POINTS CLÉS : La pensée classique en économie peut se caractériser, de manière

POINTS CLÉS : La pensée classique en économie peut se caractériser, de manière « anachronique », comme articulant une « microéconomie » classique (théorie des prix : valeur travail, prix de production, gravitation ; théorie de la répartition : relation inverse entre salaires et profits) et une « macroéconomie »classique (loi de Say et neutralité de la monnaie), fondant une vision du capitalisme (un ordre économique naturel, qui articule une activité de production et une activité d’échange, où l’individu appartient par conséquent de deux manières à la société : comme marchand et comme titulaire de revenu) et une doctrine (libéralisme et libre- échangisme). 1. LES HOMMES ET LEUR CONTEXTE a) Le contexte économique : la Révolution industrielle Le contexte économique de la science classique est celui de la première révolution industrielle, que connut l’Angleterre au cours du XVIII siècle et qui culmina au milieu du siècle suivant. Il s’agit d’une mutation essentielle de l’histoire : une élévation considérable du volume de la production industrielle (dans la métallurgie et le textile notamment) et du rythme de sa croissance, fondée sur un mouvement de concentration et de mécanisation du processus de travail et sur la généralisation de l’usage d’une source d’énergie, la vapeur (et l’utilisation du charbon). La Révolution industrielle conduit à passer définitivement d’un capitalisme commercial et marchand d’essence et de logique mercantiliste à un capitalisme industriel libéré des entraves réglementaires et plaçant en son cœur le rapport salarial entre une bourgeoisie devenue industrielle et une main-d’œuvre salariée rendue disponible par la révolution agricole (enclosures) et que les progrès agricoles autorisent à nourrir. b) Les principaux auteurs classiques On peut citer, parmi les principaux auteurs classiques : (1723-1790), dont la Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776) est considéré comme l’ouvrage fondateur tout à la fois de la théorie classique, de la science économique et du libéralisme économique moderne. (1767-1832) est le représentant français de l’école classique. Reprenant pour l’essentiel les thèses de Smith, il demeure célèbre pour avoir, le premier, dans son Traité d’économie politique (1803), mis en avant la fameuse « loi des débouchés » qui deviendra la « loi de Say ». Il est également caractéristique par son refus de la théorie de la valeur travail et son adhésion à une forme de la théorie de la valeur utilité. (1772-1823) est le « grand classique », celui qui, dans ses Principes de l’économie politique et de l’impôt (1817), complète l’œuvre de Smith d’une analyse approfondie des conditions de la répartition et de la croissance économique, approfondit la réflexion monétaire et établit définitivement la théorie classique comme le paradigme dominant de la science économique. Keynes dira à son propos, marquant ainsi l’influence considérable, à la fois intellectuelle et politique, que Ricardo a eue sur l’économie politique au XIX siècle, que « Ricardo conquis ’Angleterre aussi complètement que la Sainte Inquisition avait conquis l’Espagne ». (1766-1834), connu pour son Essai sur les principes de population (1795), avant qu’il devienne le principal contradicteur de son ami David Ricardo qui l’incite à publier ses conceptions générales des mécanismes économiques dans des Principes d’économie politique (1820). (1806-1873) est souvent considéré comme le dernier des grands auteurs classiques. Dans son Traité d’économie politique (1848), il amorce déjà un début de critique vis-à-vis de la théorie classique, développant ses idées sur les droits sociaux et les libertés des travailleurs. LA THÉORIE CLASSIQUE : UNE RECHERCHE SUR LA NATURE DE LA RICHESSE DES NATIONS a) Dichotomie et neutralité monétaire Une richesse réelle : comme les physiocrates, les classiques s’opposent aux mercantilistes quant à la nature de la richesse. Pour eux, contemporains de la Révolution industrielle, la richesse est évidemment réelle, constituée de ce que Smith appelle «Les choses nécessaires à la vie ». Une monnaie moyen d’échange : en corollaire, la monnaie n’est pas une richesse et ne peut donc constituer la « finalité » de l’activité économique. Elle est simplement un moyen de circulation de richesses réelles, un moyen de faciliter des échanges. Une monnaie « neutre » : ainsi, la monnaie est de « l’huile dans les rouages » de l’économie d’échange (l’expression est de) et ne change en rien son fonctionnement réel, qui lui préexiste : ainsi s’exprime la neutralité de la monnaie. La monnaie ne fait que donner une « apparence » monétaire aux transactions et aux valeurs : elle n’est qu’un voile qui recouvre la réalité des phénomènes économiques. Il sera de la responsabilité de l’économiste de lever ce voile (qui, recouvrant le « réel », ne peut-être « qu’artifice ») pour comprendre l’économie « réelle ». Les mercantilistes ont été trompés et ont pris l’apparence (monétaire) pour la réalité des choses. Il y a au final une dichotomie entre économie réelle (la seule qui importe véritablement dans le devenir des sociétés) et secteur monétaire (qui jette un voile sur cette réalité). C’est ce qu’exprime la fameuse théorie quantitative de la monnaie, « Découverte » par Jean Bodin, formalisée à la fin du XIXe et au début du XXe siècles, et qui exprime que la monnaie (sa « quantité » en l’occurrence) n’a d’impact que sur le niveau général des prix (l’apparence nominale) et non sur le niveau de l’activité économique (la réalité). b) Le problème de la valeur Une fois la monnaie écartée de l’analyse, puisqu’elle est un « voile » qu’il convient de lever pour comprendre la réalité des phénomènes économiques, une fois donc aux prises avec l’explication du fonctionnement de ce que serait une économie de troc généralisé (économie d’échange non monétisée), un premier problème apparaît : la double coïncidence des besoins. Il convient d’imaginer comment vont se constituer des « coalitions » d’échangistes qui pourront mutuellement parvenir à réaliser leurs plans de transactions. Pour l’essentiel cela revient à prendre en compte l’existence, en l’absence de moyen d’échange, de coûts de transaction (lesquels pourraient se révéler rédhibitoires, soulignant en creux la nécessité de l’introduction d’un moyen d’échange). Mais un autre problème, à bien des égards plus difficile à résoudre, est celui de la valeur. Une fois la monnaie – moyen d’échange écarté de l’analyse –, une fois donc aux prises avec la description d’une économie réelle (non monétisée) d’échanges, il faut aussi rendre compte de la manière dont les coéchangistes vont tomber d’accord sur les rapports d’échange entre les différents biens, de la manière dont ils s’accorderont sur les valeurs relatives des différents biens dans l’échange. En effet, écarter la monnaie pour décrire une économie « réelle », c’est aussi écarter une modalité privilégiée (et évidente) d’expression des valeurs et de mesure des prix. Le problème est alors le suivant : comment deux biens différents (du vin et des draps, par exemple) vont-ils pouvoir s’échanger ? Dès lors que ces deux biens sont différents, comment le producteur de vin et le producteur de draps vont-ils pouvoir se mettre d’accord sur un prix (du vin en drap) ? Sur quoi vont se fonder les valeurs de ces biens dans l’échange ? L’idée est alors a priori la suivante : vin et drap sont deux biens aux qualités différentes (c’est d’ailleurs pourquoi l’échange est proposé !), mais ils doivent avoir quelque chose en commun qui puisse se mesurer (qui aurait donc une dimension quantitative) et qui les rend comparables. C’est ce « quelque chose en commun dont l’intensité relative se mesure » qu’il convient donc de mettre en évidence. 2. LA MESURE DE LA RICHESSE : LA THÉORIE DE LA VALEUR TRAVAIL a) Valeur d’usage et valeur d’échange : le paradoxe de la valeur Comme Aristote déjà l’avait noté, les biens qui s’échangent sont en fait dotés de deux valeurs : une valeur d’échange (leur valeur dans l’échange qui va déterminer leur capacité à s’échanger, c’est-à-dire à permettre d’acquérir d’autres biens) et une valeur d’usage (on s’intéresse alors à la valeur des biens lorsqu’on en use, c’est-à-dire pour celui qui les possède et en fait usage : on parlerait aujourd’hui d’utilité). Une première idée pourrait être alors de relier ces deux types de valeur et de fonder la capacité des biens à s’échanger (leurs valeurs d’échange respectives) sur leurs valeurs d’usage, c’est-à-dire leur utilité. Smith et la plupart des classiques à sa suite (notamment Ricardo) rejettent cette idée au nom du « paradoxe de l’eau et du diamant » : l’eau, qui a une très forte valeur d’usage (elle est un bien extrêmement utile), a une très faible valeur d’échange (« à peine est-il possible de n’avoir rien en échange » dira Smith). Le diamant au contraire est doté d’une valeur d’échange élevée, sans rapport avec sa valeur d’usage qui est faible. Ce contre-exemple suffit aux yeux des auteurs classiques à rejeter l’explication de la valeur d’échange par la valeur d’usage. Tout au plus le fait qu’un bien ait une certaine valeur d’usage est une condition nécessaire pour qu’il ait une valeur d’échange (un bien inutile ne s’échange pas et, donc, à une valeur nulle dans l’échange), mais cette valeur d’échange n’est alors pas en proportion de cette valeur d’usage : il faut chercher uploads/Finance/ partie-3-eco.pdf

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  • Publié le Apv 28, 2021
  • Catégorie Business / Finance
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