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1 ANALYSE SPATIALE ET PROGRAMMATION Préparer par .Ghannem Marcel 2 l’analyse spatiale Introduction historique et épistémologique La géographie s’appuie historiquement, en particulier en France, sur une démarche d’étude des phénomènes dans leur singularité. Cette démarche est qualifiée d’idiographique. Ainsi, la géographie s’est développée en s’appuyant notamment sur de longues monographies concernant des territoires délimités par des caractéristiques physiques, culturelles, historiques ou sociales. Pour la géographie « régionale », cette démarche est fondamentale. En effet, la géographie régionale recherche notamment en quoi chaque combinaison régionale est originale. Le postulat central de la géographie régionale tend même à considérer chaque région étudiée comme unique. Tout le savoir géographique est alors mis au service de cette unicité en évacuant probablement ce qui peut être le plus fécond : c'est à dire ce qui est commun entre les régions. La démarche idiographique tend ainsi à s’opposer à une géographie « générale » qui étudierait les processus et les phénomènes pris par thème, classant les phénomènes et cherchant les règles générales qui les régissent. L’analyse spatiale est une démarche qui, à l’instar de la géographie « générale », recherche les similarités entre les phénomènes et tente d’établir des lois (des règles). Cette démarche est qualifiée de nomothétique. En l’occurrence, comme son nom l’indique, l’analyse spatiale recherche ou applique des lois spatiales. Ces lois peuvent dans certains cas être testées afin de déterminer leur validité. L’analyse spatiale est donc généralement présentée comme une démarche « hypothético-déductive », puisque les similarités identifiées entre les phénomènes observés peuvent constituer des hypothèses de travail aboutissant à la formulation de modèles qui seront mis à l’épreuve. Néanmoins, contrairement aux sciences physiques, les modèles n’ont pas tous vocation à décrire le comportement réel des systèmes étudiés, puis à être testé et validé. Ils peuvent plus simplement servir comme modèle de comparaison. Pour résumer, « l’analyse spatiale met en évidence des structures et des formes d’organisation spatiale récurrentes, que résument par exemple les modèles centre-périphérie, les champs d’interaction de type gravitaire, les trames urbaines hiérarchisées, les divers types de réseaux ou de territoires, etc. Elle analyse des processus qui sont à l’origine de ces structures, à travers des concepts comme ceux de distance, d’interaction, de portée spatiale, de polarisation, de centralité, de stratégie ou choix spatial, de territorialité... Des lois de la spatialité relient ces formes et ces processus, et sont intégrées dans des théories et des modèles du fonctionnement et de l’évolution des systèmes » (Denise Pumain). Malgré une apparente opposition entre ces deux démarches, celles-ci ne sont pas incompatibles. Bien au contraire, elles apparaissent complémentaires. En effet, la démarche idiographique ne récuse pas toute possibilité de généralisation au nom de l’irréductible unicité des lieux et la démarche nomothétique n’est pas nécessairement réductrice et oublieuse des spécificités locales. C’est en fait entre ces deux attraits de la géographie, la recherche de la régularité d’une part et la fascination pour ce que l’on ne verra pas deux fois 2 d’autre part, que peut naitre une science ayant son objet, sa place et sa propre contribution au sein des sciences humaines (Pumain et Saint-Julien, 2010). Cette dichotomie permet seulement d’introduire, de manière simplifiée, la principale particularité de l’analyse spatiale et la rupture que celle-ci a pu représenter. Trois concepts apparaissent in fine centraux pour définir l’analyse spatiale : Le concept de loi : Une loi est une formule générale énonçant une relation constante ou habituelle entre des phénomènes. En géographie humaine, les lois sont plutôt considérées comme des références nécessaires aux explications, que l’objet étudié s’y conforme ou qu’il s’en écarte. Dans ce cadre, le terme de loi est souvent considéré comme trop fort et remplacé par le terme de règle, ou encore par celui de régularité. En effet, les relations observées en géographie humaine n’ont pas la précision des lois physiques. Quoi qu’il en soit, les lois expriment l’existence de déterminations, même si d’une part celles-ci ne sont pas connues ou mesurées avec précision, et si d’autre part il entre dans leurs effets une part plus ou moins grande de hasard et d’indétermination. Le terme de loi est aussi employé pour désigner des règles de comportement plutôt invariantes dans le temps et l’espace comme la « loi du moindre effort » énoncée par Zipf. Cette loi montre que « le plus court chemin » ou « la plus grande proximité » ont été souvent privilégiés dans la localisation des activités humaines. Le concept d’espace : L’espace comme concept géographique, n’est pas une zone, ni un lieu, ni une région du monde, ni un « territoire ». Il se définit par la forme (type et structure des « distances », organisation des espacements, valeur des liens) que prennent les relations entre les lieux, que ce soit pour un individu, pour un groupe, ou pour une entité géographique. En dehors de ce positionnement simple, il existe au moins trois manières de penser l'espace en géographie : l’espace absolu ; l’espace relatif ; l’espace construit (subjectif). Premièrement, l’espace peut être considéré comme une réalité absolue. Ainsi, les conditions géo-climatiques sont vues comme stables, les régions existent en tant que telle, il y a un espace défini de la civilisation occidentale et un espace défini de la civilisation musulmane… Dans un deuxième temps, la réalité spatiale peut aussi être considérée comme le fruit d’un jeu de forces dans le cadre d’un système, faisant que chaque élément du système se situe spatialement en fonction des autres éléments. Ainsi, l’espace n’est plus absolu, il est relatif et évolutif. Enfin, l’espace peut être considéré comme une réalité fluctuante et libre, faisant que les rapports entre les éléments ne sont jamais réellement prédéterminés. Dans ce cadre, l’espace est une construction entièrement subjective. Le concept de modèle : L’expression de « modèle spatial » recouvre des acceptations et des conceptions différentes. En effet, si les chercheurs de différents domaines peuvent s’accorder sur une définition relativement générale 3 de la notion de « modèle » comme « représentation simplifiée de la réalité (d’un processus) en vue de la (le) comprendre et de la (le) faire comprendre », le référent diffère considérablement suivant les disciplines. En géographie, on distinguera notamment les modèles purement thématiques (géographie urbaine, géographie des risques…) et les modèles informatiques (modèles de données géographiques, modèles agents…). De plus, modéliser des dynamiques spatiales peut être compris de différentes façons : rendre compte des changements de la manière la plus claire possible (logique descriptive) ou rechercher les causalités derrière la forme et la vitesse des évolutions observées (logique explicative). En outre, les modèles déforment la réalité et peuvent s’exprimer dans des langages différents. On peut ainsi distinguer les modèles iconiques, les modèles mathématiques et les modèles informatiques. Il faut également différencier les modèles statiques, qui sont les représentations d’un existant quelconque, et les modèles dynamiques, dont le fonctionnement permet de simuler des processus. L’analyse spatiale comme rupture1 « L’avènement » de la démarche nomothétique en géographie a pu constituer une véritable « révolution », puisque la géographie reposait jusqu’alors sur la démarche idéographique. Cette révolution se produisit dans les décennies 1950, 1960. Ainsi, la volonté de rupture était telle que les tenants de ce changement paradigmatique n’hésitait pas alors à parler, pour se distinguer d’une géographie qu’il qualifiait de « classique », de Nouvelle Géographie. Plus précisément, ce fut une révolution essentiellement « théorique et quantitative » caractérisée par le recours à des analogies issues de la physique et l’utilisation croissante d’outils mathématiques relativement nouveaux. Néanmoins, il est important de préciser que la démarche nomothétique était déjà présente dans des travaux antérieurs. C’est pourquoi, certains modèles présentés dans ce complément de cours sont antérieurs à cette révolution. Cet avènement souleva de nombreux débats (voire des réticences et des oppositions) qui sont pour certains toujours d’actualité et parfaitement légitimes. En effet, la démarche nomothétique est issue des sciences de la nature, son application dans une discipline qui relève des sciences humaines et sociales soulève donc des questions épistémologiques qui ne sont pas triviales. Cet avènement fut initié par des géographes travaillant aux Etats-Unis, puis s’est diffusé en Europe, notamment en Grande-Bretagne, en Suède et en Allemagne. L’ouvrage de William Bunge en 1962, Theoritical geography, posa les fondations théoriques d’une discipline de l’espace, délimita les objets et offrit les outils. David Harvey effectua quant à lui une importante réflexion épistémologique. Enfin, le manuel de Peter Haggett, Locational analysis, en proposant une histoire, une grammaire formelle de l'espace, finit d'établir la « normalité » 1 Cette partie, comme la partie suivante, reprend et modifie quelque peu certaines parties introductives de la thèse de Thomas Louail. En effet, ces premières parties constituent une bonne introduction (simplifiée) concernant l’avènement de l’analyse spatiale en géographie et présentent cursivement son cadre d’analyse. 4 de ces nouvelles pratiques, qu'il fallait désormais traiter comme une branche à part entière de la géographie. Parmi les sujets qui ont été les plus mobilisés au début de cette révolution scientifique figurent les transports et la ville. Ainsi, Edward Ullman, l'un des initiateurs du mouvement, qui a proposé au début des années 1950 que la uploads/Geographie/ analyse-spatiale 1 .pdf
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Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mai 19, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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