Conjoncture N° 899 - Décembre 2008 - 21 DOSSIER Grands groupes familiaux dans l

Conjoncture N° 899 - Décembre 2008 - 21 DOSSIER Grands groupes familiaux dans l’im- mobilier et le BTP, l’agroalimentaire ou la distribution, entreprises inno- vantes dans les TIC, sociétés des sec- teurs bancaire, assurances, télé- coms ou minier : quel est le poids des grandes entreprises marocaines dans le développement économique du Royaume, comment se structurent-el- les, quelles s ont leurs ambitions ? Selon la Direction des Etudes et des Prévisions Financières (DEPF), au mi- nistère des Finances et de la Privati- sation, les grandes entreprises indus- trielles, notamment, représenteraient 8% seulement des établissements industriels, mais 63% du chiffre d’af- faires, 73% des exportations, 58% des emplois, 71% de la valeur ajoutée in- dustrielle et 64% des investissements au Maroc (étude comparative de la PMI et GI au Maroc, mars 2007). On entend par grande entreprise, tout établissement de plus de 200 salariés, ayant un chiffre d’affaires hors taxe supérieur à 75 millions de dirhams ou un total bilan de plus de 50 millions de dirhams. D’après l’étude de la DEPF, la taille moyenne de ces grandes en- treprises industrielles dépasserait les 500 salariés, avec un chiffre d’affaires Les grands groupes, les locomotives de l’économie marocaine moyen de 176 millions de dirhams (soit 6 fois supérieur à celui de la moyenne industrie) et un montant des investis- sements de 10,3 millions de dirhams en moyenne par an. A l’export, les grandes entreprises du secteur textile et de la chimie seraient les plus dynamiques. En termes de production, domineraient les indus- tries agroalimentaires (sucreries, mi- noteries industrielles, huileries, unités de conserves, unités de fabrication de boissons et de transformation de tabacs) et les industries chimiques (ci- menteries, les unités de fabrication de produits pharmaceutiques, de la pein- ture et de transformation des engrais chimiques). Nombreuses réussites Ces vingt dernières années, le paysage économique marocain s’est profondé- ment modifi é. L’éclosion des grands groupes, le Maroc le doit aux privati- sations et au développement du mar- ché fi nancier, au début des années 90. Siège de la bourse de Casablanca. Locomotives de l’économie marocaine, les grands groupes se structurent et se diversifi ent L’introduction en bourse devient un passage obligé Dossier réalisé par Christelle Marot conjoncture@cfcim.org Les grandes entreprises, les locomotives de l’économie marocaine Entretien : M’hamed Sagou, ancien ministre des Finances Cotation, ces groupes familiaux qui entrent en bourse Entreprises innovantes, petit poucet deviendra grand Secteur minier et sidérurgie, l’OCP met le paquet sur le hub de Jorf Lasfar Secteur bancaire, la croissance à l’international 21 24 26 28 29 30 Conjoncture N° 899 - Décembre 2008 - 22 DOSSIER ticulture dans la région de Meknès, aujourd’hui se développant dans la production d’huile d’olive. Dans l’in- dustrie, ce sont les groupes Sekkat, El Alami, Fahim ou Delta Holding. Dernièrement, le gou- vernement marocain a établi une nouvelle liste d’entreprises pri- vatisables sous la for- me d’un projet de loi accompagnant la Loi de fi nances pour 2009. Cette liste comprend une dizaine d’entreprises opérant dans des secteurs divers. La RAM et deux de ses fi liales, Al Omrane, la so- ciété des Autoroutes du Maroc (ADM), Supratours (fi liale de l’ONCF), la Soread, pro- priétaire de 2M, LPEE, le bureau d’études Conseil ingénierie et développement (CID) et la Société nationale des transports et de la lo- gistique (ex-ONT) sont concernées. A priori, ces nouvelles privatisa- tions devraient encore renforcer le poids des champions nationaux dans le pays. Un climat d’ouverture qui a libéré les énergies et permis à des PME de se structurer et de grandir. Ainsi, dans l’immobilier, Addoha, Ynna-groupe Chaâbi, CGI, Alliances Développe- ment sont devenus des références. Addoha, par exemple groupe familial par excellence. Ses armes ? Le promo- teur immobilier les a affutées dans le logement social dans les années 90. Aujourd’hui, Addoha vise le haut de gamme. Suite à la crise fi nancière et la faillite du groupe espagnol Fa- desa, engagé dans la construction de la station Saïdia du plan Azur, Addoha a rafl é la mise en rachetant les fi liales du constructeur espagnol. Son concurrent Ynna Holding-groupe Chaâbi est un autre exemple d’une entreprise familiale devenue pros- père. Alliances Développement, pour sa part, poursuit son expansion : son introduction en bourse en juin dernier devrait lui permettre d’accroî- tre sa notoriété et renforcer ses fonds propres pour le fi nancement de pro- jets de développement. De leurs côtés, les offi ces, type Offi ce national d’électricité (ONE), Offi ce na- tional de l’eau potable (ONEP) ou Of- fi ce chérifi en des phosphates (OCP), se sont restructurés, gageant leur dé- veloppement sur l’international. L’ONE se positionne notamment au Sénégal, en Mauritanie, au Niger, au Tchad ou en Libye. Par ailleurs, il en- tend faire la part belle aux énergies renouvelables (éolien et solaire pho- tovoltaïque), avec un programme de développement estimé à plus de 25 milliards de dirhams sur les 5 prochai- nes années. Ailleurs des synergies se créent, comme le partenariat public-privé ONEP, CDG et Delta Holding (autre groupe familial) pour la gestion de l’eau potable au Cameroun ; un marché remporté à l’automne 2007. Dans le secteur bancaire, les perfor- mances des groupes BMCE, Attija- riwafa, Banques Populaires sont im- pressionnantes. Toutes à la recherche de relais de croissance externe, en raison de l’étroitesse du marché ma- rocain. Dans l’agroalimentaire, il faut comp- ter avec les fi liales de l’ONA, à l’instar de Centrale laitière, Bimo, Cosumar, Lesieur. Il y a aussi le groupe Zniber, historiquement présent dans la vi- Dernièrement, le gou- vernement marocain a établi une nouvelle liste d’entreprises privatisa- bles sous la forme d’un projet de loi accompa- gnant la Loi de fi nances pour 2009. Les dix plus fortes capitalisations boursières et leur poids dans la capitalisation globale du marché (à fi n octobre 2008) Les dix plus forts chiffres d’affaires et leur poids dans le PIB (à fi n décembre 2007) Source : M.S.IN. Source : M.S.IN. Conjoncture N° 899 - Décembre 2008 - 24 DOSSIER Conjoncture : Quelles sont les princi- pales caractéristiques du capitalisme marocain ? Comment se structurent les grandes entreprises ? M’hamed Sagou : Il s’agit principale- ment, dès l’origine, d’un capitalisme marchand. Il est important de noter que le Maroc n’a jamais connu de ré- gime économique autre que le régime libéral, basé sur la liberté de com- merce et d’échange. Le principe de la propriété est historiquement et fon- damentalement ancré dans la culture marocaine. Le capitalis- me tel qu’on l’observe aujourd’hui au Maroc, et notamment dans sa forme industrielle, avec ses caractéristiques fa- miliales, est le produit d’un long processus historique. L’éclosion des grou- pes familiaux date de la moitié des années 90, dans un contexte de privatisations et d’émergence du mar- ché fi nancier. La bourse de Casablanca permettant de lever des capitaux pour assurer le fi nancement de leur déve- loppement. L’ouverture relative du capital par introduction en bourse, ou encore les partenariats scellés avec les entreprises étrangères, notamment européennes, ont favorisé le mana- gement et la modernisation de ces grands groupes. Quelle est la place et le poids des champions nationaux dans le déve- loppement économique du Maroc ? Ces champions ou grands groupes jouent un rôle important dans l’éco- nomie marocaine par la taille de leurs investissements, leurs effectifs, leur pérennité et leur rôle dans la régu- lation conjoncturelle des secteurs économiques. Prenez par exemple l’immobilier, avec Addoha, CGI, Al- liances Développement. Et bientôt Al Omrane, Autoroutes du Maroc, Royal Air Maroc, sociétés inscrites sur la liste des privatisables. Ces groupes sont de véritables lo- comotives sectorielles avec des in- vestissements de taille et jouant un rôle structurant auprès de milliers de petites et moyennes entrepri- ses, qui gravitent autour d’eux. Le développement de ces grandes en- treprises dépend de la vitalité de ces PME. Addoha, par exemple, fait sous traiter une bonne partie de ses activités par de petites entreprises du BTP. Ces grands groupes sont une véri- table colonne verté- brale sectorielle et qui plus est, des interlo- cuteurs privilégiés de l’Etat pour ses projets d’aménagement et de construction. Le poids et la place des champions natio- naux dans le dévelop- pement économique doivent être signifi ca- tifs, afi n que ces grou- pes puissent jouer leur rôle aussi bien vis-à- vis de l’investissement et de l’em- ploi d’une part, que vis-à-vis des PME et de l’Etat d’autre part. Si on observe les dix premières capitalisa- tions à la Bourse de Casablanca, celles-ci représentent 75% de la capitalisation glo- bale du marché et 72% du PIB. À noter que Maroc Telecom, à elle seule, draine 27% de cette dernière. Si on décompose ces grandes en- treprises, on remarquera que cinq parmi elles sont familiales, deux sont sous contrôle étatique et 3 sous contrôle étranger. Si on classe ces grandes entreprises cotées par chiffre d’affaires, les dix premières totalisent un chiffre d’af- faires égal à 22% du PIB marocain. A elles seules, ONA, SAMIR et Maroc Telecom présentent 17% du PIB. Entretien «Les grands groupes sont une véritable colonne vertébrale sectorielle» M’hamed Sagou, ancien uploads/Finance/ les-grands-groupes-les-locomotives-de-l-x27-economie-marocaine.pdf

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  • Publié le Oct 19, 2021
  • Catégorie Business / Finance
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