20 une histoire qui ne manque pas de sel ! Epave de la Soufa au large d’Eilat.
20 une histoire qui ne manque pas de sel ! Epave de la Soufa au large d’Eilat. (Peinture d’Andrei Loubianov) Arrivée d’une des « vedettes de Cherbourg » dans le port d’Haïfa. (1) Destroyer ex. britannique de la classe Z, anciennement HMS Zealous. Commandé le 12 février 1942 aux chantiers Cammell Laird et lancé le 28 février 1944 pour la Royal Navy. Vendu à Israël le 15 juillet 1955. Longueur 80,1m, largeur 10,9m. Déplacement 1710 tonneaux. Propulsion : 2 turbines développant 40 000 cv. Vitesse maximale 37 nœuds. 186 hommes d’équipage. Armement : 4 canons de 11,4 cm, 5 canons Bofors de 4 cm, 8 tubes lance-torpilles de 53,3 cm. Jean-Louis Maurette Le 21 octobre 1967, le destroyer israélien Eilat (1) effectue une classique opération de surveillance au large de Port Saïd. Cet ex. bâtiment britannique, bien que fl euron de la petite marine israélienne, est d’une conception ancienne et dispose d’un système d’armes datant de la Seconde Guerre mondiale. Si ses opérateurs radar peuvent détecter les deux vedettes égyptiennes venant à la rencontre de leur navire, il leur est impossible, vu la vétusté de leur matériel, de se rendre compte rapidement que quatre missiles SS-N-2 Styx viennent d’être tirés et foncent sur l’Eilat, rasant les fl ots à 900 km/h. Quelques minutes plus tard, trois des missiles percutent le vieux navire qui explose et coule en quelques minutes. Sur un équipage de 190 hommes, 47 sont tués et 41 sont blessés. 21 L’entrée brutale du missile mer-mer dans le confl it israélo-arabe vient soudainement transformer toutes les conceptions de la guerre navale moderne alors en cours et cette salve de Styx déclenche une véritable révolution dans la stratégie navale. Le coup est particulièrement dur pour l’Etat Hébreu déjà cerné de tous côtés sur terre et qui prend conscience cruellement de sa dramatique infériorité sur mer. Les stratèges israéliens savaient déjà que la livraison par les Soviétiques de nombreuses vedettes lance-missiles modernes des classes Ossa et Komar aux marines égyptienne et syrienne avait créé un déséquilibre et que le maintien d’une marine traditionnelle, obsolète, n’était plus valable. Il ressortait de leur raisonnement qu’il était nécessaire de mettre sur pied une force navale dotée de navires de plus petite taille, suffi sante pour un théâtre d’opérations limité, et dotés de caractéristiques techniques répondant à la nouvelle stratégie basée sur l’utilisation de missiles. Des contacts avaient été pris en 1963 avec l’Allemagne du chancelier Adenauer pour commander une série de petits patrouilleurs rapides au célèbre chantier Lürssen à Brême. Bonn avait accueilli favorablement cette demande mais des fuites dans la presse avaient obligé le gouvernement allemand à faire marche arrière et stopper le programme. La commission d’achat israélienne s’était tournée alors vers son plus fi dèle allié du moment : la France. Retour en mai 1965, deux ans avant le drame de l’Eilat, année où l’état Hébreu vient d’obtenir du gouvernement français un accord pour l’achat de ces vedettes. Le choix s’est porté sur un chantier cherbourgeois réputé, les Constructions Mécaniques de Normandie (CMN), connu également sous la dénomination de « Chantiers Amiot », du nom de son fondateur Félix Amiot. Un premier contrat est signé le 26 juillet 1965 et un second le 14 mars 1966, portant tous deux sur la fabrication et la vente de 12 vedettes lance-missiles, autant que les tribus des fi ls de Jacob dans la Genèse. Les CMN ont obtenu par ailleurs de Lürssen la licence de fabrication des vedettes prévues initialement pour être fabriquées à Brême. Les Israéliens ont également un cahier des charges bien précis. Ils veulent des bateaux particulièrement rapides et manœuvrants. Il faut donc repenser en partie les plans en fonction de nouvelles options. Ainsi les tôles de la coque voient leur épaisseur passer de 7 mm à 4 mm ! Parallèlement les Israéliens, par soucis d’indépendance vis-à-vis de fournisseurs étrangers, développent leurs propres missiles mer-mer nommé « Gabriel ». Allant jusqu’au bout de leur réfl exion, ils étudient également les différents moyens de contrer les missiles adverses, principalement soviétiques. Un système embarqué d’auto-défense ultra moderne de construction nationale est retenu. On y trouve des possibilités de détection d’ondes radar en cas d’illumination par un bateau ennemi ou le radar de guidage d’un missile, des contre-mesures électroniques pour brouiller ces radars, et des lanceurs pyrotechniques de Chaffs ( fi laments métalliques) destinés à créer de faux échos dans le but de détourner les missiles de leurs cibles dans la phase fi nale et compliquer aussi la tâche des radaristes ennemis. Le 11 avril 1967 est lancée la première vedette, baptisée Lancement d’un missile Gabriel. Vedette (patrouilleur) classe Saar 4. Vedette dite « de Cherbourg » classe « Mivtach ». 28 La Mivtach, ex-«Vedette de Cherbourg». Le kiosque du sous-marin INS Dakar. Notre intérêt pour ce sujet original des vedettes de Cherbourg est né un peu par hasard lors d’une rencontre avec la délégation israélienne présente au salon de la plongée de Paris en 2007. A cette occasion nous avions fait la connaissance de Serge Fitoussi, Course Director PADI, directeur du centre U-Dive à Eilat, personnalité incontournable de la plongée israélienne. Notre présence était destinée à évoquer un projet original : réaliser une expédition de plongée franco-israélienne destinée à aller à la rencontre d’épaves contemporaines historiquement remarquables reposant dans les eaux israéliennes, le sujet principal retenu étant le sous-marin italien Scirè (dénommé Shira au pays de Sion) reposant en Méditerranée au large d’Haïfa, coulé le 10 août 1942 à la suite d’un violent accrochage avec le HMS Islay et une batterie côtière britannique ! Un bon projet qui retenait immédiatement l’intérêt de Serge qui nous suggérait d’ajouter au Scirè au moins deux autres épaves dignes du plus grand intérêt et à priori remarquablement bien adaptées à ce projet d’expédition franco israélienne. Il s’agissait de deux vedettes lance-missiles : la Kidon, reposant non loin de Naharia, et la Soufa, située à Eilat en mer Rouge, appartenant à la série des fameuses vedettes de Cherbourg. Cette nouvelle constituait une véritable révélation, une information proprement incroyable ! Si « l’affaire des vedettes de Cherbourg » avait enfl ammé les médias du monde entier fi n 1969 et créé une crise diplomatique sans précédent entre la France et l’état hébreu, presque quatre décennies plus tard la diplomatie avait tourné la page d’autant plus que côté français à l’époque des faits, seules quelques personnalités politiques au plus haut niveau de l’état, avaient crié au scandale, le peuple étant lui plutôt amusé de voir ses dirigeants bernés et ce à une période durant laquelle Israël possédait dans l’hexagone un fort capital sympathie. Nous prenions immédiatement conscience qu’il s’agissait là du sujet idéal pour cette expédition franco- israélienne, un véritable pont historique entre les deux pays. Avec enthousiasme Serge prenait l’affaire en main avec l’aide de son épouse Claire, elle-même instructrice de plongée. Avec eux pas de discours inutile mais une effi cacité rare, preuve d’un véritable professionnalisme qui allait nous être démontré pendant toute la durée de notre séjour et dans un premier temps lors de sa préparation ! Après un tour d’horizon des disponibilités de tous, il ressort que la France sera représentée par «l’Expédition Scyllias» avec Jacques Le Lay comme cameraman, son épouse Claudie, éclairagiste, et Jean-Louis Maurette, photographe. Pour l’état hébreu nous trouverons Serge et Claire Fitoussi. De notre côté et comme toujours lorsqu’un sujet est retenu, nous commençons par recueillir un minimum d’informations destiné à en dresser un état le plus précis possible. Cette méthode permet de prendre connaissance des conditions de plongée que nous allons rencontrer et très souvent d’avoir une idée générale de l’aspect d’une épave quand elle est connue, ce qui nous aide à focaliser dès la première plongée notre attention sur les points nous intéressant en priorité. D’une manière générale les renseignements historiques et techniques, même succincts, nous apportent nombres d’indications et d’indices qui servent à défi nir les éléments les plus marquants que nous risquons de trouver sur l’épave et permettent de nous assurer de la justesse des informations déjà en notre possession et par là même d’avoir quelques certitudes quant à son identifi cation. Après quelques recherches rapides auprès de différentes sources, il apparaît que la Kidon appartient à la classe Saar 4 et n’a rien à voir avec une ancienne vedette des CMN alors que plusieurs plongeurs et sites web israéliens la donnent pour faire partie de cette série. Il s’agit-là d’une petite déconvenue démontrant si besoin est qu’il ne faut jamais avoir 29 une confi ance absolue dans des sources non vérifi ées. Le doute est néanmoins permis et sera levé quand nous découvrirons l’épave. Mais nous apprenons aussi lors de ces recherches que gît dans la zone de Naharia, la Miznag qui, elle, fait bien partie des fameux navires construits aux chantiers Amiot ! Enfi n, aucun doute à avoir concernant la Soufa, le bateau amiral de la fl ottille fantôme de Noël 1969, superbe sujet par excellence, d’autant plus qu’avec Serge et Claire nous en avons eu une description précise et... alléchante. Point de recherche uploads/Finance/ navires-amp-histoire-78-preview.pdf
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- Publié le Fev 02, 2021
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