is la fin de la seconde guerre mondiale, la société française a connu de nombre
is la fin de la seconde guerre mondiale, la société française a connu de nombreux et profonds bouleversements : urbanisation accélérée, baby-boom puis baisse sensible de la fécondité, démocratisation de l’enseignement, émergence puis développement de la consommation de masse. Si ces mutations sont incontestables, des oppositions naissent sur l’analyse de la structure sociale actuelle. La persistance d’une analyse en termes de classes sociales chez Pierre Bourdieu [1] Si pour Pierre Bourdieu (1930 - 2002), les classes sociales existent toujours, il réfute cependant une lecture des classes les présentant comme quelque chose de permanent dans un monde qui change ; il propose ainsi une clé d’analyse de la structure sociale contemporaine. La construction des classes doit prendre en compte la profession, le niveau d’instruction, le sexe, l’âge, la résidence, mais surtout le volume et la structure du capital possédé et la trajectoire sociale des agents composant cette classe. Pierre Bourdieu distingue quatre types de capitaux : le capital économique, que l’onpeut assimiler à la richesse (revenu et patrimoine), le capital culturel, qui prend diverses formes (tableaux, livres, disques, diplômes) qui se manifeste également dans l’habitus, [2] le capital social est l’ensemble des ressources liées à l’appartenance à un groupe qui assure des liaisons permanentes et utiles que l’on peut mobiliser. Il se matérialise dans des clubs sélects, des rallyes, des cercles, des réceptions, etc., le capital symbolique, qui peut prendre diverses formes : l’apparence physique, la réputation, le nom, les décorations, ... Les classes sociales se définissent non seulement par le volume global de capital possédé mais aussi par sa structure. Si l’on compare les « gros commerçants » aux « professeurs », les premiers sont mieux dotés en capital économique mais moins bien dotés en capital culturel que les seconds. Pierre Bourdieu s’efforce de montrer l’existence de rapports de domination entre les classes sociales ; encore aujourd’hui, les classes dirigeantes cherchent à asseoir leur domination grâce à la possession d’un capital économique, social et culturel. Le rejet de l’analyse en termes de classes D’autres auteurs rejettent le schéma de la lutte des classes soit en lui opposant la montée des classes moyennes soit en estimant qu’elle ne permet plus de décrire la réalité sociale contemporaine. La moyennisation de la société réduirait la portée de la notion de classe sociale. La définition des classes moyennes est problématique, chacun des deux termes de l’expression renvoyant à une analyse différente de la structure sociale : analyse en termes de strates hiérarchisées ou en termes de classes sociales. On sait que les strates sont ordonnées selon des échelles décroissantes de revenu, de formation, de prestige, etc. Les « classes » moyennes sont alors définies par leur position « moyenne » sur ces échelles alors que l’analyse en terme de classes amène à préciser la place de ces catégories dans les « rapports sociaux de production » ; travailleurs indépendants, salariés d’encadrement, etc. Le pluriel de l’expression se justifie en raison de l’hétérogénéité de la population ainsi désignée. Peu de choses rassemblent le petit commerçant et l’instituteur, le pharmacien et le technicien industriel. Néanmoins, le critère du statut juridique de l’activité professionnelle permet de dégager deux sous-ensembles plus homogènes : les classes moyennes salariées et les classes moyennes non salariées, professionnellement définies par leur statut de travailleur indépendant. - Dans le premier sous-ensemble, les employés de bureau, autrefois proches de l’encadrement, connaissent aujourd’hui, pour nombre d’entre eux, des conditions de travail qui tendent à les rapprocher des travailleurs manuels. - Au-delà de caractéristiques communes, ces groupes s’opposent sur bien des points : comportement politique, formation, manière de consommer... Les classes moyennes apparaissent comme un phénomène central des sociétés capitalistes contemporaines bien qu’elles se présentent davantage comme une nébuleuse que comme un ensemble structuré, elles ne sont pas polarisées par un groupe social : ni les cadres, ni les enseignants, ni les employés de bureau ni les indépendants ne sont en mesure de représenter, à eux seuls, cette vaste configuration. Elles ne s’affirment pas ensemble comme un acteur sociopolitique. Les classes sociales ne reflèteraient plus la réalité sociale actuelle. Un certain nombre d’auteurs considèrent qu’il faut rejeter le concept de classe sociale en raison d’un certain nombre d’évolutions et en particulier la disparition de la classe ouvrière. En effet, dans la tradition sociologique teintée de marxisme, si classe il y a, c’est bien la classe ouvrière. Or, aujourd’hui, celle-ci est éclatée, en déclin numérique, et en voie d’intégration à la société (on parle parfois d’embourgeoisement de la classe ouvrière). Raymond Boudon (né en 1934), chef de file de l’individualisme méthodologique en France, préfère ainsi la notion de strate à celle de classe sociale. De même, pour Henri Mendras (1927 - 2003), il faut réfuter la vision marxiste de la lutte des classes qui suppose des conflits d’intérêt et une conscience du rôle historique de la classe ouvrière qui ne correspond plus à la réalité contemporaine. Henri Mendras tente de représenter la structure sociale actuelle grâce à une « toupie » [3] qui permet de mieux visualiser les groupes sociaux contemporains qui se regroupent en « constellations » plus ou moins cohérentes : - l’élite - la constellation centrale - les indépendants - la constellation populaire - les pauvres. [1] Pour cette partie comme pour le reste de cet article, la présentation est élémentaire puisqu’elle est reprise en terminale dans l’article Dynamique de la stratification sociale. [2] L’habitus est un concept central dans les analyses de Pierre Bourdieu : de manière élémentaire, l’habitus c’est un conditionnement, un ensemble d’habitudes qui structurent les comportements à partir de l’origine et de l’histoire sociale des individus. Mais la notion est plus complexe dans la présentation de Bourdieu pour lequel l’individu (être social), agit parce qu’il est agi, sans le savoir, par un système d’habitus, c’est-à-dire un système de dispositions à agir, percevoir, sentir et penser d’une certaine façon, intériorisées et incorporées par les individus au cours de leur histoire. Cet habitus se manifeste par le « sens pratique », c’est-à-dire l’aptitude à se mouvoir, à agir et à s’orienter selon la position occupée dans l’espace social et selon la logique propre au champ et à la situation dans lesquels on est impliqué. Tout cela se fait sans recours à la réflexion consciente, grâce aux dispositions acquises fonctionnant comme des automatismes. [3] Voir l’article Dynamique de la stratification sociale dans le cours de terminale uploads/Finance/ matrice-bourdieu.pdf
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- Publié le Jui 15, 2021
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