LES FOCUS TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR UNE CROISSANCE ÉCONOMIQUE DURABLE EST-ELLE
LES FOCUS TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR UNE CROISSANCE ÉCONOMIQUE DURABLE EST-ELLE avril / 2019 SOMMAIRE 2 INTRODUCTION 3 LE DÉFI DE LA DURABILITÉ 4 • L’ÉCONOMIE DURABLE, DE LA THÉORIE À LA PRATIQUE 4 • LA DURABILITÉ À L’ÉPREUVE DE L’ÉCONOMIE 6 • QUELLES RESPONSABILITÉS POUR UNE TRANSITION ÉCO… NOMIQUE ? 8 • COMMENT TRANSFORMER UNE LIGNE DROITE EN CERCLE ? 10 POUR ALLER PLUS LOIN 12 • LA GESTION DES DÉCHETS DANS L’ÈRE DE L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE 12 • LA RSE AU SERVICE DES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT DURABLE 13 • L'ÉCONOMIE CIRCULAIRE TESTE SA PREMIÈRE NORME 15 • MANAGEMENT DE L'INNOVATION ET DÉVELOPPEMENT DURABLE 16 SOMMAIRE La notion d’économie durable a le vent en poupe. Pourtant accoler ces deux mots peut paraître antinomique, l’un tirant sa force d’une croissance infinie, l’autre partant du postulat de la finitude de nos ressources. Alors peut-on concilier économie et durabilité ? Tentative de réponse. Les deux piliers de l'économie durable : innovation et développement durable En prenant l'exemple de la transition énergétique française, on verra que les ENR ont explosé dans le mix malgré une culture nucléaire très ancrée. A prix de production équivalent le marché favorise les ENR et un modèle durable. Croissance économique et développement durable sont-ils compatibles ? La croissance économique obéit à des lois d'offre et de demande. SI un matériau devient rare, on ne le préserve pas, on le vend juste plus cher. A première vue, croissance économique et développement durable sont incompatibles. La preuve, on arrive (quasiment) pas à bâtir de modèle économique viable autour du recyclage. Sauf qu'aujourd'hui la crise écologique n'est plus un horizon de long terme mais de court terme. Ce qui a tendance à intégrer petit à petit les données écologiques dans l'équation économique. L'évolution vers des modèles économiques durables est-elle une responsabilité publique ou/et privée ? L'état a beau signer des traités (COP), publier des décrets (PPE), la trajectoire nationale destinée à limiter l'augmentation des températures n'est pas à la hauteur des enjeux rappelés par ce même état. Au delà du pouvoir de contrainte de l'état qui devient de plus en plus mince, le privé et parmi eux les industriels ont pris conscience de leur intérêt à oeuvrer en amont des lois. Quelques exemples d'innovation autour des modèles économiques durables Quelques exemples de modèles économiques durables qui fonctionnent très bien : économie de la fonctionnalité, marketing relationnel, éco-conception, ciblage de marchés, prise en compte de la totalité du cycle de vie, biomimétisme économique... Peut être que je vais essayer de faire cet article sous forme d'interview. INTRODUCTION Plus de contenu, d’actualités et d’informations sur www.techniques-ingenieur.fr LES FOCUS TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR L’économie durable est portée par deux piliers : le développement durable et l’innovation. En quoi diffère-t-elle du système économique capitaliste libéral que nous connaissons ? Quel cadre impose-t- elle ? L’économie durable se distingue par une prise en compte des aspects sociaux et environnementaux afin de répondre aux besoins du présent, sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins. Le développement durable précise, lui, les contours de l’économie durable en se caractérisant par “une conception de la croissance économique qui s'inscrit dans une pers- pective de long terme et qui intègre les contraintes liées à l'environnement et au fonctionnement de la société” (défi- nition wikipedia). Bonnet blanc, blanc bonnet. Economie durable = développement durable. La définition du développement durable publiée par la commission mondiale sur le développement et l’environ- nement de l’ONU diffère de celle donnée par wikipedia. Pour l’ONU, le développement durable est “un développe- ment qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs". Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de "besoins", et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à qui il convient d'accorder la plus grande priorité ; l'idée des limitations que l'état de nos techniques et de notre organisation sociale impose sur la capacité de l'environnement à répondre aux besoins actuels et à venir". Cette définition ne fait pas spécifiquement référence à l’éco- nomie comme vecteur de la durabilité. Mais pourtant cette définition est la même que celle de l’économie durable. Retour à la case départ ? Pas tout à fait. Les besoins et les limites L’intrication entre économie et développement durable permet de différencier fondamentalement ce qui distingue l’économie durable de l’économie au sens large. L’écono- mie capitaliste libérale (en place aujourd’hui) est cadrée par l’offre et la demande. L’économie durable est cadrée par les besoins et les limites. En considérant cette définition, on comprend mieux la dif- ficulté de mettre en place de type de fonctionnement, qui doit sans cesse s’auto-évaluer et se circulariser. Analyse de cycle de vie, études d’impacts, empreinte écologique, recy- clabilité… toutes ces notions qui constituent aujourd’hui des outils d’amélioration continue pour les industriels sont les piliers de la construction de modèles économiques durables. Au-delà de la prise en compte de ces outils, c’est la pon- dération qu’on leur donne dans le processus de production qui va faire – ou pas – émerger des modèles durables de développement. Prenons l’exemple des transports : la voiture électrique est un bon moyen de remplacer les voitures thermiques pol- luantes. Si on considère les émissions des véhicules une fois vendus, cela est vrai. Si on considère l’ensemble du cycle de vie des deux types de véhicules, cela est totale- ment remis en cause, car les batteries des véhicules élec- triques sont composées de métaux rares dont l’extraction “produit” beaucoup de CO2. L’innovation L’innovation est, avec le développement durable, le second pilier de l’économie durable, mais plus largement un pilier de l’économie au sens large. Et surtout de notre économie capitaliste. La révolution industrielle a financé l’innovation par le crédit, et cela n’a pas cessé depuis. LE DÉFI DE LA DURABILITÉ L’ÉCONOMIE DURABLE, DE LA THÉORIE À LA PRATIQUE UNE CROISSANCE ÉCONOMIQUE DURABLE EST-ELLE RÉALISTE ? 5 Le crédit permet de faire de la recherche, d’innover, et in fine de gagner de l’argent grâce à ces innovations. L’innovation est partie intégrante de notre système éco- nomique. D’ailleurs, le fait que les chercheurs cherchent et “trouvent” est un pilier de notre fonctionnement écono- mique au même titre que la capacité des banques à prêter de l’argent aux industriels pour financer leur R&D. Le défi qui se pose est celui de la capacité de l’homme à s’emparer des enjeux du développement durable pour les transposer dans notre modèle économique préexistant en lui appliquant strictement ses contraintes propres. Une fois établies les conditions d’une économie durable, reste à élucider une autre question : une économie durable peut-elle se construire et s’épanouir au sein d’un modèle capitaliste libéral ? 22/04/2019 Plus de contenu, d’actualités et d’informations sur www.techniques-ingenieur.fr LES FOCUS TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR Il est à première vue difficile d’intégrer la notion de durabilité dans le système économique tel qu’on le connaît. En effet, ce dernier obéit à des temporalités courtes, ne se soucie pas a priori de l’état des ressources qu’il consomme, ni plus globalement de la durabilité de ce qu’il finance. Pour simplifier, dans le système – capitaliste et libéral – qui est le nôtre, l’activité économique détruit l’environnement. En y ajoutant la notion de durabilité on le rend pérenne. Facile. Sauf que la durabilité est une chose simple à pro- jeter mais extrêmement complexe à mettre en place pra- tiquement. Parce que l’évaluation de la durabilité écono- mique d’une activité prend en compte l’intégralité de son cycle de vie. Ainsi les véhicules électriques, s’ils ne produisent pas de CO2 pendant leur fonctionnement, nécessitent pour la fabrication de leur batterie des métaux rares qui, eux, sont très émetteurs de CO2. Il en est de même dans une certaine mesure pour les éoliennes et les panneaux solaires. Les crédits carbone sont un autre exemple. Mis en place pour permettre aux industriels de compenser leurs émis- sions de GES, il est aujourd’hui devenu un instrument de spéculation, et le moyen pour certaines entreprises de s‘acheter une image de durabilité sans rien changer de leurs pratiques non durables. Des synergies ? Autre exemple, le recyclage : selon un rapport de l’ADEME datant de 2002, le recyclage est une solution pertinente pour certains matériaux comme l’acier, l’aluminium ou le verre. Par contre, le recyclage du plastique est plus épi- neux. S’ils se substitue entièrement au plastique vierge dans les produits transformés, le plastique recyclé fait sens. Si le plastique recyclé est utilisé à la place du bois pour fabriquer des meubles, mieux vaut alors l’incinérer. Même chose pour les papiers et cartons : l’utilité écolo- gique de leur recyclage dépend de plusieurs paramètres locaux comme la présence d’un incinérateur par exemple. Du coup, une question émerge : étant donné que la notion de développement durable oblige à prendre en compte des contraintes – finitude des ressources, besoins – qui consti- tuent des freins au développement économique, le déve- loppement durable et l’économie peuvent-ils être syner- gique ? La réponse est non. L’économie de marché que nous connaissons se nourrit d’une croissance perpétuelle et uploads/Finance/ livre-blanc-croissance-economique-durable.pdf
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- Publié le Aoû 18, 2022
- Catégorie Business / Finance
- Langue French
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