WP/13/144 Viabilité budgétaire, investissement public et croissance dans les pa
WP/13/144 Viabilité budgétaire, investissement public et croissance dans les pays à faible revenu, riches en ressources naturelles: le cas du Cameroun Issouf Samake, Priscilla Muthoora et Bruno Versailles © 2013 International Monetary Fund WP/13/144 Document de travail du FMI Département Afrique Viabilité budgétaire, investissement public et croissance dans les pays à faible revenu, riches en ressources naturelles: le cas du Cameroun Issouf Samake, Priscilla Muthoora et Bruno Versailles1 Distribution autorisée par Mario de Zamaróczy Novembre 2013 1 Les auteurs tiennent à remercier Mario de Zamaróczy et Mauro Mecagni pour leurs conseils et leur très utile contribution. Ils remercient également Alfredo Baldini, Andy Berg, Katja Funke, Bin Li, Paolo Mauro, Giovanni Melina, Fabien Nsengiyumva, Alex Segura-Ubiergo, Jean van Houtte, Susan Yang et Felipe Zanna pour leurs précieux commentaires. Les auteurs assument seuls la responsabilité pour toute erreur ou omission. Le présent document de travail ne doit pas être cité comme représentant les vues du FMI. Les vues exprimées dans le présent document de travail sont celles des auteurs et ne représentent pas nécessairement le point de vue ou la politique du FMI. Les documents de travail rendent compte des études entreprises par les auteurs et sont publiés pour susciter des commentaires et approfondir le débat. Résumé Le présent document évalue les effets de l'utilisation des recettes pétrolières à des fins d’investissement public sur la croissance et la viabilité budgétaire au Cameroun. Les auteurs construisent un modèle d'équilibre général stochastique dynamique (EGSD) pour analyser l'impact de l'investissement public sur la croissance et sur la trajectoire des principaux indicateurs budgétaires : le déficit primaire non pétrolier (DPNP) et la dette publique. Les scénarios développés montrent que les gros besoins d'infrastructure du Cameroun et le niveau actuel relativement bas de sa dette pourraient justifier de s'écarter temporairement de la recommandation traditionnelle qui veut qu’une partie des recettes pétrolières soit épargnée pour lisser progressivement les dépenses. Les résultats issus des simulations du modèle montrent qu'un degré relativement élevé d'efficience dans l'investissement public est nécessaire pour qu’il contribue sensiblement à la croissance sans compromettre la viabilité budgétaire. JEL : C11, C15, C61, E22, E23, E27, H61, O11 Mots clés : Cameroun, politique budgétaire, EGSD, pays riches en ressources naturelles, pays à faible revenu, investissement public, croissance. 2 Sommaire I. Introduction ............................................................................................................................3 II. Revue de la littérature: Gestion des revenus provenant des ressources naturelles non renouvelables .................................................................................................................6 III. Cameroun : Expérience et enjeux ........................................................................................9 IV. Le modèle ..........................................................................................................................13 A. Problème de maximisation des agents représentatifs .......................................13 B. Production ........................................................................................................14 C. Politique budgétaire et le problème de Ramsey ...............................................16 V. Calibrage du modèle et méthode de simulation ..................................................................19 VI. Résultats des scénarios ......................................................................................................23 A. Scénario "augmentation avec réforme"............................................................23 B. Scénario "prudent" ...........................................................................................23 C. Scénario "augmentation sans réforme" ............................................................27 VII. Conclusion ........................................................................................................................27 Annexe. Conditions de premier ordre ......................................................................................29 Bibliographie............................................................................................................................32 Adresse électronique des auteurs: isamake@imf.org; pmuthoora@imf.org; bversailles@imf.org 3 I. INTRODUCTION Le renchérissement des produits de base durant ces dernières années a mis en évidence la question de la gestion optimale des recettes dans les pays en développement riches en ressources naturelles. Plus particulièrement, le choix stratégique entre épargner les recettes budgétaires tirées des ressources pétrolières pour lisser la consommation ou de les dépenser immédiatement pour stimuler la croissance a fait l'objet d'un examen approfondi, surtout compte tenu des dividendes de croissance que les investissements d'infrastructures sont susceptibles de générer. De récentes études analytiques (Collier et al., 2010; Gelb et Grasmann, 2010; Van der Ploeg et Venables, 2011; Arezki, Dupuy et Gelb, 2012; Baunsgaard et al., 2012; Berg et al., 2013) ont illustré de manière convaincante le rôle joué par les conditions propres à chaque pays, comme le volume des réserves de ressources, le rendement de l'investissement dans les actifs financiers, les paiements d'intérêts sur la dette, la gouvernance et l'efficacité de l’investissement public sur l'amplification des choix stratégiques. Ces études concordent pour conclure que l'utilisation précoce des revenus provenant des ressources naturelles pour accroître l'investissement public peut être bénéfique en fonction du contexte national. Cela étant, il semble y avoir une lacune dans les ouvrages en termes des cadres généraux mais utilisables qui modélisent conjointement les idiosyncrasies et le comportement des indicateurs macro-budgétaires (comme le déficit primaire non pétrolier (DPNP) et les ratios d'endettement public) pertinents pour l'évaluation d'autres politiques d'investissement public possibles. Ce point est renforcé dans une récente étude du FMI (FMI, 2012), qui suggère d'évaluer les stratégies d'investissement public, en particulier celles qui s'appuient sur les revenus tirés des ressources naturelles, dans un cadre de viabilité budgétaire qui tienne compte des retombées de l’investissement public sur la croissance. Dans le présent document, nous contribuons à combler cette lacune en examinant les conséquences d'une augmentation de l'investissement public sur la croissance sans compromettre la viabilité des finances publiques dans un pays en développement dont les réserves pétrolières s’amenuisent. Plus particulièrement, il s’agit de répondre aux questions connexes suivantes: i) dans quelles conditions peut-on justifier de s'écarter (temporairement) de la politique de lissage de la consommation; et ii) quelles sont les conséquences d'une telle stratégie sur la croissance et la viabilité budgétaire? Pour ce faire, nous utilisons un modèle d'équilibre général stochastique dynamique (EGSD) présentant un lien entre l’investissement public et la croissance ainsi qu’un traitement explicit de la dynamique de la dette. Berg et al. (2013) ont récemment élaboré un modèle similaire axé sur l’investissement public qui tient compte de la viabilité budgétaire dans les pays à faible revenu riches en ressources naturelles. Bien que le modèle présenté ici utilise une approche comparable, il se distingue du modèle de Berg en ce qu'il est adapté aux défis spécifiques à relever par le Cameroun en matière de finances publiques et de croissance. En particulier, si le ratio de la dette publique/PIB est 4 relativement faible, la viabilité budgétaire peut être compromise si la trajectoire attendue du déficit primaire à moyen terme est dangereusement élevée, et il y a un risque que des déficits de financement successifs entraînent un cumul d'arriérés. De plus, les réserves budgétaires existantes sont relativement limitées, si bien que la nécessité de créer une certaine marge de manœuvre pour résister aux chocs exogènes et stimuler la croissance demeure une priorité. Compte tenu de ces défis, notre modèle accorde une attention particulière à l'évolution de la dette publique et à la trajectoire de la fonction de réaction de la politique budgétaire. Cette dernière est basée sur des règles (mesures automatiquement engagées en matière de recettes et de dépenses en fonction de l'activité économique), mais elle anticipe les chocs discrétionnaires (systématiques et imprévisibles) dans lesquels les réserves budgétaires jouent un rôle. Le modèle s'efforce donc de trouver le juste équilibre entre la nécessité de stimuler la croissance grâce à l'investissement public (complété par l'investissement privé), malgré des réserves budgétaires limitées et des ressources pétrolières qui s’amenuisent, et la nécessité de maintenir la dette à un niveau soutenable en contenant le déficit primaire. Le modèle est calibré pour le Cameroun et simule trois scénarios sur la période 2012–32: i) scénario «augmentation des dépenses avec réforme»; ii) scénario «prudent»; et iii) scénario «augmentation des dépenses sans réforme»2. Pendant cette période, nous supposons sur un cours du pétrole compris entre 95 et 110 dollars le baril et partons de l'hypothèse que les réserves pétrolières seront épuisées en 2032. Le scénario d’«augmentation avec réforme» suppose que l'investissement public augmente graduellement jusqu’à atteindre 12 % du PIB en 2032 (contre 6,5 % en 2012)3. L'investissement est financé par les recettes pétrolières et des emprunts supplémentaires si nécessaire (à mesure que les ressources en pétrole s'épuiseront)4. Il pourra être fait appel à l'emprunt si les réserves budgétaires (mesurées par les dépôts à vue de l'État auprès de la banque centrale) ne suffisent pas du fait de la diminution projetée des recettes pétrolières. Le scénario présume en outre une amélioration de l'efficience de l'investissement public par rapport à la moyenne historique du Cameroun; qui est comparable au niveaux d'efficience médians des pays à revenu intermédiaire. L'élément «réforme» du scénario intègre l'hypothèse que les obstacles 2 Des études récentes semblent indiquer que les réserves pétrolières ne seront pas nécessairement totalement épuisées en 2032. Toutefois, cela ne modifierait pas radicalement l'évaluation qualitative qui démontre que les réserves du Cameroun s'orientent à la baisse. 3 En raison des complémentarités entre capital public et privé, les investissements privés devraient augmenter au cours du temps. 4 Cette hypothèse cadre avec la vision des autorités camerounaises exprimée dans le Document de stratégie pour la croissance et l'emploi (Gouvernement du Cameroun, 2009). 5 structurels sont levés de sorte qu'une part plus grande d'investissement public est convertie en stock de capital effectif. Le scénario « prudent » suppose que l’investissement public (en pourcentage du PIB reste globalement similaire à son niveau de 2012. Il suppose aussi une amélioration de l'efficience, comme dans le scénario d'augmentation avec réforme. Parce que, selon les projections, la production de pétrole devrait diminuer (sans compter une marge de manœuvre présumée limitée sur le plan budgétaire, la possibilité restreinte de solliciter le marché financier international et les futures difficultés financières associées à la baisse des recettes pétrolières); uploads/Finance/ viabilite-budgetaire-investissement-public-et-croissance-dans-les-pays-a-faible-revenue-riches-en-ressources-naturelles-le-cas-du-cameroun.pdf
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- Publié le Jul 07, 2022
- Catégorie Business / Finance
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