LES DETERMINANTS DU COMPORTEMENT DE FINANCEMENT DES PME AMERICAINES 35 Les déte

LES DETERMINANTS DU COMPORTEMENT DE FINANCEMENT DES PME AMERICAINES 35 Les déterminants du comportement de financement des PME américaines et choix entre dette bancaire - dette fournisseur Meriem Dairi Docteur en Sciences de Gestion (Finance), Membre du Laboratoire LSMRC, FFBC université de Lille Nord de France. mdairi@univ-lille2.fr L’objet de l’article est d’analyser, à partir de la base de données américaine NSSBF 20031, le comportement de financement des PME. Ces dernières, du fait de leurs moyens financiers limités et de l’opacité de leur structure informationnelle, sont souvent tributaires de la dette bancaire et de la dette fournisseur dans leur financement. Ainsi, nous cherchons à étudier les facteurs déterminants de l’utilisation du crédit bancaire et du crédit fournisseur et le lien existant entre ces deux modalités de financement : substituables ou complémentaires. Nos résultats sont pour la plupart compatibles avec la théorie d’ordre de financement hiérarchique et soulignent l’avantage de financement des fournisseurs dans le cas des firmes de faible qualité. Nous notons une complémentarité entre la dette bancaire et la dette fournisseur dans la structure financière des PME. Par ailleurs, l’étude indique la présence d’une discrimination dans le financement des PME selon l’appartenance du propriétaire principal à une communauté (afro-américaine, asiatique, hispanique) et à un genre (femme / homme). Mots-clefs : PME- asymétries d’information- rationnement de crédit- crédit bancaire- crédit fournisseur- discrimination. 1 La base de données NSSBF 2003 (National Survey of Small Business Finances) constitue la plus récente enquête menée par le département d’Etat des PME (Small Business administration) et les instances financières américaines (Board of Governors of the Federal Reserve System) sur le financement des PME. Les quatre versions concernant les années 1987, 1993, 1998 et 2003 ont l’avantage d’être librement disponibles. La base NSSBF a souvent été exploitée par des auteurs ayant fortement contribué à la littérature sur le financement des PME (Petersen, Rajan, Cole, Wolken, Berger, Udell,…). LA REVUE DU FINANCIER 36 In this paper we use data from NSSBF 2003 to analyze the determinants of SME financing behavior. Information opacity of SMEs and limited self-financing capacities makes them rely more heavily on bank lending and trade credit. We analyze factors that determine their use of trade credit and of bank credit, and whether these two types of credit are substitutes or complements. In general, our results are consistent with the pecking order theory and highlight the financing- advantage theory of trade credit particularly when firms are worse credit quality. We find that bank credit and trade credit are complements. The study show the presence of credit discrimination depending on owner characteristics included the race, ethnicity (Black, Asian, Hispanic) and gender (female / male). Key words: SME - information asymmetries- credit rationing- bank credit- trade credit- discrimination. Les difficultés d’accès au financement restent l’un des principaux obstacles à la création, à la survie et à la croissance des PME. La crise financière qui a éclaté à l’automne 2008 et dont les prémices remontent à la crise des subprimes en août 2007 aux USA ne fait que renforcer ce phénomène. Plusieurs études soulignent que les firmes sous-endettées ou non-endettées par la contrainte de liquidité à laquelle elles sont soumises se développent plus lentement, emploient moins et réalisent moins d’investissements productifs que les autres firmes (King et Levine, 1993a, 1993b; Rajan et Zingales, 1998). La question de l’accès au financement des PME ne peut préoccuper uniquement les PME, mais doit toucher la majorité des acteurs économiques et politiques. Selon les données de l’enquête américaine NSSBF 2003, 19 % des PME indiquent ne pas recourir au financement externe (dette bancaire et/ou dette fournisseur), 18,5 % utilisent uniquement la dette commerciale, 18 % utilisent uniquement la dette bancaire et 44,5 % utilisent simultanément les deux modalités de financement (cf. tableau 2). Aussi, il nous a paru important de déterminer les facteurs explicatifs de ces comportements de financement et du lien existant entre la dette bancaire et la dette fournisseur. L’étude est organisée de la manière suivante. Nous présentons dans une première section une rapide synthèse de la littérature sur le financement des PME par dette bancaire et par dette fournisseur. Nous exposons, dans la deuxième section, les données et la méthodologie utilisée. La troisième section présente les hypothèses. La quatrième section traite des différents résultats obtenus. La dernière section résume les principales conclusions. I - Synthèse de la littérature Le financement bancaire des PME Compte tenu de la pauvreté et de l’opacité de la structure informationnelle des PME, les banques ne peuvent cerner avec précision leurs caractéristiques de risques et sont susceptibles de rationner la quantité de crédit qu’elles accordent. Ceci a pour effet d’empêcher les PME de mener à bien leur stratégie d’investissement et de croissance. Plusieurs auteurs ont manifesté un vif intérêt pour la question du financement bancaire des PME. La base de données NSSBF a fréquemment été exploitée dans ce sens. Un ensemble d’études se sont intéressées à l’impact de la mise en place d’une relation de clientèle de long terme sur l’amélioration des conditions de financement des PME (disponibilité, coût, garanties) par la réduction des problèmes d’asymétries d’information et le développement d’un capital de confiance entre banque et entreprise. Petersen et Rajan (1994), à partir de la base NSSBF 1987, montrent qu’il n’existe pas de lien significatif entre la durée de la relation et le coût du crédit. Cependant, les firmes deviennent moins dépendantes du crédit fournisseur lorsqu’elles établissent une relation de long terme avec leurs banques. En utilisant LES DETERMINANTS DU COMPORTEMENT DE FINANCEMENT DES PME AMERICAINES 37 la même base, mais en s’intéressant uniquement aux lignes de crédit, Berger et Udell (1995) relèvent que les taux d’intérêt sur les lignes de crédit diminuent lorsque la relation banque- entreprise est établie sur le long terme. Les auteurs notent également une corrélation négative entre la durée de la relation et les exigences de garanties. Ils expliquent la différence de leurs résultats avec ceux de Petersen et Rajan par la nature de leur échantillon. Petersen et Rajan (1994) se sont intéressés à l’ensemble des crédits accordés aux firmes (transactionnels et relationnels), alors que Berger et Udell (1995) ont limité leur analyse aux seules lignes de crédit qui constituent des financements relationnels. Toutefois, les deux études concordent lorsque l’on considère non plus la durée de la relation mais sa profondeur (multiplicité des services offerts, concentration de l’endettement bancaire). Cette dernière réduit le taux d’intérêt appliqué. En utilisant la NSSBF 1993, Chakraborty et Hu (2006) confirment l’effet de la relation de clientèle sur l’exigence de garanties dans le cadre des lignes de crédit (financement relationnel), mais ne relèvent pas d’effet sur les autres types de financement. Sur la base de la même enquête, Cole (1998) focalise son analyse sur la décision du prêteur d’accorder ou de refuser le financement, et souligne que c’est l’existence même d’une relation entre une banque et un emprunteur, plus que la durée, qui affecte la décision du prêteur. Selon l’auteur, les relations préexistantes génèrent des informations privées et facilitent l’octroi de crédits. D’autres études se sont intéressées à l’impact de la taille des banques sur la disponibilité du financement aux PME. C’est notamment le cas de Cole et al. (2004) et Berger et al. (2005) à partir de la NSSBF 1993. Les auteurs soulignent que les banques de petite taille ont un avantage comparatif sur les banques de grande taille dans le financement des PME. Les petites banques sont plus disposées à collecter de l’information subjective et à l’utiliser dans leur décision d’accorder un financement de type relationnel. Les grandes banques utilisent des critères informationnels quantitatifs et sont donc moins disposées à assurer le financement des PME opaques. À partir des bases NSSBF (1987, 1993, 1998, 2003), Cole (2008) teste les deux principales théories sur la structure du capital des PME : la théorie du compromis et la théorie du financement hiérarchique. L’auteur confirme dans l’ensemble les hypothèses de la théorie d’ordre de financement hiérarchique, dans le sens où il trouve une relation négative entre l’endettement de l’entreprise et les variables taille, âge, profitabilité et qualité du crédit, et une relation positive entre l’endettement de l’entreprise, et la proportion des actifs corporels dans le bilan et la responsabilité limitée des dirigeants. À partir des trois dernières versions de la base NSSBF, Cole (2009) s’intéresse aux caractéristiques des firmes qui choisissent de recourir ou non à la dette. L’auteur souligne, tout comme Han et al. (2009) qui exploitent la NSSBF 1993, que les emprunteurs qui s’abstiennent de présenter une demande de financement par crainte de refus (les emprunteurs découragés) affichent un plus grand risque que les entreprises cherchant à obtenir un financement. L’auteur montre également que les emprunteurs ayant vu leur demande de financement refusée, par rapport aux emprunteurs découragés, traitent avec un plus grand nombre de banques, la relation de clientèle semble être moins solide, et la durée de la relation plus courte. Cole (2009) souligne aussi que les entreprises n’ayant pas fait de demande de financement allouent une grande part de leurs actifs à la dette plutôt qu’aux ressources internes. Ces entreprises semblent avoir uploads/Finance/les-determinants-du-comportement-de-financement-des-pme-americaines.pdf

  • 21
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Aoû 17, 2021
  • Catégorie Business / Finance
  • Langue French
  • Taille du fichier 0.8320MB