Art des jardins & biodiversité Office fédéral de la culture OFC Office fédéral

Art des jardins & biodiversité Office fédéral de la culture OFC Office fédéral de l’environnement OFEV Office fédéral des constructions et de la logistique OFCL I N T R O D U C T I O N PROMOUVOIR LA BIODIVERSITÉ DANS LES JARDINS Archives fédérales de Berne. Couvent Saint-Georges à Stein am Rhein (SH). Château de Prangins (VD). PROMOUVOIR LA BIODIVERSITÉ DANS LES JARDINS Perché sur un toit, un merle entonne son chant du soir, tandis que, plus bas, des héris­ sons se faufilent dans le feuillage et mangent bruyamment. Des abeilles chargées de pollen escaladent les fleurs bleues d’un iris tout en bourdonnant. Des rosiers rouges grimpent le long de la façade d’une maison et des fleurs sauvages multicolores se balancent au gré de la brise au bord du chemin. Avec toutes leurs couleurs et leurs formes, avec leurs nuances, leurs mélodies et leurs parfums, les plantes et les animaux embellissent chaque instant de nos vies. Entourés par la diversité de la nature, nous nous sentons bien. Cependant, un environnement naturel ne contribue pas seulement au bien-être des hommes. Il fait aussi partie intégrante de notre identité culturelle. Le paysage suisse, composé de paysages culturels caractéris­ tiques, de zones humides, de prairies et de forêts avec leurs espèces végétales et animales typiques, définit notre pays. Le livre « Guide des milieux naturels de Suisse » (voir bibliographie) décrit pas moins de 225 types d’habitats que l’on peut rencontrer en ran­ donnée ou en balade. Les spécialistes utilisent le terme « biodi­ versité » pour désigner la diversité biolo­ gique, c’est-à-dire la variété des habitats, des espèces et des gènes, ainsi que leurs interactions. Les plantes, les animaux et les micro-organismes cohabitent dans des bio­ cénoses multiformes et interagissent avec leur environnement. Cette diversité est le fruit de millions d’années d’évolution. Si elle disparaît, il sera impossible de la recréer artificiellement. En forêt, en zone agricole, en montagne, mais aussi dans les centres urbains et les agglomérations à forte densité de population, la biodiversité est la base de la vie, y compris pour l’homme. Elle contribue par exemple à la propreté de l’eau et à la qualité de l’air, compense les varia­ tions climatiques et nous offre les matières premières de nos médicaments. Musée Vincenzo Vela Ligornetto (TI). « Depuis plusieurs années, la biodiversité recule constam­ ment en Suisse, presque à l’insu de la population. » Château de Wädenswil (ZH). Un fondement menacé Il y a encore quelques décennies, la Suisse possédait une abondante biodiversité qui s’expliquait, d’une part, par sa diversité topo­ graphique et structurelle et, d’autre part, par la diversité de ses paysages culturels. Mais la situation s’est dégradée depuis : l’extension des zones d’habitation, des bâtiments et des voies de circulation, l’exploitation intensive des terres et des cours d’eau, la propagation des espèces envahissantes non indigènes, la pollution et les nouvelles formes de loisirs exercent une pression sur les habitats et leurs espèces typiques. Depuis plusieurs années, la biodiversité recule constamment en Suisse, presque à l’insu de la population. Dans une enquête de 2013, trois quarts des personnes interrogées jugeaient positivement l’état de la biodiver­ sité en Suisse – alors même que plusieurs programmes de monitoring de la biodiversité et études scientifiques montrent que les ha­ bitats continuent de se détériorer en termes de surface et de qualité et que le paysage s’uniformise (OFEV 2016). Il en résulte une perte des spécificités locales et régionales qui contribuaient jusqu’à présent à la diversité des paysages suisses. Les pertes de biodiver­ sité s’accompagnent également d’un recul des fonctions et des services rendus par les écosystèmes. Par exemple, la disparition des rares abeilles sauvages nous prive d’insectes pollinisateurs des plantes importants. Selon les listes rouges (voir bibliographie), environ 40 % des espèces présentes dans notre pays sont en danger ou menacées. Il est donc urgent d’agir. Centre administratif du DETEC, Ittigen (BE). Emplacements des espaces verts présentés dans les dépliants. La stratégie pour lutter contre les pertes de biodiversité Le Conseil fédéral a réagi à cette évolution en adoptant en 2012 une stratégie nationale visant à préserver la biodiversité (Stratégie Biodiversité Suisse, SBS). L’un des dix objec­ tifs stratégiques porte sur la préservation et la promotion de la biodiversité dans l’espace urbain. Face à une agriculture toujours plus structurée et industrialisée, les jardins et les espaces verts des zones résidentielles et industrielles sont appelés à jouer un rôle plus important dès lors que l’on cherche à offrir un refuge aux espèces menacées. Les espaces verts présents dans les zones d’habitation, les villes et les agglomérations renferment un énorme potentiel écologique, qui est loin d’être exploité. Propriétés pu­ bliques ou privées – un peu partout domine un vert uniforme peuplé d’espèces non indigènes. De nombreuses surfaces étant imperméabilisées, elles ne peuvent plus être colonisées par les plantes. Il serait très facile – et possible dans presque tous les jardins – de laisser plus de place à la nature et de favoriser la diversité biologique. Les haies, plates-bandes et prairies où poussent des plantes sauvages endémiques variées attirent immédiatement les animaux. Par ailleurs, les jardins aménagés d’une manière naturelle réjouissent les usagers, créent un environne­ ment agréable et nécessitent souvent moins d’entretien. ARCHIVES FÉDÉRALES, BERNE CHÂTEAU DE PRANGINS L’une des fonctions importantes remplies par les espaces verts dans l’espace urbain est la mise en réseau des habitats à l’intérieur et à l’extérieur du tissu bâti. Les plantes et, bien entendu, surtout les animaux, se déplacent, se propagent, se reproduisent, mêlant ce faisant leur patrimoine génétique. C’est cet échange permanent qui assure leur survie à long terme. C’est pourquoi leurs îlots d’habitat ne doivent pas être trop éloignés les uns des autres. Les jardins et les espaces libres naturels permettent de raccourcir les distances et offrent des aires de repos sûres. La richesse de l’art des jardins En Suisse, l’art des jardins se caractérise par une grande richesse historique, comme en témoignent les parcs des châteaux, les jardins de villa, les jardins paysans, les cités-jardins, les terrains des entreprises, les allées, les cimetières ou encore les installations scolaires et sportives. Chacun de ces jardins a sa propre histoire, justifiée par ses bâtisseurs et poursuivie par ses usagers et diverses autres influences. CHÂTEAU DE WÄDENSWIL COUVENT SAINT-GEORGES, STEIN AM RHEIN SITE DETEC, ITTIGEN MUSÉE VINCENZO VELA, LIGORNETTO Prairie fleurie au château de Prangins. Plantation sous couvert végétal riche en espèces devant le centre administratif du DETEC à Ittigen. De tout temps, la diversité des espèces a joué un rôle important dans l’art des jardins. Les créateurs de jardins de toutes les époques ont choisi avec soin les plantes ou les ont cultivées pour mener à bien leurs projets. De nombreuses nouvelles espèces cultivées, en phase avec les besoins et les goûts du mo­ ment, sont ainsi apparues. Parallèlement, un grand nombre de plantes venues de régions lointaines ont été introduites. Elles font, elles aussi, partie de notre culture des jardins, et enrichissent nos espaces verts avec leurs formes et leurs couleurs originales. L’histoire et le caractère des parcs et jardins historiques doivent être préservés. Mais il existe égale­ ment de nombreux moyens de favoriser leur utilisation durable et la biodiversité indigène (voir aussi dépliant « Préserver le caractère des parcs et jardins historiques »). Les jardins contemporains allient dans l’idéal créativité formelle, tradition horticole et bio­ diversité. Ils créent ainsi un cadre de vie de grande qualité pour leurs usagers. Les struc­ tures telles que les haies, les tas de pierres ou les amas de branches offrent des habi­ tats aux petits animaux. Les prairies fleuries extensives sont plus riches en espèces et plus esthétiques que les pelouses uniformes. Un entretien sans engrais ni pesticides est béné­ fique à la diversité. Sur une prairie extensive, il pousse par exemple jusqu’à cent espèces différentes d’herbes, de fleurs et de grami­ nées (voir aussi les dépliants « Découverte de la nature et biodiversité dans le jardin » et « Préserver le caractère des parcs et jardins historiques »). Une concurrence menaçante L’introduction et la culture de plantes exo­ tiques sont aussi anciennes que l’histoire de l’horticulture elle-même. On estime qu’entre 500 et 600 de ces plantes, appelées « néo­ phytes », se sont depuis établies en Suisse. La plupart d’entre elles ne posent aucun pro­ blème et font partie intégrante de notre vie quotidienne. Ce sont des éléments tradition­ nels des jardins historiques qui doivent être conservés. Elles rappellent aux visiteurs les époques où les plantes étrangères fascinaient la population par leur lointaine origine. Châtaigneraie avec prairie extensive dans le jardin du Musée Vincenzo Vela. Cependant, certaines de ces espèces non indigènes voient aujourd’hui leur réputation se ternir en raison de leur développement in­ contrôlé. De ce fait, elles menacent la faune et la flore indigènes des jardins et des pay­ sages. Elles peuvent déséquilibrer des éco­ systèmes entiers ou porter atteinte à la santé ou à l’économie. Elles sont désignées sous le terme de néophytes envahissantes. La liste des espèces interdites, comme la verge d’or du Canada (Solidago canadensis), est établie dans l’Ordonnance sur la uploads/Geographie/ art-des-jardins-biodiversiteverioncomplete-1 1 .pdf

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