Tomus XV, Fasciculus 1–2 Piliscsabæ/Budapestini, anno Domini MMXIV Redigit GYÖR

Tomus XV, Fasciculus 1–2 Piliscsabæ/Budapestini, anno Domini MMXIV Redigit GYÖRGY DOMOKOS Ad redigendum consilio adiuverunt ANIKÓ ÁDÁM (Hungaria) GIUSEPPE FRASSO (Italia) ZOLTÁN G. KISS (Hungaria) CLAUDINE LÉCRIVAIN (Hispania) ÉVA MARTONYI (Hungaria) ELVIRA PATAKI (Hungaria) NÓRA RÓZSAVÁRI (Hungaria) Balassi Kiadó ˆ Budapest Editorial correspondence should be addressed to VERBUM, PPKE BTK Romanistics, Ambrosianum 225 P . O. Box 1, H–2087 Piliscsaba 3. Hungary Fax: (+36 26) 375 375 ext. 2987, E-mail: domokos.gyorgy@btk.ppke.hu www.verbum-analectaneolatina.hu Published by Balassi Kiadó H–1136 Budapest, Hollán E. u. 33. IV/5. E-mail: balassi@balassikiado.hu www.balassikiado.hu Each volume is available at Balassi Könyvesbolt H–1137 Budapest, Katona József u. 9–11. Tel.: (+36 1) 212 0214 Please send your order to H–1136 Budapest, Hollán E. u. 33. IV/5. E-mail: balassi@balassikiado.hu ISSN 1585-079X Printed in Hungary INDEX ARTES Espaces sensibles/espaces lisibles Marianne Sághy Lieu de tentation, espace du salut : Le désert comme hétérotopie dans la Vie d’Antoine d’Athanase d’Alexandrie 9 Kornélia Kiss Changements d’espace: Dilatation (la mer) et réduction (la forêt du Morois) dans l’œuvre tristanienne 17 Anikó Ádám La sphère romantique – la cathédrale 26 Catriona Seth Perceptions spatiales dans Corinne de Germaine de Staël (1807) 35 Peter Por Espaces poétiques des mégalopoles-nécropoles 47 Zsófia Ila-Horváth La plénitude du vide et le vide de la plénitude 57 Veronika Darida Hétérotopies du théâtre 68 Anikó Radvánszky Les origines et les espaces de la déconstruction 75 Timea Gyimesi Des espaces-fantômes de Marie Darrieussecq – « faire entendre le son que rendent d’autres espaces » 86 Nikoletta Házas Presence intime dans des espaces publics : Portrait et regard dans l’art de la rue de JR 98 Stéphane Kalla Le Parallélisme: Esthétique du solipsisme dans le cinéma de Michael Mann 107 Joaquim Viana Au-delà du sensible : Espaces et dépositions 133 Bernard Kœst Mission BZ 36 138 Silvia Nagy-Zekmi Figues de Barbarie and French Figs: Hybridity in the Beur Imaginary 146 CRITICA Primer Simposio sobre la Recepción, Presencia y Visión de la Literatura Hispánica en el Centro y Este de Europa Luisa Valenzuela Conjeturas del Más Allá 165 Daniel Nemrava Apuntes sobre la representación de lo político 173 Petra Báder Locura, elipsis y tergiversación de la realidad: Pájaros en la boca de Samanta Schweblin 191 Ágnes Cselik La visión de la historia en las obras de Ricardo Piglia 198 Susana Cerda Montes de Oca “Aquí pasan cosas raras”: Miedo, vergüenza y culpa en algunos relatos de Luisa Valenzuela 206 Gabriella Menczel La advertencia de los autómatas de Eduardo L. Holmberg: El simulacro artificial en Argentina 216 Giuseppe Gatti Un diálogo ultra-breve como denuncia de la represión: Grotesco y metáfora en los microrrelatos de István Örkény y Ana María Shua 223 Andrea Imrei “La imagen es la forma lírica del ansia de ser siempre más”: Cortázar y la imagen como forma de expresión 240 LINGUISTICA María Vázquez-Amador & M. Carmen Lario-de-Oñate La influencia de la lengua inglesa en la crónica social del siglo XIX 251 IUVENILIA Francesco Samarini Poemi sacri nel Seicento italiano 273 Alessandro Tedesco La fortuna editoriale della Riforma di Lodovico Domenichi all’Orlando innamorato 283 Klára Vykypˇ elová Chronotope au féminin : L’émergence d’une parole féminine dans la littérature épistolaire au siècle des Lumières 294 RECENSIONES 303 ABSTRACTS 320 ARTES Espaces sensibles/espaces lisibles Colloque du groupe Connexion française – novembre 2013 ESPACES SENSIBLES/ESPACES LISIBLES Dans cette rubrique, nous nous interrogeons les textes théoriques français en rapport avec les espaces (imaginaires, poétiques, réels et géographiques), nous réfléchissons sur leurs rapports, écarts et changements. D’après notre hypothèse, dans la première moitié du 20e siècle les métaphores spatiales se construisent à partir d’une vision temporelle devenue problématique (Bergson, Proust), en- suite, soumis aux influences historiques, sociales et technologiques, l’espace en- gloutit le temps (Bachelard, Foucault, Virilio, Deleuze et Guattari, etc.). Nos réflexions sur l’espace comblent une sorte de besoin en Hongrie où, malgré le fait que la poétique de l’espace, la géophilosophie et récemment la géo- critique (géopoétique, écopoétique, etc.) alimentent sporadiquement la pensée théorique hongroise grâce aux traductions, leur réception et l’impact du tour- nant spatial n’ont pas encore été systématisés. Le temps domine l’homme qui est capable de le maîtriser et de le vivre comme intimité à l’aide de la mémoire. Le rapport de l’homme à l’espace est inverse, il se dilue dans l’espace. Dans la conscience humaine la dialectique du temps et de l’espace oppose les perceptions de la continuité et de la rupture, de la plénitude et du vide. Chaque représentation du monde se formule autour de ces oppositions. Si le rapport de l’homme avec le temps est d’origine psychologique, l’espace est perçu d’une manière beaucoup plus directe et physique. C’est grâce à l’espace réversiblement parcouru que l’homme peut dédramatiser la dimension temporelle tragiquement éphémère. C’est dans cet espace que naît l’imagination et avec elle, à travers la perception corporelle, notre identité. C’est ici que se des- sinent les perspectives de notre vie : l’élévation et l’abaissement, la surface et la profondeur, la répétition et le retour, le dehors et le dedans, le oui et le non, c’est dans cet espace que se forment les images s’articulant autour des pôles positifs et négatifs, c’est à partir de cet espace que se créent les espaces et les lieux. Les modalités suggérées par les réflexions des chercheurs français, brésiliens et hongrois sont des approches pluridisciplinaires et comparatistes. Anikó Ádám Anikó Radvánszky Marianne Sághy LIEU DE TENTATION, ESPACE DU SALUT : LE DÉSERT COMME HÉTÉROTOPIE DANS LA VIE D’ ANTOINE D’ATHANASE D’ALEXANDRIE Le mythe du désert fut une des créations les plus décisives de l’antiquité tardive. C’était par dessus tout un mythe d’une précision libératrice. Il dé- limitait la présence imposante du «monde» dont le chrétien devait être libéré, en soulignant une démarcation écologique claire1. La construction du mythe du désert peut être tracée jusqu’à l’œuvre de saint Athanase, évêque Alexandrie (296–373), auteur de la Vie de saint Antoine. Ad- mirateur et disciple d’Origène, Athanase développe l’idée d’un monde à part dans cet ouvrage célébrissime, composé autour de 356, qui a révolutionné non seulement la théologie, mais aussi la littérature et la psychologie mo- dernes2. Comment et pourquoi le désert devient un «monde à part», une «anti-cité» chez Athanase ? Quelle est la relation du désert chrétien avec le pouvoir ? Est-ce que le désert est un symbole subversif, une contre-culture, «une hétérotopie de crise» dans le christianisme antique ? Cet article veut démontrer que le désert chrétien est le fruit du tenace combat d’Athanase pour l’orthodoxie nicéenne contre un pouvoir impérial hérétique et aggres- sif. À une époque où le dogme de la consubstantialité n’est pas encore fixé, la bataille qu’Athanase mène contre la position arienne au nom de la tradi- tion du Concile de Nicée est une lutte pour la divinité du Christ et pour le salut de l’homme : «l’homme ne serait pas sauvé si le Christ n’était pas pleinement Dieu3.» Confrontant les Églises dissidentes ainsi que le pouvoir des empereurs arianisants, Athanase met en scène une espace, le désert, et le galvanise en tant qu’une «espace autre». 1 P . Brown : The body and society. Men, women and sexual renunciation in early Christianity, New York : Columbia University Press, 1988 :216. 2 M. Orr : Flaubert’s tentation : Remapping nineteenth-century French histories of religion and science, Oxford : Oxford University Press, 2008 ; E. Zants : «Flaubert’s tentation : An escape from power over other», The French Review 52, 1979 :604–610. 3 Athanase d’Alexandrie : Sur l’Incarnation du Verbe (Oratio de incarnatione Verbi), Paris : Les Éditions du Cerf, 1973 :134. 10 marianne sághy Les chrétiens, pourtant, n’avaient ni lieux symboliques, ni lieux saints pendant les trois premiers siècles de leur existence. Robert Markus a étu- dié la formation de la notion chrétienne de «lieu saint» dans un article important4, mais les rapports entre la formation d’une topographie chré- tienne et le pouvoir sont encore à préciser. Le «lieu saint», donc, n’est pas du tout un composant évident du christianisme comme Mircea Eliade l’avait pensé5. Au contraire : non seulement les chrétiens primitifs n’ont pas eu de «lieux saints», mais ils ont même considéré que la notion était effroyable- ment païenne. Dieu emplit l’Univers, Il est partout présent : il n’y a pas de lieu géographique où Il serait plus présent qu’ailleurs. Origène, le plus grand philosophe chrétien du troisième siècle, a dénoncé «l’erreur qui applique à la terre de Judée ce qui est dit de la bonne terre promise par Dieu qui est juste6.» Le «lieu saint» est donc une innovation caractéristique de l’époque constantinienne dans l’histoire du christianisme : c’est l’empereur Constan- tin qui a fait construire des basiliques ruisselantes de mosaïques d’or sur le Golgotha, à l’endroit même où Jésus fut crucifié, et au-dessus des tombeaux des apôtres martyrs. Le «pèlerinage de Terre Sainte» est devenu à la mode après le grand tour palestinien de l’augusta Hélène7. Ces innovations impé- riales n’ont pourtant pas suscité un enthousiasme unanime parmi les chré- tiens. Beaucoup s’en sont tenus à leurs opinions antérieures et n’ont pas pu supporter la «matérialisation» de la spiritualité chrétienne, «l’attachement à la glèbe» du saint. La uploads/Geographie/ verbum15-1-2-2014.pdf

  • 20
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager