1 No 8 Les Cahiers de la Finance Islamique 2015 2 Directeurs de rédaction Miche
1 No 8 Les Cahiers de la Finance Islamique 2015 2 Directeurs de rédaction Michel Storck, Professeur des Universités, UMR 7354, DRES-droit des affaires, Coresponsable de l’eMBA de Finance Islamique de l’Université de Strasbourg, Responsable du Master 2 recherche « sciences et droit des religions », option « Finance islamique » de l’Université de Strasbourg. Laurent Weill, Professeur des Universités, Directeur du laboratoire de recherche LARGE, Coresponsable de l’eMBA de Finance Islamique de l’Université de Strasbourg. Sâmi Hazoug, Chargé d’enseignement, Coresponsable de l’eMBA de Finance Islamique de l’Université de Strasbourg. Comité de rédaction Amr Abou Zeid, Ph.D, Head of Trade Center, BNP Parisbas, Egypt. Mehmet Asutay, Lecturer, Université de Durham, Royaume-Uni. Abderrazak Belabes, Chercheur à l’Institut d'économie islamique, Université du Roi Abdulaziz, Djeddah, Arabie saoudite. Elisabeth Forget, Docteur en droit. Juriste, Loyens & Loeff Luxembourg S.à r.l. Rifki Ismal, Ph.D., University of Durham and Bank of Indonésia, Royaume-Uni et Indonésie Jérôme Lasserre-Capdeville, Maître de Conférences, Université de Strasbourg. Isabelle Riassetto, Professeur des Universités, Université du Luxembourg. 3 Éditorial Finance islamique et stabilité financière : beaucoup de bruit pour rien L’un des stéréotypes les plus répandus sur la finance islamique (et Dieu sait qu’il y a de la concurrence) est qu’elle favorise la stabilité financière. Cette idée repose généralement sur un argument unique : sa meilleure résistance durant la crise financière par rapport à la finance conventionnelle durant la crise financière. Ce stéréotype a ceci d’agaçant qu’il est critiquable à tous les niveaux du raisonnement simpliste qui le soutient. Primo, il est très sommaire de généraliser une conclusion établie sur un seul événement. J’ai deux frères, l’un est gaucher et a fait des études supérieures, l’autre est droitier et n’en a pas fait. Donc les gauchers ont plus de chances de faire des études supérieures. Vous trouvez cette argumentation ridicule car elle n’est fondée que sur un seul exemple ? Alors vous comprenez le problème de tirer une conclusion universelle de la seule crise financière de 2009. Secundo, l’argument repose sur l’idée que les pays à système financier conventionnel ont plus souffert de la crise que ceux à système financier islamique. On peut ainsi lire que des pays comme les Émirats Arabes Unis ou la Malaisie auraient mieux résisté à la crise financière que des pays comme les États-Unis ou la France. Cet argument est doublement saugrenu. D’une part, des pays comme les Émirats Arabes Unis ou la Malaisie ont des systèmes financiers majoritairement conventionnels. La finance islamique y est plus développée qu’en France, mais la finance y était très majoritairement conventionnelle en 2009. Dès lors, rien ne permet d’affirmer que les systèmes 4 financiers de ces pays auraient mieux résisté à la crise financière en raison de la partie islamique de leur système financier. D’autre part et surtout, sur quoi se fonde l’idée que les Émirats Arabes Unis ou la Malaisie auraient mieux résisté à la crise financière que les États-Unis ou la France ? L’argumentation ici est fondée sur l’idée reçue que seuls les pays occidentaux à finance conventionnelle auraient souffert de la crise financière de 2009. Mais qu’en est-il en réalité ? Regardons les chiffres de la Banque Mondiale sur la croissance du PIB en 2009. Rappelons qu’une croissance négative signifie une récession. Il y a effectivement une récession aux États-Unis (-2,8%) et en France (-3,1%) en 2009 qui a été limitée à cette année… mais la Malaisie a aussi connu une récession (-1,5%) et que dire des Émirats Arabes Unis (-4,8%) ? Force est de constater que ce sont la Chine (9,2%) et l’Inde (8,5%) avec leur système financier conventionnel qui ont le mieux résisté à la crise financière de 2009. Tertio, une analyse comparative approfondie de la stabilité financière entre finance islamique et finance conventionnelle implique donc de comparer les banques islamiques et les banques conventionnelles au sein des mêmes pays et de pas limiter l’analyser au seul et unique événement de la crise financière. C’est ce qu’ont fait deux études publiées dans deux des meilleures revues scientifiques d’économie bancaire : celle d’économistes du FMI (Cihak et Hesse), dans le Journal of Financial Services Research en 2010 et celle d’économistes de la Banque Mondiale (Beck, Demirgüc-Kunt and Merrouche) dans le Journal of Banking and Finance en 2013. Elles effectuent ainsi une analyse systématique de la stabilité financière des banques islamiques des banques conventionnelles en tenant compte du contexte des pays et en ne se limitant pas à une seule année. 5 Qu’observent-elles ? C’est simple : il n’y a pas globalement de différence en termes de stabilité financière entre les banques islamiques et les banques conventionnelles. Bref les avantages comparatifs en termes de stabilité financière des banques islamiques sont totalement compensés par leurs inconvénients comparatifs. J’invite les personnes intéressées à lire ces articles pour mieux comprendre les raisons de ce résultat. De façon sommaire, on peut observer que même si la finance islamique peut favoriser la stabilité financière en limitant la prise de risque des banques sur certaines activités spéculatives et en permettant de transférer une partie des fluctuations de leurs revenus à leurs déposants (grâce au partage des pertes et des profits), elle demeure cependant une finance risquée par nature pour la banque puisque justement elle repose sur le principe du partage des pertes et des profits. Bref l’idée que la finance islamique favorise la stabilité financière n’est pas fondée factuellement et scientifiquement. Inversement cela ne signifie pas que la finance islamique est néfaste à la stabilité financière. Juste que la finance islamique ne se distingue pas de la finance conventionnelle sur ce point et qu’il n’y a donc aucune raison à ce jour de penser que la finance islamique pourrait contribuer à enrayer les crises financières. Bonne lecture de ce numéro à tous1. Laurent Weill. 1 Les colonnes des « cahiers » sont ouvertes, après validation, aux contributions de recherche fondamentale ou appliquée, de toutes les disciplines concernées par la finance islamique. Une attention particulière est portée à l’originalité du travail qui devra nécessairement comporter l’indication des sources. Les propositions (Times new roman 12, interligne simple) sont à envoyer à cette adresse en fichier word : cahiersfinanceislamique@misha.cnrs.fr Tous les numéros sont consultables gratuitement sous ces deux liens http://sfc.unistra.fr/finance-islamique et http://www.ifso-asso.com/documents/ 6 Sommaire LE COMPORTEMENT DU CONSOMMATEUR ENVERS LES BANQUES ISLAMIQUES: UNE MÉTA-ANALYSE DES PERCEPTIONS, DES ATTITUDES ET DES CRITÈRES DE CHOIX DES INDIVIDUS Par Souheila KAABACHI ....................................................................................................... 7 LA BANQUE ISLAMIQUE FACE AUX RISQUES Par Paul-Olivier KLEIN ......................................................................................................... 41 L’ÉMERGENCE D’UN PHÉNOMÈNE NOUVEAU EN FINANCE ISLAMIQUE : LA NEUTRALISATION DU « CHARIA RISK » Par Nefeli ROUPAKIA ........................................................................................................... 55 LES PARTICULARITÉS DU CONTRAT MOUDARABA AU REGARD DES CONFLITS D’AGENCE Par Faïrouz BADAJ et Bouchra RADI ................................................................................ 61 RECHERCHE DOCTORALE FRANÇAISE SUR L'INTERACTION ENTRE FINANCE ET ISLAM (1902-2012) Par Abderrazak BELABES ..................................................................................................... 76 7 LE COMPORTEMENT DU CONSOMMATEUR ENVERS LES BANQUES ISLAMIQUES: UNE MÉTA-ANALYSE DES PERCEPTIONS, DES ATTITUDES ET DES CRITÈRES DE CHOIX DES INDIVIDUS Souheila KAABACHI2∗ ∗ ∗ ∗ Résumé : L'étude du comportement et de l'attitude des consommateurs à l'égard des banques islamiques a retenu l'attention d'un nombre important de chercheurs, et ce dans différents contextes et pays dans lesquels la finance islamique s'est développée. A l'issue d'une revue de la littérature, cette recherche fait état des principaux résultats des travaux réalisés dans ce domaine. Cette contribution entend analyser dans un premier temps, l'influence des valeurs de l'islam sur le comportement de consommation des individus et dans un second temps, le comportement de ces derniers à l'égard des banques islamiques. Mots clés: finance islamique, religion et comportement du consommateur, attitudes et critères de choix du consommateur envers les banques islamiques 2∗ Enseignant-Chercheur, European business School Paris. 8 Introduction La finance islamique a connu durant les deux dernières décennies un essor considérable dans le monde. En dépit de son succès, les acteurs de ce marché, en particulier les banques islamiques affrontent aujourd'hui des mutations environnementales d'ordre économiques et sociologiques qui leur imposent d'être de plus en plus compétitives. En effet, la menace de nouveaux entrants et un changement profond dans le comportement bancaire des individus, impliquent pour ces institutions le développement de stratégies marketing aussi efficaces que celles mises en œuvre par les banques conventionnelles qui détiennent incontestablement plus d'expertise dans ce domaine. Kotler et al. (2012) soulignent que le rôle du marketing consiste à répondre aux besoins et désirs du marché de façon plus pertinente que les concurrents. En ce sens, plusieurs auteurs (Wilson, 1995 ; Dusuki et Abdullah, 2007) soulignent que les banques islamiques ne doivent plus être perçues comme des établissements ayant pour seule finalité de satisfaire les croyances religieuses d’une communauté, mais comme des institutions capables d'attirer de nouveaux consommateurs tout en fidélisant leur clientèle actuelle. Dans ce contexte les banques islamiques se doivent d'adopter une approche marketing orientée vers le client. Pour y parvenir, il est nécessaire pour celles-ci d'avoir une compréhension fine des souhaits, du ressenti et des décisions des consommateurs. Une condition essentielle pour pouvoir construire une offre suffisamment valorisée par chaque segment du marché (Kotler et al. 2012). En se basant sur une revue de la uploads/Finance/ les-cahier-de-la-fi-8.pdf
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- Publié le Jan 06, 2023
- Catégorie Business / Finance
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