1 LE CADRE PHYSIQUE DE L’HYDRAULIQUE AGRICOLE Le cadre physique de l’hydrauliqu
1 LE CADRE PHYSIQUE DE L’HYDRAULIQUE AGRICOLE Le cadre physique de l’hydraulique agricole est défini par trois grands zones géoclimatiques adoptées par le SDEA. La zone saharienne La zone saharienne concerne toute la partie nord du territoire tchadien dont elle représente près de 60 %. Au plan climatique, elle correspond au climat saharien stricto sensu et au climat saharo-sahélien ayant comme principales caractéristiques (outre la faible pluviométrie) la quasi permanence des vents desséchants (harmattan), la faible hygrométrie (< 50 %) et les hautes températures, tous des facteurs concourant à une évaporation intense (ETP calculée selon la formule Penmam s’établissant à 3 326 mm/an à Faya). Au plan physique, on peut y distinguer quatre grandes entités : au centre, une vaste dépression dont le cœur correspond à l’extension maximale du Lac Tchad. Elle est comblée par les formations du Continental Terminal (sables, grès et argiles), enfouies sous une épaisseur variable de sédiments quaternaires meubles (sables et argiles). L’altitude y est inférieure à 500 m; à l’est, le massif de l’Ennedi, vaste plateau gréseux d’âge primaire, culminant à 1 450 m; au nord-est, les plateaux de l’Erdi, succession de tables gréseuses peu élevées, d’âge secondaire, entrecoupées de dépressions ensablées; au nord-ouest, le puissant massif du Tibesti (altitude maximale : 3 415 m), formé d’une chaîne de volcans et de plateaux basaltiques recouvrant les grès primaires et les granites précambriens. De par ces caractéristiques climatiques, la zone saharienne ne peut présenter qu’un potentiel agricole limité. C’est, par définition, la zone d’extension du palmier dattier. La zone sahélienne Au plan climatique, l’extension de la zone sahélienne correspond sensiblement à celle du climat sahélien stricto sensu, c’est-à-dire caractérisé par une pluviométrie irrégulière, comprise entre des valeurs moyennes supérieures à 250 mm au nord et inférieures à 650 mm au sud. Ces précipitations faibles et irrégulières, couplées à une évapotranspiration élevée (> 2 000 mm) représentent le prin- cipal obstacle à l’intensification des cultures pluviales et constituent, de ce fait, une menace perma- nente pour la sécurité alimentaire de la zone. Elles ne peuvent, non plus, générer des cours d’eau permanents de sorte que l’irrigation est tributaire de l’exploitation des ressources en eau souterraine (nappes superficielles ou profondes), des plans d’eau permanents (lacs) ou, plus rarement, des plans d’eau artificiels (retenues). Au plan physique, la zone sahélienne se partage en deux ensembles contrastés, aux problématiques évidemment différentes en matière de mise en valeur agricole ou hydroagricole, soit : une vaste plaine, prolongeant vers le sud la dépression saharienne, comblée par des formations sédimentaires essentiellement meubles (sables et argiles). L’altitude y est inférieure à 500 m; un ensemble rocheux au relief accidenté, constitué par les massifs du Ouaddaï à l’est et les monts du Guéra au sud et formant en quelque sorte une ceinture autour de la plaine précédente. Au plan agricole, l’économie sahélienne repose traditionnellement sur les céréales (mil) et sur les oléagineux (arachide). Néanmoins, le long épisode sec qui a caractérisé cette région au cours des trois dernières décennies a conduit à une très forte régression de l’arachide, dont la culture s’est repliée vers le sud, et à une extension concomitante du mil, sans pour autant observer un accroissement des productions. Bien au contraire, les fréquents déficits pluviométriques et l’appauvrissement des sols corrélativement à l’abandon de la culture arachidière, sans parler de l’afflux de bétail venant du nord, ont eu tôt fait des gains de production escomptables par accroissement des superficies. Il convient de noter que le regain des précipitations de ces dernières années laisse augurer, s’il se confirme, un retour à une situation moins dramatique. Mais, en tout état de cause, les deux principales contraintes 9 SCHÉMA DIRECTEUR DE L’EAU ET DE L’ASSAINISSEMENT DU TCHAD ■HYDRAULIQUE AGRICOLE ■HCNE ■MEE ■ONU-DAES ■PNUD inhérentes aux caractéristiques climatiques de la zone sahélienne ne peuvent être esquivées : la gamme culturale en pluvial est et restera toujours limitée et toute intensification significative des productions ne peut se concevoir hors irrigation. La zone soudanienne La zone soudanienne correspond à la fraction tchadienne du bassin versant du Chari et de son prin- cipal affluent, le Logone.Au plan physique, elle constitue une vaste cuvette sédimentaire, redressée sur les bords, aux confins du Soudan et du Cameroun. Cette vaste plaine est caractérisée par un léger mésorelief matérialisant deux situations contrastées en période de hautes eaux : des zones exondées, sous-tendues par des formations sablonneuses, et qui concentrent l’habitat et l’essentiel de l’agricul- ture pluviale; des secteurs inondés, tapissés de sols lourds et fiefs d’une pluriactivité centrée sur l’agri- culture de décrue, l’élevage parcourant et la pêche. La zone soudanienne est le siège d’une activité agricole intense et diversifiée. Se référant aux statistiques nationales, la surface agricole cultivée chaque année en pluvial est de l’ordre de 1 200 000 ha, tandis que les cultures de décrue totalisent quelque 100 000 ha. Les principales cultures, hors irrigation, sont : le coton qui, avec une superficie supérieure à 200 000 ha, s’avère la principale culture de rente et, par conséquence, la première source de devises du pays. Il convient néanmoins de noter que la culture cotonnière représente un des facteurs les plus importants de l’insécurité alimentaire chronique, par l’importance de plus en plus grande des superficies qui lui sont consacrées et par la dégradation des sols liée à son caractère répétitif; les cultures oléagineuses et légumineuses qui regroupent l’arachide, le niébé, le sésame, le voand- zou et, plus récemment, le soja, pour une superficie fluctuant entre 200 000 et plus de 300 000 ha; les céréales, base de l’alimentation des populations, dont la production annuelle est soumise aux caprices de la pluviosité et se situe généralement bien en deçà des besoins. La superficie qui leur est consacrée varie de 450 000 à 800 000 ha; les tubercules (manioc, patate douce, igname, taro), compléments alimentaires indispensables qui mobilisent plusieurs dizaines de milliers d’hectares. 2 LES POLITIQUES ET LES STRATÉGIES La politique générale de développement économique et social a été définie en 1990 dans un docu- ment intitulé « Plan d’orientation à l’horizon 2000 ». Les axes majeurs de cette politique gouver- nementale sont : assurer la promotion de la population pour lui permettre de maîtriser les changements culturels, sociaux, économiques et technologiques auxquels le pays aura à faire face; augmenter la production en modernisant les structures afin de favoriser la croissance écono- mique; restaurer les équilibres économiques et financiers afin de maintenir une croissance économique saine. Le Plan d’orientation prévoit que le Gouvernement accordera une attention particulière à la sécurité alimentaire en prenant les mesures appropriées au niveau de la production, du stockage, du transport et de la commercialisation des produits alimentaires. 10 SCHÉMA DIRECTEUR DE L’EAU ET DE L’ASSAINISSEMENT DU TCHAD ■HYDRAULIQUE AGRICOLE ■HCNE ■MEE ■ONU-DAES ■PNUD La stratégie du sous-secteur a été précisée en 1993 dans le cadre de la « Consultation sectorielle sur le développement rural, la sécurité alimentaire et les ressources hydrauliques ». Elle s’appuie sur une analyse approfondie de la problématique du secteur agricole qui met en évidence les dimensions suivantes : la dynamique du monde rural perceptible à travers la création d’organisations de producteurs ou d’usagers, ou encore le développement spontané des productions fruitières et maraîchères à la périphérie des centres urbains; la nécessité de sécuriser les productions alimentaires en raison de la vulnérabilité des cultures plu- viales sujettes aux aléas climatiques; l’existence de ressources en eau importantes, mais mal connues et mal réparties. Ses principales orientations sont les suivantes : assurer le désengagement progressif de l’État et la responsabilisation parallèle des exploitants des ouvrages au niveau des grands périmètres étatiques. Les principales conditions pour mener à bien cette opération sont : la sensibilisation et l’animation des futurs bénéficiaires; la création de groupements d’usagers par unité hydraulique, eux-mêmes regroupés en asso- ciations de groupements au niveau du périmètre; la définition des tâches de l’unité d’appui (services de l’État) et de l’organisation des usagers; la fixation de redevances permettant de couvrir les dépenses de fonctionnement, d’entretien et de renouvellement des ouvrages et des équipements. encourager les initiatives privées ou villageoises par la création de petits périmètres, le rôle des services de tutelle se limitant à élaborer et à mettre en œuvre une politique de soutien adaptée (accès au crédit, conseils techniques, formation des exploitants, rationalisation du marché des groupes motopompes); envisager, lorsque possible, l’irrigation gravitaire à partir de barrages comme alternative à l’irriga- tion par pompage, solution particulièrement onéreuse; moderniser l’agriculture irriguée traditionnelle par la diffusion de moyens d’exhaure modernes et par la formation d’artisans qualifiés (voire des exploitants eux-mêmes) pour en assurer la main- tenance et éventuellement le renouvellement; faciliter et encourager la création de diguettes au niveau des zones d’agriculture de décrue, par la mise à disposition de brigades topographiques pour préparer le travail sur le terrain; améliorer les épandages de crues dans la zone des yaérés par curage des chenaux des systèmes de défluence; mettre en valeur les bas-fonds de la uploads/Geographie/ 03-partie-1-pdf.pdf
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- Publié le Apv 07, 2022
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