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Retrouver ce titre sur Numilog.com P A P I L L O N ÉPINGLÉ Retrouver ce titre sur Numilog.com Retrouver ce titre sur Numilog.com Gérard d e Villiers PAPILLON ÉPINGLÉ P R E S S E S D E L A C I T É P A R I S Retrouver ce titre sur Numilog.com © Presses d e la Cité, 1 9 7 0 . Tous droits de reproduction, de traduction et d'adaptation réservés pour tous pays, y compris l'U.R.S.S. Retrouver ce titre sur Numilog.com P R O L O G U E Pour Maître Albert Naud, avocat au barreau de Paris, grand admirateur de « Papillon » , Henri Char- rière est « un bloc de sincérité et d'authenticité » . Par contre, aux yeux de George Arnaud, l'auteur du « Salaire de la peur » , qui a connu Henri Charrière au Venezuela après la guerre, « ce mec Papillon, c'est un menteur, mais un menteur monotone qui ne dispose que d'une seule version pour chaque histoire incroya- ble mais pas vraie qu'il s'attribue » . Laquelle est la vraie, de ces deux opinions diamétra- lement opposées ? Vous allez le découvrir dans les pages qui suivent Retrouver ce titre sur Numilog.com Retrouver ce titre sur Numilog.com P A P I L L O N E P I N G L E Pourquoi « Papillon épinglé » ? Surtout par curiosité. J'ai lu « Papillon » . J'ai ren- contré Henri Charrière durant l'été 1969, à Saint-Tro- pez. J'ai été intrigué par le personnage, un mélange de force de la nature et de hâbleur méridional, avec un accent à la Raimu. U n peu trop sûr de lui, un peu trop précis sur des détails de plus de trente ans. D'autre part, si tout ce qu'il s'attribuait dans son livre était vrai, Henri Charrière était un mélange de saint Georges, de Robin des Bois et de D o n Quichotte, avec un zeste de Tarzan. U n peu comme si Peter T o w n - send se vantait d'avoir abattu des Messerschmidt durant la bataille d'Angleterre en pilotant seulement de la main gauche, les yeux bandés. Intrigué par le décalage entre le personnage et ses aventures supposées, j'ai décidé de m e pencher sur Papillon avec le soin et l'intérêt d'un entomologiste sur un insecte. Pour ce faire, j'ai parcouru environ 3 0 0 0 0 kilomè- tres en avion, en voiture, en pirogue, en bateau. J'ai interrogé des dizaines de personnes, pour recou- Retrouver ce titre sur Numilog.com per leurs témoignages, essayant de faire la part de la haine, de la jalousie, du désir qui sommeille en chacun d'enjoliver les choses, de l'oubli qui les déforme. J'ai essayé, le plus souvent possible, d'obtenir plusieurs témoignages du même fait. Je n'ai négligé personne, des anciens compagnons de bagne de Papillon à la sacro-sainte Administration Pénitentiaire. Surtout, j'ai essayé d'être objectif, de ne pas voir les choses par le petit bout de la lorgnette. Certains des anciens compagnons de Papillon — je pense entre autres à l'ancien bagnard Charles Hut — se sont pen- chés sur son livre avec une haine corrosive, relevant la plus petite inexactitude matérielle pour en tirer des conclusions négatives. Or, il ne faut quand même pas oublier que Papillon a écrit son livre vingt-cinq ans après avoir quitté la Guyane, sans aucune documentation. Cela a de quoi excuser certaines petites erreurs matérielles. Bien sûr, il appelle le Tribunal Maritime Spécial qui jugeait les bagnards « Conseil de guerre » . Il dit que « La Martinière », le navire qui transpor- tait les bagnards de France en Guyane, pouvait embar- quer 1 800 personnes alors que la capacité de ce navire ne dépassait pas 800 passagers. Il dit être arrivé à cacher 2 5 000 francs dans un « plan », ce tube métallique que les bagnards conser- vaient dans leurs intestins avec leur fortune, ce qui a semblé à tous ceux que j'ai interrogés nettement exagéré. Il a vu des araignées d'une livre, alors que les plus grosses dépassent difficilement cent grammes. Dans son souvenir, les barreaux de la réclusion étaient gros comme des rails de chemin de fer. Je les ai vus. Ils sont d'une taille nettement plus modeste. Il a aussi confondu deux oiseaux, l'agami et le rocco, Retrouver ce titre sur Numilog.com ce qui est, paraît-il, aux yeux des spécialistes, impar- donnable. Je donne volontiers acte aux puristes de ces petites erreurs, mais à mes yeux elles n'ont aucune impor- tance. C e qui m'intéressait surtout, c'était une vérité plus profonde : oui ou non, Papillon est-il le héros qu'il a complaisamment décrit dans son livre ? O u s'est-il contenté de ramasser un certain nombre d'histoires et de les ficeler ensemble selon un procédé de roman- cier et de journaliste vieux comme l'imprimerie ? Pour tenter de le savoir, j'ai remonté le Maroni en pirogue, de jour et de nuit, comme Papillon raconte qu'il l'a fait dans son livre. J'ai m ê m e été interroger un ancien bagnard algérien qui tient une épicerie à Maripasoula, à 3 0 0 kilomètres de Saint-Laurent-du- Maroni, à l'intérieur de la Guyane. J'ai été aux îles du Salut, à la Royale, à Saint-Joseph, à l'île du Diable, là d'où Papillon prétend s'être évadé. J'ai passé au peigne fin Cayenne, Kourou et Saint- Laurent-du-Maroni, les trois villes principales de Guyane. Ensuite, de là, j'ai sauté en Guyane anglaise, à Geor- getown, première étape de la première évasion de Papillon. J'ai continué le périple supposé de Papillon par Tri- nidad, l'île où il a abordé après sa première évasion et où vit encore l'avocat anglais qui l'a accueilli, M o n - sieur Bowen. Enfin, j'ai été au Venezuela, à Caracas, à Maracaïbo ; à Maracaïbo où Papillon vendait des chemises au mar- ché en 1 9 4 8 . A Caracas où il vit depuis de nombreuses années, au septième étage d'un immeuble modeste dans le quartier de Chaquaito. Retrouver ce titre sur Numilog.com D e la Guyane que Papillon a connue, il reste peu de chose. Le bagne a quitté le pays en 1948. Avec son personnel et ses archives qui se trouvent maintenant à St-Martin-de-Ré. Toutes les installations sont abandonnées. A u x îles du Salut, pourtant, la jungle n'a pas encore fait dis- paraître les vestiges des bâtiments pénitentiaires. A l'exception de son toit de tôle, la réclusion est presque intacte. Sur certaines portes, on distingue encore les numéros des cellules. U n grand bâtiment qui servait d'atelier est intact, lui aussi. Sur l'île Royale, même abandon, sauf en ce qui concerne la caserne : un Parisien y a installé un res- taurant pour les touristes qui viennent de Kourou cha- que dimanche. Le gardien du phare s'est installé dans les anciens bâtiments de l'administration. Mais le cimetière des enfants des surveillants est abandonné, envahi par les herbes et la végétation luxuriante. Par contre, l'île du Diable, où Dreyfus purgea sa peine, est retournée à l'état sauvage. O n ne peut y aborder que difficilement, en pirogue. Pour y circuler, on est obligé de se frayer un chemin au coupe-coupe. Même abandon au pénitencier de Saint-Laurent-du- Maroni. Des familles noires se sont installées dans les bâtiments les moins décrépits, après avoir ôté les bar- reaux. L'hôpital existe toujours. Une douzaine de vieux bagnards, atteints de diverses maladies et surtout de vieillesse, y croupissent doucement en attendant la mort. Saint-Laurent est mort, il ressemble à une de ces villes du Far-West abandonnées après la ruée vers l'or. Il n'y a pas cinq cents Blancs. Même impression d'abandon à Cayenne. D e vieilles maisons de bois, des boutiques minuscules, des gens apathiques. Le bagne est parti, mais rien ne l'a rem- Retrouver ce titre sur Numilog.com SAINT-JOSEPH Ceci est le plan de la Réclusion. On y voit à la lettre F qu'à chacun des bâtiments correspond un préau où les condamnés se promenaient tous les jours entre trente minutes et une heure sans toutefois sortir du bâtiment proprement dit. Retrouver ce titre sur Numilog.com placé. Quelques « tapouilles » brésiliennes viennent toutes les semaines échanger du bétail volé contre du whisky et de la soie. Il n'y a pas de touristes. L a res- ponsable du Syndicat d'Initiative, mal payée, passe le plus clair de son temps à la chasse aux papillons. Il y a encore des anciens bagnards. O n les appelle les « vieux Blancs » . U n e trentaine environ. Sur les 7 0 0 0 0 condamnés et relégués qui sont passés au bagne et dont la moitié sont morts. Certains se sont reclassés et ne veulent plus parler de leur passé. D'autres, au contraire, brandissent fièrement leurs années de chiourme, c o m m e un drapeau. Ils se mélangent tous amicalement aux gardiens qui ont pris leur retraite sur place ou qui sont encore en exercice à la minus- cule prison de Cayenne. C o m m e des anciens combat- tants ennemis, uploads/Geographie/ 9782258190153.pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mai 04, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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