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HAL Id: hal-01428659 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01428659 Submitted on 6 Jan 2017 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Suffit-il de densifier ? Trois réflexions sur les enjeux d’un urbanisme rural contemporain Valérie Jousseaume To cite this version: Valérie Jousseaume. Suffit-il de densifier ? Trois réflexions sur les enjeux d’un urbanisme rural con- temporain. La renaissance rurale d’un siècle à l’autre, LISST Dynamiques Rurales / Commision de géographie Rurale du CNFG, May 2016, TOULOUSE, France. ￿hal-01428659￿ Suffit-il de densifier ? Trois réflexions sur les enjeux d’un urbanisme rural contemporain Valérie JOUSSEAUME UMR 6590 ESO Espaces et Sociétés Institut de Géographie et d’Aménagement de l’Université de Nantes, France Pour citer cet article, indiquez : Jousseaume V., 2016, « Suffit-il de densifier ? Trois réflexions sur les enjeux d’un urbanisme rural contemporain », actes du colloque « La Renaissance rurale, d’un siècle à l’autre », Toulouse, 23-27 mai 2016, LISST Dynamiques Rurales / CNFG Introduction Bernard Kayser avait raison lorsqu’il envisageait la renaissance démographique des campagnes comme un mouvement plus vaste qu’un simple fait périurbain (1990). La « grande inspiration » des humains vers les villes avec la révolution industrielle, culmine en France en 1968 (Talandier et al., 2016). Depuis lors, la « grande expiration » est enclenchée. Nommé en ses débuts « mouvement périurbain » puisqu’il a débuté aux marges des villes, ce mouvement général de redistribution démographique ne semble pas avoir de limite. Cette diffusion induit de nouvelles tensions sur l’usage des sols et a conduit incontestablement à un gaspillage des terres agricoles. Le débat bat son plein sur la question de la protection du foncier agricole et la densification de l’habitat, avec entre les deux la question de l’alimentation des villes. Depuis peu s’est développée une grande réflexion sur la densification de l’habitat (Bonnet, 2016), qui se prolonge par le sujet de la réhabilitation des centres-bourgs. Sans nier l’intérêt très important des échanges, il me semble que ce débat sur l’avenir de l’habitat dans les espaces moins denses, en ne parlant que de m2, en oublie l’essentiel. Pour caricaturer quelque peu le propos, disons qu’il ne suffira pas de passer du pavillon au petit collectif de 2 étages pour traiter l’ensemble des enjeux contemporains de l’habitat dans les espaces périurbains et ruraux. Cette communication, qui prolonge un propos entamé en 2014, est un essai dont le but d’élargir la réflexion (Jousseaume, 2014). L’apparent oxymore contenu dans cette notion d’urbanisme rural, a la vertu de surprendre, d’interroger et de nous conduire à penser l’inconcevable. Il n’est pas radicalement innovant puisqu’il fait écho à la notion d’urbanité rurale développée par F. Poulle et Y. Gorgeu traitant de gouvernance locale (1997) et reprend des termes de D. Boutet dans un ouvrage à vocation opérationnel de 2009. Comment habiter les campagnes au 21e siècle ? Comment envisager la relation habitante entre notre société en profonde mutation et un territoire marqué par de moindre densité et la petitesse des communautés humaines ? Cette tentative de réponse est alimentée sur une riche bibliographie et une observation de terrain continue depuis une vingtaine d’années des campagnes de l’Ouest français. Plusieurs conférences données sur ce sujet depuis 2014, auprès de nombreux élus et acteurs régionaux1, m’ont encouragé à approfondir ma réflexion. De même que le 1. 13 octobre 2016 : conférence « La campagne, ce nouvel eldorado métropolitain » au colloque « Centres-bourgs : se résigner ou lutter ? » organisé par le CAUE de la Charente-Maritime . 7 juin 2016 : conférence « Les centralités : support d’un nouvel urbanisme » au colloque « Revitalisons nos centres- bourgs » organisé par l’EPF de Bretagne à Saint-Brieuc . 10 décembre 2015 : Conférence « Inventer un urbanisme rural contemporain » à la journée Habitat "Rendre attractif l'habitat en centre-bourg" du Conseil Départemental de Charente Maritime surprenant vif intérêt suscité par mes propos auprès des agences d’urbanisme régionales, de deux grandes fédérations d’associations du bâtiment français 2 , m’ont conforté dans l’importance fondamentale de cet enjeu actuel. Le plan de mon propos s’articule autour de trois facettes de la mutation de notre société. La première partie traite des enjeux du balancier démographique. La deuxième partie décline les effets du balancier des pratiques. La troisième partie tente d’extraire les conséquences urbanistiques du balancier du sens. Pour chaque partie sont déclinés la mutation, l’enjeu dans lequel elle place la société et/ou l’espace rural et les leviers pour l’action. 1 – Le balancier démographique 11. de l’exode rural à la diffusion dans les campagnes La société française est passée d’un mouvement particulièrement lent et long d’exode rural, étalé sur 6 générations, à une diffusion depuis 2 générations de la population vers les campagnes ou les espaces dits périurbains, en réalité l’avatar contemporain de l’espace rural. Il ne s’agit nullement ici de discuter, le lourd poids démographique des villes et leur rôle économique majeur. Mais, la dynamique démographique actuelle valorise les espaces de moindre densité et ce faisant redistribue lentement les populations dans l’espace (Bermond et Jousseaume, 2014a). La France a connu une complète inversion des rythmes de la croissance démographique. En 1968, l’évolution était parfaitement corrélée à la hiérarchie urbaine : la population s’accroissait d’autant plus vite que la ville était importante. En 2012, la corrélation est inverse : plus c’est petit plus le taux de croissance est fort (Jousseaume et Talandier, 2017). Cette redistribution s’appuie sur une inversion complète des moteurs de la dynamique démographique tant des villes que des campagnes (Bermond et Jousseaume, 2014b). Le bilan migratoire des espaces ruraux est devenu positif. Hier réservoir de population, émetteur vers les villes, ils deviennent des lieux d’accueil. Ce renouveau rural est en partie dû à l’étalement urbain, mais il est également porté par des migrations d’agrément vers les campagnes (Talandier, 2012). À l’inverse, les villes voient se tarir la migration sur laquelle elles s’étaient développées et ne croissent que grâce à leur bilan naturel. Dans le contexte de la nouvelle économie, la métropolisation qui se traduit par une phase de reconcentration spatiale de la création de richesses mesurée en PIB, s’accompagne paradoxalement d’une rediffusion dans l’espace des populations et des revenus (Davezie, 2008). Après la « grande inspiration » des populations vers les villes entre 1800 et 1970 en lien avec la révolution industrielle, est venue le temps de la « grande expiration », c’est-à-dire un processus de redistribution historique de la population dans l’espace en lien avec la mutation macro-économique de notre société. . 12 octobre 2015 : Conférence "Conforter le dynamisme de la Loire-Atlantique", devant l'assemblée des élus du Conseil Départemental de Loire-Atlantique . 3 juillet 2015 : Conférence "Inventer un urbanisme rural contemporain" au colloque "Osez la Densité", EPF Vendée, Loire- Atlantique et Poitou-Charentes 2 . 30 juin 2016 : Conférence introductive à la convention annuelle de la Fédération Française de la Brique et la Tuile à Lyon . 14 octobre 2016 : Participation à la table ronde « Cap à l’Ouest » lors du congrès annuel de COBATY aux Sables d’Olonne 12. L’enjeu d’un urbanisme en résonnance avec l’imaginaire hédoniste L’enjeu de cette redistribution de la population sur le territoire est bien de penser d’une façon nouvelle, notre façon d’habiter. Nous avons été des paysans dispersés dans l’espace, puis des ouvriers regroupés dans des villes industrielles, demain nous serons dispersés sur le territoire mais sans être des paysans. Comment envisager l’habitat à venir ? Lorsqu’on traverse les campagnes de l’Ouest, l’interrogation qui « saute aux yeux » du voyageur est : comment éviter le non lieu informe généralisé, la succession anarchique des pavillons et des « boîtes » de tôles, selon le terme de R. Peron (2004), aussi bien agricoles, commerciales qu’industrielles ? Pourquoi ? Parce que cela consomme trop de terre certes. Mais aussi et surtout parce que cet environnement de vie ne fait plus rêver les générations émergentes qui arrivent ou vont arriver sur le marché de l’immobilier. Déjà, les catégories sociales supérieures pour qui avaient été conçus les premiers lotissements évitent cette forme urbanistique3. Car, notre société vit aujourd’hui dans ce que le sociologue J. Viard (2002) nomme « le champ de l’imaginaire du tourisme ». Le champ de l’imaginaire exprime nos aspirations collectives. Dans une société agraire qui extrayait péniblement sa nourriture de la terre, les lieux qui faisaient alors rêver étaient les lieux de l’abondance alimentaire sans effort. Dans la société industrielle de la fin du 19e siècle à la fin du 20e siècle, notre champ de l’imaginaire collectif était celui du progrès technique et de la modernité. Nos idéaux collectifs valorisaient la science, la technique, les mécanismes automatisés et des lieux tels que les villes en béton avec leur aéroport uploads/Geographie/ article-suffit-il-de-densifier 1 .pdf

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