Centre de Recherche pour l’Etude et l’Observation des Conditions de Vie Enquête
Centre de Recherche pour l’Etude et l’Observation des Conditions de Vie Enquête « Conditions de vie et Aspirations des Français » Les difficultés de logement des classes moyennes et les besoins de mobilité résidentielle Etude réalisée à la demande de PERL Régis BIGOT Juin 2010 142, rue du Chevaleret 75013 - PARIS 2 DÉPARTEMENT CONDITIONS DE VIE ET ASPIRATIONS DES FRANÇAIS Etude réalisée à la demande de PERL Le département « Conditions de vie et Aspirations des Français » est composé de : Régis Bigot, Sylvie Bourdon, Patricia Croutte, Isabelle Delakian, Catherine Duflos, Sandra Hoibian C R É D O C 3 Sommaire INTRODUCTION......................................................................................................................... 4 I. LA CRISE DU LOGEMENT, AU CŒUR DU MALAISE RESSENTI PAR LES CLASSES MOYENNES...................... 6 1. Les dépenses contraintes des classes moyennes augmentent plus vite que leur revenu............. 6 a) Jamais les Français n’ont ressenti une telle pression sur leur pouvoir d’achat .....................6 b) Pourtant, le revenu moyen a progressé de 2% par an ces dix dernières années .................7 c) En valeur absolue, le niveau de vie des classes moyennes inférieures n’augmente que de 14 € chaque année.............................................................................................................8 d) Le coût du logement augmente plus vite que les revenus ...............................................10 e) L’explosion des dépenses contraintes dans le budget des classes moyennes ....................11 2. Le taux d’effort en matière de logement augmente très rapidement chez les locataires du secteur libre, notamment chez les classes moyennes ...........................................................12 3. Plus de propriétaires, moins de locataires..............................................................................16 4. Le poids du logement selon l’endroit où l’on vit......................................................................18 a) Les différences de prix d’achat des logements................................................................18 b) Les prix des marchés varient simultanément ..................................................................19 c) Le poids du logement est ressenti aussi durement sur l’ensemble du territoire..................21 d) Des loyers variables sur l’ensemble du territoire .............................................................21 e) Le manque d’habitations à loyer intermédiaire à Paris.....................................................22 II. LES BESOINS DE LOGEMENTS LOCATIFS POUR FACILITER LA MOBILITE RESIDENTIELLE..................... 24 1. Evaluation de la mobilité résidentielle en France ....................................................................24 a) Mesurer la mobilité résidentielle : un exercice difficile .....................................................24 b) En moyenne, une personne sur dix change de logement chaque année ...........................25 c) Les locataires du secteur libre déménagent beaucoup plus souvent qu’en moyenne..........26 d) Les changements de résidence sont plus nombreux avant 30 ans....................................27 e) Le taux de mobilité selon l’activité .................................................................................28 f) Les diplômés plus mobiles .............................................................................................29 g) L’influence de la structure du ménage ...........................................................................29 h) L’impact des événements de la vie personnelle ou professionnelle...................................30 i) Un taux de rotation plus élevé dans les petits logements .................................................31 j) L’attrait de l’Ouest et du Sud de la France.......................................................................32 2. Mobilité résidentielle en Ile-de-France ...................................................................................37 3. Tendances sociétales et mobilité résidentielle ........................................................................43 CONCLUSION.......................................................................................................................... 46 ANNEXE : UNE ESTIMATION DES BESOINS DES CLASSES MOYENNES EN MATIERE DE LOCATION TEMPORAIRE EN ILE-DE-FRANCE ............................................................................................................. 48 BIBLIOGRAPHIE...................................................................................................................... 49 4 Introduction Ce rapport, réalisé par le CRÉDOC à la demande de PERL, analyse les difficultés de logement des classes moyennes selon deux aspects : le poids croissant du budget lié à l’habitation et les entraves à la mobilité résidentielle. Depuis une quinzaine d’années en effet, les prix des marchés immobiliers ont été multipliés par 2,5 et, depuis les années 1960, les prix des loyers ont augmenté deux fois plus que l’inflation. Le coût du logement croît sans cesse — les dernières estimations de l’INSEE confirment qu’après une courte accalmie, les prix des logements anciens sont à nouveau en surchauffe1 —, ce qui a non seulement pour conséquence de plomber le budget des classes moyennes, mais également d’entraver leur parcours résidentiel. De nombreux événements de la vie de chacun amènent régulièrement les ménages à changer de logement : quitter le domicile parental, s’installer dans une ville universitaire pour ses études, se mettre en couple, avoir des enfants, déménager suite à une mutation professionnelle, se séparer suite à un divorce, etc. La mobilité résidentielle fait partie intégrante des modes de vie de nos concitoyens : une personne sur dix change de logement chaque année, soit plus de 6 millions de personnes. Et le parc locatif — privé ou social — est un des maillons essentiels de la fluidité des changements de résidence, car les coûts de transaction de la location sont beaucoup plus faibles que ceux nécessaires pour acquérir un logement. Le parc locatif répond naturellement aux besoins de logement temporaire, tandis que l’accession à la propriété répond plutôt à un besoin d’installation à long terme. Si l’accession à la propriété est parfois mise en avant comme un objectif de politique publique ou un idéal d’aspirations pour la population, les besoins de logement locatif ne doivent pas être occultés. Dans une société où les parcours personnels, familiaux et professionnels sont de plus en plus flexibles, changeants et complexes, impliquant des stratégies d’adaptation permanentes, l’offre de logement doit pouvoir répondre à la diversité des situations de chacun. La variété des offres doit permettre aux ménages d’adapter leurs lieux de vie (en terme de localisation, de surface habitable, de statut d’occupation, de type d’habitat, etc.) à l’évolution de leur situation familiale ou professionnelle. 1 INSEE, « Hausse des prix des logements anciens en Île-de-France au 1er trimestre (+2,4 %) », Informations rapides, n°142, 27 mai 2010, INSEE, http://www.insee.fr/fr/indicateurs/ind96/20100527/IR2010T1.pdf 5 Au contraire, l’insuffisance d’une offre de logements locatifs abordables pour les classes moyennes et les catégories populaires vient nourrir le malaise des Français face au logement : ne pouvant intégrer un parc social trop étroit ni accéder à une propriété trop coûteuse, une partie importante de la population se retrouve « piégée » dans des logements qui ne correspondent pas toujours à leurs attentes et dont les loyers augmentent trop vite. Pour développer cette problématique, le rapport sera structuré en deux parties : la première présentera les difficultés de logement des classes moyennes et des catégories populaires et la seconde analysera les besoins de mobilité résidentielle. 6 I. La crise du logement, au cœur du malaise ressenti par les classes moyennes 1. Les dépenses contraintes des classes moyennes augmentent plus vite que leur revenu Depuis une dizaine d’années, les classes moyennes sont fâchées avec les économistes. Ces derniers ont beau expliquer que le revenu des ménages augmente régulièrement — non seulement sur longue période, mais également ces dernières années —, les catégories intermédiaires ne perçoivent aucune amélioration de leur niveau de vie. Bien au contraire, les classes moyennes ont l’impression que leur pouvoir d’achat diminue régulièrement. a) Jamais les Français n’ont ressenti une telle pression sur leur pouvoir d’achat En 2010, 50% de la population estiment que leur niveau de vie s’est dégradé depuis une dizaine d’années. Seuls 25% ont l’impression au contraire qu’il s’est amélioré. Cette situation est la pire enregistrée par le CRÉDOC depuis plus de trente ans (Graphique 1). Graphique 1 - L’impression que le pouvoir d’achat s’est dégradé reste très vive En ce qui concerne votre niveau de vie, diriez-vous que depuis une dizaine d’années, ça va… (en %) 30 25 24 28 29 32 25 24 25 26 26 25 50 50 24 28 34 32 36 38 48 40 36 42 40 34 39 42 43 49 43 44 45 41 32 30 26 34 38 42 46 48 49 20 25 30 35 40 45 50 55 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 Moins bien Mieux Pareil Source : CRÉDOC, enquête sur les « Conditions de vie et les Aspirations des Français » 7 Bien entendu, la crise économique et financière explique en grande partie cette morosité. La spectaculaire augmentation du taux de chômage depuis l’automne 2008 est pour beaucoup dans cette situation : entre le 3e trimestre 2008 et le 1er trimestre 2010, le taux de chômage est en effet passé de 7,2% à 10,2%. Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, jamais l’économie française n’avait connu autant de destructions d’emplois en si peu de temps. Mais la conjoncture récente n’explique pas tout. Le graphique précédent montre que la dégradation du moral des ménages ne date pas d’hier. Depuis 2001, l’impression que les conditions de vie sont de plus en plus difficiles se diffuse inexorablement dans toutes les tranches de la population. b) Pourtant, le revenu moyen a progressé de 2% par an ces dix dernières années Or, depuis une dizaine d’années, le pouvoir d’achat des ménages — tel qu’il est mesuré par les économistes — a crû en moyenne de 2% par an2. Et il a augmenté à peu près au même rythme dans la plupart des catégories de la population : parmi les bas revenus, au sein des classes moyennes et chez les catégories aisées. Comment expliquer un tel paradoxe ? Pour répondre à cette question, il convient tout d’abord de préciser quelques définitions. Les « classes moyennes » font l’objet de très nombreux commentaires, mais on ne sait pas toujours très bien de qui on parle exactement. Dans plusieurs séries de travaux, le CRÉDOC s’est attaché à clarifier ce point. Sans revenir en détail sur les multiples façons d’aborder la question3, rappelons pour commencer que la uploads/Finance/etude-credoc-difficultes-mobilite-residentielle.pdf
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- Publié le Fev 13, 2022
- Catégorie Business / Finance
- Langue French
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