Théorie communiste n°3 – mars 1980 Notes sur la restructuration du rapport ente

Théorie communiste n°3 – mars 1980 Notes sur la restructuration du rapport ente le prolétariat et le capital. Le programmatisme. La décomposition du programmatisme et les luttes de classes de 1967 à 1975. Le développement économique de la crise (1965-1975). Sur la révolution. Introduction De Théorie communiste n°2 à Théorie communiste n°3 La nécessité d’une restructuration du rapport entre les classes Ces quelques pages sont destinées à introduire la série de textes qui suit et qui ont pour dénominateur commun de poser la nécessité d’une restructuration du rapport entre le prolétariat et le capital pour qu’il y ait production du communisme à partir de la contradiction qui les oppose. Quelques mots sont nécessaires pour expliquer l’évolution poursuivie depuis Théorie communiste n°2 paru en janvier 1979. Bien que la critique actuelle ne fut pas le sujet de ce texte – mais plutôt l’analyse de la contradiction entre le prolétariat et le capital – celui-ci se terminait sur un survol de la crise qui concluait à une absence de restructuration possible. Si la contradiction entre le prolétariat et le capital se confond avec le développement du capital en ce qu’elle est l’exploitation, si donc il n’y a pas de nature révolutionnaire inhérente du prolétariat se modelant et s’actualisant selon les conditions du cours historique du capital (ce qui est la thèse centrale de TC 2), il s’agissait de poursuivre le travail alors entrepris par une analyse de la nature de la crise commencée au milieu des années soixante, seule façon de déterminer le contenu présent de la contradiction entre le prolétariat et le capital. Le contenu du rapport entre les classes dans la crise actuelle est donné par la crise de la valorisation intensive telle qu’elle s’est développée jusqu’à présent, c'est-à-dire la crise d’un stade spécifique de celle-ci (cf. les textes « Notes sur la restructuration » et « Développement économique de la crise », dans le présent numéro). La crise actuelle se caractérise comme crise de l’appropriation par le capital de cette force de travail dans le procès de production, ou au niveau de sa reproduction collective. À ce niveau, les axes qui ont porté la baisse du taux de profit se confondent avec le contenu des luttes du prolétariat (luttes d’OS, luttes extra-travail, luttes contre le travail). C’est à un développement adéquat à l’appropriation des forces sociales du travail que nous assistons dans la restructuration en cours. À partir de ce contenu de la crise et de la restructuration, les luttes actuelles apparaissent comme limitées en ce que la restructuration du capital leur est une réponse adéquate, elle est par là contre-révolution. Elle ne vient pas briser des luttes qui sans elles seraient révolutionnaires ; s’il y a restructuration, cela est corollaire de l’absence de perspective révolutionnaire de ces luttes. Dans la crise actuelle, la lutte de classes du prolétariat ne pourra que poser la défense de la condition du prolétariat comme la limite du processus révolutionnaire et cela à travers les formes radicales que celle-ci revêt. La crise actuelle permet au prolétariat de se poser en force autonome, de s’organiser pour elle-même, et simultanément interdit tout développement révolutionnaire, du fait de la domination réelle, à partir de ce dégagement. C’est là le contenu spécifique de la phase de développement du capital entrant en crise que l’on retrouve (développement du capital inadéquat à l’appropriation des forces sociales du travail) et qui caractérise et détermine celui des luttes du prolétariat qu’il ne peut alors dépasser. Tout le contenu de la lutte de classe du prolétariat n’est rien d’autre que cette crise, il s’agir alors de savoir si le rapport révolutionnaire entre le prolétariat et le capital peut simplement résulter de l’extension de ces luttes, ou bien si la transformation de la nature et du contenu de ces luttes – leur devenir révolutionnaire – est possible sur la base du rapport actuel entre les classes, ou encore si une restructuration, une transformation du rapport contradictoire entre le prolétariat et le capital est nécessaire. La forme la plus avancée prise par les luttes du prolétariat est actuellement donnée par l’auto- organisation, l’autonomie, le débordement des syndicats. Il ne s’agit plus d’une question de « forme » des luttes, mais de l’apparition de la production de plus-value comme contradiction centrale du mode de production et la manifestation du rôle spécifique du prolétariat dans celle-ci. Avec la crise, l’opposition entre le prolétariat et le capital cesse d’être un simple antagonisme sur le partage de la valeur nouvellement produite (syndicalisme), il y a éclatement de la contradiction au niveau de la production de plus-value elle-même. Il n’empêche qu’apparaissent là les limites mêmes du processus révolutionnaire. Il n’est pas suffisant d’axer une critique sur le seul fait que l’on ne peut poser en eux-mêmes des mouvements tels que l’auto-organisation, le débordement des syndicats ou l’autonomie, en insistant sur ce que fait le prolétariat. Ces luttes ne sont pas de simples formes, elles ne peuvent être que la défense de la condition prolétarienne. Elles sont la limite du processus révolutionnaire en ce qu’elles reposent sur la tentative de faire de la classe ouvrière quelque chose de positif à dégager face au capital, en même temps que dans leur allure même elles signifient que l’on ne peut plus passer – comme en domination formelle – de la défense de la condition prolétarienne à la révolution. En effet, tous ces mouvements retournent peu ou prou à un syndicalisme branlant, l’auto-organisation n’a rien à organiser de façon stable. Le débordement des syndicats et l’auto-organisation ne sont et ne peuvent être que la défense de la condition prolétarienne dans le cours heurté qui est le sien dans le procès de la lutte actuelle. On ne peut, de la même façon, poser que l’approfondissement des luttes accélère la crise du capital, celle-ci pouvant alors devenir révolutionnaire. Il y a là une double erreur. D’une part, si l’on considère séparément les luttes du prolétariat et la crise du capital, l’un déterminant l’autre, au choix. D’autre part, et c’est la raison de la première erreur, les luttes sont appréhendées sans les caractériser, elles sont simplement « luttes contre le capital », comme si elles n’avaient aucun contenu. Les luttes sont les luttes d’un stade historiquement déterminé du rapport entre les classes. Il s’agit donc de poser la question de savoir si les luttes de ce stade déterminé peuvent produire le communisme. Si l’approfondissement de la crise est l’approfondissement de la crise d’un stade spécifique du rapport entre les classes ne pouvant produire la révolution, ce n’est pas parce que la crise devient plus aiguë qu’elle deviendra révolutionnaire ; cela ne signifierait que le haut niveau que doit atteindre la dévalorisation du capital et de la force de travail. Le processus révolutionnaire ne pourra être que le dépassement du rapport actuel entre les classes et non son extension, son approfondissement. Il faut alors qu’il y ait transformation du rapport entre les classes pour que ces luttes qui manifestent un stade spécifique de la domination réelle (développement du capital non adéquat à l’appropriation des forces sociales du travail), soient dépassées. La restructuration peut alors être saisie de deux manières : soit elle est considérée comme possible, soit elle s’amorce mais elle est considérée comme impossible, car entrant en contradiction avec ce qu’est le capital, non pas au terme de son développement mais dans l’œuf. Dans le cas de l’impossibilité, deux voies s’ouvrent. La première de ces voies consiste à considérer que l’impossibilité provient d’un développement aberrant du capital, du genre valorisation sur la base exclusive de la plus-value relative, fictivation totale du capital. En gros, le capital chercherait à surfuser (Invariance), mais on resterait dans les limites de « l’orthodoxie », d’où l’impossibilité de la restructuration. Cependant, le mouvement vers celle-ci aurait été suffisant pour prouver l’inanité du capital et fonder le prolétariat à l’abolir, lui faire dépasser les limites antérieures de ses luttes. Non seulement on considère là le développement du capital comme venant régir sa contradiction avec le prolétariat et non se confondant avec elle, on considère la révolution comme un acte déclenché par un capital parvenu à terme. Mais encore, c’est la dynamique du capital qui n’est pas comprise. Toute crise ramène au premier plan la contradiction fondamentale du capital, c'est-à-dire la production de plus-value à quoi se résout finalement le profit, toute restructuration est alors déterminée par ce contenu, il ne peur y avoir d’axe de restructuration du capital qu’au niveau de la recherche d’une augmentation de la plus-value produite tant intensivement qu’extensivement. Poser des restructurations comme développement absurde du capital, c’est ne pas savoir ce qu’est le capital, ce qu’est la crise, ce qu’est la restructuration. La deuxième de ces voies consiste à considérer que l’impossibilité provient du rapport mis en place entre le prolétariat et le capital. Il y aurait simultanéité de la restructuration et du rapport révolutionnaire entre les classes, télescopage entre les deux. La restructuration est alors considérée comme s’effectuant selon des axes possibles mais tels qu’immédiatement c’est la révolution. Dans une telle vision, l’on ne considère pas le uploads/Finance/ the-oriecommunisten03-mars1980.pdf

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  • Publié le Dec 19, 2022
  • Catégorie Business / Finance
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