1 Université Hassan II - Casablanca Faculté des Sciences Juridiques, Economique

1 Université Hassan II - Casablanca Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales, Mohammedia. Licence fondamentale en SCIENCES EONOMIQUES Semestre 5 ELEMENTS DE COURS DE ECONOMIE INDUSTRIELLE Prof : Naciri Bensaghir Abdelali Année universitaire 2020 – 2021 2 Introduction L’économie industrielle est une discipline qui s’inscrit dans un cadre qui englobe en même temps des éléments relevant des sciences économiques et des éléments qui sont du domaine des sciences de gestion. Depuis son apparition en tant que nouvelle branche de l’économie, elle s’est donnée pour domaine de recherche l’unité de base de l’économie qui est l’entreprise et sa relation avec son environnement représenté par le marché. Il s’agissait de comprendre les éléments qui déterminent la performance des entreprises dans des marchés qui ne sont pas totalement concurrentiels au sens de l’analyse microéconomie classique. En effet, les conditions de base du modèle classique d’organisation des marchés, développé par les premières formulations économiques, étaient de plus en plus difficiles à vérifier. Ces conditions d’homogénéité des produits, de libre entrée et de sortie, de transparence, d’atomicité et de mobilité ; présentaient plus un cadre théorique idéal qui ne correspondait plus à la réalité économique. D’autres modèles d’organisation des marchés (structure de marché) étaient désormais possibles chaque fois que l’une de ces conditions ne pouvait plus être remplie. Ainsi, l’économie industrielle avait pris son point de départ en remettant en cause le modèle de concurrence pure et parfaite qui représentait le modèle d’organisation dominant dans la théorie économique à côté du modèle qui représentait l’exception qui est celui du monopole. Dans un modèle de concurrence pure et parfaite, les acteurs (entreprises) étaient supposés passifs et n’avaient aucun pouvoir sur le marché. Celui-ci déterminait le prix des produits sur lequel les entreprises devaient obligatoirement s’aligner. Pour l’économie industrielle, l’existence d’autres structures de marché, entre la concurrence pure et parfaite et le monopole, où les entreprises ont un pouvoir de marché et peuvent influencer les prix, est de plus en plus soulevée. Les entreprises sont ainsi considérées comme des acteurs actifs qui peuvent agir sur la structure du marché par leur comportement pour améliorer leurs performances. Dans ce manuel de cours, sont présentés en trois axes les principaux éléments qui touchent à l’économie industrielle. Un premier axe présentera une analyse de la structure du marché dans le cadre de l’outil d’analyse phare de l’économie 3 industrielle celui du paradigme Structure – Comportement – Performance. Un deuxième axe présentera les comportements des entreprises sous forme de décisions stratégiques que les entreprises peuvent entreprendre pour améliorer leurs performances. En fin, un troisième axe présentera un outil quantitatif d’analyse des comportements des entreprises face à leurs concurrents en présentant ces comportements et ces relations comme des jeux (Théorie des Jeux). 4 Axe 1 : Economie Industrielle et structure de marché 1.1. L’objet de l’économie industrielle L’économie industrielle est une branche de l’économie qui a pour objet l’étude des structures des marchés et des stratégies des entreprises au sein de ces marchés. Elle s’intéresse à l’organisation des marchés et des entreprises. La question centrale est de comprendre d’où vient le pouvoir de marché d’une entreprise et comment cette dernière peut le renforcer. Le pouvoir de marché est d’abord lié à la structure du marché, qui peut être appréhendée par le degré de concentration de l’offre et de différenciation des produits, par les barrières à l’entrée. Une entreprise peut aussi accroître son pouvoir de marché ou faire face à la concurrence par des stratégies adaptées qui vont notamment modifier les structures du marché. C’est le cas des stratégies qui permettent d’augmenter les barrières à l’entrée ou le niveau de concentration sur le marché. C’est vers la fin des années 30 que l’analyse économique a commencé à donner plus d’importance à l’analyse de la firme et du marché donnant naissance à l’économie industrielle classique sur la base d’une grille de lecture qui distingue la structure du marché, le comportement de la firme et les performances obtenues sur le marché. Et à partir de 1941 l’organisation industrielle est reconnue comme une branche à part de l’économie et se distingue de la microéconomie et de ses concepts trop théoriques de concurrence pure et parfaite (homogénéité, atomicité, transparence, libre entrée et sortie). L’économie industrielle EI ou Organisation industrielle OI est une discipline à l’intersection de la microéconomie et des sciences de gestion. D’une part elle peut être perçue comme un prolongement théorique de la microéconomie traditionnelle et du modèle de concurrence pure et parfaite, et d’autre part, elle peut être appréhendée comme une méthode pragmatique d’analyse industrielle à l’image des théories de management. Elle est une présentation particulière de la théorie économique, dans la mesure où elle est un lieu de réflexion sur la façon dont l’économie de marché fonctionne, à partir d’une analyse précise de l’une de ses principales constituantes, la firme, tant dans ses diverses conceptions possibles 5 (structure de marché, organisation de marché) que dans ses pratiques observables (stratégies des différentes parties, conséquences sur l’économie). L’économie politique classique n’a pas analysé les notions fondamentales de l’EI qui sont la firme et le marché. Pour les néoclassiques, les conditions de la concurrence pure et parfaite sont supposées suffire pour penser le fonctionnement de l’économie, sur la seule base de l’agent maximisateur du profit sous la contrainte des données préalables (techniques de production données et prix d’équilibre établis par le marché). La microéconomie analyse, en effet, les comportements des firmes principalement sur la base des modèles de maximisation d’un agent économique dans un marché de concurrence parfaite. Ce modèle s’avère limité. L’EI essaye d’analyser plus les différentes structures de marché observées et à étudier leur effet sur les comportements des firmes. Il s’agit de déterminer comment une entreprise peut avoir un pouvoir de marché en réalisant des marges sur les biens qui elle vend, cela signifie comment l’entreprise peut avoir un avantage concurrentiel. Ainsi, l’EI a procédé au départ à des études sectorielles pour déterminer les caractéristiques des marchés divers et le positionnement des firmes sur ces marchés. Les premières étapes de l’EI (travaux de E. Mason 1939-1957) furent plus des études empiriques de certains secteurs et de la relation avec les stratégies des firmes. Puis avec J.S.Bain, l’EI est passée à un niveau analytique spécifique sur la base du premier outil d’analyse de l’EI qui est le paradigme Structure – Comportement – Performance (SCP). Ce paradigme (schéma d’analyse) a été développé par les auteurs de l’école de Harvard. Son principe de base est que les conditions de base et la structure du marché (nature de l’offre, de la demande, caractéristiques des produits, conditions d’entrée et de sortie) déterminent les comportements des entreprises (investissements, politique de prix, publicité, …) qui eux-mêmes déterminent les performances du marché (profits, qualité des produits,…). Les éléments du paradigme SCP : - Conditions initiales : portant sur les matières premières disponibles, le niveau technologique, les règles de la profession, les conditions et la réglementation du travail et de la concurrence, la sensibilité de la demande au prix, le taux de croissance, les conditions de commercialisation..; - Structure du marché : déterminée par le nombre de concurrents existants, la distribution des parts de marché, les conditions d’entrée et de sortie sur 6 le marché, la standardisation du produit, les liens entre biens substituables, les interdépendances entre activités en amont et en aval, l’état de l’information, le degré de risque. - Comportement : porte sur les stratégies de prix, les stratégies hors prix, le niveau de coopération entre concurrents, les stratégies de différenciation, de diversification, d’intégration… - Performances : porte sur les résultats des activités et stratégies des firmes. Les indicateurs : profitabilité ou rentabilité, conditions de financement des activités, capacité de recherche et de développement R&D et d’innovation, situations de monopole et de positions dominantes. Les critiques de ce paradigme soulèvent la domination de l’aspect empirique fondé principalement sur des études de cas portant sur certains entreprises et secteurs sans fondement théorique. De plus, ce paradigme établit une relation à sens unique entre la structure, le comportement et la performance sans aucun retour possible. Cela signifie principalement que c’est la structure des marchés qui détermine le comportement c’est-à-dire les stratégies des entreprises et leurs performances. Dans les années 70 du dernier siècle, une première remise en cause de ce paradigme fut développée par les auteurs de l’école de Chicago (Stigler, 1965, Demsetz, 1998) en inversant le raisonnement et en avançant que la structure des marchés sont le résultat des performances des firmes, les meilleures firmes éliminent les moins bonnes et obtiennent ainsi une position dominante temporaire. L’approche libérale de l’école de Chicago considère que la concurrence est le mécanisme dominant qui peut être observé comme le déterminant de la dynamique des comportements des firmes. A l’inverse de la vision néoclassique qui considère les agents économiques comme des agents passifs subissant les conditions concurrentielles du marché, l’EI les considère comme des agents actifs qui, au lieu de subir ces conditions préétablies, cherchent à modifier celles-ci à leur avantage. Ainsi, la structure du marché est autant le résultat des stratégies délibérées des uploads/Finance/cours-deconomie-industrielle-pr-naciri.pdf

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  • Publié le Jul 01, 2021
  • Catégorie Business / Finance
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