Le commerce international: Quelques théories et concepts de base José María Cab

Le commerce international: Quelques théories et concepts de base José María Caballero, Maria Grazia Quieti et Materne Maetz Division de l’assistance aux politiques, FAO, ONU, http://www.fao.org/3/X7352F/x7352f02.htm#TopOfPage Objectif Ce module introduit de manière simple quelques-uns des concepts théoriques et des arguments généralement utilisés dans les discussions ayant trait aux politiques du commerce extérieur. Les concepts et arguments qui y sont présentés concernent le commerce en général mais ils seront autant que possible étayés par des exemples provenant du secteur agricole de façon à mettre en valeur leur intérêt dans l’étude du commerce des produits agricoles. Points clés · La participation au commerce international est susceptible de procurer certains bénéfices car elle permet à un pays de tirer parti de ses avantages comparatifs, d’exploiter des économies d’échelle et de garantir le jeu de la concurrence, ce qui renforce la diversité des produits et, potentiellement, la stabilité des marchés. · Il est peu probable que les bénéfices résultants des échanges commerciaux se répartissent également entre pays ou en leur sein; c’est ce qui explique l’opposition aux politiques de libre-échange. · Les décisions de politique portent rarement sur l’acceptation ou le refus absolu de participer au commerce international mais plutôt sur l’instauration de barrières commerciales. Les arguments en faveur du protectionnisme reposent sur des fondements aussi bien économiques qu’extra économiques, y compris sur la question de la sécurité alimentaire. En règle générale, les mesures commerciales ne constituent ni les moyens les plus directs, ni les moyens les plus efficaces pour atteindre ces objectifs. · La libéralisation du commerce extérieur peut s’inscrire dans un cadre régional ou multilatéral. Les dispositions commerciales régionales sont de plus en plus fréquentes même si la place qui y est accordée à l’agriculture est souvent problématique. · L’ordre du jour des négociations sur le commerce reflète de plus en plus souvent les nouvelles préoccupations des groupes de consommateurs et d’ONG des pays de l’OCDE, et de moins en moins les préoccupations classiques du déclin des termes de l’échange et de l’échange inégal exprimées par les pays en développement. 2.1 Les bénéfices économiques résultant de la participation au commerce international Pourquoi les pays s’engagent-ils dans les échanges commerciaux? En quoi les échanges commerciaux sont-ils avantageux? Qu’est-ce qui pousse les individus et les entreprises à s’y engager volontairement? Pourquoi les Etats le favorisent-ils? Et pour quelles raisons les économistes le défendent-ils? Comme vu dans le module I.1 Les principales tendances du commerce international et du commerce des produits agricoles, la tendance à long terme des flux commerciaux internationaux de la plupart des produits n’a cessé de croître au cours des deux derniers siècles et a fait l’objet d’une spectaculaire accélération depuis la Deuxième Guerre mondiale. Celle-ci ne résulte cependant pas seulement de la formidable amélioration des divers moyens de transport et de communication mais aussi de ce qu’on peut retirer des bénéfices des échanges commerciaux. Les économistes ont avancé un grand nombre d’arguments en faveur du commerce international des produits. Certains sont manifestes et relèvent du bon sens tandis que d’autres sont moins évidents à saisir. Ces arguments peuvent être regroupés en trois grandes catégories en fonction des critères sur lesquels ils reposent; à savoir: (i) l’augmentation induite par le commerce du montant total de biens et de services disponibles pour la population du pays (thèse de l’accroissement de la consommation); (ii) la diversité de biens et de services auxquels la population peut accéder grâce au commerce (thèse de la diversification); et (iii) la stabilité de l’offre et des prix des biens et services qui résulte du commerce (thèse de la stabilité). Ces diverses thèses vont être analysées ci-après. 2.1.1 Commerce et croissance - la thèse de l’accroissement de la consommation La théorie des avantages comparatifs Une des raisons qui fait que le commerce international peut augmenter le volume des biens et services disponibles dans un pays donné et à un moment donné est que celui-ci permet d’acheter des biens et services dans les lieux où leurs coûts de production sont comparativement moindre. Les ressources locales qui, en l’absence de commerce, étaient employées à la production de certains biens sont dès lors libérées ce qui permet que d’autres biens soient produits en une proportion plus importante. Si les Etats-Unis sont capables de produire à la fois des puces électroniques et du sucre mais qu’ils sont bien meilleurs dans la fabrication des puces électroniques que dans la production du sucre et que le Brésil est capable de produire à la fois des puces électroniques et du sucre mais qu’il est bien meilleur dans la production de sucre, chacun de ces pays aura alors intérêt à échanger ces deux produits. Le montant total des ressources nécessaires pour produire la quantité totale de sucre et de puces consommée par les Etats-Unis et le Brésil sera alors moindre dans chacun de ces pays si le Brésil se spécialise dans la production de sucre et les Etats-Unis dans celle de puces et que les deux font commerce de ces produits. Les bénéfices tirés des échanges commerciaux Ce bénéfice combiné sera partagé entre les Etats-Unis et le Brésil et la façon dont il sera effectivement réparti dépendra du rapport entre le cours mondial des puces électroniques et celui du sucre - c’est ce que les économistes appellent les termes de l’échange au niveau international. En l’absence de commerce international, chaque pays a son propre rapport d’échange intérieur entre chacun de ces produits. Ce rapport vaudra, par exemple, 50 kg de sucre aux Etats-Unis pour une puce électronique standard et 100 kg de sucre au Brésil. On remarquera que ces deux rapports d’échange témoignent de la meilleure efficacité relative qu’il y a à produire du sucre au Brésil et des puces aux Etats-Unis. Les termes de l’échange se situeront dès lors dans l’intervalle compris entre le rapport d’échange des Etats-Unis et celui du Brésil car si ce n’était pas le cas, l’un au moins des deux pays ne serait pas intéressé aux échanges. En outre, le commerce favorisera d’autant plus un pays que les termes de l’échange seront différents de son propre ratio intérieur1. La théorie des avantages comparatifs et ses corollaires 1 Dans notre exemple, une puce électronique s’échange contre 90 kg de sucre, le gain résultant de la participation au commerce international va plutôt aux Etats-Unis qu’au Brésil. En vendant une puce électronique au Brésil, les Etats-Unis obtiennent 90 kg de sucre, c’est-à-dire 40 kg de plus (80 pour cent de plus) que s’ils l’avaient produit eux-mêmes. En vendant 90 kg de sucre aux Etats-Unis, le Brésil obtient une puce électronique, c’est-à-dire 0,1 puce de plus (11,1% de plus) 1que s’ils l’avaient produite chez eux. L’exemple ci-dessus reprend le schéma classique de la théorie des coûts comparés du commerce international; théorie également connue sous le nom de théorie des avantages comparatifs et formulée par David Ricardo au début du XIXe siècle. Il est fort utile de la présenter en détail car elle constitue l’explication la plus solide des économistes sur les bénéfices résultant de la participation au commerce international. Plusieurs éléments méritent l’attention et seront donc soulignés dans ce qui suit. Quelques restrictions à la théorie seront toutefois apportées dans l’encadré 2. Le gain résultant de la participation au commerce international résulte des différences de coûts d’opportunité · Premièrement, le gain découle de l’existence de différents rapports d’échange intérieurs entre les deux produits dans chacun des pays. Ces rapports résultent des différences dans les conditions de production propres aux deux produits dans les deux pays. Dans cet exemple, comparativement à ce qui leur est nécessaire pour fabriquer une puce électronique, les Etats-Unis utilisent ainsi proportionnellement plus de ressources pour produire un kilo de sucre que ce qu’utilise le Brésil. Cette proportion est deux fois plus élevée selon les hypothèses simplifiées qui ont été retenues. De façon plus générale, si des ressources sont rares et qu’elles peuvent être utilisées indifféremment à la fabrication de deux produits, A et B, la valeur de B à laquelle on renonce en utilisant une partie des ressources pour produire une unité de A correspond à ce que les économistes appellent le coût d’opportunité (de A exprimé en fonction de B). Dans notre exemple, le coût d’opportunité de la puce électronique (en fonction du sucre) est ainsi plus élevé aux Etats-Unis qu’au Brésil car, toujours selon les hypothèses retenues, il faut cesser de produire 100 kg de sucre au Brésil pour fabriquer une puce électronique contre seulement 50 kg aux Etats-Unis. Le gain résultant de la participation au commerce international provient donc de ce que les coûts d’opportunité du sucre et de la puce électronique sont différents aux Etats-Unis et au Brésil. Ce sont les avantages relatifs et non les avantages absolus qui constituent la clé du commerce international · Deuxièmement, le volume des ressources nécessaires à la production des deux biens pourra être plus élevé dans l’un des pays, le commerce restera pourtant avantageux pour les deux parties. Ainsi, pour continuer avec le même exemple, on peut supposer que les Etats-Unis dépenseront à la fois moins de ressources que le Brésil pour uploads/Finance/ texto-clase-1.pdf

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  • Publié le Aoû 10, 2022
  • Catégorie Business / Finance
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