© Librairie Arthème Fayard, 2014. Carte p. 10 : © Philippe Paraire Couverture :

© Librairie Arthème Fayard, 2014. Carte p. 10 : © Philippe Paraire Couverture : © un chat au plafond ISBN : 978-2-213-67689-0 DU MÊME AUTEUR Ces messieurs Afrique, t. I : Le Paris-Village du continent noir, avec Stephen Smith, Paris, Calmann-Lévy, 1992. L’Afrique sans Africains. Le rêve blanc du continent noir, avec Stephen Smith, Paris, Stock, 1994. Ces messieurs Afrique, t. II : Des réseaux aux lobbies, avec Stephen Smith, Paris, Calmann-Lévy, 1997. Comment la France a perdu l’Afrique, avec Stephen Smith, Paris, Calmann-Lévy, 2005 ; rééd. Paris, Hachette Littératures, coll. « Pluriel », 2006. Sarko en Afrique, avec Stephen Smith, Paris, Plon, 2008. À la mémoire de Ghislaine Dupont et Claude Verlon « Puisque ces mystères me dépassent, feignons d’en être l’organisateur. » Jean Cocteau, Les Mariés de la tour Eiffel Table des matières Couverture Page de titre Page de Copyright Du même auteur AVANT-PROPOS CHAPITRE PREMIER. Foccart l’Africain Ambassadeurs ou conseillers des chefs d’État ? Félix Houphouët-Boigny, l’acteur masqué de la sécession biafraise Du cash tout frais « Cadeautage » à tous les étages Qui a peur d’Omar Bongo ? Des « frères d’armes » intouchables CHAPITRE 2. Côte d’Ivoire : au cœur du village gaulois Martin Bouygues, le joker La traversée du désert Nicolas Sarkozy, l’as de cœur Une entrée stratégique chez Hollande Allié incontournable dans la crise malienne CHAPITRE 3. Congo : au pays de l’or noir À la recherche d’un leadership régional Le réveil de Savorgnan de Brazza Un influent réseau parisien Jean-Yves Ollivier, l’ami indéfectible Les réseaux de l’or noir CHAPITRE 4. Niger : au pays de l’uranium Naissance d’un monopole Le cheval de Troie des Chinois Il faut sauver le soldat Areva Le « camarade » Issoufou ne relâche pas la pression CHAPITRE 5. Tchad : au pays des guerriers zaghawas Un ambassadeur « au parfum » Hollande et Déby, le jour et la nuit ? Foudre de guerre CHAPITRE 6. Cameroun : au pays du franglais Israël pour la sécurité et la Kabbale Le président « omni-absent » Des ambassadeurs de France « sélectionnés » Business as usual Adoubé par Hollande grâce à la libération des otages CHAPITRE 7. Burkina Faso : au pays des hommes intègres Le fantôme de Charles Taylor L’acteur masqué de la crise ivoirienne Un francophone pas si francophile Bolloré moins regardant que Hollande CHAPITRE 8. Sénégal : au pays du verbe Hollande : « Qui est ce Bigot que réclame Sall comme ambassadeur ? » Wade prêt à tout pour être en cour à Paris Wade père et fils : intouchables Rufin n’est plus dans les petits papiers de Wade CHAPITRE 9. Guinée : au pays de la bauxite Kouchner : un ami de cinquante ans Un passé d’exilé politique militant L’« ami Vincent » L’Élysée pour la photo, Soros et Blair pour les affaires CHAPITRE 10. Gabon : au pays de la Françafrique En rivalité avec sa sœur Pascaline Un homme de réseaux Le rêve américain d’Ali Bongo Paris : loin des yeux, loin du cœur CONCLUSION L’Élysée marabouté Un « prix politique » pour les bases militaires Good morning China Bientôt plus de Nigérians que d’Américains REMERCIEMENTS Index AVANT-PROPOS Et si l’Afrique avait marabouté la France ? Pendant plus de quarante ans, j’ai analysé, décrypté et commenté la politique africaine de l’Hexagone. Moi qui m’intéressais surtout à l’Afrique, je suis devenu, à mon corps défendant, un spécialiste de la « Françafrique ». Un terme forgé par le premier président de la Côte d’Ivoire, feu Félix Houphouët-Boigny, pour magnifier les relations de l’ex-métropole avec ses anciennes colonies. En osmose quasi quotidienne avec Jacques Foccart – le « Monsieur Afrique » du général de Gaulle –, l’ancien président ivoirien croyait sincèrement à une communauté de destin entre la France et l’Afrique. C’était la période de la guerre froide. La doctrine qui prévalait était celle définie par Foccart : « Ce qui est bon pour la France est bon pour l’Afrique. » Les réseaux de la Résistance s’étaient servis de leurs bases en Afrique pour libérer la France. Ils constituèrent le cœur du futur dispositif gaulliste sur le continent. Dans ces anciennes colonies, les dirigeants africains étaient cooptés par l’ex-métropole. Les ministres et les députés d’avant les indépendances (Félix Houphouët-Boigny et Léopold Sédar Senghor) et les adjudants-chefs de l’armée française (Jean-Bedel Bokassa et Gnassingbé Eyadema) étaient les bienvenus. Encore fallait-il qu’ils soient francophiles ! Le contrôle – politique, diplomatique, militaire et financier – par la France de son pré carré d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale était un système intégré, étanche. Pas un criquet ne stridulait sur le continent sans que Paris en soit informé. Des clauses secrètes garantissaient aux chefs d’État adoubés la sécurité et le maintien au pouvoir. Une assurance tous risques et la certitude de l’impunité. En contrepartie, ces dirigeants mettaient leurs matières premières à la disposition de la France et votaient comme un seul homme en faveur des choix de Paris aux Nations unies. Voilà pour l’histoire communément admise. Pourtant, un tel rapport de soumission de l’Afrique à la France postcoloniale est loin de correspondre à la réalité. C’est un leurre qui arrange autant Paris que les capitales africaines. Bien sûr, à l’exception notable du Cameroun, ces pays n’ont pas connu d’importants mouvements de libération comme en Afrique anglophone ou lusophone. Bien sûr, la France agissait comme chez elle sur ce quart de continent. Cependant, si l’on soulève le rideau des secrets d’État, on constate très vite que le rapport du « faible » au « fort » n’est pas celui qu’on croit. Même du temps du général de Gaulle ! Loin d’être des pantins et des béni-oui-oui, les présidents africains ont su manœuvrer et instrumentaliser leurs « maîtres » à Paris. Ils se sont offert des réseaux d’influence qui ont fini par constituer un discret mais puissant lobby africain. La plupart d’entre eux se sont maintenus au pouvoir pendant des décennies malgré les tours de manège et les changements à l’Élysée. Jacques Foccart, leur « homme » – pour ne pas dire agent ou honorable correspondant –, est resté indéboulonnable jusqu’à sa mort en mars 1997. Aucun président français n’a échappé aux amicales pressions des pouvoirs africains pour maintenir Foccart au cœur du système – à l’Élysée avec le général de Gaulle et Georges Pompidou, à Matignon, puis à nouveau à l’Élysée avec Jacques Chirac. Sous Valéry Giscard d’Estaing, c’étaient ses anciens collaborateurs, René Journiac et Martin Kirsch, qui étaient à la manœuvre. Sous François Mitterrand, avant même la période de cohabitation, la cellule africaine de l’Élysée communiquait en bonne intelligence avec Jacques Foccart. Les déclarations de Mitterrand sur « la démocratie pour tous » lors de la conférence de La Baule, en juin 1990, n’ont pas davantage ébranlé les grilles des palais africains. Même Nicolas Sarkozy, peu enclin à jongler avec les masques, recevait régulièrement Robert Bourgi, ancien messager de Jacques Foccart dans les capitales africaines et surtout meilleur interprète des humeurs du président gabonais Omar Bongo. Patriote au-dessus de tout soupçon, Jacques Foccart défendait tous les soirs ses « amis » africains dans le bureau du général de Gaulle. Celui-ci se montrait parfois agacé d’avoir à sa table midi et soir, lors de visites officielles interminables, tous les dirigeants du continent, et il le faisait savoir sans ménagements : « Vous savez, cela suffit comme cela avec vos Nègres. Vous me gagnez à la main, alors on ne voit plus qu’eux : il y a des Nègres à l’Élysée tous les jours, vous me les faites recevoir, vous me les faites inviter à déjeuner . » Tenace et patient, Foccart insistait sur « l’appui considérable de l’Afrique pour la politique extérieure de la France » et sur ses gisements de pétrole et d’uranium. « Si nous avions laissé filer Bongo et qu’il soit aux mains des Américains, vous n’auriez pas d’uranium gabonais et vous n’auriez pas pu réaliser votre programme nucléaire », rappelait-il à l’ancien patron de la France libre, dont la capitale avait été un temps Brazzaville. La France n’est-elle finalement pas devenue, au fil des ans, l’obligée des chefs d’État africains ? Sans les voix des Africains aux Nations unies, aurait-elle pu poursuivre ses essais nucléaires dans le Pacifique ou conduire la guerre d’Algérie ? Dans ses Mémoires, l’ancien ministre des Affaires étrangères Roland Dumas raconte par exemple comment les dirigeants du pré carré français se sont mobilisés pour voter en bloc en faveur de la nomination de Boutros Boutros-Ghali – contre l’avis des Américains – à la tête du secrétariat général des Nations unies : « Le président ivoirien a, de mon bureau au Quai d’Orsay, appelé personnellement tous ses homologues pour leur enjoindre de voter pour le candidat de Paris. Houphouët-Boigny m’a alors demandé : “Quand le président de la République va-t-il recevoir ses ‘pairs’ ?” Mitterrand nous reçut alors longuement pour harmoniser les positions, et c’est ainsi qu’a été élu l’Égyptien Boutros Boutros-Ghali. » « Sans nos “satellites” africains, sa candidature n’aurait pas été acquise », reconnaît Roland Dumas, qui précise encore : « Les Américains uploads/Geographie/ africa-france-antoine-glaser.pdf

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