Les mécanismes de la lecture Développement normal et pathologique de l’enfant à
Les mécanismes de la lecture Développement normal et pathologique de l’enfant à la personne âgée Frédéric Bernard De Boeck Supérieur 5 allée de la 2e Division Blindée 75015 Paris Pour toute information sur notre fonds et les nouveautés dans votre domaine de spécialisation, consultez notre site web : www.deboecksuperieur.com De Boeck Supérieur SA, 2017 Rue du Bosquet 7, B1348 Louvain-la-Neuve Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent ouvrage, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public, sous quelque forme ou de quelque manière que ce soit. Dépôt légal : Bibliothèque royale de Belgique : 2017/13647/192 Bibliothèque nationale, Paris : décembre 2017 ISBN : 978-2-35327-382-9 III Sommaire Avant-propos ...............................................................................................V Chapitre 1. Modèles cognitifs de la compréhension de textes .....1 Chapitre 2. Bases cérébrales et cognitives de la lecture et de la compréhension de textes : de l’enfant à la personne âgée ...........................................23 Chapitre 3. Effets de pathologies développementales, psychiatriques ou neurologiques sur la compréhension de textes ................................147 Bibliographie ..............................................................................................191 À Sylvie, Victor et Gaspard V Avant-propos La lecture et la compréhension de textes sont des activités complexes qui impliquent la mobilisation harmonieuse d’un ensemble de fonctions cognitives telles que la perception et la mémoire, en passant bien évidem- ment par le langage. Plusieurs modèles cognitifs de la compréhension de textes ont été proposés ces dernières décennies et nous avons essayé de les présenter de la façon la plus claire possible dans le premier chapitre de cet ouvrage. Le lecteur pourra y découvrir un certain nombre de concepts cognitifs clés qui lui seront utiles pour aborder le deuxième chapitre dans lequel sont exposées les études explorant les bases neurocognitives de la compréhension de textes selon une perspective « lifespan », c’est-à-dire en partant de résultats obtenus chez l’enfant dans un premier temps pour aboutir à la fin de ce deuxième chapitre à ceux obtenus chez la personne âgée, en passant par l’individu d’âge intermédiaire qui n’est plus un enfant mais pas encore une personne âgée. Plusieurs dizaines d’études ont été publiées sur ce sujet, depuis maintenant plus de vingt ans, et nous sommes heureux de présenter au lecteur la première revue exhaustive de ces tra- vaux qui permettent de mieux comprendre les mécanismes neurocogni- tifs du fonctionnement « normal » de la compréhension de textes chez des individus de tous âges. Enfin, dans le troisième et dernier chapitre de cet ouvrage, nous abordons les travaux explorant les effets de différents troubles ou de différentes pathologies sur l’activité de compréhension de textes. Si un trouble de la compréhension de textes ne figure pas au premier rang des difficultés rencontrées par des patients qui ont par exemple une maladie d’Alzheimer, il n’en demeure pas moins que l’étude des capacités de compréhension de textes permet d’obtenir des informations précieuses sur la nature de ces pathologies et leurs effets sur la cognition, évaluée de plus à partir d’épreuves ayant la forme d’une activité de la vie quotidienne. Les modèles cognitifs présentés dans le premier chapitre ayant été déve- loppés pour représenter le fonctionnement normal de la compréhension de textes, la prise en considération de données obtenues dans la pathologie VI Les mécanismes de la lecture devrait contribuer à rendre ces modèles plus précis et encore plus en prise avec la réalité, aussi complexe soit-elle. Nous tenons à remercier Madame Béatrice Käser et Monsieur Amaury Derand des éditions De Boeck Supérieur pour leur aide précieuse en ce qui concerne la réalisation de cet ouvrage. 1 Chapitre 1 Modèles cognitifs de la compréhension de textes Plusieurs modèles cognitifs de la compréhension de textes ont été propo- sés ces dernières décennies. Dans ce chapitre, nous décrivons de façon non exhaustive les modèles qui nous semblent être les plus pertinents et complé- mentaires afin de familiariser le lecteur avec les principaux concepts cognitifs relatifs à la compréhension de textes. Certains de ces modèles serviront de référence pour une partie des études qui sont présentées dans les chapitres 2 et 3 de cet ouvrage. 1. Le modèle de Construction-Intégration (Kintsch, 1988, 1998) Walter Kintsch (né en 1932 en Roumanie) est un enseignant chercheur en psychologie cognitive qui a contribué de façon décisive à la modélisation des mécanismes cognitifs de la compréhension et de la mémorisation de textes grâce à ses recherches menées à l’université du Colorado aux États-Unis à partir des années 1970 et à ses collaborations avec de nombreux chercheurs. Le modèle de Construction-Intégration, qui représente son modèle cognitif le plus abouti, a été présenté une première fois dans un article publié en 1988 dans le journal Psychological Review puis une seconde fois dans l’ouvrage inti- tulé Comprehension : A Paradigm for Cognition, publié en 1998. Avant de décrire les principes de ce modèle, nous allons présenter briève- ment un modèle préalable, à l’élaboration duquel Walter Kintsch a contribué, ce qui va nous permettre de saisir comment vont émerger progressivement certains concepts cognitifs clés de la compréhension de textes. 2 Les mécanismes de la lecture 1.1. Le modèle de van Dijk et Kintsch (1983) Le modèle de la compréhension, développé en 1983 avec le linguiste néerlan- dais Teun van Dijk, est une amélioration d’un modèle précédent, proposé par les mêmes auteurs en 1978, et souligne l’importance de considérer les différentes formes de représentation élaborées progressivement au cours de la lecture de textes afin de permettre à la fois leur compréhension et leur mémorisation. Il n’existe pas de définition simple de ce qu’est une représentation alors que ce concept est très souvent utilisé en sciences cognitives. Selon le Dictionnaire historique de la langue française (Le Robert, 2016), « représentation est devenu en moyen français le substantif d’action de représenter, désignant l’action de rendre présenté ou sensible quelque chose à l’esprit, à la mémoire, au moyen d’une image, d’une figure, d’un signe et, par métonymie, ce signe, image, symbole ou allégorie (vers 1370)… Au xviie siècle, représentation est passé dans la termino- logie philosophique pour désigner l’image fournie à l’entendement par les sens ou la mémoire (avant 1654) ». Dans une perspective cognitive, la représentation est considérée comme étant mentale, peut prendre la forme d’une image men- tale ou d’un symbole et « correspond à un état transitoire des connaissances au cours du traitement de l’information par un être vivant » (Launay, 2004). Ainsi, selon le modèle de la compréhension de van Dijk et Kintsch (1983), trois formes de représentation vont pouvoir émerger au cours de la lecture et de la compréhension d’un texte (voir figure 1.1). La première forme de représentation porte sur ce que l’on appelle la « sur- face du texte », c’est-à-dire les différents mots spécifiques qui le composent, chacun de ces mots ayant une forme écrite correspondant à une combinaison de lettres et une ou plusieurs significations, et la façon dont ces mots sont ordonnés selon une syntaxe particulière. Par exemple, la lecture d’une simple phrase comme « Le renard regarde la poule » va nécessiter de reconnaître et d’identifier chacun des quatre mots qui la composent, d’accéder à leurs signi- fications et de traiter l’ordre dans lequel ces mots apparaissent. La deuxième forme de représentation porte sur la « base de texte » et fait réfé- rence au produit d’une analyse sémantique, c’est-à-dire une analyse concernant plus spécifiquement le sens ou la signification, et qui repose sur le traitement de propositions et de leurs relations. Une proposition peut se définir comme l’association entre un prédicat (verbe, adjectif ou adverbe) et un ou plusieurs arguments. Par exemple, la phrase : « Le renard regarde la poule » contient une proposition qui associe le prédicat verbe « regarde » aux arguments « renard » et « poule ». Cette proposition peut être représentée de la façon suivante : REGARDE (RENARD, POULE) Les différentes propositions contenues dans un texte vont ainsi être extraites et traitées au fur et à mesure de la lecture de ce texte. Une distinction est faite, au sein de la base de texte, entre : 3 Chapitre 1 – Modèles cognitifs de la compréhension de textes • la microstructure, qui correspond à la structure locale du texte et se base sur l’information traitée phrase par phrase, complétée par et inté- grée aux informations activées en mémoire à long terme ; • et la macrostructure qui fait référence à une série de propositions ordonnées de façon hiérarchique représentant la structure globale du texte provenant en partie de la microstructure. La troisième forme de représentation, plus complexe, est appelée le modèle de situation. Alors que les deux premières formes de représentation dépendent principalement du texte lui-même, le modèle de situation va pro- gressivement émerger à partir de l’interaction continue entre les informations Figure 1.1. Les trois de formes de représentation élaborées pendant la lecture d’un texte selon le modèle de van Dijk et Kintsch (1983). 4 Les mécanismes de la lecture issues du texte et les connaissances et souvenirs propres du lecteur. Le modèle de situation fait écho à la thèse d’Umberto uploads/Finance/ les-mecanismes-de-la-lecture-developpement-normal-et-pathologique-de-l-x27-enfant-a-la-personne-agee-2017.pdf
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- Publié le Jui 20, 2022
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