1 La pratique de la fraude comptable dans les PME camerounaises : cas de MULTI-
1 La pratique de la fraude comptable dans les PME camerounaises : cas de MULTI- SARL Dr. Tachouola Vincent Chargé de Cours, Université Catholique d’Afrique Centrale-Cameroun E.mail : pharas20@yahoo.fr Résumé La fraude comptable dans les entreprises est une préoccupation mondiale. Elle s'opère de plusieurs manières, soit au profit des dirigeants (fraude patronale) soit au profit des employés (fraude salariale). La présente recherche à pour objectif de décrire comment la fraude comptable se manifeste dans les entreprises camerounaises. Nous avons retenus pour cela le cas de la société MULTI-SARL qui est une PME basée à Douala Cameroun. Une mission d'audit de fraude menée dans cette entreprise à permis, à travers une recherche-d'intervention de découvrir et de comprendre les techniques de fraude utilisé par le comptable de cette entreprise. Les résultats montrent globalement que la fraude comptable dans les entreprises ne se manifeste pas seulement à travers les schémas d'écriture comptable, mais aussi à travers la manipulation des documents extra-comptable. Mots clés : fraude comptable, PME, écriture comptable, technique de fraude. The practice of accounting fraud in Cameroonian companies: Case of MULTI-SARL. Abstract Accounting fraud in business is a global concern. It operates in several ways, either for the benefit of management (employer fraud) or for the benefit of employees (wage fraud). This research aims at describing how accounting fraud is manifested in Cameroonian companies. The company MULTI-SARL which is a SME based in Douala Cameroon has been chosen as case study. A fraud audit mission conducted in this company allowed, through a research- intervention to discover and understand the fraud techniques used by the accountant of the company. The results show globally that accounting fraud in companies is not only manifested through accounting bookkeeping schemes, but also through the manipulation of extra- accounting documents. Key words: accounting fraud, SMEs, accounting entry, fraud technique. 2 Introduction La fraude en entreprise a fait l’objet de nombreuses réflexions dans la littérature de gestion. Une revue historique permet de constater qu’on doit à Donald Cressy la paternité du concept de la fraude. Ce fléau a pris ces dernières années une ampleur mondiale avec certaines affaires désormais symptomatiques telles que Parmalat et Société générale1 (en Europe), Enron et worldcom (aux Etats-Unis) ou encore Satiam (en Asie). Une étude faite en 2018 par l’Association des Directeurs Financiers et Contrôleurs de Gestion (DFCG) et Euler Hermes en 20182 montre que 7 entreprises sur 10 ont été victimes d’au moins une tentative de fraude en 2017 (70%) et qu’une entreprise sur trois (33,33%) a subi au moins une fraude avérée en 2017. La même étude révèle que le risque financier engendré par la fraude est de 85%. Par ailleurs, 57% des entreprises interrogées n’ont pas mis en place des dispositifs dédiés pour la lutte contre la fraude. De même, quelques statistiques sont fournies par Merchant et Van Der Stede (2003) pour illustrer ce phénomène : une enquête réalisée par "U.S. organizations" a montré que 35 % des répondants ont accepté que la fraude est le problème majeur dans leurs entreprises ; une autre étude effectuée par "Association of Certified Fraud Examiners" a montré que les entreprises de moins de 100 employés victimes de la fraude ont perdu en moyenne 120 millions de dollars en un an. Ces fraudes ont entrainé des conséquences financières importantes, des révocations des directeurs généraux, des pertes d’emplois pour les salariés, des faillites diverses et des dépôts de bilan. De l’avis de certains auteurs, tous les secteurs sont concernés, mais le secteur de la grande distribution et le secteur financier arrivent en tête des victimes avec des taux respectifs de 60% et 50% (Zecri, 2008). Selon Mathon (2003), les fraudes peuvent être commises pour le bénéfice de l’organisation ou à son détriment tant par le personnel de l’organisation que par des personnes extérieures à celle-ci. Elle n’épargne aucun secteur économique, aucun type d’activité. La fraude commise peut être fiscale, sociale, matérielle, comptable et financière. D’après Rouff (2000), elle peut être commise au profit de l’entreprise (fraude patronale) ou au profit de l’individu (fraude salariale). Dans le cas de cette recherche, notre attention est portée sur la fraude comptable pratiquée par le personnel de la chaîne comptable au détriment de l’entreprise et au profit de son auteur (fraude salariale). Selon 1 Que s’est-il passé à la Société Générale ? Lefrancg (2009) essaie d’apporter quelques éléments de réponse à partir de son article. Tout a commencé le 24 janvier 2008 dans un contexte de marché financier difficile encore appelé « la crise des subprimes ». La société générale annonçait alors avoir été victime d’une fraude sans précédent. Certaines opérations non autorisées ont été dissimulées, ce qui a entrainé la notation à la baisse de la banque. Les pertes, poursuit Lefrancg (2009), étaient estimées à près de 5 milliards d’euros. Cette fraude est née des agissements d’un salarié qui maitrisait bien les procédures de la banque. 2 L’enquête a été réalisée en le mois de février et mars 2018 auprès de 302 entreprises. Pour plus de détails sur cette enquête, confère le site : https://www.eulerhermes.fr/actualites/etude-fraude-2018.html. 3 l’Institut Français de l’Audit et du Contrôle Interne (IFACI) (2010), la fraude comptable a un double impact, l’impact financier et l’atteinte à l’image de l’entreprise. Sur le plan financier, la fraude comptable entraine les faits suivants : perte financière directe, perte des clients, chute du cours de l’action, dépôt du bilan. Toutes ces activités ont une conséquence directe sur l’image de l’entreprise qui est dégradée. Le fraudeur comptable selon Black (2005) est un « prédateur financier » qui inflige des pertes financières et déclenchent des faillites d’entreprises. Ainsi, comment se déroule la fraude comptable en entreprise ? Comment est-ce que les comptables s’y prennent pour maquiller les comptes à leur profit sans que le directoire soit informé ? Pour répondre à ces questionnements, la première partie cette recherche présente d’abord les fondements théoriques de la fraude comptable. La deuxième partie ensuite expose la méthodologie utilisée. La troisième partie enfin présente les résultats obtenus. 1. Cadre théorique de la fraude comptable en entreprise De nombreux travaux ont été réalisés sur la fraude en général et la fraude comptable en en particulier. Il en découle que les différents types de fraudes ont une conséquence directe ou indirecte sur les comptes des entreprises. Les schémas de fraude répondent généralement à trois composantes que les chercheurs ont appelé « triangle de fraude » reposant sur une opportunité, une incitation et une rationalisation. 1.1. Essai de définition de la fraude en entreprise et catégorisation 1.1.1. La fraude, un concept diversement apprécié Le mot fraude vient du latin fraus-fraudis qui ne signifie pas fraude, mais fourberie, préjudice, piège et crime. Une revue de littérature sur la définition de la fraude permet de constater que le concept a plusieurs orientations. La difficulté se fait sentir non seulement lorsqu’on veut bien cerner le concept, mais aussi lorsqu’on cherche à remédier à ce fléau. D’après Cotton et al. (2016, p. v), la fraude est tout acte intentionnel ou toute omission intentionnelle ayant pour but de tromper autrui, et qui entraine une perte pour la victime et/ou un avantage pour le fraudeur. Rouff (2000, p. 26) définit la fraude comme « une tromperie délibérée commise en infraction à la loi ou aux règlements ; ou encore des irrégularités et actes illégaux commis avec l’intention de tromper en vue d’en tirer un avantage personnel ou au 4 profit d’une organisation ». Dans la même lancée, Mathon (2003) fait remarquer que la fraude est la fraude est une appellation qui est née dans le monde des affaires afin de stigmatiser tout procédé qui a pour but de tromper ou de camoufler la vérité. Au plan comptable poursuit l’auteur, la fraude désigne « un acte volontaire qui aboutit a des états financiers erronés, commis par une ou plusieurs personnes faisant partie de la direction, des employés, ou par les tiers » Mathon (2003, p.12). Comme le fait aussi remarquer Black (2005), la fraude est un vol par imposture : l’imposteur crée et exploite la confiance dans le but de dépouiller les autres. La fraude est un risque pour l’entreprise, en tant que tel, elle doit être prise en compte par les instances décisionnelles de l’entreprise ou bien par le directoire (direction générale et conseil d’administration). Power (2013) note pour plus de précision qu’il existe une différence entre la fraude elle-même et le risque de fraude. Le risque de fraude n’est qu’une probalibilité de frauder alors qua la fraude se constate. La fraude brise toute confiance. Dans ce cas moins de confiance signifie plus de risque et quand le risque augmente la valeur des actifs diminue. La fraude crée par ailleurs des « externalités négatives » (Black, 2005, p. 36) car elle frappe tous ceux qui n’ont pas participé à la transaction frauduleuse. Dans le jargon du contrôle interne et de l’audit, la fraude est encadrée. Selon la norme ISA 240, la fraude est un acte intentionnel commis par une ou plusieurs personnes parmi les membres de la direction, les responsables de la gouvernance, les employés uploads/Finance/ tachouola.pdf
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- Publié le Nov 09, 2022
- Catégorie Business / Finance
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