Groupement régional d’agriculture Document Biodoc n° 2 biologique de Basse-Norm

Groupement régional d’agriculture Document Biodoc n° 2 biologique de Basse-Normandie (GRAB) (nouvelle édition mars 2004) Association d’agriculture Tous droits de reproduction réservés écologique de l’Orne (AGRECO) Association Nature et Progrès Intérêt et culture de la luzerne en agriculture biologique Principes de base La luzerne a été qualifiée de « reine des légumineuses » ou même de « reine des cultures fourragères » en raison de ses nombreuses qualités. Caractères botaniques C’est une papilionacée dont le nom scientifique est Medicago Sativa ; on en distingue deux sous-espèces, une « nordique » à fleurs jaunes et à gousses en croissant et une « méditerranéenne » à fleurs violettes à gousses enroulées. La plupart des variétés cultivées en France sont des hybrides plus ou moins naturels entre ces deux sous-espèces de Medicago Sativa. Des atouts reconnus - Une excellente résistance à la sécheresse. La luzerne craint le froid printanier et ne démarre pas de très bonne heure. Sa végétation s’accélère ensuite et elle produit beaucoup à partir de mai et pendant tout l’été. Elle ne craint pas la sécheresse et la chaleur estivales, même prolongées à condition que la couche de terre arable soit épaisse et bien alimentée en eau en profondeur. Cette remarquable capacité de production estivale rend la luzerne particulièrement précieuse. - Une résistance convenable au froid Les variétés issues de la sous-espèce nordique de Medicago Sativa résistent bien au froid, d’autant plus qu’elles restent à l’état de « rosettes » en période de jours courts. On peut les cultiver partout en France jusque vers 1500 mètres d’altitude. Les variétés de type méditerranéen ont tendance à démarrer plus tôt et sont donc plus gélives. Par contre, leur racine pivotante est particulièrement longue et accentue leurs capacités face à la sécheresse. - Une productivité élevée en matière sèche et en protéines Une bonne luzernière peut produire 15 tonnes de matière sèche par hectare et par an et même davantage dans quelques cas particuliers, par exemple une vingtaine de tonnes en six ou sept coupes en Camargue irriguée. Cette matière sèche contenant environ dix-sept pour cent de protéines, on aboutit à un rendement de deux tonnes et demi environ de protéines par hectare. - Un enrichissement du sol en azote Enrichissement très variable selon l’âge de la luzernière, la façon dont elle est exploitée, sa densité, la nature du terrain, etc. Il varierait entre quelques dizaines et plusieurs centaines d’unités par hectare. - Une amélioration de la structure du terrain en profondeur grâce à son puissant système radiculaire. - Une concurrence vis-à-vis de certaines adventices pluriannuelles. Les chardons des champs notamment sont gênés par les racines de la luzerne et les coupes fréquentes de la luzernière. - Une remontée d’éléments nutritifs vers la surface du sol Grâce encore une fois à ses racines descendant à deux ou trois mètres de profondeur. - Elle facilite la culture céréalière sans bétail En concurrençant certaines adventices, en fixant l’azote, en améliorant la structure du terrain… Grâce à toutes ces qualités la luzerne est bien une remarquable plante fourragère et une excellente tête de rotation. 2 Des exigences fondamentales à bien cerner et des limites à connaître - Climatiques La luzerne craint surtout l’humidité excessive qui rend les terres froides et asphyxiantes. Les printemps régulièrement froids et tardifs accentuent ce risque. - De sol Elle aime les terres profondes, saines mais bien alimentées en eau en profondeur, les argilo-calcaires ont sa préférence. Elle ne résiste pas en sols minces sur sous-sols compacts, argileux, froids. Elle craint moins l’acidité qu’on le croit généralement, en fait les pH bas lui sont surtout défavorables en terres froides asphyxiantes, carencées en phosphore assimilable (facteurs qui, il est vrai, vont souvent de pair !). En terre sableuse mais ne craignant pas la sécheresse la luzerne peut tenir quatre ou cinq ans avec un pH de cinq. Dans cette situation on doit toutefois prendre des précautions particulières dont nous parlerons plus loin (association avec d’autres plantes). - D’exploitation Une luzernière humide piétinée par les animaux disparaît rapidement, même bien implantée. Ainsi la luzerne est peut-être reine mais elle ne l’est qu’en son royaume. Lorsque les conditions ne lui conviennent pas on doit lui préférer d’autres légumineuses : le trèfle violet en sols frais, le sainfoin en terres calcaires maigres et peu profondes, la minette ne sols sableux (calcaires ou non), le lotier en terres difficiles d’une façon générale… Si vous estimez être en situation limite et ne savez pas trop si vous devez semer ou non de la luzerne prenez la précaution de lui associer d’autres plantes fourragères. Ces plantes doivent être d’autant plus nombreuses que le terrain est difficile, leur rôle est multiple : améliorer la structure du sol, neutraliser des toxines éventuelles (action du ray grass d’Italie en particulier), réduire l’asphyxie radiculaire, stimuler les mycorhizes (association d’un champignon avec les racines d’une plante)… voir plus loin formules de semis. La luzerne dans la rotation culturale Que ce soit en élevage ou en culture céréalières sans bétail la luzerne est une excellente tête de rotation mais son rôle n’est pas le même dans les deux cas. En élevage elle constitue d’abord un remarquable fourrage. En culture sans bétail on lui demande de rendre la rotation techniquement possible mais sa valorisation en tant que culture fourragère n’est pas toujours aisée. Ne perdez pas de vue que la préparation du terrain après une vieille belle luzernière est parfois difficile en raison de l’importance du volume des racines. Cette préparation doit être commencée longtemps à l’avance et si possible conduite selon la technique des façons inversées.1 Par ailleurs la luzerne ne doit pas être cultivée trop souvent sur la même parcelle. Si on la garde seulement deux ou trois ans elle peut revenir tous les trois quatre ans mais si elle reste en place cinq, six ans ou davantage ne la faites pas revenir plus souvent que tous les six huit ans. Précisons tout de même que ces chiffres ne sont qu’un ordre de grandeur. Enfin n’oubliez pas qu’une luzernière ne peut être un bon précédent cultural que si elle est détruite en pleine vigueur. Cette règle, valable également pour la mise en culture des prairies temporaires, est importante mais souvent ignorée. Une luzernière dégradée ou sur le déclin risque d’être suivie par une ou des cultures sales, ratées ou à demi réussies seulement. Une belle luzerne enrichit le sol, une luzerne fatiguée, éclaircie, envahie par les adventices laisse souvent une terre durcie et momentanément appauvrie. Fumez judicieusement  On considère habituellement que la fumure azotée de la luzerne est inutile mais que des apports de phosphores et de potasse, parfois de calcium, lui sont bénéfiques. 1 Les façons culturales « inversées » Au lieu de commencer par une façon profonde (labour et affiner ensuite la terre on commence par une façon superficielle aux disques ou aux dents. On continue ensuite avec des passages de dents progressivement plus profonds. Si cela est nécessaire seulement on termine par un labour léger éventuel. De cette manière on permet aux matières organiques de se décomposer convenablement et à la vie microbienne aérobie de se développer peu à peu en dessous de la surface (pour réflexion plus approfondie voyez Engrais verts et fertilité des sols par Joseph Pousset, éditions de la France Agricole). 3 Ce point de vue semble justifié mais pourtant une fumure organique, même assez riche en azote1, est bénéfique à la luzerne, surtout lors de son installation, sur les sols maigres ou qui ne lui conviennent pas pleinement pour une quelconque raison. Toutefois n’abusez pas. En sol riche et lui convenant bien, la luzerne pousse très bien sans fumure organique azotée. De cette façon, sa capacité de fixer l’azote atmosphérique est stimulée aussi bien au niveau du feuillage (selon des travaux russes et américains) qu’à celui des racines. Un excès d’azote augmente les risques de verse et conduit à l’obtention d’un fourrage moins appétent, plus grossier, séchant moins bien. Apportez plutôt des matières organiques à forte proportion de cellulose et de sucres, par exemple un engrais vert de seigle et de ray grass convenablement composté en surface. Le mulchage d’une première ou d’une dernière petite coupe si on peut se le permettre, est souvent recommandable pour la vigueur et la longévité de la luzernière. Ce n’est pas une perte mais un investissement. Un apport judicieux de fumier facilite l’installation des bactéries fixatrices d’azote associées aux racines de la luzerne. Apportez fumier ou compost en une seule fois en fin d’été sur les luzernes uniquement fauchées. Les luzernières fauchées et pâturées peuvent recevoir fumier et compost à divers moments et en quantités variées selon la façon dont elles sont exploitées et la richesse du terrain. Par exemple en sol maigre ou moyen : apport en février si le terrain est assez sain puis fauche de deux coupes puis pâturage qui va permettre un deuxième apport grâce aux déjections. L’objectif est de répartir harmonieusement l’apport par épandage et celui des déjections. Les luzernières poussant sur terre vivante et riche en matières organiques et exploitée en fauche/pâture peuvent se uploads/Geographie/ 2-interet-et-culture-de-la-luzerne-principes-de-base.pdf

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