Secteur Privé Développement La revue de Proparco Sommaire La récente montée en
Secteur Privé Développement La revue de Proparco Sommaire La récente montée en puissance des marchés financiers africains Cyrille Nkontchou, Enko Capital Page 3 L’actionnariat populaire en Afrique, un outil tant politique que financier Laurent Demey, Proparco Page 6 La cotation en Afrique : avantages et inconvénients Mahmud Janmohamed, Serena Hotels Africa Page 9 Données clés Les marchés financiers en chiffres Page 12 La cotation multiple en Afrique : l’expérience réussie d’Ecobank Arnold Ekpe, Ecobank Page 14 Quels sont les déterminants du développement des marchés financiers d’Afrique subsaharienne ? Scott Standley, Fonds monétaire international Page 17 Comment les bailleurs de fonds peuvent-ils soutenir le secteur financier en Afrique ? Thierry Tanoh, Société financière internationale Page 21 Développement de la finance et croissance économique : banques versus marchés financiers ? Thorsten Beck, Université de Tilburg Page 24 Les marchés financiers en Afrique : véritable outil de développement ? Numéro 5 Mars 2010 Malgré leurs limites, les marchés financiers contribuent-ils réellement au financement du secteur privé ? Que peuvent-ils apporter aux entreprises et aux particuliers ? Comment les gouvernements et les bailleurs de fonds peuvent-ils améliorer leur fonctionnment ? Ce numéro propose de confronter les opinions d’experts sur ces questions. La revue de Proparco Secteur Privé Développement Numero 5 - Mars 2010 - Les marchés financiers en Afrique : véritable outil de développement ? 2 Édito Par Luc Rigouzzo, directeur général de Proparco Les marchés financiers africains ont connu, depuis le début des années 1990, une croissance spectaculaire ; alors une douzaine, ils sont maintenant 23 et couvrent l’ensemble du continent. La capitalisation boursière a été multipliée par neuf, et plus de 2000 entreprises sont maintenant cotées. Depuis quelques années, les introductions en bourse se sont multipliées, permettant à certaines banques ou à des entreprises de lever des capitaux considérables – ce qui démontre, à n’en pas douter, la profondeur de l’épargne locale et l’intérêt des investisseurs nationaux pour les places boursières. Près de 4 milliards de dollars ont ainsi été levés localement sur la seule bourse de Lagos, au Nigéria, dans les années 2000. Grâce aux programmes de privatisation, des centaines de milliers d’africains sont devenus actionnaires des grandes entreprises de leurs pays. La taille de ces marchés, pourtant, reste faible – tant à l’échelle mondiale qu’à celle des économies africaines. La liquidité est souvent inexistante, rebutant des investisseurs étrangers encore trop peu présents sur ces places boursières. Les entreprises hésitent à entrer en bourse, et ne parviennent que rarement à se financer par le biais d’emprunts obligataires. Ce cinquième numéro de la revue Secteur privé et développement dresse un panorama complet des évolutions (récentes et à venir) des marchés financiers africains. Il s’agit aussi d’évoquer leur utilité et leurs effets sur les économies africaines et de s’interroger : n’est-il pas encore trop tôt, dans le «parcours développemental» du continent, pour investir dans la création de marchés financiers ? Qu’apportent réellement les places boursières aux entreprises qui font le choix de la cotation ? Les marchés financiers en Afrique : véritable outil de développement ? Quel est l’ancrage populaire de ces marchés ? Et comment s’articulent-ils avec les marchés bancaires – eux-mêmes embryonnaires dans de nombreux pays ? Fidèle à sa ligne éditoriale, la revue Secteur privé et développement fait de nouveau le choix d’une confrontation d’idées entre chercheurs, acteurs du développement et opérateurs privés, investisseurs ou entreprises cotées. Je souhaite remercier l’ensemble des auteurs pour l’originalité et la diversité de leurs points de vue, et pour avoir su dépasser la vision souvent trop simpliste que l’on a des réalités africaines. Un tel sujet, pourtant, aurait pu être entièrement brouillé par les positionnements idéologiques et les débats récents sur la crise ; ce ne fut pas le cas. Les auteurs nous disent à quel point les marchés financiers sont devenus importants pour l’Afrique, à quel point l’outil boursier – avec ses limites et ses faiblesses – est désormais une réalité locale. Proparco a fait le choix, depuis 15 ans, de soutenir avec d’autres bailleurs de fonds le développement des marchés financiers africains. Ce choix est devenu un axe majeur de notre stratégie. Il est important d’évaluer l’impact et la pertinence de ces interventions ; ce numéro de Secteur privé et développement y contribue sans aucun doute. Les articles que vous lirez, je l’espère avec plaisir et intérêt, renforcent notre volonté de poursuivre notre action en faveur de ces marchés – tout en ayant conscience, bien entendu, qu’ils ne sont qu’un élément parmi l’ensemble des infrastructures physiques et financières nécessaires au développement du continent. • La revue de Proparco Secteur Privé Développement Numero 5 - Mars 2010 - Les marchés financiers en Afrique : véritable outil de développement ? 3 Les marchés financiers en Afrique : véritable outil de développement ? Enko Capital Management est une société de gestion d’actifs tournée vers l’Afrique, présente à Londres et à Johannesburg. La société gère un fonds à capital variable qui investit dans des sociétés cotées, et un fonds fermé qui investit dans des sociétés à forte croissance souhaitant être cotées sur une des places boursières du continent. L’auteur analyse les récentes évolutions des marchés financiers africains tout en relevant leur rôle croissant dans l’apport de capitaux au secteur privé. La récente montée en puissance des marchés financiers africains Les marchés financiers jouent un rôle de plus en plus important dans le financement du secteur privé africain. Leur récente montée en puissance est indéniable – malgré le coup d’arrêt porté par la crise de 2008 : flux de capitaux multipliés par six en 10 ans, ouverture de places boursières, introduction en bourse de sociétés publiques et privées, etc. Pour poursuivre le développement de ces marchés, il est essentiel de libérer l’épargne africaine – retenue captive par des actifs de faible rendement et par l’absence d’offre de qualité – et de savoir mieux capter les flux d’investissement de portefeuille. Par Cyrille Nkontchou, fondateur et directeur associé, Enko Capital Management LLP L es flux de capitaux privés en Afrique sub- saharienne ont été multipliés par six au cours de la première décennie du XXIe siècle. L’investissement direct a été dominé par de grandes multinationales étrangères, se dirigeant en priorité dans l’exploitation des ressources du continent. Plus récemment, les marchés financiers africains sont devenus une source majeure de fi- nancement. De 2007 à 2009, en effet, 10 milliards de dollars de capital ont été levés sur les places boursières africaines ; bon nombre de nouveaux émetteurs – comme le Gabon et le Ghana – ont émis avec succès des obligations souveraines sur le marché international. Les marchés financiers jouent donc un rôle de plus en plus important dans l’apport de capitaux au sec- teur privé subsaharien – et plus particulièrement dans les secteurs des services financiers et des té- lécommunications. Ils jouent également un rôle crucial pour l’épargne locale – en proposant des op- portunités d’investissement alternatives – comme en atteste l’exemple du Nigéria, où l’épargne locale a été drainée par les marchés financiers et a per- mis d’assurer en grande partie la recapitalisation du secteur bancaire. Cependant, en dépit de ces récents succès, le manque de données précises entrave le développement des marchés financiers africains, empêchant les gouvernements et les ins- titutions de développement de mettre en œuvre les politiques qui seraient les plus adéquates. Montée en puissance des marchés financiers Au début des années 1990, il y avait une douzaine de places boursières en Afrique. Actuellement, il en existe plus de 23 – dont deux bourses régio- nales. Plus des deux tiers des pays africains sont couverts par une bourse locale ou régionale. Avec moins de 2000 entreprises cotées sur les marchés africains1, le nombre de sociétés ayant financé leur croissance grâce aux marchés finan- ciers reste relativement réduit. Cependant, au cours des trois dernières années, de plus en plus d’entreprises africaines ont été cotées en bourse. Entre 2007 et 2009, plus de 10 milliards de dollars de capital ont été levés sur 18 places boursières, essentiellement grâce à l’admission en bourse de 170 nouvelles entreprises. La capitalisation bour- sière des 10 plus grands marchés est passée de 222 milliards de dollars à plus de 700 milliards de dollars entre 2002 et 2008 – soit un taux de crois- sance annuel moyen (TCAM) de 18 %. Au Nigéria, la recapitalisation du secteur bancaire entre 2005 et 2008 a attiré plus de quatre milliards de dollars d’investissements nouveaux, provenant essen- tiellement d’investisseurs locaux. La bonne per- formance boursière des sociétés nouvellement in- troduites sur le marché a attiré un nombre encore plus important d’investisseurs dans des sociétés prévoyant une cotation. Plus de huit milliards de dollars ont été levés pour le seul Nigéria, entre 2007 et 2009, dans de tels investissements2. L’intérêt croissant des investisseurs pour l’acquisi- tion d’actions de sociétés de services publics – telles que KenGen (énergie) et Safaricom (télécommu- nications) au Kenya – et de banques – Zanaco en Zambie, par exemple – a permis à des États afri- cains de réaliser des gains en se défaisant avec suc- cès de participations importantes dans ces uploads/Finance/ spd5-fr.pdf
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- Publié le Nov 01, 2022
- Catégorie Business / Finance
- Langue French
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