30 • Géomètre n° 21 76 • janvier 2020 Le dossier du mois COORDONNÉ PAR L’UNGE P
30 • Géomètre n° 21 76 • janvier 2020 Le dossier du mois COORDONNÉ PAR L’UNGE PHOTO : D.R. Révolution urbaine Ville intelligente Géomètre n° 21 76 • janvier 2020 • 31 Ville intelligente Technologies, qualité de vie, citoyens... PIXABAY V ille intelligente, ou smart city, tout le monde a entendu parler de ce concept, mais cette notion reste un peu floue, éthérée... La Commission nationale informa- tique et libertés (Cnil) définit la ville intelligente comme «un nouveau concept de dévelop- pement urbain. Il s’agit d’amé- liorer la qualité de vie des cita- dins en rendant la ville plus adaptative et efficace, à l’aide de nouvelles technologies qui s’appuient sur un écosystème d’objets et de services. Le péri- mètre couvrant ce nouveau mode de gestion des villes inclut notamment: infrastruc- tures publiques (bâtiments, mobiliers urbains, domotique, etc.), réseaux (eau, électricité, gaz, télécoms); transports (trans- ports publics, routes et voitures intelligentes, covoiturage, mobi - lités dites douces –à vélo, à pied, etc.); les e-services et e- administrations». Cette défini- tion, si elle permet de saisir le concept, reste tout de même incomplète, en particulier sur le CIM (City information mode- ling), qui est en quelques mots un BIM (Building information modeling) mais à l’échelle d’une ville. Pour simplifier, il s’agit de passer du concept d’un seul bâtiment (le BIM) à celui d’une ville ou d’un quartier (CIM). Le CIM, par le biais de la maquette numérique 3D d’une ville, peut servir de support à la mise en place, au développe- ment et au suivi de l’ensemble d’un programme de ville intelli- gente. Prolongement de la ville durable Selon le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’envi- ronnement, la mobilité et l’amé- nagement (Cérema), la ville intelligente, traduction franco- phone de «smart city», est un concept apparu il y une dizaine d’années, qui s’inscrit dans le prolongement de celui de la ville durable. Il apporte une nouvelle dimension en intégrant l’impact Les géomètres-experts, par leur double compétence technique et juridique, leurs capacités à faire collaborer différents corps de métier, ont un rôle important à jouer dans la création d’une maquette CIM (City informa- tion modeling). Ils peuvent garantir la mesure de l’ensemble des éléments de la maquette, conseiller les élus et manager le processus. Il y a donc un marché à prendre, à inventer. D’autant qu’avec les problématiques écolo- giques croissantes, le besoin de nos concitoyens d’une plus grande transparence et d’une gouvernance les impliquant davantage, la ville intelligente va fortement se développer. La centralisation de l’ensemble des données d’une ville dans un seul outil, la possibilité de réaliser des études complètes de réalisa- tion urbaine, et la facilitation de la communication sur des sujets techniq ues va favoriser une adoption rapide du CIM par les collectivités. Avec les enjeux d’innovation, de développement durable, de proposition de missions permettant de contribuer à préserver l’environnement et améliorer la vie de nos conci- toyens, c’est également une opportunité pour attirer de nouveaux profils au sein des cabinets de la profession. Avec la ville intelligente, nous sommes aux pré- mices d’une révolution de l’urbanisme et de l’aménagement. Les géomètres-experts ont toutes les raisons de saisir l’opportunité de la smart city par le CIM, équivalent du BIM pour la ville. GUILLAUME LEGROS, chargé de mission à l’UNGE Géomètre n° 21 76 • janvier 2020 • 33 Ville intelligente de la transition numérique sur la fabrication de la ville et des terri- toires. Ville intelligente et ville durable restent néanmoins étroitement liées du fait que le numérique ne porte pas de finalité en soi et qu’il ne constitue qu’une nou - velle opportunité technique au service de la ville durable. Pour autant, la transition numérique génère un tel impact technolo- gique, organisationnel et même culturel sur la société qu’elle soulève aussi, en propre, de nouveaux enjeux politiques, au- delà des aspects technologiques. Dans un premier temps, le con - cept de ville intelligente a été porté par des entreprises leaders du numérique. En 2005, Bill Clinton lança un défi à Cisco (une entreprise informatique américaine spécialisée dans le matériel réseau) par le biais de sa fondation philanthropique: comment l’entreprise pourrait- elle mettre son savoir-faire tech - nologique au service d’une ville plus durable et respectueuse de l’environnement? Cisco releva le défi en lançant un programme de recherche de cinq ans, doté d’un budget de vingt-cinq mil - lions d’euros, en lien avec les villes de San Francisco, Séoul et Amsterdam. En 2010, elle décida de vendre les solutions issues de ce programme de recherche. Les villes qui ont adopté ces solutions ont ainsi été pionnières en matière de ville intelligente, mais ont essuyé quelques revers, tels que l’inadéquation de cer - tains services proposés par rapport aux besoins réels des territoires, ou encore une perte de souveraineté liée à une dépendance technologique trop forte vis-à-vis des prestataires. Ce premier mouvement a consisté à irriguer la ville d’intelligence artificielle, au sens d’une auto - matisation croissante des pro - cessus de gestion, souvent abor - dée de manière sectorielle (eau, électricité, transports, etc.). On peut en ce sens parler de «ville numérique» ou de «ville con - nectée». Comme en réaction, un second mouvement a émergé ces der - nières années, qui vise à remettre au centre des préoccupations les finalités de l’action publique ®® locale et l’innovation socia - le, plutôt que de considérer que le progrès technologique pourra seul répondre aux enjeux. Les collectivités sont alors de plus en plus à l’écoute des citoyens et des acteurs socio-économiques, via un renforcement de la parti- cipation citoyen ne et l’ouverture des gouvernances territoriales. Il s’agit là de mobiliser l’intelli- gence collective des territoires, dans une approch e globale et non plus sectorielle. On parle alors de «ville collaborative», «ville agile» ou encore «ville ouver te», considérant que la nou veauté technologique du numé rique est –ou sera bien tôt– intégrée dans les pratiques, et que l’heure est aujourd’hui à une approche collaborative de la fabrique de la ville et de son fonctionnement. «La ville de demain, c’est un pari à trois: collectivités, cito yens et entreprises. Si on exclut l’un de ces acteurs, ça ne fonctionnera pas», affirme David Lacombled, président du think tank Villa Numéris. C’est l’open data qui permettra une collaboration étroite entre les trois acteurs. La loi pour une République numérique l’a d’ailleurs rendu obligatoire pour les villes de plus de 3 500 habitants. L’open data, ou donnée ouverte, est une donnée numérique dont l’accès et l’usage sont laissés gratuits aux citoyens. Elle est diffusée de manière structurée selon une méthode et une licence ouverte garantissant son libre accès et sa réutilisation par tous, sans restriction technique, juridique ou financière. L ’étape d’après, c’est impliquer les entreprises délégataires du service public en les incitant à partager leurs données. Pour enfin inviter le citoyen à contri- buer en rendant la donnée intel- ligible, par la simplification et l’inclusion. Nantes est pionnière dans ce domaine. L ’application mobile «Nantes dans ma poche» utilise l’open data pour informer les habitants sur les services qui les intéressent, à savoir horaires de trams, de séances de cinéma, menus des cantines, etc. Le service ainsi proposé s’adapte à chacun, et non le contraire. Il y a donc autant d’applications que d’utilisateurs (lire page 38). Selon Rudolf Giffinger, universi- taire viennois et théoricien réfé - rent en matière de smart city, six piliers composent la ville intel- ligente: l’environnement intelli- gent, la mobilité intelligente, le mode de vie intelligent, la gou - vernance intelligente, l’éco- nomie intelligente et les habi - tants intelligents (lire page 38). Si l’on devait donner une défini- tion concise, une ville intelli- gente est une ville qui arrive à garantir la prospérité écono- mique, le bien-être de ses cito - yens tout en prônant une gestion respectueuse des ressources naturelles, en utilisant les nou - velles technologies. Cela s’incarne concrètement à Copenhague (Danemark) par exemple, où des lampadaires intelligents sont testés. Ils modu - lent leur éclairage en fonction du trafic ou, pour certains, ne s’allument qu’au passage d’un véhicule ou d’un piéton. Des poubelles connectées, facilitant la récupération des ordures par les camions poubelles et donc la circulation, ont été installées. Une plateforme de partage de données, entre entreprises publi - ques et privées, a initié une collaboration sur la gestion des parkings, de l’eau ou des déchets. Ville intelligente 34 • Géomètre n° 21 76 • janvier 2020 ®® L’application mobile «Nantes dans ma poche» donne aux habitants accès à tous types d’informations les intéressant: horaires des transports, trafic, cinémas, qualité de l’air, écoles, etc. VILLE DE NANTES E ncore à ses premiers balbutiements en France, le CIM (City information modeling) apparaît pourtant com- me une solution solide pour participer à l’essor de la ville intelligente. Le duo BIM-CIM facilite la coordination entre les différents intervenants et optimise les phases de vie d’un bâtiment, de la conception à l’exploitation en passant par la gestion de chantier dans une démarche similaire à celle de la ville intelligente: obtenir davantage d’effica- cité par un meilleur uploads/Geographie/ 706-villeintelligente.pdf
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- Publié le Sep 25, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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