Le système monétaire international UFR SEGGAT, Unicaen 2020/2021 1 / 44 1. Intr

Le système monétaire international UFR SEGGAT, Unicaen 2020/2021 1 / 44 1. Introduction 2.1. Définition Le système monétaire international (SMI) peut se définir comme un en- semble de pratiques, de règles et d’institutions qui visent à organiser et à contrôler les échanges monétaires internationaux en déterminant notam- ment les modalités de règlement, de financement et d’ajustement des balances des paiements des pays participant aux relations économiques internationales. 2 / 44 2. L’étalon-or 2.1. Définition L’étalon-or peut être défini à deux niveaux : Sur le plan interne on parle d’étalon-or lorsque la monnaie en circulation est convertible en or. Sur ce point, deux conceptions à l’origine d’une controverse monétaire s’opposent au 19ème siècle. Les bullionnistes menés par D. Ricardo défendent le currency principle, qui, préconise une stricte équivalence entre le stock d’or détenu par la banque centrale et la quantité de billets en circulation. La création monétaire est donc strictement limitée à l’accroissement du stock d’or. La convertibilité est totale, intégrale et sans discrimination. La Grande-Bretagne est le principal pays ayant adopté ce principe par le Bank Charter Act de 1844. Les anti-bullionnistes (parmi lesquels J.-B. Say) préconisent le banking principle, qui est fondé sur une émission plus souple, tenant compte avant tout des besoins de l’activité économique ; c’est le choix de la France, qui met toutefois en place un plafond d’émission. 3 / 44 2. L’étalon-or 2.1. Définition Sur le plan international, on parle d’étalon-or à partir du moment où les économies nationales ont adopté sur le plan interne les règles de l’étalon-or, et donc le monométallisme-or. Le monométallisme-or n’est adopté par l’ensemble des grands pays industriels que vers les années 1875-1880 : la G.B. dès 1844, la France en 1875 après l’abandon du bimétallisme or-argent , l’Allemagne en 1871, les Etats-Unis en 1879. Il ne résulte donc pas d’un accord international. Et la période d’étalon-or au sens strict ne couvre que les années 1880 - 1914. 4 / 44 2. L’étalon-or 2.2. Caratéristiques 1. L’existence de monnaies nationales dont l’unité est définie par un poids d’or. 2. La convertibilité à vue de la monnaie fiduciaire. 3. La libre circulation interne et externe de l’or. 4. La fixation des taux de change des différentes monnaies par la com- paraison de leurs poids d’or respectifs : c’est ce qu’on appelle le pair (ou parité métallique) Ces caractéristiques ont pour conséquence deux avantages essentiels : Le système de l’étalon-or limite naturellement la création de monnaie en raison du principe de convertibilité ; c’est donc un régime monétaire non inflationniste. Le système de l’étalon-or est doté de mécanismes automatiques de retour à l’équilibre des balances des paiements. Ce deuxième point est traité ci-dessous. 5 / 44 2. L’étalon-or 2.3. Mécanismes d’ajustement automatique le mécanisme des points d’or fonctionne de la manière suivante : le règlement des créances et des dettes peut s’effectuer soit par envoi d’or, soit par lettre de change, cette dernière étant le moyen le plus courant. (Une lettre de change est un document généralement émis par un fournisseur, au moment de l’expédition de la facture, pour demander à son client le paiement à une date convenue). Si un pays A connaît un déficit commercial face à un autre pays partenaire, la monnaie du pays A se déprécie par rapport à celle de ce pays. Il devient donc plus coûteux, pour les entreprises du pays A de payer avec la monnaie du pays partenaire. 6 / 44 2. L’étalon-or 2.3. Mécanismes d’ajustement automatique le mécanisme des points d’or (suite) .... Mais cette dépréciation ne peut dépasser un plancher rapidement atteint : plutôt que de subir une perte de change, les débiteurs du pays A ont intérêt à payer directement en or. La dépréciation de la monnaie du pays A se limite donc à une marge correspondant aux frais d’acheminement et d’assurance de l’or ; ils ont été estimés à 0,2% des montants en or transférés. La situation inverse (le pays A est excédentaire) déclenche un phénomène d’ajustement symétrique. 7 / 44 2. L’étalon-or 2.3. Mécanismes d’ajustement automatique un déficit commercial apparaît entre un pays A et un autre pays partenaire, la monnaie du pays A se déprécie. Il devient donc plus coûteux, pour les entreprises du pays A de payer avec la monnaie du pays partenaire. Mais cette dépréciation ne peut dépasser un plancher rapidement atteint: plutôt que de subir une perte de change, les débiteurs du pays A ont intérêt à payer directement en or. La dépréciation de la monnaie du pays A se limite donc à une marge correspondant aux frais d'acheminement et d'assurance de l'or; ils ont été estimés à 0,2% des montants en or transférés. La situation inverse (le pays A est excédentaire) déclenche un phénomène d'ajustement symétrique. Apparition d'un déficit du pays A vis-à-vis d'un pays partenaire Point de sortie d'or Apparition d'un excédent du pays A vis-à-vis d'un pays partenaire Point d'entrée d'or - 0,2% + 0,2% 8 / 44 2. L’étalon-or (gold specie standard) 2.3. Mécanismes d’ajustement automatique En théorie, les caractéristiques de l’étalon-or permettent un équilibrage automatique des balances des paiements. En effet, un pays déficitaire au niveau commercial subit une sortie d’or, donc une baisse de sa masse monétaire. Compte tenu des enseignements de la théorie quantitative de la monnaie, il y aura donc baisse du niveau des prix qui stimulera les exportations et rétablira l’équilibre. Inversement, un pays excédentaire connaît une entrée d’or qui renchérit les prix, ce qui pénalise les exportations. Ce mécanisme, décrit par les classiques comme Ricardo ou Say, per- mettrait donc, par le libre jeu du marché d’équilibrer les balances des paiements. Il suppose cependant une libre circulation des biens et des moyens de paiement, condition indispensable qui a été peu respectée au XIXème siècle, où le protectionnisme est la règle, notamment durant les périodes de crise. 9 / 44 2. L’étalon-or (gold specie standard) 2.3. Mécanismes d’ajustement automatique Outre le mécanisme des points d’or, le rééquilibrage automatique est assuré par deux autres éléments : la théorie quantitative de la monnaie, pour laquelle la variation de la masse monétaire se traduit intégralement en variation des prix ; la contrainte de convertibilité (ou discipline de l’or) : la circulation fiduciaire est intégralement couverte par un stock d’or. L’ensemble du mécanisme d’ajustement, mis en lumière par D. Hume au 18ème siècle, et par D. Ricardo au début du 19ème siècle, et décrit par J. Rueffcomme étant "d’une efficacité absolue", peut être schématisé ainsi : 10 / 44 2. L’étalon-or (gold specie standard) 2.3. Mécanismes d’ajustement automatique - la théorie quantitative de la monnaie, pour laquelle la variation de la masse monétaire se traduit intégralement en variation des prix; - la contrainte de convertibilité (ou discipline de l'or): la circulation fiduciaire est intégralement couverte par un stock d'or. L'ensemble du mécanisme d'ajustement, mis en lumière par D. Hume au 18ème siècle, et par D. Ricardo au début du 19ème siècle, et décrit par J. Rueff comme étant "d'une efficacité absolue", peut être schématisé ainsi: (Source: J.P. Delas, Les relations monétaires internationales, Vuibert) Dépréciation monétaire Sortie d'or Réduction de la masse monétaire Baisse des prix Rétablissement de la compétitivité Appréciation monétaire Entrée d'or Accroissement de la masse monétaire Hausse des prix Détérioration de la compétitivité Points d'or Contrainte métallique Théorie quantitative de la monnaie Rééquilibrage de la balance Pays B Excédent extérieur Pays A Déficit extérieur 11 / 44 2. L’étalon-or (gold specie standard) 2.4. Le déclin du système Le phénomène majeur réside dans la montée en puissance de deux éco- nomies rivales de l’Angleterre - l’Allemagne au centre et les États-Unis à la périphérie - lors de la seconde révolution industrielle. Fondée sur les industries de l’acier, de la chimie et de l’électricité, elle s’est traduite par une redistribution de la production industrielle favo- rable à l’Allemagne et aux États-Unis. Ces puissances émergentes sont dans une position plus favorables que celle de l’Angleterre. Les mutations du commerce mondial sont le reflet de l’émergence de nouvelles puissances rivales du Royaume-Uni. Elles entraînent une réorientation des flux qui se traduit par une dégra- dation de la structure du commerce extérieur britannique : en 1913, le Royaume-Uni enregistre un déficit sur l’ensemble des marchés en déve- loppement rapide. 12 / 44 2. L’étalon-or (gold specie standard) 2.4. Le déclin du système Le recul des exportations britanniques sur certains marchés s’ac- compagne de celui de la livre. Ainsi, les exportateurs allemands. par- viennent à imposer l’utilisation du mark dans leurs relations commer- ciales avec l’Amérique latine, une partie de l’Europe et la Russie. Ce processus s’appuie sur le développement rapide des grandes banques allemandes qui s’est amorcé à partir de 1870 tant sur le plan national que par des implantations internationales. On observe une interaction entre les mouvements de marchandises, les mouvements de capitaux à long terme et la détention internationale de marks par les banques centrales. Le pouvoir financier de l’Angleterre n’est donc plus sans partage à la veille de la Première Guerre mondiale. Mais le recul est beaucoup plus important au niveau de l’industrie et du commerce mondial. C’est la période uploads/Finance/ lecon-2-le-smi.pdf

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  • Publié le Aoû 17, 2022
  • Catégorie Business / Finance
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