Revue Organisation et Territoire n°2, 2016 Régionalisation et compétitivité ter
Revue Organisation et Territoire n°2, 2016 Régionalisation et compétitivité territoriale au Maroc. Quel modèle de développement ? FAR-HAT El HASSAN Professeur de géographie humaine Faculté polydisciplinaire de Safi Université Caddy Ayad Marrakech. Tel 06 48 30 73 52 Farhat_mafr@yahoo.fr Résumé en français L’émergence d’un développement décentralisé s’impose ce qui nous amène à marquer une rupture épistémologique dans l’histoire des études spatiales. En effet, cette rupture est une logique qui nous permet de nous désolidariser avec un développement basé seulement sur des tâtonnements sectoriels et qui ne s’attachait que sommairement aux données spatiales. Dès lors, des incompréhensions à l’égard du développement se faisaient jour puisque il était axé uniquement sur l’exploitation des ressources selon des besoins nationaux et internationaux. Une alternative s’esquisse donc à travers la régionalisation élargie. Elle se présente comme étant spatiale et révolutionnaire pour promouvoir un développement décentralisé. Elle semble, donc créatrice de ce « Big Bang » tant attendu par l’espace régional. Outre les raisons politiques et économiques, il s’avère que le fondement de ce dernier est tributaire d’une approche participative au profit de la compétitivité territoriale. Le rôle des collectivités à cet égard s’annonce primordiale dans la mise en valeurs « terroiristiques » puis la promotion des externalités. Mais de quel développement parle- ton ? Toute une littérature qui s’est développé ses dernières décennies qui énumère toutes les difficultés sémantiques. Nous parlons tantôt d’un développement endogène ou agropolitain, tantôt d’un développement par le bas. Toutefois, il s’agit d’un développement intégré qui prend en considération le social et le culturel. Celui-ci s’oppose aux anciennes méthodes managerielles et s’autorégule en fonction des conditions politico-légales au niveau régional. L’émergence de cette pensée spatiale véhiculée par la régionalisation remet-elle en cause les modèles de développement ? Au-delà d’une réorganisation du développement régional, que propose-t-elle ? Peut-on imaginer une synergie entre les recherches scientifiques et le milieu industriel ? Mots clé : Régionalisation-développement décentralisé- compétitivité du territoire- collectivités territoriales-milieux innovateurs. L’émergence d’un développement décentralisé s’impose ce qui nous amène à marquer une rupture épistémologique dans l’histoire des études spatiales. En effet, cette rupture est une logique qui nous permet de nous désolidariser avec un développement régional basé seulement sur des tâtonnements sectoriels de la planification territoriale et qui ne s’attachait que sommairement aux données spatiales. Revue Organisation et Territoire n°2, 2016 Une alternative s’esquisse donc à travers la nouvelle promotion régionale. Elle se présente comme étant spatiale et révolutionnaire pour promouvoir un développement socio- économique décentralisé. Elle semble donc créatrice de ce « Big Bang » tant attendu par l’espace régional. Outre les raisons politiques et économiques, il s’avère que le fondement de ce développement régional décentralisé est tributaire d’une action collective au niveau locale au profit de la compétitivité du territoire régional. La crise socio-économique survenue au lendemain de l’indépendance politique du Maroc a imposé aux pouvoirs publics deux engagements fondamentaux. L’un consistait à multiplier les découpages territoriaux pour adapter le système politico-administratif à une nouvelle organisation du territoire national. L’autre engagement s’inscrivait dans la volonté de l’Etat d’agir sur les structures économiques et sociétales afin de réaliser un développement régional. C’est pourquoi bien qu’elle soit «a-spatiale », la planification marocaine évoluait entre deux conceptions : la première, pragmatique, basée sur les orientations socio-économiques du pouvoir central ; la seconde, radicale, calquée sur les collectivités locales dépourvues de toute reconnaissance de l’autonomie. Depuis, toutes les stratégies économiques de développement régional à court ou à moyen terme s’inscrivaient dans cette dualité spatiale. La prise de cet engagement ne pouvait se faire que dans le cadre d’un espace approprié : au départ la province puis dans un territoire plus large, la région. L’objectif de cette expérience marocaine est conséquemment double : - s’attaquer à l’organisation obsolète du territoire national ; - chercher une approche locale du développement socio-économique. Tel est l’objectif de la construction du territoire amorcée par l’indépendance du Maroc. En effet, le soubresaut politique et administratif qui s’ensuivit se matérialisa par la multiplication des découpages territoriaux et fonctionnels afin de remodeler l’archaïsme de l’espace national et l’ériger grâce à un certain nombre d’institutions administratives déconcentrées/décentralisées. Sans qu’elles soient en phase, ces deux administrations se sont, en principe, attachées à deux missions diamétralement opposées : la territorialisation du développement socio-économique et le maintien de l’ordre. Cependant, ce soubresaut a viré, aux dépens d’un arsenal juridique censé réguler l’omnipotence de l’agent de l’autorité au profit de l’initiative locale, davantage vers la rigidité des services territoriaux de l’Etat et la politisation de l’espace. 1) Un développement régional fondé sur des illusions industrielles. La nouvelle mise en valeur du territoire dans le cadre de la régionalisation était nécessaire pour la recherche d’une meilleure répartition de la population en fonction des ressources naturelles et des activités économiques. Un immense programme de développement est donc apporté par les plans et les codes d’investissement. Ils élaboraient toute une panoplie d’avantages comparatifs1 et d’incitations 1 Les facteurs traditionnels ou avantages comparatifs sont mis à la disposition aux industriels afin de dynamiser la localisation des activités économiques. D’après R. KAHN, ces facteurs caractérisent les pays en voie de développement. Ils englobent les coûts de main-d’œuvre, des matières premières. Ces facteurs existent par Revue Organisation et Territoire n°2, 2016 fiscales pour encourager les entreprises nationales et étrangères à s’installer en dehors de l’axe atlantique. En effet, une décentralisation industrielle fut entreprise au profit de pôles secondaires : Agadir, Béni Mellal, Meknès pour décongestionner l’axe Casablanca-Kénitra. Il ressort de notre appréhension de l’administration territoriale marocaine les éléments de réponse suivants 1) Politiques (administratif) : l’état a renforcé le pouvoir de la province sans remodeler les rapports inégalitaires entre le pouvoir de l’administration déconcentrée et décentralisée. La province devient l’élément de base pour la conduite de la politique de développement régional. L’autorité provinciale s’agrandit donc au profit du maintien de l’ordre et en dépit d’une planification décentralisée. Le développement socio-économique régional fut donc orchestré principalement par les institutions de l’Etat et par une participation timide des assemblées élues au niveau local et régional2. Par conséquent, les retombées de cette provincialisation du développement économique puis social n’ont pas parvenus à satisfaire la population locale. On parle d’une subordination ou d’une tutelle hiérarchisée de l’ensemble des organes décentralisés. En effet, chargé de maintenir l’ordre, le représentant de l’Etat au niveau local ou provincial détenait toute l’autorité sur l’exercice communal, sur les assemblées provinciales et préfectorales. De ce fait, non seulement la «provincialisation » du développement n’a pas eu de résultats probants mais les disparités économiques et sociales s’aggravaient entre les provinces riches et pauvres. Les investissements publics et privés ne structuraient pas suffisamment l’espace provincial puisqu’ils se concentrèrent au niveau des provinces historiquement équipées. Cette «provincialisation » aurait du intensifier les transferts des moyens financiers, humains et juridiques pour entreprendre un développement spatial et cohérent avec les attentes de la population. Mais la rigidité de cet espace politique, devenue un frein vis-à-vis de toutes les initiatives locales. 2) La région ne changea ni l’organisation traditionnelle ni la dynamique du territoire national. De ce fait, le volet régional du plan n’est toujours pas pris en considération. Ce défaut constitutionnel entraîne le maintien de la prédominance des administrations de l’Etat, ne permettant pas à la région de s’imposer comme un espace approprié. Une autre analyse a été effectuée sur l’ensemble des stratégies de développement entreprises depuis 1973 et la planification de l’Etat dans la déconcentration des investissements publics dans l’industrie comme dans l’agriculture. Le Maroc a vécu sans plan durant la période 1993-1999. Cependant un décalage entre le discours et les résultats fut exemple dans la composition de l’indice BERI (Business Economic Risk Index) qui mesure le climat des affaires dans 50 pays. Les nouveaux facteurs ou avantages dynamiques caractérisent souvent les pays développés et un espace régional ou un site géographique particulier. 2 Nous parlons ici d’une tutelle sur les actes et les personnes des assemblées élues à la fois par l’agent de l’autorité et le contrôleur financier et ceux malgré les réformes territoriales et le discours qui ‘sen suit. Revue Organisation et Territoire n°2, 2016 remarqué par exemple le plan 1999-2003, bien qu’il soit porteur d’un partenariat entre tous les acteurs locaux n’apporte pas des solutions tangibles. Il en découle que le capital public comme privé se concentrait dans les régions industrielles historiquement attractives. L’investissement privé subit donc la politique de l’aménagement car elle ne réunit pas les conditions nécessaires pour promouvoir le territoire national face à la demande de l’industrie. Les codes d’investissement entrepris sous la provincialisation et sous la régionalisation ne développaient pas également des avantages qualitatifs. Ils n’ont eu qu’un impact limité sur la décentralisation industrielle donc sur la configuration spatiale du pays. Par conséquent, la régionalisation ne changea pas la nature centralisée du plan de développement. En effet, les structures locales décentralisées ou déconcentrées n’étaient ni efficacement impliquées dans la conception des programmes d’un développement national ni dans leur propre développement. Par conséquent, la planification marocaine demeure une planification pour gérer les ressources de l’Etat au lieu d'être créatrice et innovatrice en la matière. Malgré que l’ensemble des plans porte uploads/Geographie/ 6509-16233-1-pb-pdf.pdf
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- Publié le Jul 06, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
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