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27/10/13 Le sujet productif Pierre Macherey 1libertaire.free.fr/LesujetproductifPMacherey01.html 1/33 Accueil Actualitεs Liens Textes Guides Thεmes /auteurs/es Infokiosk Contact Recherche interne avec Atomz Cherche Licence "GNU / FDL" attribution pas de modification pas d'usage commercial Copyleft 2001 /2013 "Nouveau millénaire, Défis libertaires" Le sujet productif Pierre Macherey Exposé présenté le 10 mai 2012 Stage de formation des professeurs de philosophie, Lille Origine : http://philolarge.hypotheses.org/1245 « Il est impossible de faire de l’histoire actuellement sans utiliser une kyrielle de concepts liés directement ou indirectement à la pensée de Marx et sans se placer dans un horizon qui a été décrit et défini par Marx. A la limite on pourrait se demander quelle différence il pourrait y avoir entre être historien et être marxiste. » (Foucault, entretien donné en 1975 au Magazine littéraire, Dits et Ecrits, t. II, éd. Gallimard, 1994, p. 753) Michel Foucault «Entretien sur la prison : le livre et sa méthode» (entretien avec J.-J. Brochier), Magazine littéraire, no 101, juin 1975, pp. 27-33. Dits et Ecrits tome II texte n°156 http://1libertaire.free.fr/MFoucault193.html Le pouvoir, de la politique à l’économie Dans la partie conclusive de La volonté de savoir (éd. Gallimard, 1976), Foucault explique comment il a été amené à considérer le pouvoir, tel qu’il existe aujourd’hui, d’un point de vue, non pas négatif, comme une contrainte dont la forme est au départ juridique, mais positif, en tant qu’il repose sur des mécanismes qui, au lieu d’imposer à la vie humaine des bornes, l’organisent sur un plan matériel, et même contribuent à la « produire ». C’est cette idée qui est au principe de la conception du « bio-pouvoir », à propos duquel il écrit : « Ce bio-pouvoir a été, à n’en pas douter, un élément indispensable au développement du capitalisme ; celui-ci n’a pu être assuré qu’au prix de l’insertion contrôlée des corps dans l’appareil de production et moyennant un ajustement des phénomènes de population aux processus économiques. Mais il a exigé davantage ; il lui a fallu la croissance des uns des autres, leur renforcement en même temps que leur utilisabilité et leur docilité ; il lui a fallu des méthodes de pouvoir susceptibles de majorer les forces, les aptitudes, la vie en général sans pour autant les rendre plus difficiles à assujettir ; si le développement des grands appareils d’Etat, comme institutions de pouvoir, a assuré le maintien des rapports de production, les rudiments d’anatomo- et de bio-politique inventés au XVIIIe siècle comme techniques de pouvoir présentes à tous les niveaux du corps social et utilisées par des institutions très diverses (la famille comme l’armée, l’école ou la police, la médecine individuelle ou l’administration des collectivités), ont agi au niveau des processus économiques, de leur déroulement, des forces qui y sont à l’œuvre et les soutiennent ; ils ont opéré aussi comme des facteurs de ségrégation et de hiérarchisation sociale, agissant sur les forces respectives des uns et des autres, garantissant des rapports de domination et des effets d’hégémonie ; l’ajustement de l’accumulation des hommes sur celle du capital, l’articulation de la croissance des groupes humains sur l’expansion des forces productives et la répartition différentielle du profit, ont été, pour une part, rendus possibles par 27/10/13 Le sujet productif Pierre Macherey 1libertaire.free.fr/LesujetproductifPMacherey01.html 2/33 l’exercice du bio-pouvoir sous ses formes et avec ses propriétés multiples. L’investissement du corps vivant, sa valorisation et la gestion distributive de ses forces ont été à ce moment-là indispensables. » (VS, p. 185-186) En schématisant, on peut dire que, dans cette page, Foucault expose la nécessité de repenser le pouvoir en le détachant de l’emprise du politique pour le rapprocher du plan où se déroule concrètement l’économie, une économie qui, avant même d’être ciblée sur la valeur de biens échangeables, au titre d’une économie de choses, se préoccupe principalement de la gestion de la vie, des corps et de leurs « forces », terme qui revient ici de manière lancinante. Par ailleurs, il lui importe de restituer à cette nouvelle conception du pouvoir une dimension historique, ce qu’il fait en l’associant au développement du capitalisme et des rapports sociaux de productions très particuliers mis en œuvre par celui-ci dans le contexte de la révolution industrielle : bien que le mot « classe » ne soit pas énoncé, il est manifestement sous-entendu lorsque sont évoqués au passage les « facteurs de ségrégation et de hiérarchisation sociale agissant sur les forces respectives des uns et des autres, garantissant des rapports de domination et des effets d’hégémonie » et « l’articulation de la croissance des groupes humains sur l’expansion des forces productives et la répartition différentielle du profit ». Ici, Foucault peut paraître tout proche de flirter avec les analyses de Marx dans Le Capital, qu’il concilie avec son effort en vue de replacer le pouvoir dans une perspective positive et « productive ». Cinq ans plus tard, revenant sur ce point dans une conférence donnée à Bahia en 1981, publiée sous le titre imagé « Les mailles du pouvoir » (Dits et Ecrits, t. IV, éd. Gallimard, 1994, p. 182 et sq.), Foucault confirme explicitement ce rapprochement. Il y déclare : « Comment pourrions-nous essayer d’analyser le pouvoir dans ses mécanismes positifs ? Il me semble que nous pouvons trouver, dans un certain nombre de textes, les éléments fondamentaux pour une analyse de ce type. Nous pouvons les trouver peut-être chez Bentham, un philosophe anglais de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle, qui, au fond, a été le grand théoricien du pouvoir bourgeois, et nous pouvons évidemment le trouver aussi chez Marx, essentiellement dans le livre II du Capital. C’est là je pense que nous pourrons trouver quelques éléments dont je me servirai pour l’analyse du pouvoir dans ses mécanismes positifs. » (DE IV, p. 186) Foucault veut dire que Bentham et Marx, même s‘ils le font de manière différente, parlent au fond de la même chose : l’apparition d’une nouvelle configuration de pouvoir, qui coïncide avec l’avènement du capitalisme et de la bourgeoisie, et n’a pas seulement consisté en une mutation institutionnelle ou une prise du pouvoir politique parce qu’elle a reposé, à la base, sur une prise en charge originale des forces mêmes de la vie, qui donnent sa matière propre à l’économie, une économie dont les transformations on impulsé le changement social. On pourrait soutenir que cette façon de voir va dans le sens de la thèse d’une détermination en dernière instance par l’économie, sous réserve d’un élargissement du concept de celle-ci, élargissement au terme duquel ce concept comprend la gestion, ou, pour reprendre le terme ambigu utilisé par Foucault, la « production » de la vie sous toutes ses formes. Dans la suite de sa conférence, en réaffirmant à chaque fois de manière appuyée la référence à Marx, Foucault énumère les quatre aspects qui caractérisent cette mutation historique et sociale du pouvoir : sa déconcentration en une multiplicité de pouvoirs hétérogènes, son désengagement de la forme étatique, son orientation positive et non plus prohibitive et répressive, et enfin sa technicisation progressive qui a procédé par essais et par erreurs, sans être planifiée, donc sans être soumise à des fins conçues et prescrites intentionnellement au départ. Ce dernier point est celui auquel Foucault accorde le plus d’importance ; c’est lui qui est évoqué dans 27/10/13 Le sujet productif Pierre Macherey 1libertaire.free.fr/LesujetproductifPMacherey01.html 3/33 le passage de La Volonté de Savoir qui a été cité où il est question « des méthodes de pouvoir susceptibles de majorer les forces, les aptitudes, la vie en général sans pour autant les rendre plus difficiles à assujettir ». Lorsque Foucault donne en référence « le livre II du Capital », il pense manifestement au second tome de l’édition française de l’ouvrage de Marx publiée aux Editions Sociales, qui comprend les sections 4, 5 et 6 du livre I du Capital, le seul qui a paru de son vivant, la rédaction définitive des livres II et III ayant été effectuée après sa mort par Engels. Althusser, dans la préface qu’il avait rédigée pour la publication en 1969 du livre I du Capital dans la collection GF Flammarion, avait préconisé de le lire en commençant directement par la deuxième section, donc en sautant la première, celle dont l’interprétation pose le plus de problèmes, des problèmes qui ne sont susceptibles d’être résolus que lorsqu’on est arrivé à la fin de l’ouvrage et qu’on en a maîtrisé l’argumentation en totalité. Foucault semble aller plus loin encore, en conseillant d’aborder l’ouvrage de Marx par la quatrième section, celle qui est consacrée à « La production de la plus-value (ou survaleur, Mehrwert) relative » : en effet, c’est dans celle-ci qu’il voit apparaître pour la première fois les éléments permettant de déterminer la nouvelle configuration de pouvoir annoncée dès la fin du XVIIIe siècle par un théoricien comme Bentham, qui est celle du « pouvoir bourgeois » dont Marx aurait le mieux contribué à analyser les mécanismes, c’est-à-dire les procédures particulières telles qu’elles relèvent d’une technologie du pouvoir. En polarisant l’attention sur cette partie de l’ouvrage, Foucault trouve du uploads/Finance/ le-sujet-productif-pierre-macherey.pdf
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- Publié le Dec 21, 2022
- Catégorie Business / Finance
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