Du knowledge management ` a la soci´ et´ e de la connaissance Yvon Pesqueux To
Du knowledge management ` a la soci´ et´ e de la connaissance Yvon Pesqueux To cite this version: Yvon Pesqueux. Du knowledge management ` a la soci´ et´ e de la connaissance. 2006. <hal- 00509676> HAL Id: hal-00509676 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00509676 Submitted on 14 Aug 2010 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. 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Barney2) a mis en évidence qu’un brevet, une marque, une technologie, un système d’information ou un outil de production constituent autant de ressources ou de compétences pouvant conférer un avantage concurrentiel à l’entreprise qui la détient. Dans « l’économie de la connaissance », c’est la capacité de la firme à générer, diffuser, combiner et protéger des savoirs et des compétences qui lui confère un avantage concurrentiel durable et lui permet de créer de la valeur. Corollairement, la nature stratégique de la connaissance conduit les concurrents à chercher à se l’approprier pour capter une part de la rente de situation conférée par la détention de cette connaissance. Depuis une trentaine d’années, il est souvent mentionné que les économies occidentales traverseraient une période de transition d’une société industrielle à une société de la connaissance. Cette évolution se traduirait de diverses manières, notamment par le rôle de la recherche et de l’éducation dans la compétitivité des nations et par l’importance de l’innovation plus que de l’industrialisation dans l’avantage concurrentiel des entreprises (OCDE3). L’avènement de l’économie de la connaissance marque une reconfiguration du modèle économique des grandes entreprises. L’avantage concurrentiel n’est plus lié à la capacité productive qui, par l’importance du volume de production, optimisait des 1 E. Penrose , The Theory of the Growth of the Firm, Basil Blackwell, 1959. 2 J. B. Barney, « The Resource-Based Theory of the Firm », Organization Science, vol. 5, 1996, p. 469- 486. 3 OCDE, Governance in the 21st Century, 2000. 2 économies d’échelle pour améliorer leur compétitivité en terme de coût. Désormais l’avantage concurrentiel est lié à la capacité d’innovation. Dans l’économie de la connaissance, les grandes entreprises, qu’elles soient du secteur automobile, informatique ou pharmaceutique, externalisent les activités industrielles de production pour se focaliser sur les activités de recherche et développement afin de renforcer leur compétitivité grâce à leur capacité d’innovation. Le secteur des équipementiers en télécommunication illustre cette transition des déterminants de la compétitivité industrielle dans les économies occidentales. Dans les années quatre-vingt, l’avantage concurrentiel d’entreprises comme Alcatel, Ericsson, Lucent Technologies ou Nortel était notamment fondé sur leurs importantes capacités de production qui leur conféraient une compétitivité en termes de coût tout en constituant une barrière à l’entrée du secteur d’activité. Au début des années 2000, la nature de l’activité de ces entreprises a profondément changé. Face à la concurrence industrielle des pays à faibles coûts de main-d’œuvre (Chine, Inde, pays de l’Est, etc.), ces entreprises se sont délestées de leurs activités de production industrielle pour se concentrer sur des activités d’innovation. Ainsi, une entreprise comme Ericsson a vu la part de sa RetD passer de 12% de son chiffre d’affaire en 1997 à 20% en 2003, correspondant à un doublement du budget de RetD par salarié qui est passé de 30 454 euros en 1997 à 65 816 en 2003, le nombre de salariés diminuant corrélativement. De même, chez Alcatel le budget de RetD par salarié est passé de 15 348 euros en 1997 à 33 975 euros en 2003 (le budget RetD représentait 6% du chiffre d’affaires en 1997 et 13% en 2003). Ce doublement du budget RetD par salarié montre que, au-delà de la crise conjoncturelle que connaît le secteur des télécommunications au début des années 2000, un changement structurel s’opère dans la nature de l’activité des grandes entreprises occidentales qui évoluent d’un modèle centré sur la production industrielle à forte intensité en capital technique à un modèle centré sur la production de connaissances à forte intensité en ressources humaines scientifiques. C’est la nature de cette reconfiguration qui est au cœur des enjeux industriels de l’économie de la connaissance. Ce changement structurel est pris en compte par les Pouvoirs Publics dans leur politique industrielle de soutien à la compétitivité des entreprises tant au plan national qu’européen. Ainsi, en mars 2000, lors du sommet de Lisbonne, le Conseil Européen a fixé pour objectif de faire de l’Union Européenne « l’économie de la connaissance la plus dynamique et la plus compétitive du monde ». Puis, lors du sommet de Barcelone, il a affirmé que « si l’on veut réduire l’écart entre l’Union Européenne et ses principaux concurrents, l’effort global en matière de recherche et développement et 3 d’innovation dans l’Union Européenne doit être fortement stimulé, et l’accent doit être mis plus particulièrement sur les technologies d’avant-garde. En conséquence, le Conseil Européen considère que l’ensemble des dépenses en matière de RetD et d’innovation dans l’Union doit augmenter, pour approcher 3% du PIB d’ici 2010 ». Il est possible d’identifier la production de connaissance à travers les deux indicateurs que sont les dépenses de RetD et la formation (B. Guilhon et J.-L. Levet4, 2003, p. 5). Dans cette perspective, les modalités auxquelles les entreprises recourent pour améliorer leur compétitivité économique relèvent de l’augmentation des dépenses de RetD et du niveau de formation de la main-d’œuvre employée pour accroître le nombre de technologies et de produits nouveaux. Cependant, ramener l’économie de la connaissance aux activités liées à l’innovation technologique et à la RetD est une approche trop réductrice pour comprendre les réels enjeux politico-économiques d’une société de la connaissance. Il convient d’inclure les activités intellectuelles dont la finalité est d’utiliser un capital de connaissances et des capacités cognitives pour faire face à une problématique organisationnelle. Dans cette perspective, les connaissances managériales, juridiques, financières, publicitaires, etc. sont autant de connaissances dont les détenteurs peuvent être considérés comme des travailleurs du savoir qui produisent, diffusent et/ou commercialisent des connaissances. Les cabinets de conseils en management et en organisation, les sociétés de services informatiques, les cabinets d’avocats, les banques d’affaires ou les agences de publicité sont autant d’organisations qui peuvent alors être considérées comme étant « parties prenantes » d’une société de la connaissance. L’avènement de la société de la connaissance se mesure à l’accroissement de la population des travailleurs du savoir au sein des pays développés. Ainsi, en France selon les études de la DARES, alors que la population active stagne autour de 20 millions de personnes, le nombre de « Personnels d’études et de recherche » est passé de 100 000 en 1982 à 264 968 en 2002 (+ 62%), de même le nombre d’ « Informaticiens » a évolué sur la même période de 180 000 à 452 090 (+ 60%), les « Ingénieurs et cadres techniques de l’industrie » de 118 000 à 155 109 (+ 23%) , les « Formateurs, recruteurs » de 40 000 à 170 751 (+ 76%), les « Professionnels de la communication et de la documentation » de 80 000 à 166 877 (+ 52%), les « Cadres administratifs, comptables et financiers » de 215 000 à 458 790 (+ 53%), les « Cadres de la banque et des assurances » de 120 000 à 176 372 (+ 32%) et les « Professionnels du droit » de 28 000 à 52 887 (+ 47%). 4 B. Guilhon et J.-L. Levet, De l’intelligence économique à l’économie de la connaissance, Economica, Paris, 2003, p. 5. 4 Appréhender les enjeux sociétaux de la connaissance ne peut pas se limiter à une approche économique car des aspects politiques et sociologiques importants interviennent dans la régulation des relations entre les différentes parties prenantes de la société de la connaissance. La compréhension des enjeux socio-politiques dans lesquels est encastrée la société de la connaissance est complexifiée par sa nature même. Souvent la connaissance n’appartient pas en propre à l’entreprise mais aux salariés qu’elle emploie, rendant d’autant plus complexe sa gestion car, lorsque l’organisation « apprend », elle le fait bien souvent à travers ses salariés. Ces knowledge workers acquièrent du pouvoir au sein de l’organisation du fait de la connaissance qu’ils détiennent. De plus, l’accumulation de savoirs contribue à l’accroissement uploads/Finance/du-knowledge-management-x27-a-la-soci-et-e-de-la.pdf
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- Publié le Mar 05, 2021
- Catégorie Business / Finance
- Langue French
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