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VENDREDI 24 JUIN 2022 78E ANNÉE – NO 24094 3,20 € – FRANCE MÉTROPOLITAINE WWW.LEMONDE.FR – FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY DIRECTEUR : JÉRÔME FENOGLIO Algérie 220 DA, Allemagne 4,20 €, Andorre 3,80 €, Autriche 4,00 €, Belgique 3,50 €, Espagne 3,80 €, Grèce 3,70 €, Guadeloupe-Martinique 3,50 €, Hongrie 1 650 HUF, Italie 3,70 €, Luxembourg 3,50 €, Maroc 25 DH, Pays-Bas 4,20 €, Portugal cont. 3,70 €, La Réunion 3,50 €, Sénégal 2 500 F CFA, Suisse 4,70 CHF, Tunisie 5,20 DT, Afrique CFA autres 2 500 F CFA VU PAR ADENE (FRANCE) CARTOONING FOR PEACE LE PAYS ENVOÛTANT DE STINE PILGAARD SUR LES PAS DE JAMES JOYCE L’ÂME DE DUBLIN SUPPLÉMENT LE MONDE DES LIVRES Dans l’impasse, Macron en appelle aux oppositions ▶ Avec seulement une majorité relative à l’ Assemblée natio­ nale, le chef de l’Etat a appelé mercredi à la « responsabilité » de « toutes les forces politiques » ▶ Face à un « fait nou­ veau » sous la Ve Répu­ blique, il a invoqué une méthode à base de « compromis » et de « dialogue » ▶ Le président et son parti n’ont pas exclu le Rassemblement national comme interlocuteur légitime, au risque de l’institu­ tionnaliser. Marine Le Pen y voit l’aboutis­ sement de vingt ans d’efforts PAGE 10 Boris Johnson « En Ukraine, un moment de bascule » dans un entretien au Monde et à trois autres journaux euro­ péens, le premier ministre bri­ tannique dit redouter un « risque de fatigue » des populations en Europe vis­à­vis de la guerre en Ukraine. Boris Johnson explique que, selon ses services de rensei­ gnement, la Russie pourrait se di­ riger vers un point d’épuisement en matériel militaire et de pertes humaines qui ouvrira la possibi­ lité d’aider les Ukrainiens « non seulement à se protéger des nou­ velles avancées russes, mais à ren­ verser la vapeur ». Il faudra soutenir en équipe­ ment la contre­offensive, affir­ me­t­il. Accusé par l’Union euro­ péenne d’avoir remis en cause les engagements pris par Londres dans le traité sur le Brexit en pré­ sentant un texte supprimant les contrôles douaniers entre la Grande­Bretagne et l’Irlande du Nord, le chef du gouvernement britannique estime que son pro­ jet de loi n’a suscité que « des réactions modérées » et considère qu’une « guerre commerciale constituerait vraiment une appro­ che disproportionnée ». PAGE 6 Capture d’écran de l’allocution du président, le 22 juin. LUDOVIC MARIN/AFP Allemagne La crise énergétique relance le débat sur le nucléaire PAGE 19 Culture La miraculeuse renaissance du retable d’Issenheim PAGE 25 Enquête Karim Keïta, le fils de l’ex­président, au cœur d’un scandale au Mali PAGES 22-23 EN ISRAËL, LE COMPROMIS A VÉCU PAGE 33 1 É D I T O R I A L Pour les profs, Parcoursup reste toujours un mystère ▶ L’opacité des méca­ nismes de sélection de la plate­forme d’orientation laisse souvent les ensei­ gnants perplexes ▶ Le niveau réel de satisfaction des étudiants quant à leur affectation est un autre angle mort PAGES 16-17 Le chercheur, au départ spécialiste des masto­ dontes, s’était fait l’infatigable ambassadeur de sa discipline PAGE 29 Disparition Yves Coppens, paléontologue, codécouvreur de Lucy La Commission euro­ péenne entend réduire l’usage de produits phyto­ sanitaires, mais retient un indicateur qui pourrait compromettre cet objectif PAGE 8 Pesticides Les ambitions en trompe­l’œil de l’UE Les 89 élus, qui forment le premier groupe d’oppo­ sition, ont voulu donner une image rassurante Les députés du RN, novices bien encadrés Aurore Bergé dirigera le groupe LRM, et Yaël Braun­Pivet a été désignée candidate au perchoir La majorité en ordre de marche Les législatives ont été une sévère réplique des scores de la présidentielle PAGES 11 À 13 La défiance des outre­mer LONGINES SPIRIT ZULU TIME 4| international VENDREDI 24 JUIN 2022 0123 Pour Kiev, un pas crucial vers l’UE Elus et gouvernement se sont mobilisés pour convaincre Bruxelles d’accepter leur candidature à l’adhésion kiev ­ envoyé spécial L’ enjeu est de taille, mais Kira Rudik se dit con­ fiante. Le conseil euro­ péen des 23 et 24 juin à Bruxelles va trancher une ques­ tion cruciale pour l’avenir de l’Ukraine, son pays : lui accorder, ou non, le statut de candidat de l’Union européenne (UE). La Commission européenne s’est déjà prononcée en faveur de cette demande, déposée par Kiev au lendemain du déclenchement de la guerre par la Russie, et la France, qui assure la présidence tournante du Conseil de l’UE, assure qu’un « consensus total » s’est, au fil des semaines, dégagé sur la question. La députée et cheffe du parti libéral et pro­européen Holos a donné rendez­vous dans un res­ taurant tenu par des Tatars de Crimée, dans le centre de Kiev. « Je sais que les pays européens ont adopté une posture plus ra­ tionnelle aujourd’hui, affirme la femme de 36 ans, restée dans la capitale depuis le début de la guerre. Mais s’ils nous refusaient le statut de candidat, comment pousser nos soldats à continuer de se battre ? Les valeurs démocrati­ ques pour lesquelles nous nous battons n’auraient plus de sens. Ils ne peuvent pas refuser. » C’est un des combats de la Verkhovna Rada, le Parlement ukrainien. Depuis le début de la guerre, les députés se sont large­ ment mobilisés afin de convain­ cre les Etats européens d’accélé­ rer le processus d’adhésion. Lobbying Dimanche 19 juin, les parlemen­ taires ont soutenu à 315 voix pour, 0 contre, une résolution demandant à l’UE d’accorder à l’Ukraine le statut de pays candi­ dat à l’adhésion à l’UE. La plate­ forme d’opposition prorusse Pour la vie, deuxième force politi­ que du pays, a également voté pour le texte. Si le parti a été offi­ ciellement interdit dans le con­ texte de la guerre, les députés de cette formation continuent de se rendre au Parlement. « On peut supposer que le changement de position des députés est dû à leur volonté de démontrer leur utilité pour le pouvoir lors de scrutins im­ portants », analyse l’ONG Chesno, spécialisée dans le suivi des tra­ vaux du Parlement et la transpa­ rence de la vie politique. Il s’agi­ rait aussi pour ces élus de tenter de faire oublier leur proximité avec le Kremlin, en ces temps d’union sacrée dans le pays. « Des générations entières se sont battues pour avoir une chance de s’échapper de la prison de l’Union soviétique et, comme un oiseau li­ bre, de s’envoler vers la civilisation européenne. Aujourd’hui, le rêve ukrainien commun est à portée de main ! », a déclaré, après le vote, le président du Parlement, Ruslan Stefanchuk. Ces dernières semai­ nes, l’élu de 46 ans, en poste de­ puis seulement octobre 2021, s’est rendu en Allemagne, en France, aux Pays­Bas et devant le Parle­ ment européen, à Strasbourg, pour plaider en faveur de la candi­ dature de son pays. Oleksiy Goncharenko, député ukrainien dans la région d’Odessa et membre de la délégation ukrai­ nienne à l’ Assemblée parlemen­ taire du Conseil de l’Europe, s’est, lui aussi, rendu régulièrement dans des pays européens, afin d’appeler à soutenir l’Ukraine. « Au début, je parlais de la situa­ tion dans le pays avec des médias et à travers mes réseaux sociaux. Mais, au bout d’un moment, j’ai décidé de repartir à l’étranger pour continuer à travailler », affirme l’élu, contacté par téléphone. « Chaque jour, nous avons des discussions en visioconférence avec des Etats européens », af­ firme Solomiia Bobrovska, an­ cienne gouverneure de la région d’Odessa, aujourd’hui députée et secrétaire de la commission des affaires étrangères. « Je viens de rentrer de Lituanie, de Pologne et de Slovaquie. Lors de ces visites, l’une des grandes différences avec les pays d’Europe de l’Ouest est que nous ne perdons pas de temps à nous expliquer sur la Russie. Nous devons rester unis et la Rus­ sie doit perdre. » Si le lobbying auprès des Etats et institutions européens a occupé nombre de députés ukrainiens ces dernières semaines, le Parle­ ment s’est aussi attelé à d’autres tâches. Après avoir voté pour l’im­ position de la loi martiale, le 24 fé­ vrier, à 7 heures du matin, quel­ ques heures à peine après le début de l’invasion, les députés ont pris les armes, rejoint leurs circons­ criptions ou organisé des filières pour acheminer de l’aide humani­ taire, mais, parallèlement, l’acti­ vité de l’institution n’a jamais cessé (plus de 180 lois et résolu­ tions ont été votées). Le Parlement s’est adapté au contexte de la guerre, notamment en réduisant les sessions plénières ou en limi­ tant les débats à des questions de défense, d’économie et de budget. « Eviter les batailles internes » Surtout, « nous nous sommes mis d’accord pour former un corps commun afin d’éviter des batailles internes qui pourraient aider l’en­ nemi, explique Sviatoslav Yurash, un député du parti présidentiel Serviteur du peuple, membre d’un groupe de combattants vo­ lontaires. Aujourd’hui, nous es­ sayons, étape par étape, de revenir à nos habitudes. » Lors des deux dernières sessions plénières, les retransmissions des débats, ainsi que uploads/Geographie/ 24-06-22-lemonde.pdf

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