Cahier du « Monde » No 22663 daté Jeudi 23 novembre 2017 - Ne peut être vendu s

Cahier du « Monde » No 22663 daté Jeudi 23 novembre 2017 - Ne peut être vendu séparément Oser inventer son chemin « Le Monde » organise la deuxième édition d’O21 pour aider les 16-25 ans à choisir une orientation adaptée à la société de demain U ne lycéenne qui culmi- nait à 4/20 en maths de- venue programmeuse chez Microsoft. Une élève de l’éducation prio- ritaire dont les parents pensaient que « Sciences Po, ce n’est pas pour des gens comme nous », aujourd’hui diplômée de Sciences Po. Une ingénieure de Centrale Lille ayant finalement réalisé son rêve d’ado : devenir pâtissière. Un trader spécialisé en optimisation fiscale reconverti en professeur d’économie. De tels parcours, qui prouvent que l’orientation n’est pas une science exacte, vous en découvrirez des dizaines, comme l’an passé, en assistant aux conférences O21/s’orienter au XXIe siècle que Le Monde organise à Nancy (1er et 2 décembre 2017), Lille (19 et 20 jan- vier 2018), Nantes (16 et 17 février 2018), Bordeaux (2 et 3 mars 2018) et Paris (17 et 18 mars 2018). Ils illustrent les nouvelles dynamiques à l’œuvre en matière d’orientation et la né- cessité de prendre en compte, en plus des critères scolaires, des évolutions propres au XXIe siècle. L’impact de la mutation nu- mérique, qui bouleverse tous les métiers et appelle l’acquisition de méthodes et vocabulaires communs entre disciplines jusqu’alors étanches. L’urgence du défi environnemental, qui invite à lier destins individuels et collectifs. L’émergence d’enjeux éthiques inédits, qui traversent tous les secteurs, du droit à la médecine, de l’informatique au journalisme. Pour aider les 16-25 ans, leurs familles et les enseignants à se formuler les bon- nes questions, O21 a interrogé plus de quarante acteurs et experts du monde qui vient : chefs d’entreprises innovan- tes (James Dyson, Frédéric Mazzella, Xavier Niel [actionnaire à titre personnel du Monde]…), start-upers (Ben Rattray, de Change.org ; Pierre Dubuc, d’Open- ClassRooms…), enseignants-chercheurs innovants (Ken Robinson, François Tad- dei, Pierre Dillenbourg…) et spécialistes en sciences humaines (Boris Cyrulnik, Cécile Van de Velde, Pascal Picq…). Leurs analyses et conseils seront diffu- sés, en vidéo, au cours de six conférences durant desquelles dialogueront avec le public des responsables d’établisse- ments, d’universités et de grandes éco- les, des entrepreneurs, des chefs d’entre- prises, des jeunes diplômés, etc. Choisir : alors que la mutation numéri- que bouleverse des dizaines de métiers, quelle voie choisir ? Comment trouver une orientation qui me corresponde ? Anticiper : dans un monde qui se trans- forme à toute vitesse, quels métiers vont recruter demain ? Quelles nouvelles compétences faut-il acquérir ? Se former : quelles formations prépa- rent au monde qui vient ? Faut-il plutôt apprendre à apprendre ou devenir spé- cialiste ? Quelles initiatives sont à suivre dans le monde ? Créer : face à l’automatisation annon- cée de nombreux métiers, la créativité devient une compétence cardinale. Peut-on apprendre à être créatif ? Et doit-on tous le devenir ? Oser : à l’époque actuelle, reste-t-il des orientations « sûres » ? D’entrepreneur à free-lance, jusqu’où prendre des risques ? Se réaliser : privilégier les métiers qui donnent du sens, est-ce une utopie ? Comment se réaliser dans le monde du travail tout en gagnant sa vie ? Entre les conférences, des ateliers d’aide à la connaissance de soi sont pro- posés, et les professionnels du ministère de l’éducation nationale, partenaire d’O21, sont présents pour aider les jeunes à décoder l’offre de formation postbac. Les inscriptions sont ouvertes ! p laure belot et emmanuel davidenkoff L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, UNE RIVALE ? Les métiers de demain devraient être davantage transformés que remplacés par des robots. Quel en sera l’impact sur l’orientation des lycéens ? PAGE 2 « CHOISIR ET RECHOISIR » Les jeunes doivent prendre le temps de trouver leur voie, quitte à se tromper. Entretien avec la sociologue Cécile Van de Velde. PAGES 4- 5 L’AVENTURE DES TIERS-LIEUX Espaces de coworking, fab labs, maker spaces…, ces espaces de travail collaboratifs et conviviaux encouragent l’esprit entrepreneurial. PAGE 11 ILLUSTRATIONS : MATHILDE AUBIER Onze associations partenaires accompagnent O21 et contribuent à la richesse des débats : APM, Article 1, Ashoka, Enactus, Femmes ingénieures, France Digitale, Initiative France, l’Institut de l’engagement, Les entre- tiens de l’excellence, Pépite France et Ticket for Change. Ils l’ont dit à O21 Faut-il craindre l’intelligence artificielle ? A l’avenir, les métiers devraient être davantage transformés que remplacés par les machines D ans les choix d’orientation, une question ne saurait être éludée : les fonctions aux- quelles on se destine ris- quent-elles d’être dans cinq ou dix ans assumées par des algorithmes ? Dit autrement, cela vaut-il encore le coup d’investir cinq années d’une vie pour maîtriser une discipline qui sera mieux exercée par un robot, peut-être moins cher, moins sujet aux sautes d’humeur, plus assidu et presque infaillible, capable de travailler nuit et jour en temps réel, sans exiger de coûteuses compensations ? La question est si urgente que la ministre du travail, Muriel Pénicaud, a com- mandé un exercice d’anticipation à France Stratégie pour identifier les risques que l’intel- ligence artificielle (IA) fait courir à l’emploi. Car il s’agit bien de remplacer l’homme non seulement dans sa capacité à reconnaître et à analyser des données, mais aussi à évaluer une situation. « Il s’agit de l’intelligence artificielle forte, résume Salomé Benhamou, de France Stratégie, par laquelle la machine peut appren- dre par elle-même au fur et à mesure des nou- velles données qu’elle analyse, par le deep lear- ning. » Par cette technique, l’algorithme qui pilote le robot peut générer des hypothèses et pousser des recommandations personnalisées et circonstanciées. Ainsi l’apprentissage artifi- ciel vise-t-il les démarches cognitives. Des ca- pacités telles que le chirurgien-urologue Lau- rent Alexandre (chroniqueur au supplément « Science & médecine ») prédit que « quasiment aucune activité humaine ne résistera à l’IA ». Dans tous les secteurs, les très grandes orga- nisations investissent massivement dans des systèmes automatisés pour réduire leurs coûts, accélérer les flux, modifier la prise de dé- cisions pour personnaliser leur offre à partir des données des clients. C’est vrai chez tous les gros opérateurs de services, des banques à la grande distribution, en passant par les assu- rances, les opérateurs télécoms, les énergéti- ciens, les logisticiens et les acteurs de l’e-com- merce, comme les services de réservation de train, d’avion ou d’hôtel. Ceux-là même qui, au XXe siècle, étaient les plus gros employeurs de diplômés du supé- rieur. « Cette fois, ce sont toutes les tâches qui étaient assumées par des cols blancs qui se voient menacées, car la machine est plus forte que l’homme dans sa capacité à digérer des informations », reconnaît Mouloud Dey, spé- cialiste des transformations numériques chez l’éditeur de solutions SAS. Or, explique Olivier Ezratty dans un document publié en ligne en octobre et intitulé « Les usages de l’intelligence artificielle », « les secteurs d’activité qui exploi- tent le plus l’intelligence artificielle sont ceux qui génèrent le plus de données ». C’est très net dans la banque où, depuis cinq ans, les chatbots gèrent une partie des rela- tions avec les clients de la banque de détail, y compris pour le conseil en patrimoine sur des produits financiers standards. Comme dans l’assurance, la connaissance du client a basculé dans la machine, qui propose des investisse- ments adaptés à chacun. Dans les salles de marché, les automates de trading remplacent de plus en plus les traders, en raison de leur capacité d’arbitrage à la nanoseconde, et ce sur les places du monde entier. Même les analystes financiers commencent à être remplacés par les algorithmes. Et désor- mais, ce sont les « fonctions support » des ban- ques qui touchent au contrôle, à l’analyse des risques, au marketing des produits financiers, mais aussi à la rédaction des contrats comme au reporting, à la détection des fraudes comme à l’optimisation fiscale, qui sont en passe d’être adossées à, voire assumées par des systèmes intelligents. Les opérations de commerce inter- national et de clearing sont peu à peu gérées par la technologie Blockchain, qui assure tou- tes les opérations… C’est dire si l’impact sur l’emploi dans les banques et assurances s’an- nonce massif, même si à ce jour personne n’a osé l’évaluer pour ne pas alarmer les syndicats. Partout, les fonctions marketing, tirées par le marketing numérique, sont en train d’être trai- tées par l’IA, qui profile mieux que personne les clients, suit leurs parcours on et off line, leurs humeurs sur les réseaux sociaux, analyse leurs besoins et définit les segments de mar- ché selon des logiques nouvelles qui, s’ap- puyant sur du machine learning, permettent de faire du microciblage comme des recom- mandations de produits. Même le recrute- ment a ses systèmes experts qui, pour « mat- cher » offres d’emplois et candidats, scrutent les profils d’individus sur LinkedIn et autres réseaux sociaux, analysent les CV et lettres de motivation, gèrent parfois même les entre- tiens par vidéo, en faisant analyser par la machine les visages et personnalités. Pour autant, le taux de remplacement des emplois existants est difficile uploads/Finance/ o-er-inventer-son-chemin-et-rechoisir 1 .pdf

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  • Publié le Mar 12, 2021
  • Catégorie Business / Finance
  • Langue French
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