaires) certains apprentissages (citoyenneté, culture, art, etc.) est toujours délicat car il malmène l’identité professionnelle des enseignants. C'est pourquoi il convient de parler ici de partenariat au bénéfice des élèves et non de partenariat au bénéfice des apprentissages. Évolution des travaux ayant abordé le partenariat Des travaux de recherche sur - non pas la question du partenariat à l'école mais les collaborations interinstitutionnelles dans le domaine de l'art, de l'éducation à la santé, de l'éducation à l'environnement, de l'éducation physique, etc. - ont été conduits à l'INRP de 1987 à 1992, par 43 enseignants associés sous la direction de Danièle Zay. Ces travaux ont été publiés (voir la bibliographie annexée). D'autre part, j'ai conduit une étude sur la formation des enseignants et les partenariats qui ont pu se nouer entre les ex-écoles normales et les terrains d'exercice. Ces travaux ont fait également l'objet d'une publication (voir la bibliographie annexée). Mais c'est 1993 qui est l'année clé de la compréhension de la notion. Cette année-là, un colloque "Établissements et partenariats", regroupant des équipes internationales, s'est tenu à l'INRP. Il a tenté de clarifier et de modéliser la notion. Des actes ont été publiés (voir la bibliographie annexée) qui permettent de dégager des éléments clés et une grammaire des actions d'ouverture. Enfin, un numéro spécial d’Éducation permanente ayant pour thème le partenariat a été publié en 1997. Archéologie de la notion La notion de partenariat est une notion récente. Elle apparaît dans le dictionnaire Larousse en 1987. Chacun met à l'intérieur ce qu'il a envie d'y mettre et se l'approprie de manière différente. Comment la clarifier au plan théorique ? L'archéologie de la notion, la façon dont elle s'est construite, nous donne des éléments de compréhension. Le Larousse se place d'emblée dans une approche systémique en décrivant le partenariat comme un système associant des partenaires. Il est donc important, si l'on veut comprendre le système lui-même, de comprendre les interrelations qui se nouent entre les partenaires et les niveaux d'actions. Cette notion, comme toutes celles portées 2 par une série de mots très neufs (entreprenariat, actionnariat), est liée à l'économie libérale et à l'économie de marché. Cela se retrouve dans les mécanismes de concurrence et d'intérêts sur lesquels les partenariats vont s'appuyer. Les entretiens menés auprès d'enseignants pilotant des actions d'ouverture fait ressortir qu'ils en attendent un bénéfice, c'est-à-dire une plus value, mais aussi de la "plus valeur". Ils veulent être à la fois plus « rentables » auprès des élèves, d'où l'idée de bénéfice, mais aussi, du fait du registre éducatif dans lequel se situent, leur apporter quelque chose de l'ordre de la "plus valeur". Le mot partenaire vient de l'anglais "partner". Il est défini comme une "personne associée dans" II apparaît la qu'il n'est pas possible : - de parler de partenariat d'une manière universelle et générale, - de penser que celui-ci est identique à la fois dans les objets et dans les milieux différents et variés où il est appliqué, - de ne pas en préciser l'objet. Dire : "partenariat égale personne associée dans" nécessite de contextualiser les situations d'ouverture mises en place (partenariat et art, partenariat et éducation à la santé, partenariat et environnement, partenariat et...). "Partner" vient lui-même du français du 18e siècle : "parcuner", "part", "parcener", termes qui renvoient aux notions de propriétaire indivis, de co-partageant. Dans l’indivision, la propriété n’est pas nécessairement partagée à parts égales, elle peut être de 50 %, mais aussi de 20 %. Il faut donc parler d'équité (et non d'égalité), mais aussi de parité. Autrement dit, les décisions sont prises dans un rapport d'égalité, la parole de l'un valant la parole de l'autre, indépendamment de la quantité de biens apportée par l'un ou par l'autre. La notion se complexifie au niveau de sa racine latine "partitio, partitionis", qui signifie partager diviser, séparer, car, s’il est possible de partager quelque chose avec quelqu'un, il est aussi possible de partager une responsabilité en association avec quelqu'un. Le travail est donc simultanément conduit avec et contre l’autre. C’est une situation extrêmement complexe, bien connue en éducation physique à propos de la relation d’opposition/coopération. "Travailler avec" présente un risque, le risque de la confusion identitaire. Pour aller contre ce risque, pour marquer ses propres convictions, le travail se fait dans le même temps contre l'autre. Le paradoxe du partenariat, qui peut être la meilleure comme la pire des choses, trouve là son explication. Enfin le suffixe "aire" de "partenaire" indique que l'on se situe dans un système de "personnes en charge de », « en association avec », et le suffixe de "partenariat" désigne un système, une forme d’organisation inscrite dans l’action. Être dans l’action avec l’autre, hors de l’école, n’est pas forcément une situation très bien maîtrisée par les enseignants. Cela veut dire manipuler des budgets, des ressources humaines, mais aussi être à l'aise avec la question de la communication, c'est à dire avoir un savoir-faire managérial qui ne fait pas nécessairement partie de la formation classique de l'enseignant. Le problème se pose à la fois dans l’action et au plan théorique. Vers une définition du partenariat Au plan théorique, c'est sans doute la sociologie des organisations (Crozier-Friedberg) qui permet de comprendre un peu mieux ce qu’est le partenariat, la construction de son modèle collectif, ses principes d’action et des règles du jeu. Le colloque INRP de 1993 a défini le partenariat comme étant "le minimum d'action commune négociée visant à la résolution d’un programme reconnu commun". C’est-à-dire que le partenariat ne se situe pas dans le projet ni dans le dogme mais authentiquement dans l'action, dans une action commune et négociée (qui n’a rien a voir avec la délégation et ou la sous-traitance). Mais les intérêts d'une municipalité ou d'une association ne sont pas les intérêts de l'école. Il faut donc qu'il y ait négociation, ce qui est énergétiquement coûteux mais indispensable puisque c'est elle qui va aider à tout instant, à tout niveau du système, à construire le rapport entre les identités en présence. Il est possible, là, de parler d'intersystème qui lie deux ou plusieurs organisations n'ayant pas au départ 3 vocation à produire des effets en commun et qui organise les différences autour de la perspective commune de complémentarité et de bénéfices. Au départ, la seule chose qui soit commune entre tous les partenaires est la reconnaissance d'un problème (échec scolaire, violence, santé) qui a souvent émergé à la suite d'un événement déclencheur identifié par un ou plusieurs partenaires. Les intérêts et les objectifs des systèmes en présence sont, eux, différents. Cela situe bien le partenariat dans un système d'actions cherchant à "agir sur …" et non dans un projet ou un simple échange avec d'autres, avec toutes les limites et tous les avantages de l'action. Cette action va être à l'articulation, à la marge de différentes institutions : collectivités territoriales, justice, école, etc. Cela place leurs acteurs, à ce moment-là, eux aussi à la marge de leurs institutions respectives, en rupture avec elles, dans une position qui est à la fois source de difficultés mais aussi de richesses. Ils deviennent de ce fait des "marginaux sécants" (selon la formule de Jamous) entrés dans une démarche de partenariat après un constat de blocage, de dysfonctionnement. Ils font l’hypothèse que "le travail avec et contre l'autre" permettra de construire de nouvelles compétences, de résoudre le problème et qu'il sera donc bénéfique aux élèves. C'est le lieu d'articulation entre la demande sociale d'insertion et la commande institutionnelle d'instruction et d'éducation. Les partenariats sont, en fonction de leurs contextes, plus ou moins importants, plus ou moins ancrés dans le contexte local, mais gagnent à être conceptualisés pour être régulés. Cependant, à force de résoudre localement, avec ses ressources propres, les problèmes présents, une culture locale et des microsystèmes apparaissent au détriment d'un savoir ou d'une culture universels. Cela constitue les limites du système. Typologie des partenariats Les actions partenariales s'organisent autour de trois types de Réseaux d'Ouverture et de Collaboration (ROC) à partir des interconnections non stabilisées d'acteurs. Il est possible de dresser une uploads/Finance/ le-partenariat-histoire-et-essai-de-definition.pdf
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- Publié le Mar 31, 2021
- Catégorie Business / Finance
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