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Tous droits réservés © Les Presses de l’Université du Québec, 1997 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ Document généré le 18 nov. 2022 14:52 Nouvelles pratiques sociales Impacts sociaux de l’ ajustement structurel : cas de la Tunisie Samira Chaker Volume 10, numéro 1, printemps 1997 10e anniversaire URI : https://id.erudit.org/iderudit/301393ar DOI : https://doi.org/10.7202/301393ar Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) Les Presses de l'Université du Québec ISSN 0843-4468 (imprimé) 1703-9312 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article Chaker, S. (1997). Impacts sociaux de l’ajustement structurel : cas de la Tunisie. Nouvelles pratiques sociales, 10(1), 151–162. https://doi.org/10.7202/301393ar Résumé de l'article L'ajustement structurel adopté par la Tunisie, réorientant la politique économique vers une réduction de la sphère économique de l'État au profit du marché, a permis, certes, la réalisation de bonnes performances macro-économiques. Mais elle a aussi entraîné un coût social dont le déséquilibre du marché du travail est le plus déterminant. L'objectif de cet article est d'analyser les attitudes et les nouvelles pratiques sociales engendrées par le PAS tant au regard de la réponse organisée de l'État qu'à celui des comportements des autres agents économiques. Les pratiques sociales d'ailleurs Impacts sociaux de l'ajustement structurel : cas de la Tunisie Samira CHAKER Département des sciences économiques HEC - Tunis L'ajustement structurel adopté par la Tunisie, réorientant la politique économique vers une réduction de la sphère économique de l'Etat au profit du marché, a permis, certes, la réalisation de bonnes performances macro-économiques. Mais elle a aussi en- traîné un coût social dont le déséquilibre du marché du travail est le plus déterminant. L'objectif de cet article est d'analyser les attitudes et les nouvelles pratiques sociales engendrées par le PAS tant au regard de la réponse organisée de l'État qu'à celui des comportements des autres agents économiques. La Tunisie a adopté en 1986 un vaste programme de réformes dont l'objectif ultime est de placer l'économie nationale sur une trajectoire de croissance forte dans un environnement de stabilité monétaire. Le programme en question répond au schéma classique de l'ajustement. Il associe à une politique d'austérité et budgétaire une panoplie de mesures incitatives pour stimuler l'offre. Ce programme prévoit également un recentrage du rôle de l'État qui voit sa sphère économique se réduire au profit du marché. 152 Les pratiques sociales d'ailleurs Cette réorientation de la politique économique depuis l'adoption de ce programme d'ajustement structurel (PAS) a permis, comparativement à la période antérieure, de réaliser des performances remarquables1. Le PIB réel a augmenté au taux moyen de 4,2% au cours de la période de 1987 à 1994 contre un taux de 3,2 % au cours des dix années précédentes. Cette croissance s'est réalisée dans un contexte de ratio- nalisation de la demande intérieure. Le déficit budgétaire a ainsi passé d'une moyenne de 6% du PIB durant le VIe plan, à 3,8%, au cours du VIIe plan (de 1986 à 1991) et à 2,6%, en 1994 ; la situation extérieure s'est, par ailleurs, améliorée. L'importante réduction en 1994 de la balance des opérations courantes, dont le niveau a représenté 2,6% du PIB contre 6,9%, en 1993, a permis de dégager une position de transfert net positive de 373 millions de DT. Ce qui a porté le niveau des réserves officielles de change à l'équivalent de 2,8 mois d'importations. Parallèlement, le taux d'endettement a baissé de près de 6 points de pourcentage du PIB passant de 59,6% en 1986, à 53,6% en 1994. Dans le même intervalle, le coefficient de la dette est passé de 27,9% à 17,5% des recettes courantes. Le taux d'inflation de 4,7%, en 1994, se rapproche progressivement du taux moyen prévalant dans les pays de l'Union européenne (4,1%), principal partenaire économique de la Tunisie. Ces performances sont en fait supérieures à ce qu'elles paraissent. Si l'on excluait l'agriculture, dont la contribution à la croissance en 1995 est négative (-6%) du fait de deux années consécutives de sécheresse, le taux de croissance de l'économie serait plus important et le taux d'inflation prévu serait encore plus faible. Cela signifie qu'il y a une diversification de l'économie nationale qui devient moins sujette aux chocs extérieurs (aléas climatiques par exemple). La plupart des secteurs ont effectivement contribué à la croissance, en partie tirée par la demande extérieure, avec une production manufacturière relativement importante qui a remplacé l'ancienne prépondérance des produits pétroliers et miniers. Il serait cependant illusoire de penser que ces performances macro- économiques ont été réalisées sans coût social. La rigueur budgétaire, notamment la réduction des subventions, conjuguée à la libéralisation des marges concernant le commerce intérieur, n'a pas manqué de peser 1. Les données proviennent de différentes publications de la Banque centrale de Tunisie, de l'Institut national des statistiques de la Banque mondiale. NPS, vol. 10, n° 1, 1997 Impacts sociaux de l'ajustement structurel: cas de la Tunisie 153 lourdement sur les catégories sociales les plus défavorisées, surtout lors des premières années du PAS. L'évolution de la part des charges de compensation dans la consommation des ménages indique une baisse régulière. Elle atteint 3,2%, en 1993, contre 3,7%, en 1991 et 6%, en 1985, c'est-à-dire un an avant l'adoption du PAS. Au regard de la politique sociale, cette rigueur budgétaire signifie une réduction de la couverture sociale et des transferts sociaux. Cette tendance est très nette dans les domaines de la santé et de l'éducation qui sont devenus des services de plus en plus marchands. Ainsi, dans le cadre de la restructuration du service public, la réforme de la santé vise un recouvrement des coûts plus poussé en contrepartie des services hospitaliers. Les tarifs ont été révisés à trois reprises de telle sorte qu'entre 1991 et 1993, les hôpitaux sont parvenus à augmenter les recettes provenant des patients d'au moins 64%, certains ayant même dépassé le taux de 100% (Banque mondiale). Dans le domaine de l'éducation, nous assistons à la multiplication d'institutions d'enseignement et de formation privées qui viennent sup- pléer les défaillances du secteur public dont le rendement, mesuré par l'ampleur des déperditions, est de plus en plus faible. Pour la seule période de 1989 à 1994, le nombre d'élèves inscrits dans les institutions privées a augmenté de 45,7% contre 14% seulement dans le public. À ce phénomène s'ajoute l'augmentation des coûts éducatifs (Bedoui, 1994). L'objet de ce texte n'est autre que de présenter dans un premier temps quelques caractéristiques du marché du travail en tant qu'indicateurs du coût social de l'ajustement, de dresser ensuite un tableau synoptique du programme d'encouragement à l'emploi et d'adaptation professionnelle en tant que réponse organisée de la part de l'Etat, pour préciser enfin les nouveaux comportements tant de l'Etat que des autres acteurs éco- nomiques, notamment les plus vulnérables, conséquences des boulever- sements qu'a connus l'économie tunisienne depuis l'adoption du PAS. LE MARCHÉ DU TRAVAIL INDICATEUR DU COÛT SOCIAL DE L'AJUSTEMENT Alors que l'ajustement doit normalement être synonyme de dévelop- pement, on observe un coût social substantiel et mal réparti. Le marché du travail en constitue un indicateur important justifiant ainsi la néces- sité d'appréhender les institutions du marché du travail non seulement sous l'angle de l'efficacité économique, mais également du point de vue NPS, vol. 10, n° 1, 1997 154 Les pratiques sociales d'ailleurs de l'efficacité sociale (Lachaud, 1994). Le processus de développement, qui certes est apparent, en accélérant l'édification de l'économie et de la société, crée une dynamique sociale d'une longue période, entièrement nouvelle et difficilement maîtrisable. L'évolution complexe et multiforme du marché du travail urbain est un aspect essentiel de ce processus de transformation de la société. La remise en cause de l'intervention de l'Etat dans le domaine économique et social engendre une nouvelle dynamique des systèmes sociaux. À cet égard, plusieurs éléments tendent à confirmer l'accentua- tion des déséquilibres sur le marché du travail à la fin des années 1980. Au niveau macro-économique, on observe un déclin de la capacité d'absorption de la main-d'œuvre. Durant les trois dernières décennies, l'essentiel des emplois créés, soit plus des deux tiers, a été engendré par un nombre limité d'activités, à savoir les divers services autres que l'administration (22%), le textile (14,5%), le bâtiment et les travaux publics (8,2 %). Or ces activités risquent de ne plus pouvoir jouer un rôle aussi décisif dans la création d'emplois. Dans l'administration, une restruc- turation des recrutements demeure possible à cause d'une austérité budgétaire. Dans le BTP, l'emploi risque de pâtir de la compression des dépenses de l'Etat allouées à l'infrastructure de base et aux équipements (tendance à la saturation des besoins des ménages). Dans le textile de bas de gamme, la Tunisie risque de ne plus être compétitive. Quant aux créations d'emplois dans le commerce et autres services, elles représentent des créations induites, uploads/Finance/impacts-sociaux-de-l-x27-ajustement-structurel-cas-de-la-tunisie.pdf
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- Publié le Apv 18, 2022
- Catégorie Business / Finance
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