RAPPORT AU GOUVERNEMENT La nouvelle grammaire du succès La transformation numér
RAPPORT AU GOUVERNEMENT La nouvelle grammaire du succès La transformation numérique de l'économie française Philippe Lemoine NOVEMBRE 2014 CRÉDITS ILLUSTRATIONS > Florent Courtaigne Hadrien Peltier CONCEPTION GRAPHIQUE > Isabelle Jovanovic MAQUETTE > Isabelle Jovanovic et Stéphanie Pré NOVEMBRE 2014 La nouvelle grammaire du succès La transformation numérique de l'économie française TOME 1 La nouvelle grammaire du succès Synthèse et propositions 6 TOME 2 La transformation numérique de l’économie française Rapport 38 TOME 3 Pour un agenda numérique triennal Portefeuille de projets 154 TOME 4 Annexes 278 Remerciements 283 Lettres de mission 285 Organisation de la mission 289 Liste des auditions conduites pour la mission 291 Ateliers de co-construction et listes des participants 300 Soirées débat de société 309 Petits déjeuners débats sur des thèmes transversaux à caractères économique, technologique ou managérial 311 Enquête réalisée pendant la mission 316 Bibliographie 320 Plan détaillé 323 SOMMAIRE GÉNÉRAL 6 La nouvelle grammaire du succès TOME 1 SYNTHÈSE ET PROPOSITIONS Le numérique peut être une chance pour la France. La transformation numérique est la chance que la France doit saisir. 9 10 11 Partout dans le monde, la transformation numérique représente une nouvelle étape de la profonde réorganisation économique et sociale engagée depuis plusieurs décennies sous l’efet des technologies d’information. De 1936, année où Alan Turing publie l’article « On Computable Numbers » et énonce le concept de machine universelle, jusqu’en 1960, il s’écoule presque un quart de siècle durant lequel l’ordinateur est inventé et trouve un marché. De 1960, date de la sortie de la série de gros ordinateurs IBM 360, jusqu’en 1984, lancement du Macintosh par Apple, de nouveau un quart de siècle marqué par la difusion de l’informatique de gestion. De 1984 à la crise économique et fnancière de 2008, encore près de 25 ans caractérisés par l’informatisation de la société, le déploiement d’internet, la bulle de la nouvelle économie. Depuis 2008, nous sommes dans une nouvelle phase désignée par un nouveau mot : le numérique. À chaque étape, on a parlé de révolution. Mais avec le numérique, la transforma- tion s’accélère et se radicalise. Trois changements s’efectuent simultanément : La course technologique n’est plus tirée par les entreprises ou les grandes organi- sations. Ce sont les personnes qui font la course en tête. Le salon mondial de l’innovation IT n’est plus un salon d’entreprise : c’est le Consumer Electronic Show de Las Vegas. Le terme même « numérique », tout comme son équivalent anglais « digital », provient de l’électronique grand public. Son usage se généralise après 2008, année de la commercialisation de l’iPhone par Apple. Les personnes se sont mas- sivement équipées, elles font un usage incessant des nouveaux outils, elles inventent à vive allure de nouvelles manières de s’informer, de consommer, de s’associer, de se rencontrer, de vivre. Les impacts deviennent réellement transversaux, avec des changements qui concernent aussi bien l’industrie que les services, le bâtiment ou l’agriculture que l’accès à la connaissance, l’expression culturelle ou la santé. Selon le MIT, 47% des emplois américains vont disparaître ou être profondément transformés par le numé- rique. Appliquant une méthodologie similaire à l’Europe, le think-tank Bruegel estime à 54% l’impact sur les emplois européens. Avec le numérique, de nouveaux emplois apparaissent et, plus profondément, la notion même d’emploi se transforme. On peut aujourd’hui être tour à tour entrepreneur, salarié, expert indépendant, étudiant, etc. Mieux : on peut occuper simultanément plusieurs de ces statuts. L’incidence de la technologie sur l’économie se diversife et se complexife. En plus de la structuration et de la croissance d’une flière numérique de plus en plus puissante, il faut tenir compte d’au moins huit efets. Comme dans l’époque anté- rieure d’informatisation, il y a d’abord tous les effets d’automatisation avec accroissement corrélatif de la productivité des facteurs : productivité du travail ; du capital fxe et circulant ; de l’énergie et des matières premières. Mais à cela s’ajoutent les effets de dématérialisation : substitution d’internet aux réseaux physiques d’agences, de guichets et de magasins ; déformation de la traditionnelle courbe des coûts décroissants en fonction de la longueur des séries, en une courbe de produc- tion en équerre avec un fort investissement sur l’innovation et le prototypage et des coûts de reproduction quasi-nuls ; baisse des coûts de transaction et remise en cause du périmètre des frmes. Il faut enfn tenir compte des efets d’intermédiation/ désintermédiation sur les business-models, avec le rôle nouveau joué par les per- sonnes – à la fois producteurs et consommateurs – et avec l’enjeu de la donnée et la ressource qu’elle représente pour l’optimisation et la réinvention des métiers existants ainsi que pour la structuration d’écosystèmes innovants. 12 TOME 1 SYNTHÈSE ET PROPOSITIONS La nouvelle grammaire du succès 2008, ce n’est pas seulement l’année où débute l’équipement des ménages en smart- phones et en tablette. C’est aussi l’année de la faillite de Lehman Brothers et de la crise d’un certain régime de création de valeur. Ce n’est sans doute pas qu’une coïncidence. À la croissance quantitative d’hier pilotée dans l’optique de création de valeur pour l’actionnaire se substitue une croissance-transformation, à la recherche de modèles de valeur partagée. En ne prenant pas en compte ce faisceau de transformations structurelles, on risquerait de passer à côté de l’essentiel. Un programme de recherche mené par le MIT et Capgemini Consulting a montré que les entreprises qui ont su saisir les opportunités de la transfor- mation numérique ont une proftabilité supérieure de 26% par rapport à la moyenne. Sur le plan macro-économique, certains analystes soulignent le fort impact que peut avoir le numérique sur la croissance : tout récemment, une étude de Roland Berger, soutenue par Cap Digital et par Google, faisait ainsi apparaître qu’un usage plus poussé du numé- rique pourrait doubler le taux de croissance des entreprises françaises. Dans une étude menée avec le Medef, McKinsey évalue à 100 milliards d’euros par an à l’horizon 2020 l’enjeu de croissance supplémentaire si la France s’alignait sur les performances des pays les plus avancés, soit un bond de 5% du P .I.B. Mais, à l’inverse, un économiste comme Robert Gordon afrme que la révolution numérique n’a pas la même puissance que les révolutions industrielles du xixe et du xxe siècle et que les économies développées sont condamnées à revenir à des taux de croissance tendanciels de 0,2% par an. Mais que mesure-t-on derrière ce pronostic ? Les seuls efets de productivité du travail : combien de temps de travail humain est requis pour produire une unité de plus, d’une production homogène. Tout change, dès lors qu’il faut tenir compte d’une multitude d’efets qui se combinent entre eux, dans un contexte où le travail est moins une question de main d’œuvre que de cerveau d’œuvre et où non seulement les produits et les services se renouvellent rapidement, mais aussi où se transforment les relations entre les personnes et les institutions, avec un fort déplacement de la valeur que les uns et les autres accordent aux biens et aux situations. Dans tous les pays du monde, l’enjeu est de maîtriser cette croissance-transformation. Mais pour la France, il y a vraiment là une chance à saisir. La transformation numérique peut être une occasion de nous rassembler et de faire converger nos volontés et nos énergies. Depuis trop longtemps, nous ne savons plus conjuguer un principe de réalité et un principe d’utopie et de désir. Pour nous mobiliser sur les enjeux incontournables de la compétitivité économique et de la réduction de la dépense publique, nous nous croyons condamnés à utiliser un vocabulaire et des images mentales qui viennent d’un autre temps. Nous limitons parfois le débat à des questions de compétitivité manufacturière dont nous sentons bien qu’elles n’embrassent pas tout l’horizon mais nous craignons de retomber dans nos vieux démons. Nous savons tous que nous sommes dans une phase de véritable mutation et, pourtant, nous avons peur d’investir. Hauts responsables, dirigeants économiques, leaders syndicaux, les « réalistes » s’accrochent aux branches : en ouvrant nos raisonnements aux enjeux de conditions de travail, de qualité de vie, de diversité et de mixité, d’accès à la culture, de bonheur au quotidien, ne risquerait-on pas de se bercer à nouveau d’illusions et de croire que tout est permis ? Le numérique obéit pourtant à une grammaire bien précise. Se donner cet horizon, c’est élargir le champ mais ce n’est pas échapper aux règles. Il y a des règles du jeu très strictes et nous devons impérativement nous y plier. Aussi est-ce là le premier message : la France doit s’adapter. Elle doit s’adapter à la compétition du xxie siècle, pas à celle du siècle dernier. Cela ne signife en rien que notre destin serait tout tracé et que notre avenir numérique serait écrit sans nous. Il y a place pour les choix, pour les valeurs, pour les diférences, 13 pour les spécifcités : bref, il y a place pour le Politique. Mais, on l’a dit, le numérique est une grammaire : c’est la grammaire de l’efcacité de notre temps. C’est comme la stratégie et la tactique. La politique doit s’emparer du uploads/Finance/ rapport-philippe-lemoine-la-nouvelle-grammaire-du-succes-la-tranformation-de-l-x27-economie-francaise.pdf
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- Publié le Sep 18, 2021
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