www.comptoirlitteraire.com André Durand présente ‘’Mondo et autres histoires’’
www.comptoirlitteraire.com André Durand présente ‘’Mondo et autres histoires’’ (1978) Recueil de huit nouvelles de J.M.G. LE CLÉZIO (310 pages) ‘’Mondo’’ (page 2) “Lullaby” (page 3) ‘’La montagne du dieu vivant’’ (page 5) ‘’La roue d’eau’’ (page 6) ‘’Celui qui n’avait jamais vu la mer’’ (page 6) ‘’Hazaran’’ (page 8) ‘’Peuple du ciel’’ (page 8) ‘’Les bergers’’ (page 9) pour chacune desquelles on trouve un résumé et un commentaire. Figure aussi une analyse de l’ensemble du recueil (page 11). Bonne lecture ! 1 “Mondo” Nouvelle de 70 pages Le jeune Mondo, qui avait dix ans, dont on ne savait ni d'où il venait ni où il allait, qui avait le goût du voyage («Rien qu'à le voir, on savait qu'il n'était pas d'ici, et qu'il avait vu beaucoup de pays»), traînait dans les rues d’une ville portuaire du Sud de la France qui n’était pour lui qu’une escale. Enfant à la peau «couleur de cuivre», orphelin, sans-abri, analphabète, il «aimait bien glaner», «ramassait ce qui était tombé par terre», ou bien profitait de la charité publique : «La grosse marchande de fruits [...] lui donnait des pommes ou des bananes.» Mais jamais il ne mendiait. Et il partageait son pain avec les oiseaux, qui lui paraissaient bienveillants et généreux. Il se baignait aux aurores ; «s’asseyait sur la plage, les bras autour de ses genoux, et il regardait le soleil se lever» ; se promenait sous le grand soleil, «marchait vite jusqu’à la jetée qui avance au milieu de la mer […] regardait un instant la mer, en serrant les paupières pour ne pas être ébloui par les effets du soleil. Le ciel était très bleu, sans nuages, et les vagues courtes étincelaient. […] Mondo descendait le petit escalier qui conduit aux brisants. Il aimait beaucoup cet endroit. […] Mondo aimait marcher ici, sur les brisants.» Il avait une relation privilégiée avec un bloc de ciment, sur la plage, auquel il se confessait, et qui était son endroit préféré ; d’autre part, «le brise-lames ne disait rien, ne bougeait pas, mais il aimait bien les histoires que lui racontait Mondo.» Il avait su trouver des cachettes sur la plage. Là encore, il rêvait aux îles, à la Mer Rouge, à l’Afrique. Même s’il ne faisait que passer son temps à regarder ce qui est beau, il était forcé d'apprendre à survivre et à éviter les pièges que lui tendait la police qui voyait en lui un objet de nuisance qu'il fallait à tout prix neutraliser, le traitait comme un petit criminel. Dans ses pérégrinations, il avait un mot gentil pour chacun, aidant ceux qui l’acceptaient, et «quand il y avait quelqu’un qui lui plaisait, il l’arrêtait et lui demandait tout simplement : ‘’Est-ce que vous voulez m’adopter?’’» Il rencontrait l’arroseur public, et admirait son travail, l'eau qui sort de son tuyau étant pour lui une «brume fraîche qui faisait du bien» ; mais il ne lui parla jamais. Il fit la connaissance d’autres êtres qui incarnaient la bonté, la sagesse, le respect ; qui vivaient comme lui dans leurs rêves, en marge des bousculades de la vie sérieuse : Giordan le Pêcheur, «un marin qui n’a pas de bateau» ; Dadi le Gitan, un prestidigitateur au profil d’aigle ; le Cosaque, un accordéoniste au bonnet de fourrure, auprès duquel il eut la nette impression de retrouver son père ; un vieil ami des colombes qui lui apprit à lire, ce qui permit à cet amateur d’illustrés d’inventer des chansons, de déchiffrer des mots croisés, de dessiner un pentagone avec les lettres de son nom, car il découvrit vite que les lettres ne sont pas de simples outils mais recèlent tout un univers ludique et poétique. Surtout, grimpant, pour s’éloigner de la ville, sur une colline surplombant la mer, il rencontra Thi Chin, petite femme vietnamienne d'un âge vénérable et d'une générosité débordante, qui devint son amie, et combla toutes ses attentes. Elle habitait une petite maison jaune, «simple, sans ornements de stucs ni mascarons, mais Mondo pensait qu'il n'avait jamais vu une maison aussi belle» ; il la baptisa la «Maison de la Lumière d'Or» parce que «la lumière du soleil de la fin d’après-midi avait une couleur très douce et calme, une couleur chaude comme les feuilles d’automne ou comme le sable, qui vous baignait et vous enivrait», et trouva le calme dans son magnifique jardin. Thi Chin lui apprit à regarder les étoiles, mais elle ne comprenait pas leur langage ; à Mondo, qui lui demandait si les elles veulent dire quelque chose, elle répondit : «Les hommes ne peuvent pas comprendre ce que disent les étoiles.» Dans ce qui ressemble à un petit paradis terrestre, il connut une extase. Mais ce fut de courte durée, car les incendies embrasèrent les collines. De retour dans la ville, on lui fit la chasse. Il se cacha pour échapper à la redoutable camionnette grise du «Ciapacan», «qui circulait lentement dans les rues de la ville, sans faire de bruit, au ras des trottoirs […] à la recherche des chiens et des enfants perdus». Comme le manque de nourriture lui causa un malaise, on l’attrapa comme un chien sans maître pour l’enfermer à «l'assistance publique», ce qui le força à redevenir le fugitif qu'il était depuis longtemps déjà, et à disparaître. 2 Commentaire La nouvelle, divisée en plusieurs chapitres non numérotés, est le récit de cinq journées de la vie de Mondo, car on peut relever les notations qui concernent l'époque de I'année où se situent les divers moments de l'action : - une journée ordinaire de Mondo depuis le premier jour jusqu'à sa rencontre avec Giordan le Pêcheur ; - une nuit de Mondo depuis sa rencontre avec Dadi le Gitan et le Cosaque ; - une journée de Mondo depuis sa rencontre avec Thi Chin ; - une journée de Mondo incluant la rencontre avec le vieil homme de la plage ; - la dernière journée de Mondo. En dilatant ainsi le temps, en montrant la plénitude que procure la répétition des journées simplement rythmées par la course du soleil ou le mouvement des marées, Le Clézio plaçait le héros et le lecteur dans une autre temporalité, celle d'un paradis perdu, celle de l'enfance. La ville pourrait être Nice, où Le Clézio vécut, mais qu’il détesta et se refusa à nommer dans ses œuvres. Dans les premières pages, la présence du narrateur se manifeste à certains moments : il a pu avoir eu connaissance des faits ; il intervient dans la description de Mondo endormi ; cependant, sur bien des points, il avoue son ignorance : «Personne ne savait d'où venait Mondo.» On remarque l’animisme de Le Clézio : la lance de l'arroseur a une vie propre, «tressaut[e] comme un serpent» ; les blocs de ciment ont «l'air de gros animaux endormis» ; le chemin qui mène aux collines n'est pas «raisonnable» ; les villas somnolent ; les sources grimpent ; les ronces «ramp[ent] sur le sol comme des serpents» ; Mondo est un enfant-chat, un enfant-chien, un enfant-crabe qui se cache dans les rochers ; à l'inverse, les oiseaux poussent «des gémissements d'enfant». Même si la nouvelle montre que la vie en liberté n'est pas facile, et que les nécessités organiques ne peuvent être longtemps oubliées, plus qu'une lutte pour la vie, Le Clézio nous présente l'errance insouciante d'un enfant peu tourmenté par la faim, et qui reçoit sa subsistance au hasard de ses rencontres. Il a des habitudes, un goût des rituels qui l'amène à reproduire quotidiennement les mêmes gestes, à accomplir les mêmes actes. Il ne trouve des amis que dans des êtres qui vivent en marge de la société, rejetés et incompris ; avec eux, il partage un langage commun parce qu’ils sont «près de la vie» telle qu’elle est en réalité. Ce sont des personnages révélateurs, chacun ne possédant toutefois qu'une toute petite partie du savoir à transmettre. Pour atteindre la «Maison de la Lumière d'Or», Mondo doit monter, c'est-à-dire symboliquement s'élever. Il est alors nimbé d’une lumière qui est ici le signe visible de sa nature supérieure. Rien d'étonnant dans ces conditions à ce que ce soit près de ce lieu que se produise l'extase. En 1996, le réalisateur Tony Gatlif adapta la nouvelle dans un film d'une heure vingt tourné pour l'essentiel à Nice, par des acteurs non professionnels, intitulé lui aussi ‘’Mondo’’, qui est fidèle dans I'esprit comme dans la lettre au texte de Le Clézio. La beauté de la ville, baignée par la Méditerranée, y contraste avec l'existence précaire du garçon, incarné par Ovidiu Balan. _________________________________________________________________________________ “Lullaby” Nouvelle de 44 pages Lullaby, petite fille dont la mère est malade, et le père au loin (il travaille en Iran), en a assez des murs, des grillages et des platanes lépreux de l’école : après avoir fait ses préparatifs, avoir écrit une lettre à son père, un matin du mois d'octobre, elle glisse dans un sac quelques objets, et, empruntant le chemin des contrebandiers, part en direction de la plage. Elle découvre un uploads/Geographie/ 352-leclezio-mondo-et-autres-histoires.pdf
Documents similaires
-
19
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jul 09, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
- Taille du fichier 0.2068MB