© Nathan 2011, Histoire 1re coll. Sébastien Cote 5 • Croissance, mondialisation
© Nathan 2011, Histoire 1re coll. Sébastien Cote 5 • Croissance, mondialisation et mutations des sociétés ❯MANUEL PAGES 16-79 PARTIE 1 Voici un extrait des programmes 2010 : « Le professeur peut articuler les thèmes et les ques- tions dans un ordre différent de celui de leur présentation, à l’exclusion du thème 1 qui ouvre obligatoirement la mise en œuvre du programme. » Avec ce thème – Croissance économique, mondialisation et mutations des sociétés depuis le milieu du XIXe siècle (9-10 heures) –, et comme pour les précédents programmes, c’est donc l’his- toire économique et sociale qui ouvre l’année de première. Mais l’angle a changé : le programme n’est plus centré uniquement sur les pays à fort niveau de développement (Europe occidentale, Japon, États-Unis), il englobe désormais toutes les régions du monde. En outre, une approche dans le long terme est privilégiée (de 1850 à nos jours) même si cela ne devra pas nous conduire à négliger la chronologie et les grandes phases de l’histoire économique. Autre nouveauté et autre intérêt du programme : la mondialisation cesse d’être un thème abordé uniquement en géographie, il prend une épaisseur historique, son étude nous conduisant à remonter au XIXe siècle. Enfi n, l’immigration cesse d’être abordée à la marge, elle occupe fort légitimement une place plus conséquente dans le nouveau programme (voir chapitre 2). Les deux questions composant ce thème consti- tueront les deux premiers chapitres du manuel : – question 1/chapitre 1 : Croissance et mondia- lisation – question 2/chapitre 2 : Mutations des sociétés L’articulation entre les deux implique un change- ment d’échelle, puisque le chapitre 2 est centré sur la France. Problématique : dans quelle mesure les muta- tions économiques et la mondialisation ont-elles modifi é la géographie des puissances à l’échelle planétaire et transformé les populations actives ? Doc. 1. Des ouvriers au travail dans l’usine de construction de matériel électrique de la société Alsthom à Belfort en 1932 Cette photographie de François Kollar illustre le thème de l’industrialisation, qui fut entre le milieu du XIXe siècle et la fi n du XXe siècle le moteur des économies en développement. L’homme est quelque peu écrasé par la machine, il semble même avalé dans ses rouages, à l’instar d’un Chaplin dans Les Temps modernes (1936). L’étude de la croissance économique implique une réfl exion sur le travail et ses modifi cations. Doc. 2. Le port de Singapour, 2004 Plus habituelle dans un manuel de géographie, cette photographie illustre un autre thème majeur du programme d’histoire, la mondialisation. Si le phénomène remonte au XIXe siècle, il s’accé- lère aujourd’hui. Les ports (au premier plan) et les métropoles (à l’arrière-plan) sont les centres d’impulsion de la mondialisation, et l’Asie est au cœur de ce processus. Doc. 3. Ancienne usine textile abandonnée, France Étudier la croissance économique et la mondiali- sation nous conduit à exercer notre esprit critique : quels sont – en particulier pour les pays dévelop- pés comme la France – les implications sociales, culturelles, politiques et même environnementales d’un siècle et demi de capitalisme ? En outre, comment poursuivre le développement et assurer la croissance dans des économies tertiarisées ? • 6 © Nathan 2011, Histoire 1re coll. Sébastien Cote Croissance et mondialisation depuis 1850 ❯MANUEL PAGES 18-49 CHAPITRE 1 RAPPEL DU PROGRAMME – La croissance économique et ses différentes phases depuis 1850 – Les économies-monde successives (britan- nique, américaine, multipolaire) ◗Objectifs et problématique du chapitre Si le programme indique clairement qu’il faut commencer l’année par ce thème, c’est bien que ses auteurs considèrent que l’histoire économique et sociale constitue une trame générale indispen- sable à la compréhension de la période 1850-2011. Mais plus qu’une toile de fond, l’histoire écono- mique et sociale est évidemment riche de ques- tionnements propres. Le chapitre 1 « Croissance et mondialisation » présente une double originalité par rapport aux programmes passés. D’une part, il inscrit la ques- tion de la croissance dans le temps long et se défait du poids – historiographique et pédagogique – de l’approche par la révolution industrielle ; d’autre part, le programme n’est plus centré uniquement sur les pays à fort niveau de développement (Europe occidentale, Japon, États-Unis) mais englobe toutes les régions du monde. C’est là l’une des diffi cultés majeures – et tout l’intérêt également – de ce premier chapitre : proposer une approche globale, dans le long terme. Économie-monde et mondialisation La mise en œuvre du programme invite par ailleurs à mobiliser le concept d’économie-monde, qu’il ne faut pas confondre avec celui de mondialisation. « Économie-monde » est un concept forgé dans les années 1970 par Fernand Braudel et Immanuel Wallerstein (ce dernier évoque aussi un système- monde). Pour Braudel, le concept désigne « un morceau de la planète économiquement autonome, capable pour l’essentiel de se suffi re à lui-même et auquel ses liaisons et ses échanges intérieurs confèrent une certaine unité organique » (p. 12 de Civilisation matérielle, économie et capitalisme, t. 3 Le temps du monde, Armand Colin, 1979). Il s’agit en somme d’un vaste espace formant un ensemble économique cohérent parcouru par de multiples fl ux. La Phénicie antique, l’univers hellénistique, le monde musulman à son apogée, le monde chinois ou le monde indien déployant son commerce jusqu’aux côtes orientales de l’Afrique, et bien sûr l’économie-monde britan- nique au XIXe siècle sont autant d’exemples d’éco- nomies-monde. C’est dans le dictionnaire Robert 1953 qu’ap- paraît pour la première fois dans la langue fran- çaise le mot « mondialisation », pour évoquer la « mondialisation de l’industrie » en cours. Il s’agit d’une traduction du terme anglais globa- lization. Dans les années 1980-1990, le mot se diffuse dans la langue française, il se rapporte au fait de devenir mondial, de se répandre. Le terme se rapporte en priorité à l’économie, avec la mise en place du libre-échange généralisé sur un marché mondial et dérégulé. Mais le phénomène désigne aussi l’explosion des formes de communication, et simultanément un accroissement de la vitesse de transmission des informations, sur des espaces considérables. Il revêt donc également une dimen- sion culturelle, les idées circulant grâce à la révo- lution des communications. Bref, mondialisation et économie-monde sont deux concepts quelque peu différents. On passe d’une économie-monde à la mondialisation lorsque le « morceau » de la planète évoqué par Braudel devient la planète en somme. Les objectifs de ce chapitre sont d’offrir aux élèves une vision d’ensemble d’un siècle et demi de crois- sance et d’essor du phénomène de mondialisa- tion, tout en questionnant la notion de puissance autour de trois grands moments : le temps de la puissance britannique, celui de la puissance améri- caine, l’avènement enfi n d’un monde multipo- laire. Il faut préférer l’expression « mondialisation multipolaire » à « économie-monde multipolaire » © Nathan 2011, Histoire 1re coll. Sébastien Cote 7 • Chapitre 1 – Croissance et mondialisation depuis 1850 qui n’a guère de sens au regard des défi nitions proposées plus haut. La problématique de ce chapitre est donc de montrer dans quelle mesure la croissance écono- mique et la mondialisation ont modifi é les écono- mies et renouvelé la géographie des puissances à l’échelle planétaire. Entre le milieu du XIXe siècle et nos jours, le monde a connu une croissance économique d’une ampleur sans précédent, qui n’a été cependant ni régulière dans le temps ni homogène dans l’es- pace. Les économies et les sociétés ont été boule- versées et l’élévation du niveau de vie des popu- lations a été spectaculaire. Les métamorphoses du travail, l’accélération de la mondialisation, les rivalités entre les nations ou les écarts de dévelop- pement ont accompagné cette croissance. ◗Bibliographie – Jean-Charles Asselain, Histoire économique : de la révolution industrielle à la Première Guerre mondiale, Paris, Dalloz, « Amphithéâtre », 1991 (1985). – Jean-Charles Asselain, Histoire économique du XXe siècle, Paris, Dalloz, « Amphithéâtre », 1995, 2 vol. [I : La Montée de l’État, 1914-1939 ; II : La Réouverture des économies nationales, 1939 aux années 1980]. – R. Bénichi (dir.), Les mutations de l’économie mondiale du début du XXe siècle aux années 1970, Nathan, 2007. – R. Bénichi, Histoire de la mondialisation, Vuibert, 2003. – Jean-François Eck, La France dans la nouvelle économie mondiale, Paris, PUF, « Major », 2006 (1994). – P. Gentelle (dir.), Géopolitique du monde contemporain, Nathan, 2008. – E. J. Hobsbawm, L’Âge des Extrêmes. Histoire du court XXe siècle, André Versaille éditeur, 2008. – N. Sougy, P. Verley, La première industrialisa- tion (1750-1880), La Documentation photogra- phique n° 8061, 2008. – P. Verley, La Révolution industrielle, Paris, Gallimard, « Folio Histoire », 1997. – P. Verley, L’échelle du monde. Essai sur l’in- dustrialisation de l’Occident, Gallimard, 1997. OUVERTURE ❯MANUEL PAGES 18-19 Ces deux iconographies illustrent deux évolutions majeures de la période étudiée : on passe d’une croissance qui est portée par l’industrialisation (doc. 1) à une croissance portée par les échanges de capitaux et de services (doc. 2), d’économies industrielles à des économies tertiarisées. Doc. 1. Détroit (États-Unis), ville industrielle Le détail de la fresque de Diego Rivera met en scène les travailleurs de l’industrie uploads/Finance/ nathanhistoire-1-er-2011-corrigesmanuelslycee.pdf
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- Publié le Mai 28, 2022
- Catégorie Business / Finance
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