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Tous droits réservés © HEC Montréal, 1980 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ Document généré le 25 juin 2020 18:21 L'Actualité économique La théorie marxiste du salaire The marxist theory of wage J. P. Daubigney et G. Meyer Volume 56, numéro 1, janvier–mars 1980 URI : https://id.erudit.org/iderudit/600889ar DOI : https://doi.org/10.7202/600889ar Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) HEC Montréal ISSN 0001-771X (imprimé) 1710-3991 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article Daubigney, J. P. & Meyer, G. (1980). La théorie marxiste du salaire. L'Actualité économique, 56 (1), 60–79. https://doi.org/10.7202/600889ar Résumé de l'article This article develops and discusses the foundations of the marxist wage-theory. According to this theory, the labor force is a commodity, so it has a use value and an exchange value. Exchange value becomes a price and the wage, on a market, becomes the labor market. A detailed examination of these statements leads to several critical remarks. The main one is that the theory cannot describe and explain the contents of the value of the labor force and is unable to understand how the exchange value of labor force is changing in a price: the wage. That is a fundamental critique from the marxist epistemologic point of view, which needs a radical reconstruction of the theory. LA THÉORIE MARXISTE DU SALAIRE La théorie marxiste du salaire se propose de rendre compte de la nature, de l'existence et du niveau du salaire. Son contenu se réduit de fait aux propositions que Marx a élaborées à cet égard. Si elles ont été après sa mort commentées et raffinées, elles n'ont en effet pas subi de transformations notables. Il suffit pour s'en per- suader de consulter les travaux qui s'efforcent de la présenter. Des déve- loppements sont en cours. Ils sont cependant trop limités, quant aux parties de la théorie qu'ils abordent, et trop partiels, quant aux résultats qu'ils fournissent, pour former un ensemble cohérent. 1. LES PROPOSITIONS DE MARX C'est dans Travail salarié et capital (1849), Salaire, prix et profit (1865) 1J ainsi que dans le livre I de Le capital (1867) 1 (chapitres VI, XIX, XX, XXI, XXII) que Marx développe le plus exhaustivement sa théorie du salaire. 1.1. Le salaire, prix d'une marchandise : la force de travail Le salaire est «... le nom particulier donné au prix de la force de travail appelé d'ordinaire prix du travail, il n'est que le nom domié au prix de cette marchandise particulière... » 2. Mais qu'est-ce donc que la force de travail ? En quoi et pourquoi est-elle une marchandise ? La force de travail3 désigne « l'ensemble des capacités physiques et intellectuelles qui existent dans le corps d'un homme, dans sa personnalité vivante, et qu'il doit mettre en mouvement pour produire des choses utiles » 4. 1. Ces dates sont celles de la première édition de ces textes. 2. Travail salarié et capital^ Editions sociales, Paris, 1975, p. 24. C'est à cette édition que renvoient les citations de cet ouvrage. 3. On développera plus loin les raisons pour lesquelles Marx a forgé le concept de force de travail. 4. Le Capital, L.I., T.L, Editions sociales, Paris, 1975, p. 170. C'est à cette édition que renverront toutes les citations de cette œuvre. LA THÉORIE MARXISTE DU SALAIRE 61 Si la force de travail est qualifiée de marchandise, c'est tout d'abord parce que ceux qui la vendent ne disposent pas de capital. Ainsi ils n'ont ni la possibilité de produire leurs propres moyens de subsistance, ni celle de produire et de vendre des biens ou services. Ils sont donc forcés de vendre la seule chose qu'ils soient en mesure de monnayer — leur force de travail — pour se procurer les ressources monétaires nécessaires à leur survie. Pour eux, une seule alternative : le salariat ou la mort. C'est ensuite parce que ceux qui l'achètent et qui disposent du capital néces- saire à la production/vente des biens et services ne peuvent assurer cette activité avec leur seule force de travail et qu'ils doivent se procurer celle d'autrui. Le travailleur salarié est une figure qu'il faut bien se garder d'uni- versaliser. Certes, cette figure domine la scène depuis près de deux siècles. Il ne faut pas oublier pour autant qu'elle s'est substituée à une forme dominante préexistante. Marx démontre que le travailleur libre, tout comme le mode de production capitaliste qui lui a donné naissance, est un produit historique, au même titre que la forme à laquelle il a suc- cédé ou que celle qui — un jour, peut-être — le remplacera. « Pourquoi ce travailleur libre se trouve-t-il dans la sphère de la circulation ? C'est là une question qui n'intéresse guère le possesseur d'argent, pour lequel le marché du travail n'est qu'un embranchement particulier du marché des marchandises ; et pour le moment elle ne nous intéresse pas davan- tage. Théoriquement, nous nous en tenons au fait, comme lui pratique- ment. Dans tous les cas, il y a une chose bien claire : la nature ne pro- duit pas d'un côté des possesseurs d'argent ou de marchandises et de l'autre des possesseurs de leurs propres forces de travail purement et simplement. Un tel rapport n'a aucun fondement naturel, et ce n'est pas non plus un rapport social commun à toutes les périodes de l'histoire. Il est évidemment le résultat d'un développement historique préliminaire, le produit d'un grand nombre de révolutions économiques, issu de la destruction de toute une série de vieilles formes de production sociale. » 5 Plus précisément, cette figure du travailleur libre renvoie à l'aube du capitalisme, à une rupture fondamentale, l'accumulation primitive, « l'étude de cette question nous conduirait à la recherche de ce que les économistes appellent l'accumulation antérieure ou primitive, mais qui devrait être appelée l'expropriation primitive. Nous trouverions que cette prétendue accumulation primitive ne signifie rien d'autre qu'une série de processus historiques aboutissant à une dissociation de l'unité primi- tive qui existait entre le travailleur et ses moyens de travail. (...) Une fois accomplie, la séparation entre le travailleur et ses moyens de travail va subsister et se poursuivre à une échelle toujours croissante jusqu'à ce 5. Le Capital, L. 1, T. 1, p. 172. 62 L'ACTUALITÉ ÉCONOMIQUE qu'une révolution nouvelle bouleversant de fond en comble le système de production vienne la renverser et restaurer l'unité primitive sous une forme historique nouvelle. » 6 1.2. La théorie marxiste du prix des marchandises Si le salaire est le prix d'une marchandise, ses déterminants peuvent être découverts en appliquant à la force de travail les principes de la théorie du prix des marchandises. Quels sont donc ces principes ? Une marchandise est un objet, un produit doublement caractérisé par une valeur d'usage et une valeur d'échange. Une marchandise répond d'abord à un besoin des hommes, et en cela elle est une «valeur d'usage» : « l'utilité d'une chose fait de cette chose une valeur d'usage » 7. Mais les marchandises sont aussi des biens qui s'échangent sur un marché, contre d'autres biens ou contre de la monnaie, équivalent général ; en cela, elles sont « valeur d'échange ». Pour être marchandise, un bien doit donc être valeur d'usage et valeur d'échange. Dans la suite de notre exposé, le terme « valeur » sera toujours utilisé dans le sens de « valeur d'échange ». La valeur d'une marchandise se définit et se mesure « ... par le quantum de substance « créatrice de valeur » contenue en lui8, du travail. La quantité de travail elle-même a pour mesure sa durée dans le temps, et le temps de travail possède de nouveau sa mesure dans les parties du temps telles que l'heure, le jour, etc. » 9. Il faut à ce point se garder d'une erreur d'interprétation : quand Marx parle de temps de travail, il ne s'agit pas du temps réel effective- ment dépensé dans un ouvrage donné par un ouvrier. Une telle concep- tion mènerait à un paradoxe : la valeur étant fonction du temps de travail, elle croîtrait avec la paresse et l'incapacité de l'ouvrier. Il s'agit en fait d'un temps de travail moyen ou temps socialement nécessaire. « Le temps socialement nécessaire à la production des marchandises est celui qu'exige tout travail exécuté avec le degré moyen d'habileté et et dans des conditions qui, par rapport au milieu social donné, sont nor- males. » 1 0 Ce temps de travail socialement nécessaire est éminemment variable dans le temps et dans l'espace. Pour la production d'une marchan- dise donnée le temps de travail socialement nécessaire ne sera pas le 6. Salaire, prix et profit, Editions sociales, Paris, 1976, p. 45. C'est à cette édition que renverront les citations de uploads/Finance/ the-marxist-theory-of-wage-la-theorie-marxiste-du-salaire 1 .pdf

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  • Publié le Jul 08, 2021
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